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Incipit de la Princesse de Babylone- Commentaire

Publié le 27/02/2008

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babylone

TEXTE 1 : Incipit de La Princesse de Babylone ( 1768)                                                     de Voltaire 

 

Introduction : Voltaire est l’inventeur du conte philosophique (Zadig-1748). Ce conte là est écrit en 1768, époque où l’orientalisme est à la mode (traduction des Mille et une nuit). C’est aussi une période d’intense activité littéraire, grands espoirs politique dans les cours d’Europe. Histoire fantaisiste de Formosante et Amazan, ils se poursuivent à travers le monde, ce qui permet à Voltaire de blâmer ou louer différents systèmes politiques. Ici on l’incipit de ce conte philosophique : présentation des lieux, des personnages, de l’intrigue. Tous les ingrédients d’un incipit de conte néanmoins on se rend vite compte que l’écrivain malicieux d’éclanche le sourire. à En quoi lisons-nous un début de conte parodique dans lequel le philosophe/conteur s’amuse avec les codes du conte classique ?

 

Annonce du plan :

 

I-Parodie de la typologie traditionnelle du conte et du début de récit classique.

A-Des personnages typiques qui font sourire. B-Un début de conte qui présente un schéma narratif attendu et parodié.

II-Parodie du merveilleux propre au conte et de son cadre exotique.

A-La surenchère du merveilleux qui prête a sourire. B-La parodie de l’exotisme

 

I-Parodie de la typologie traditionnelle du conte et du début de récit classique.

                        A-Des personnages typiques qui font sourire.

 

Le lecteur retrouve ici les personnages auxquels il a l’habitude et Voltaire crée un effet de décalage plaisant avec ses personnages traditionnels. Comme dans les contes, il n’y a pas de psychologie, on a des fonctions. Tout d’abord, le vieux roi : comme très souvent dans les contes, il inaugure le conte avec : « Le vieux Bélus, roi de Babylone ». Il est d’abord présenté comme un vieillard. Il est vieux et prétentieux comme l’indique la phrase : «  se croyait le premier homme de la terre ». On sourit car il est entouré de flatteurs serviles « ses courtisans » et « ses historiographes ». Clin d’œil de Voltaire car il était lui-même historiographe, il s’adonnait donc parfois à ca mais aussi un clin d’œil aux pratiques de la cour. Ce roi règne sur un univers merveilleux, parfait. Il n’a pas d’épouse, ce veuvage est un élément traditionnel du conte. La belle princesse, le nom de Formosante est plaisant ; elle est bien formée et belle. On retrouve le schéma classique de la jeune fille de 18 ans à marier. Elle a pour seule qualité son physique. Description humoristique de Formosante : « Mais ce qu’il y avait de plus admirable à Babylone, ce qui éclipsait tout le reste, était la fille unique du roi, nommée Formosante. ».La ligne 33, accentue les formes de Formosante car on décrit la ville, le comparatif met en lien l’admiration que suscite les monuments du palais royal pour leur proportion avec l’admiration encore plus grande que dois susciter Formosante, sous-entendu ses formes importantes. Cette hypothèse trouve une autre justification aux lignes 36 et 39 (la jeune fille et le royaume sont comparés). Réinvention de l’histoire pour exagérer la beauté de la jeune fille avec l’anecdote de Praxitèle. A tout cela s’ajoute l’affirmation exclamative ligne 38  « Quelle différence, ô ciel ! de l’original aux copies ! » Les trois champions, les trois concurrents, prétendants, les trois rois qui concourent pour la main de Formosante. L’importance de ces trois personnages est donnée par leurs titres. Ces titres sont employés avec désinvolture. L’importance est qu’ils aient des titres pompeux. On a avec ses trois champions une parodie des récits médiévaux (Marie de France XIIème ; Chrétien de Troie) où de valeureux chevaliers s’affrontent pour une même femme.  Le lecteur cultivé ne peut que sourire de ses personnages ayant aussi peu d’épaisseur.   

 

                        B-Un début de conte qui présente un schéma narratif attendu et parodié.

