Henri LERHMAN Making a Living   De quoi le film parle-t-il?

Henri LERHMAN Making a Living   De quoi le film parle-t-il?                                                                                                                    Quel regard social cette équipe de cinéma porte-elle sur le monde?   Lutte pour la vie, pour le travail, la survie est difficile, une lutte sans relâche. Les deux femmes sont sur le trottoir, elles cherchent un mari.  Point critique sur l'organisation sociale, le mariage est une prostitution féminine comme l'a suggéré TOLSTOÏ dans La sonate à Kreutzer. Le personnage que joue Chaplin est un comédien et joue un rôle pour pouvoir être accepter dans la société.  La différence entre un homme du monde et un vagabond est juste un costume. Ironie et satyre du métier de journaliste, entreprise qui oblige l'homme à être une machine. Le réalisateur joue avec nos attentes. Accélération du monde économique, critique du système social et de son organisation.   Philippe Soupault dit dans la revue Europe du 15 novembre 1918: "Le petit bonhomme les pieds tournés en dehors est en quelque sorte le héros de notre temps. Charlot doit avant tout s'efforcer de vivre et pour cela il faut qu'il entre en lutte avec toutes les forces sociales. On rougit parfois de rire, Charlot Chaplin force ce rire, mais ne le fait jamais regretter. Son comique pourrait-on dire est d'essence supérieure. Remarquons à ce propos que le comique d'essence supérieure est très proche de ce que nous appelons poésie."   C'est le héros car il nous montre les rôles que nous jouons, il plaide pour une plus grande justice. C'est un comique de geste, montre à quel point nous sommes menacés. Son comique est aussi poésie car au sens étymologique du mot: c'est la création la fabrication.   - 1er film où l'on voit Chaplin (avant cela : Chaplin = comédien de tréteaux ; sa troupe par aux Etats-Unis. Des producteurs le repèrent, notamment Marc Sennett (réalisateur, producteur qui a repéré Chaplin et qui lance sa carrière cinématographique) qui est le producteur de Making a living, Kid Auto Races in Venice et de tous les premiers films avec Chaplin au studio Keystone. - Dans le film, il est question de la lutte pour la survie dans le cadre du travail et du mariage avec une jeune fille manifestement de bonne famille. Il y a une course incessante qui montre la vitesse du ciné burlesque. Cette lutte, course mécanise les hommes. Le rythme effréné du film montre que la survie est difficile. Le message du film peut-être : « tu n’as pas de temps de souffler si tu n’es pas héritier et que tu dois encore gagner ta vie ». C’est une lutte sans relâche pour survivre. - La jeune fille est une fille de bonne famille, famille aisée, oisive. Elle ne travaille pas et vit dans un quartier résidentiel avec sa mère. Lorsque la fille et sa mère rencontrent le personnage incarné par Chaplin, elles sont dehors sur le trottoir. Elles ont une attitude de prostituées même si ce n’en sont pas : elles se réajustent en apercevant le personnage joué par Chaplin è Critique très nette sur le fonctionnement sociale : le mariage est une proposition féminine. D’ailleurs, le cinéma n’est pas le seul art à dire cela. Ex : La Sonate à Kreutzer de Tolstoï à le mariage est une forme de prostitution déguisée. - Le personnage incarné par Chaplin : Son apparence vestimentaire et son comportement correspondent-ils au milieu social auquel il appartient ? Le personnage est un comédien, il joue un rôle pour pouvoir intégrer les milieux sociaux auxquels il aspire. Il adopte le comportement d’homme du monde (chapeau de forme – cane – queue de pie) mais c’est un vagabond. Il joue avec des signes de reconnaissance pour se faire adopter dans la société. C’est comme ça qu’il va entrer en contact avec le journaliste. Ils entrent dans une relation personnelle et il lui demande de l’argent donc l’homme ne peut pas refuser. - La différence entre le journaliste et le vagabond vient de leur costume. Shakespeare : « The world is a stage » - Les 2 hommes se courent après : Chaplin vole caméra du journaliste au moment de l’accident de voiture. L’accident provoque un effet de surprise : on s’attend à ce que le journaliste aille aider l’accidenté. Mais il ne fait pas