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HISTOIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE

Publié le 15/12/2018

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histoire

HISTOIRE

 

DE LA LANGUE FRANÇAISE

 

La renaissance du latin classique, sous l’influence de

 

 Charlemagne, permet de distinguer à partir du VIIIe siècle une langue savante, le latin des clercs, et une langue

 

populaire, utilisée oralement sans doute mais aussi, à la suite d’une décision du Concile de Tours (813), dans les sermons et dans les documents religieux. La langue française est née d’un effort pour traduire en langue populaire une pensée qu’il est nécessaire de divulguer et qu’une rédaction en latin classique rend incompréhensible aux laïques.

 

Le premier texte français est une traduction des Serments de Strasbourg (842) entre les rois Charles le Chauve et Louis le Germanique. De son côté, la littérature religieuse voit apparaître vers 900 la Cantilène d'Eulalie, un fragment d’homélie sur Jouas au Xe siècle, et les deux poèmes de la Passion et de Saint-Léger, écrits en octosyllabes au Xe siècle. Vers 1040, la Vie de Saint-Alexis est encore un ouvrage d’édification. Cependant le « français » apparaît dans le domaine profane avec l’épopée, qui débute à la fin du XIe siècle: La Chanson de Roland est la plus célèbre des Chansons de Geste, mais si la langue y est vigoureuse, la syntaxe en est encore pauvre ; le vocabulaire témoigne pourtant d’un effort d’enrichissement grâce à l’utilisation de nombreux termes pyschologiques d’origine ecclésiastique.

 

Au XIIIe siècle, la langue française gagne le domaine juridique, mais ce n’est qu’à partir de St-Louis que les actes officiels de la Royauté ne sont plus rédigés en latin. D’ailleurs, la littérature dite française se compose de textes écrits en dialectes différents : la Chanson de Roland est en Anglo-normand, le poète Chrétien de Troyes est Champenois, les premiers dramaturges, Adam de la Halle et Jean Bodel, sont Picards. Cependant, l’Université de Paris reste le fief du latin. Il faudra les efforts des monarques capétiens, la constitution de l’unité nationale, puis la découverte de l’imprimerie, pour ruiner définitivement le latin et constituer une langue française unique, de plus en plus débarrassée des particularités dialectales.

 

Le XVe siècle est l’époque des « grands rhétoriqueurs » qui abusent des latinismes et des figures de rhétorique. Mais c’est aussi l’époque de l’historien Commynes, à la langue dépouillée et rigoureuse, ou du poète Villon, qui enrichit le français des trouvailles de l’argot et qui n’hésite pas à recourir à l’archaïsme pour donner plus de saveur à son style.

 

A la fin du Moyen Age, le latin reste la langue de l’Église, de l’Université, de la haute justice, de la littérature philosophique et scientifique. Mais l’histoire et la poésie, tant épique que lyrique, sont l’apanage presque exclusifs-' du français.

 

La Renaissance Le XVIe siècle lance les dernières attaques contre

 

le latin : le français devient la langue officielle du royaume avec l’ordonnance de Villers-Cotterets, dans laquelle François Ier, en 1539, prescrit de rédiger en langue vulgaire les actes judiciaires. La Réforme, de son côté, fait traduire la Bible, et le français est adopté comme langue liturgique par les protestants.

 

La Dejfense et illustration de la langue françoise, rédigée par Du Bellay en 1549, marque un moment important dans l’évolution de la langue littéraire. Non seulement la dignité du français y est affirmée à l’égal du grec et du latin, mais les poètes de la Pléiade proposent des procédés variés pour enrichir la langue. Si toutes les créations de vocables, proposées à cette époque, n’ont pas survécu, un bon nombre n’en a pas moins franchi les siècles.

 

Cependant, au début du siècle, Rabelais charrie dans ses œuvres une foule de mots pittoresques et expressifs, d’origine populaire ou savante, et à la fin, D’Aubigné, poète satirique et épique, bouscule la syntaxe et forge des vers puissants.

 

Désormais, la langue française est reconnue comme la seule langue littéraire vraiment vivante en France.

 

L'Époque Classique Au début du XVIIe siècle, Malherbe, « peigneur »

 

de mots et de syllabes, travaille à débarrasser la langue de ses impuretés : mots populaires, archaïsmes, néologismes injustifiés. Il proscrit les mots « sales » (tels que « barbier »), les latinismes (« larges pleurs »), les dérivés et mots composés dont la Pléiade avait enrichi, mais aussi souvent encombré le français. Pourtant, si les mots nouveaux lui paraissent dangereux, il réintroduit lui-même quelques vocables, comme sécurité qui, tombé en désuétude au XIIe siècle, n’est pas un doublet de sûreté. Une grande partie de l’œuvre de Malherbe est constituée par ses remarques grammaticales et par son étude du vers français auquel il donne sa forme classique, interdisant l’hiatus et l’enjambement et exigeant la coupe à l’hémistiche dans l’alexandrin (vers de douze syllabes).

