Histoire de la pensée économique

I- Quelle histoire de la pensée économique au XXiéme siècle

L'économie comme discipline scientifique a une histoire tout comme les mathématiques, la physique . Si l'on admet la connaissance économique et cumulative alors les approches anciennes devraient être dépassées par les approches plus récentes. Dans ce cas l'intérêt pour l'histoire de la pensée économique ne peut être que historique et intellectuelle, cependant on admet généralement qu'en science sociale la question de l'évolution des connaissances est plus délicate, et que le progrès des connaissances linéaires.

 II- La double pensée de l'histoire économique

L'histoire de la pensée économique peut avoir une double dimension: une dimension chronologique et contextuelle, et une dimension transversale.

Il s'agit de se repérer dans le temps avec les auteurs et les questions posées dans un contexte précis.

Dans la connaissance historique des idées économiques du rejet de certains anachronismes et de certaines transpositions erronées de la signification de certains termes.

Il importe de savoir que Ricardo appartient au début du 19iéme siècle et que Keynes a écrit dans les années 1920-1930.

Il importe de savoir que la condamnation du prêt à intérêt du moyen-âge n'a pas grand chose à voir avec les débats Keynésiens sur l'incitation à emprunter.

Il importe de savoir que la défense de liberté chez Quesnay n'a pas vraiment le sens strictement libéral que l'on peut accorder à la doctrine imposé par l'OMC.

Il importe aussi peut être de se rappeler que 1776 est une date centrale : c'est la date de parution de l'ouvrage économique principal Adam Smith, c'est la date de la mort de David Hume, c'est la date de la déclaration américaine, c'est la date de la chute du réformateur Turgot, c'est la date du premier ouvrage de Bentham.

Les problématiques sont au coeur de l'analyse, il s'agit d'étudier comment un type de questionnement peut traverser les siècles avec plusieurs auteurs et plusieurs types de réponse.

III- Le rôle d'Adam Smith

On a coutume de dire que le philosophe et l'économiste Adam Smith, est le fondateur de la pensé économique moderne. La publication 1776 de son ouvrage “La richesse des nations“ marque l'acte de naissance d'un courant de la pensée déterminant dans la construction du discours économique aux 19 et 20iéme siècle.

Aujourd'hui d'ailleurs les économistes reconnaissent la dette qui ont envers Adam Smith.

Ce que l'on retient de la théorie économique de Smith; c'est un modèle qui explique la distribution et la redistribution des richesses.

Cette ligne de lecture ne pose pas véritablement de problème lorsque l'on cherche pas à comprendre dans quel contexte intellectuel Smith a écrit “la richesse des nations“. En adoptant au contraire une démarche d'historiens des idées , on arrive vite au paradoxe suivant, Smith a des précurseurs, et bon nombres d'idées dans son ouvrage se retrouvent chez d'autres auteurs.

Sur le plan des idées économiques, on s'intéresse aux travaux de Smith pour la part qui l'a prit dans le détournement de la philosophie politique en direction de l'économie. A ce titre, il a gagné le droit d'être connu comme l'un des architecte de notre système de pensée économique actuelle. Il a cependant sur ce point en la personne de John Locke, un rival dont les écrits précédèrent les siens de un peu près un siècle (1632-1704).

Sur le plan de la théorie économique, on s'intéresse à Smith pour la part qui l'a prise dans la description du fonctionnement d'une économie capitaliste vue comme un processus séquentiel de production et d'échange.

Cependant le concept de déroulement non simultané de la production et de l'échange marchand est déjà constitutif des écrits de Quesnay.

En somme, nombres d'auteurs ont déjà bien avancé dans le domaine des idées et de la théorie économique sans attendre la publication de “La richesse des nations“.

Comme philosophe, Smith mérite t-il beaucoup plus d'égard ? On peut en douter, certes son activité principal fut d'enseigner pendant 30 ans la philosophie moral à l'université de Glasgow. On peut également porter à son actif que 17 ans avant la parution de “La richesse des nations“, il publie l'ouvrage “la théorie des sentiments moraux“ (1759).

Comme philosophe, Smith est un critique de la philosophie morale et politique de son époque, représentaient majoritairement par l'école de droit naturel. Ces philosophes ont en commun d'apporter une solution moderne aux problèmes de savoir ce qui fait qu'un ensemble d'individus vive ensemble pour former une société.

La modernité du courant du droit naturel au 17 et 18iéme siècle est de déduire un ensemble de règles de conduite en partant de la nature humaine telle qu'elle se présenterait dans un état privé de pouvoir politique.

Le droit naturel est donc une science morale qui enseigne ce qui est “bon ou mauvais“ dans les rapports des individus entre eux.

Smith refuse catégoriquement de fonder les jugements de valeurs et l'origine du gouvernement sur la raison humaine, il n'apprécie pas la méthode qui consiste à déduire des lois universelles de juste conduites à partir d'un ensemble de vérités générales sur la nature humaine.

Pour Smith, la morale est une affaire de sentiments, elle est dépendante du contexte dans lequel les activités humaines prennent place et elle s'assimile par l’expérience.

Il faut que les individus puissent se comparer, sentir ce qui procure de la peine ou du plaisir.

Se mettre en imagination à la place d'autres individus pour évaluer les conséquences de telles ou telles actions.

Là encore, il serait trompeur de dire que Smith est à l'initiative de ce renversement, le maitre en la matière est le compatriote et ami de Smith, David Hume.

Malgré ces constats, Adam Smith reste un auteur incontournable. Nous venons de voir que ce n'est pas grâce à quelque théories particulières. En effet, aujourd'hui la plupart de ces théories ont été réfutées. Nous essayerons de montrer que le secret d'Adam Smith est à chercher dans l'articulation entre la philosophie politique et morale, et l'économie.

Ce que Smith a inventé est la possibilité d'un certain type de discours dont la pertinence ne tient pas à quelques thèses particulières mais à une manière de penser la société et plus particulièrement la société d'économie politique.

Nous parlons ainsi d'économie politique et pas simplement d'économie car le discours de Smith n'est pas celui de la spécialisation de la discipline économique mais celui de l'intégration de l'économie à l'intérieur de la philosophie politique et morale.