HO CHI MINH (Nguyen Tat Thanh, dit)
Publié le 22/02/2012
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HO CHI MINH (Nguyen Tat Thanh, dit) (vers 1894-1969)
Dirigeant communiste vietnamien, chef d'État (1954-1969).
Nguyen Tat Thanh - qui se fera appeler Ho Chi Minh à partir de 1942 - naît entre 1890 et 1894 au village de Hoang Tru, province du Nghe An. Son père, mandarin de district au Sud-Annam, est révoqué en 1910 pour faute grave et plonge dès lors dans l'errance. Thanh, qui n'a pas terminé ses études primaires, part pour la France en 1911. À Paris, en 1919, il rejoint la grande figure du nationalisme réformiste Phan Chan Trinh et adresse avec le groupe de Trinh, sous le nom de Nguyen Ai Quoc, les « Revendications du peuple annamite » à la Conférence de paix de 1919. Il adhère à la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) en 1920, puis opte pour le PCF (Parti communiste français). L'un des premiers communistes « coloniaux », il fonde le journal Le Paria, puis gagne Moscou en juin 1923, après avoir écrit avec Nguyen The Truyen Le Procès de la colonisation française, publié en 1926. Tout en étant formé à l'Université des travailleurs d'Orient, il construit sa vision « nationale » du communisme, à laquelle, en militant un peu marginal, mal aligné, mais discret et efficace, il restera toujours fidèle.
En Chine à partir de 1925, où il est le représentant du Komintern pour le Sud-Est asiatique, il crée à Canton la même année une organisation protocommuniste, le Thanh Nien Dong Chi Hoi (La Jeunesse révolutionnaire du Viet Nam) ; puis il fonde à Hong Kong en février 1930 le Parti communiste vietnamien (PCV), devenu un peu plus tard le Parti communiste indochinois (PCI), et enfin les partis communistes du Siam et de Malaisie. Condamné à mort par la justice française, arrêté en juin 1931 par les Britanniques, alors qu'éclate en Indochine la grave crise révolutionnaire de 1930-1931, il échappe de justesse à l'extradition, est libéré en janvier 1933 et gagne Moscou, qu'il quitte en 1938 à destination de Yanan, capitale de la « Chine rouge » de Mao Zedong.
C'est à la frontière du Yunnan qu'il réapparaît en avril 1940 pour fonder dans la Haute-Région du Tonkin une « région libérée » et constituer une nouvelle direction du PCI avec de jeunes militants hanoiens : Vo Nguyen Giap, Truong Chinh, Pham Van Dong. Ainsi naît, en mai 1941, le front Vietminh, dont les activistes, armés grâce à l'aide américaine, s'implantent parmi les minorités ethniques du Nord puis, après le coup de force japonais du 9 mars 1945 contre l'administration coloniale française, s'infiltrent dans le delta. La révolution d'août 1945 porte au pouvoir le Vietminh, et donc le PCI. Nguyen Ai Quoc, devenu Ho Chi Minh, forme un gouvernement provisoire le 29 août. C'est pour lui un incroyable triomphe personnel : son charisme, sa séduction, son intelligence politique font de « Bac Ho » (l'oncle Ho) le leader incontesté de la nouvelle nation. Le révolutionnaire professionnel est désormais un mythe collectif, la figure charismatique de la nation. Il gagne du temps en négociant avec les Chinois et les Français, se rend à cet effet à Paris en 1946, puis lance l'appel à la résistance quand éclate, en décembre 1946, la guerre d'Indochine. Replié avec l'appareil de la RDV (République démocratique du Vietnam) et du PCI dans l'inaccessible Haute-Région du Tonkin, il est l'inlassable animateur de la guerre de résistance. Au moment de la conférence qui débouche sur les accords de Genève, il se rend aux arguments du Chinois Zhou Enlai, qu'il rencontre secrètement du 3 au 5 juillet 1954, et sait convaincre ses compatriotes d'accepter la partition du Vietnam.
Chef de l'État durant les deux décennies d'existence officielle de la RDV, il cautionne d'abord la terrible réforme agraire de 1956, puis bat en retraite et remplace Truong Chinh comme secrétaire général du Parti de 1956 à 1960. Acteur décisif de la seconde guerre du Vietnam qui s'engage au Sud en 1955, il obtient l'aide chinoise et soviétique et sait mettre la légitimité nationale du côté de la RDV et du FNL. Vers 1965, il est avec Che Guevara le héros de la jeunesse radicale dans le monde. Pourtant, dès 1965, il n'a plus guère de pouvoir réel. Il meurt le 2 septembre 1969. Le pouvoir communiste, après avoir érigé ses conceptions en doctrine officielle (la « pensée Ho Chi Minh »), fait de son image mythique le palladium idéologique et en quelque sorte le génie protecteur du régime.
Daniel HÉMERY
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