 

En 1647, les Remarques sur la langue française de Vaugelas poursuivent l’effort de Malherbe. Leur auteur, soucieux de respecter le génie de la langue française, met au point la notion de « bon usage », qui est « la façon de parler de la plus saine partie de la Cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps ». Mais l’application trop stricte de ce principe risque de conduire le vocabulaire français à une appauvrissante sclérose.

 

Cependant, Descartes avait ouvert la philosophie au français, dès 1637, avec le Discours de la Méthode. « Si j’écris en Français, qui est la langue de mon pays, plutôt qu’en latin, qui est celle de nos précepteurs, c’est à cause que j’espère que ceux qui ne se servent que de leur raison naturelle toute pure jugeront mieux de mes opinions que ceux qui ne croient qu’aux livres anciens ». C’était aller dans le même sens que l’Académie française, officiellement créée en 1635-1637, qui, malgré des débuts difficiles dus à l’indiscrète protection du Cardinal de Richelieu, se présente comme le défenseur de la langue française contre le latin. La rédaction de son Dictionnaire, qui ne verra le jour qu’en 1694, est l’occasion d’innombrables épigrammes par sa lenteur, mais elle n’en est pas moins le signe d’un effort linguistique de pureté et de précision.

 

Pierre Corneille, le premier des grands tragiques classiques, inaugure dans ses comédies un style « simple et familier » dont la « naïveté » paraît à ses contemporains plus belle que les recherches alambiquées de ceux qui veulent adapter au Français le style baroque de l’Italie. Mais son génie se manifeste surtout dans le « style noble » de la tragédie, en particulier dans l’art de renfermer des pensées générales dans les douze syllabes de l’alexandrin.

 

Au cours du XVIIe siècle, l’affinement du goût et le développement de la vie mondaine donne naissance au mouvement précieux. Autour de Madame de Rambouillet ou de Mademoiselle de Scudéry, on discute beaucoup des choses du cœur, et les noms habituels ne suffisent plus à leurs distinctions subtiles. Aussi la Préciosité abuse-t-elle des superlatifs, des adjectifs substantivés ; d’heureuses locutions figurées entrent pour toujours dans la langue, comme « laisser mourir la conversation », « tourner en ridicule » ou « faire figure dans le monde ». Malgré les moqueries dont on accable ce langage (cf. Molière), il ne fait pas violence à l’esprit de la langue et il compense heureusement l’effort classique de rigueur et de pureté que résume l’œuvre de Boileau.

 

Sous Louis XIV, « la langue française est une langue majeure » (Ch. Bruneau). Elle a conquis sa qualité foncière, la simplicité, sans trop perdre de sa richesse et de son sens des nuances. La multiplication des Dictionnaires est un signe des efforts tentés par les grammairiens pour tracer les limites du « bon goût » dans l’utilisation du vocabulaire {Dictionnaires de Richelet, de Furetière et de I’Académie). De même, la langue parlée voit la prononciation se fixer. Sous toutes ses influences, le français prend la figure que nous lui connaissons encore, à peu de choses près.

 

Est-ce à dire pourtant que la langue littéraire soit uniformisée à la fin du XVIIe siècle ? Loin de là. La langue de la prose est très distincte de la langue versifiée. Chaque genre, à l’intérieur de deux grands domaines, a une langue propre, soigneusement décrite et codée (langue de l’épopée, de la fable, etc.). On distingue différentes manières : le sublime, le médiocre ou « tempéré », le simple. Ainsi, pour désigner la maison, on emploiera le mot demeure dans le style « sublime », habitation dans le « médiocre », manoir dans le « comique » ou « simple ». Les hommes du XVIIe siècle ont le sentiment que la langue est arrivée à un point de perfection ; certains craignent même que cet équilibre ne vienne à se rompre : « Si la langue est dans sa perfection, dit Ariste, je meurs de peur qu’elle ne se corrompe bientôt ; car il me semble que les choses ne sont jamais plus près de leur ruine que quand elles sont arrivées au plus haut point où elles puissent monter ».

