il faut voir en quoi consiste le mensonge.
Publié le 19/10/2011
Extrait du document

[« Il faut voir en quoi consiste le mensonge. Il ne suffit pas de dire quelque chose de faux pour mentir si par exemple on croit ou si on a l’opinion que ce que l'on croit est vrai. Il y a une différence entre croire et avoir une opinion. Parfois celui qui croit sent qu'il sait ignorer tant il y croit fermement. Celui qui en revanche a une opinion estime qu'il sait ce qu'il ne sait pas.][ Or quiconque énonce un fait que par croyance ou opinion il tient pour vrai même si ce fait est vrai ne ment pas. Il le doit à la foi qu'il a en ses paroles et qui lui fait dire ce qu'il pense il le pense comme il le dit.][ Bien qu'il ne mente il n'est pas cependant sans faute s'il croit des choses à ne pas croire ou s'il estime savoir ce qu'il ignore quand bien même ce serait vrai. Il prend en effet l'inconnu pour le connu. Est donc menteur celui qui pense quelque chose en son esprit et qui exprime autre chose dans ses paroles ou dans tout autre signe. »]
Saint-Augustin
Le terme « mentir » a souvent fait défaut à la plupart des gens. En effet, beaucoup d’entre nous ne s’est jamais réellement interrogé sur le vrai sens du terme, alors que nous passons notre temps à mentir sans s’en apercevoir. De fait, le sens propre du mot « mentir » est, d’après le dictionnaire, «le fait d’affirmer le faux ou nier le vrai ». Cependant, si une personne dit quelque chose de faux mais pense que c’est vrai, cet individu ne sera pas considéré comme un menteur puisqu’il sera persuadé de la véracité de ses paroles. Or, le dictionnaire nous indique le contraire : affirmer le faux, est synonyme de mentir. Alors quelle est la réelle définition du mensonge ? C’est ce que l’auteur de ce texte tente d’expliquer. Et afin de comprendre ses idées, il sera fait une explication suivie de cet extrait.
Dès le début du texte, l’auteur s’interroge sur la définition du mensonge. Nous avons pu voir que le dictionnaire donné une définition formelle du terme : « affirmer le faux ou nier le vrai » caractérise le verbe « mentir ». Cela insinue que le mensonge est l’inverse de la vérité. Or, c’est faux : le contraire du mensonge s’avère être la véracité qui elle-même est définie comme étant une qualité morale de celui/celle qui ne trompe pas ou qui n'en a pas l'intention ! C’est la nuance qui différencie le mensonge et l’erreur, celle-ci étant le contraire de la vérité et non de la véracité. C’est ce que l’auteur veut faire comprendre tout au long du texte. Il va commencer par contredire le fait que pour mentir, « il ne suffit pas de dire quelque chose de faux ». En effet, si quelqu’un croit ce qu’il dit ou est sûr de son opinion, même si cette affirmation est fausse, il ne sera pas considéré comme un menteur. Mais l’auteur fait quand même une différence entre croire est avoir une opinion : pour lui, quelqu’un qui croit n’est pas sûr de ce qu’il affirme. C’est d’ailleurs le terme utiliser pour la religion : on croit en un dieu, mais on ne sait pas si cela existe réellement. On y croit juste très fermement, sans chercher si ce que l’on dit est vrai. Mais à la différence de l’opinion, si on est capable de croire, on est aussi capable de remettre cette croyance en question. Si on croit, on pense. Et si on pense, c’est que cette croyance a, la plupart du temps, été développée par un seule individu pour quelque chose ou quelqu’un. L’opinion, elle, est souvent beaucoup moins réfléchie mais généralement obtenue par « ouï-dire » c'est-à-dire qu’elle n’est pas vraiment personnelle comme on pourrait le croire. C’est quelque chose de su et non démontré. La plupart du temps, l’opinion est basée sur celle des autres et ne peut pas être remise en question car les individus ne le supportent pas. (C’est vrai ou c’est faux, point. Et on ne contredit pas.) On dit que c’est vrai sans l’avoir éprouvé mais aussi sans justement savoir si c’est vrai. Mais ça peut très bien être effectivement vrai : ce n’est donc pas un contenu qui caractérise l’opinion, mais le rapport que l’on entretient avec certains jugements.
Donc même si l’individu dit quelque chose de faux, il ne sera pas considéré comme un menteur car comme le dit l’auteur, « quiconque énonce un fait que, par croyance ou opinion, il tient pour vrai, même si ce fait est faux, ne ment pas ». En effet, la personne qui affirme ce qu’elle pense, que ce soit par croyance ou opinion, ne mentira pas puisque, pour elle, ce qu’elle dit est vrai et elle est sûre de ce qu’elle dit. Et sa façon de le dire est identique à sa façon de penser : l’individu ne va donc pas se mentir à lui-même, et sera donc convaincu de ne pas mentir à son interlocuteur. En effet, il croit tellement en ses paroles qu’il arrive à se convaincre lui-même que ce qu’il dit est vrai. D’où le terme de « avoir foi », qui est un synonyme de croire beaucoup plus fort. D’ailleurs, en étudiant plus profondément ce terme, on remarque qu’il définit la confiance en quelque chose ou quelqu’un. Ici, avoir foi en ses paroles, c’est avoir confiance en ce que l’on dit. Et donc si on a confiance en nous même, on est sûr que ce que l’on dit est vrai. C’est justement le terme de « confiance » qui est utilisé dans les relations sociales : si on a confiance en quelqu’un, on croira aveuglément en ses paroles. Et on ne le considèrera pas comme un menteur, alors que si ça se trouve, il nous aura dit un mensonge, mais la confiance que l’on a en lui nous épargnera ce jugement. Ou alors il aura dit quelque chose de faux, mais vu que nous avons justement foi en lui, l’idée d’aller démontrer que c’est faux et de contredire la personne ne nous viendra pas à l’esprit. Donc faire confiance, c’est ne pas douter de la personne, de ses propos.
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