 

On a toujours affaire à un monde parfait qui va être déstabilisé. L’action se situe dans un monde parfait, utopique. Monde exotique et lointain de Babylone à une période indéterminée.  Néanmoins malgré ses indications floues «  plus de 30 000 ans » on nous informe un peu avec une hyperbole sur la fondation de Babylone (l5). Monde dont le roi est le centre, il n’y a rien au-delà de cet univers qui vit dans l’âge d’or comme nous l’indique le cadre magnifique et grandiose. Monde parfait mais comme il se doit déstabiliser : il faut trouver un époux à la princesse. On a une prédiction qui parle de ce sujet (l.41) « un oracle ordonne », l’oracle a une valeur d’autorité. La prédiction est quelque chose de commun. Présence d’une épreuve (note de scepticisme par Voltaire) : réutilisation parodique d’un élément biblique dans un conte artificiel. Description hyperbolique et fantaisiste de l’arc de Nembrod  « 7 pieds Babylonique »… qui prête à sourire comme le prête le sous-entendu grivois que suggère la nature de l’épreuve. Présence de l’homme parfait qui doit conquérir la princesse : surenchère parodique des qualités exigées par lui (l.51-55) avec multiplication des tournures superlatives.  Le commentaire du narrateur « ce n’est pas tout » accentue le nombre de qualités. A la ligne 55, on trouve un subjonctif imparfait qui montre le caractère irréel et irréalisable. Présence du concours auxquels se présentent les trois champions, on se doute qu’un outsider viendra doubler ces trois médiocres. Il y a un topoï de la joute solennelle qui départagera les trois amants.

 

II-Parodie du merveilleux propre au conte et de son cadre exotique.

 

A-La surenchère du merveilleux qui prête à sourire.

Élargissement du temps et de l’espace : temps indéterminé, c’est ce que permet le conte. On est placé dans l’une des plus anciennes des civilisations, on lui donne une origine de trente mille ans (exagération). Toutes les dimensions sont exagérées cela prête à sourire. Les termes de mesures sont empruntés à deux cultures différentes, mélange curieux qui n’a rien de scientifique « Parasange » à perse « trente mille pas » l.9 ;  « s’élevait jusqu’aux nues » l.10 ; l11-12, il y a un effet de gradation cela crée une surenchère plaisante d’autant plus que certaines termes sont répétés, ces répétitions de langage comme : «  vaste », « élevé » , « merveille »… Parodie de la débauche de détails descriptifs très précis que l’on retrouve dans les récits de voyage. Insistance sur le caractère luxueux qui crée en outre la parodie d’un lieu paradisiaque. Description de la plate forme, des jets d’eaux… Monuments majestueux.

 

            B-Parodie de l’exotisme.

 Voltaire se moque du cadre oriental très apprécié au 18ème. 1704 : traduction des Milles et une nuit. 1715 : ambassade perse à Versailles, 1742 : ambassade turques à Versailles. Au XVII ème siècle, mode des Turqueries. L’Orient fascine. Voltaire choisit le cadre des jardins suspendus babyloniens (l’une des 7 merveilles du monde, a été construite par le roi pour sa femme adepte des végétations luxuriantes). Voltaire présente ça de manière exagéré, ce qui fait sourire. Énumération d’arbres exotiques (l17-19). Pluriel hyperbolique et indénombrable (des forêts). Pour parodier l’exotisme, une confusion entre plusieurs éléments mythologiques comme l’arc de Nembrod, Sémiramis ; il s’ajoute à ca des éléments historiques : géographique réelle. Il y a des éléments bibliques : Arc de Nembrod, intégration ironique de cet élément (« ce fort chasseur […] »). On appelle ça une ironie par mention car il est cité de la Bible. On remarque ensuite que l’arc de Nembrod est repris par une antiphrase : «  cet arc merveilleux » (l48), il y a un mélange des genres jusqu’au choix du vocabulaire. Description fantaisiste de l’arc plus ou moins biblique, plus un sous entendu grivois, malicieux avec « son bandeur ». « L’amphithéâtre » et « le crique » sont employés pour citer le même monument, alors que se sont deux choses totalement opposées. On a une intégration de monuments architecturaux étrangers. Flottement de la thermologie. Dépaysement par des éléments caricaturaux.

 

 

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