Le Siècle des Lumières

Au XVIIIe siècle, la langue s’enrichit grâce au développement des sciences, des techniques, des voyages. La langue française est devenue celle de l’Europe cultivée, avec ses qualités, décrites par l’Académie en 1694 : « La gravité et la variété de ses nombres, la juste cadence de ses périodes, la douceur de sa poésie, la régularité de ses vers, l’harmonie de ses rimes, et surtout cette construction directe qui, sans s’éloigner de l’ordre naturel des pensées, ne laisse pas de rencontrer toutes les délicatesses que l’art est capable d’y apporter ». Une notion nouvelle, distincte de la rigueur classique, s’établit alors : le purisme. Ainsi Voltaire veut-il « épurer » les grands écrivains. En 1734, il propose cet objet aux travaux de l’Académie : « Quel service ne rendrait-elle pas aux lettres, à la langue, à la nation, si au lieu de faire imprimer tous les ans des compliments, elle faisait imprimer les bons ouvrages du siècle de Louis XIV, épurés de toutes les fautes de langage qui s’y sont glissées » (Lettres philosophiques). De telles épurations (que Voltaire lui-même pratique sur l’œuvre de Corneille) eurent pour effet de tuer la langue poétique au XVIIIe siècle, en l’appauvrissant et en la sclérosant.

 

La prose, par contre, est particulièrement vivante : la recherche de l’effet chez La Bruyère, le langage précieux de Marivaux, ouvrent le siècle avec vigueur. Mais ce sont surtout Diderot et Rousseau qui innovent : Diderot introduit des termes techniques dans la langue de la critique artistique ; Rousseau accumule les termes dialectaux ou les termes de botanique dans ses descriptions de la nature, et il multiplie les images, s’efforçant aussi de créer une phrase chantante grâce à une ponctuation appropriée. Enfin, Bernardin de Saint-Pierre introduit le style exotique dans notre littérature avec Paul et Virginie, en 1787.

 

Cependant, durant tout le siècle, la réflexion philosophique, multipliant les termes abstraits, avait réussi à faire de la langue française un véhicule de choix pour la pensée. Ainsi du terme humanité dont Fichte constatait qu’aucun équivalent n’existait en allemand.

L'Époque Moderne C’est Chateaubriand qui est le véritable créateur de

 

la prose moderne. L’ampleur de sa « période » rappelle la perfection classique, et il prolonge Rousseau par la diversité et le pittoresque de son vocabulaire. Après lui, la prose romantique se surcharge de longueurs et d’exubérance avec Victor Hugo, prodigieux créateur d’images. Pour le maître du Romantisme, tous les mots ont droit de cité, pourvu qu’ils soient expressifs. La notion de pureté linguistique cède la place à celle ^efficacité stylistique.

 

Ainsi, au cours du XIXe siècle, le vocabulaire s’enrichit par des reprises à l’ancien français, aux langues dialectales, techniques, populaires, voire étrangères. Désormais, chaque auteur, dans le sens de son tempérament personnel ou de son école littéraire, utilise en toute liberté les mots qui lui paraissent les plus évocateurs. En même temps, la distinction traditionnelle entre langue de la prose et langue poétique tend à s’effacer. La poésie n’est plus liée à la forme versifiée mais à une certaine attitude de l’homme en face du monde. Les Petits Poèmes en Prose de Baudelaire accélèrent une évolution qui mènera au vers libre des Symbolistes et à la poésie contemporaine.

 

Le XXe siècle, après le grand bouleversement de 1914-1918, semble avoir accentué le caractère abstrait de la langue littéraire, qui se défie de l’épithète, trop facilement transformée en cliché, de la périphrase, voire des nuances. La construction nominale progresse, signe indubitable d’appauvrissement. Cependant, l’introduction des mots étrangers amène certains auteurs à réagir contre le « franglais » {Français-Anglais) qui fleurit dans certains milieux et qui envahit même le langage littéraire. Les recherches philosophiques et linguistiques, dont l’influence est de plus en plus grande sur la littérature, tend à rendre hermétique pour le plus grand nombre la langue littéraire. Ainsi voit-on se dessiner un clivage entre une littérature populaire, utilisant une langue simple, mais non dénuée de richesse, et une littérature raffinée, au langage abstrait et aux phrases longues et compliquées, qui est l’expression des recherches de quelques auteurs.

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« Au début du XVII• siècle, MALHERBE, «peigneur» L'Épo que Cla ssiq ue de mots et de syllabes, travaille à débarrasser la langue de ses impuretés : mots populaires, archaïsmes, néologismes injustifiés.