preuve de solidarité et cherche à tirer le meilleur profit de l’accident et de la situation. è Le cinéaste prend le contrepied de ce que le spectateur attend. Le journaliste est l’antagoniste du personnage de Chaplin. Il y a une forme d’ironie, de satire de ce métier. C’est une critique de l’entreprise capitaliste dans son intégralité : la société est une entreprise qui oblige les hommes à agir comme des machines et à lutter ce qui les rend incapables de solidarité. - Avec la suite de cette séquence, on a l’impression d’une accélération du processus économique avec la vitesse de la course du personnage de Chaplin qui rappelle la vitesse de l’impression des journaux et de leur diffusion. Cela montre la vitesse de la société capitaliste qui ne laisse plus place aux sentiments. C’est donc une critique du système social et de l’organisation économique. - Le personnage de Chaplin est pauvre, mais il y a toujours plus pauvre que lui (à les vagabonds, envers qui le personnage est méprisant. En réalité, cela dresse le portrait d’un sous prolétariat, chacun essaye d’imiter celui qui est un peu au-dessus, de prendre sa place è Lutte incessante à tous les niveaux de la société. - La relation entre le personnage joué par Chaplin et le journaliste : Leurs empoignades ressemblent à une danse, c’est chorégraphié. Il y a une forme de danse dans leur combat. Chaplin utilisera toujours ce procédé lorsqu’il réalisera lui-même ses films, même dans l’œuvre de sa maturité. Ex : City Lights (1931)  à séquence de boxe où le combat est une danse à c’est une idée permanente dans les films de Chaplin qui montre que tout est orchestré par le système. En effet, les hommes qui se battent n’ont pas d’inimitié réelle, ni de raison de se battre en tant que personnes. C’est la position qu’ils occupent dans le système qui les oblige à se battre. Leur danse, leur combat est orchestré par la position qu’ils occupent dans le système social. - La danse : C’est aussi une manière de montrer qu’au fond, on a un immense besoin d’amour. Quand on se bat, on ne veut pas vraiment se battre mais s’embrasser. - Le film met en avant les rôles caricaturaux que nous propose la société : les femmes minaudent et les hommes se battent. Mais pour Chaplin, l’homme aussi peut être un danseur. Ex : Chaplin fait un film, A woman dans lequel son personnage séduit des hommes. C’est une déconstruction de la virilité et de l’héroïsme guerrier que l’on attend de l’homme. Cela tient du propre du clown, Chaplin est un héritier de la tradition clownesque qui vise à déconstruire les constructions sociales.   Analyse : - Chaplin est un héros car il cherche à déconstruire les constructions sociales. Il nous montre la mécanique dans laquelle nous sommes pris, les rôles sociaux et plaide pour une plus grande justice et liberté. - « On rougit parfois de rire » car le comique utilisé est un comique physique, de bas étage et de geste ; mais en même temps, il montre à quel point nous sommes mécanisés : nous faisons toujours les mêmes gestes sans vraiment réfléchir. - Son comique est poésie car au sens étymologique, la poésie désigne la création, la fabrication (cf. Textes des Evangiles selon St Jean) à le verbe et le mot permettent la création. Le verbe est une puissance divine et créatrice è prononcer par le poème c’est faire advenir. Dire, c’est créer un autre monde. - Remarque : Apollinaire à « Poème lu au mariage d’André Salon » à il écrit à propos de son ami et de lui-même : « Fondez en poésie. Nous avons les droits sur les paroles qui forment et défont l’univers. » è La poésie serait cette capacité de former et de défaire l’univers. Les artistes comme Chaplin font pareil : ils forment et déforment l’univers en déconstruisant le système social et en faisant advenir un autre monde.   Henri LERHMAN Kids auto races on Venice    Le personnage qu'il invente dans ce film est un pariât. Il est repoussé du monde caractère enfantin du personnage de Charlot. Il défait le monde il ne comprend pas les règles elles ne sont pas naturelles.   - 1er film dans lequel Chaplin crée son personnage de Charlot. Les témoins disent que Chaplin a inventé Charlot par hasard : il a commencé par trouver un costume puis l’idée du personnage lui est apparue. - Film réalisé par Henry Lehrman - Venice est un quartier d’Hollywood - Charlot est le personnage type du pariât, il est toujours rejeté à la marge de l’écran, et donc à plus grande échelle de la société et du monde. - Le caractère enfantin du monde à Les enfants sont très sérieux, ils sont déjà en train de courir dans la mécanique du monde. Ils s’opposent clairement à Charlot qui tombe, fait des grimaces. Charlot a une qualité enfantine, il n’accepte pas les règles dominantes du monde ; du coup, il déconstruit et défit le monde. Il a l’air d’être tombé de la lune, il n’accepte pas la naturalité des règles car pour lui, elles ne sont pas naturelles. Il montre le caractère arbitraire des règles.     Charlie CHAPLIN The tramp   Son comportement va avec son costume , qui n'est pas le comportement d'un vagabond, car il ne veut pas se résigner à être un simple vagabond il veut être bien plus. Personnage bien plus sentimental que dans les films précédents, et il part car il est tombé amoureux de la jeune fille mais son fiancé arrive. Discrétion des sentiments, ce n'est pas un personnage moral.   Il mange de l'herbe car on lui a volé son sandwich du coup il mange ce qu'il trouve autour de lui, il ne se résigne pas. Parallèle entre le monde des humains et le monde des bêtes, point politique du film: La vache est exploitée pour son lait, et Charlot est exploité, il n'est pas nourri et il n'est pas payé, juste nourri de rêve de la jeune fille. Il met le pied dans le lait, il est associé à la vache depuis le début, métaphore filée. Le cinéma construit l'équivalent d'une figure de style sur des images.   - Scénario et mise en scène de Chaplin Comment se caractérise le personnage de Charlot ? Pourquoi Charlot mange-t-il de l’herbe ? A quoi tient son insolence ? Par quelles formes s’exprime son insolence ? Notes : Charlot est un vagabond. Il se retrouve sur le chemin de voleurs qui volent la fille d’un fermier. Il est alors invité chez son père, qui lui donne un travail d’ouvrier agricole. Les brigands, les voleurs reviennent et tentent de s’entendre avec Charlot dans le but de voler le fermier ; mais Charlot prend sa défense. Il finit par être blessé, ou feint d’être blessé ; par conséquent la fille du fermier prend soin de lui, et il est aux anges car il s’est inamouré de la fille. Le problème : finalement, le fiancé de la jeune fille surgit, et Charlot prend congé.   Le personnage de Charlot : - Il est étonné de tout, il a gardé son côté enfant et ne comprend pas tout ce qui surgit. Il porte un costume de dandy, d’homme du monde mais ce costume est très usé par le temps. Il n’a pas de change, il a qu’un seul costume. NB : * Au début du film, il est renversé par une voiture à la première chose qu’il fait : il essuie son costume à c’est un comportement de dandy et non de vagabond. * Avant de manger à Charlot s’assoit dans l’herbe, se cure les ongles et les nettoie. Il prend soin de lui et de son apparence. On peut dire qu’il refuse de se résigner à sa condition de vagabond, de clochard. Son comportement est une forme de résistance face à la classe sociale qu’on lui a attribué et face à l’étiquette qu’on lui a collée. Il y a une forme d’aristocratie en lui. - La fin de ce film est beaucoup plus sentimentale que les films précédents. La résistance du personnage face à la machine sociale lui permet de garder une part d’humanité. Son départ n’a pas seulement une part matérielle, il y a aussi une part de tristesse sentimentale. Cette tristesse est montrée sans être montrée puisque l’on voit Charlot de dos. On comprend donc qu’il pleure mais il ne le montre pas. NB : Dans The kid, on lui reprochera de trop en montrer ; et les surréalistes diront qu’il est parfois trop sentimental. - Charlot est un personnage qui fait comprendre le pathos et les larmes mais il le fait sans le montrer de manière directe. Il reste dans la discrétion des sentiments afin de garder le personnage clownesque. Charlot est un opportuniste, il n’y a pas de lois morales chez lui ou chez les autres personnages. Les personnages n’obéissent à aucun des codes sociaux, comme s’ils n’en reconnaissaient pas leurs valeurs. La seule morale est une critique de la société mécanique. A part ça, Charlot ne cherche qu’à profiter de son intérêt.