Il proscrit les mots " sales " (tels que " barbier "), les latinismes (« larges pleurs "), les dérivés et mots composés dont la Pléiade avait enrichi, mais aussi souvent encombré le français.

Pourtant, si les mots nouveaux lui paraissent dangereux, il réintroduit lui-même quelques vocables, comme sécurité qui, tombé en désuétude au XII• siècle, n'est pas un doublet de sûreté.

Une grande partie de l'œuvre de Malherbe est constituée par ses remarques gramma­ ticales et par son étude du vers français auquel il donne sa forme classique, interdisant l'hiatus et l'enjambement et exigeant la coupe à l'hémistiche dans l'alexandrin (vers de douze syllabes).

En r647, les Remarques sur la langue française de VAUGELAS poursuivent l'effort de Malherbe.

Leur auteur, soucieux de respecter le génie de la langue française, met au point la notion de « bon usage ,, qui est « la façon de parler de la plus saine partie de la Cour, conformément à la façon d'écrire de la plus saine partie des auteurs du temps "· Mais l'application trop stricte de ce principe risque de conduire le vocabulaire français à une appauvrissante sclérose.

Cependant, DESCARTES avait ouvert la philosophie au français, dès r637, avec le Discours de la Méthode.

« Si j'écris en Français, qui est la langue de mon pays, plutôt qu'en latin, qui est celle de nos précepteurs, c'est à cause que j'espère que ceux qui ne se servent que de leur raison naturelle toute pure jugeront mieux de mes opinions que ceux qui ne croient qu'aux livres anciens "· C'était aller dans le même sens que l'Académie française, officiel­ lement créée en r63s-r637, qui, malgré des débuts difficiles dus à l'indiscrète protection du Cardinal de Richelieu, se présente comme le défenseur de la langue française contre le latin.

La rédaction de son Dictionnaire, qui ne verra le jour qu'en r 694, est l'occasion d'innombrables épigrammes par sa lenteur, mais elle n'en est pas moins le signe d'un effort linguistique de pureté et de précision.

PIERRE CoRNEILLE, le premier des grands tragiques classiques, inaugure dans ses comédies un style « simple et familier " dont la « naïveté " paraît à ses contemporains plus belle que les recherches alambiquées de ceux qui veulent adapter au Français le style baroque de l'Italie .

Mais son génie se manifeste surtout dans le « style noble " de la tragédie, en particulier dans l'art de renfermer des pensées générales dans les douze syllabes de l'alexandrin.

Au cours du XVII• siècle, l'affinement du goût et le développement de la vie mondaine donne naissance au mouvement précieux.

Autour de MADAME DE RAMBOUILLET ou de MADEMOISELLE DE ScuDÉRY, on discute beaucoup des choses du cœur, et les noms habituels ne suffisent plus à leurs distinctions subtiles.

Aussi la Préciosité abuse-t-elle des superlatifs, des adjectifs substantivés ; d'heureuses locutions figurées entrent pour toujours dans la langue, comme « laisser mourir la conversation ,, « tourner en ridicule " ou « faire figure dans le monde "· Malgré les moqueries dont on accable ce langage (cf.

Molière), il ne fait pas violence à l'esprit de la langue et il compense heureusement l'effort classique de rigueur et de pureté que résume l'œuvre de BOILEAU.

Sous Louis XIV, « la langue française est une langue majeure " (Ch.

Bruneau).

Elle a conquis sa qualité foncière, la simplicité, sans trop perdre de sa richesse et de son sens des nuances.

La multiplication des Dictionnaires est un signe des efforts tentés par les grammairiens pour tracer les limites du « bon goût " dans l'utilisation du vocabulaire (Dictionnaires de RICHELET, de FURETIÈRE et de l'AcADÉMIE).

De même, la langue parlée voit la prononciation se fixer.

Sous toutes ses influences, le français prend la figure que nous lui connaissons encore, à peu de choses près.

Est-ce à dire pourtant que la langue littéraire soit uniformisée à la fin du XVII• siècle ? Loin de là.

La langue de la prose est très distincte de la langue versifiée.

Chaque genre, à l'intérieur de deux grands domaines, a une langue propre, soigneusement décrite et codée (langue de l'épopée, de la fable, etc.).

On distingue différentes manières : le sublime, le médiocre ou « tempéré,, le simple.

Ainsi, pour désigner la maison, on emploiera le mot demeure dans le style « sublime ,, habitation dans le « médiocre ,, manoir dans le « comique " ou «simp le" · Les hommes du XVII• siècle ont le sentiment que la langue est arrivée à un point de perfection ; certains craignent même que cet équilibre ne vienne à se rompre :. »

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