Guillaume de Lorris, le Roman de la Rose (extrait).
Publié le 07/05/2013
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Guillaume de Lorris, le Roman de la Rose (extrait). La première partie du Roman de la Rose, « l'Art d'aimer «, de Guillaume de Lorris, s'ouvre par une explication au lecteur qui dévoile l'intention allégorique de l'oeuvre. Ce procédé, qui n'est pas nouveau alors, prévient de l'objet de ces 4028 vers : sitôt que le jeune homme aura pénétré dans le jardin de Déduit (« plaisir «), c'est un véritable code de l'amour courtois qui sera donné à lire. Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris À la vingtième année de mon âge, à cette époque où l'amour réclame son tribut des jeunes gens, je m'étais couché une nuit comme à l'accoutumée, et je dormais profondément, lorsque je fis un songe très beau et qui me plut fort, mais dans ce songe, il n'y eut rien que les faits n'aient confirmé point par point. Je veux vous le raconter pour vous réjouir le coeur : c'est Amour qui m'en prie et me l'ordonne. Et si quelqu'un me demande comment je veux que ce récit soit intitulé, je répondrai que c'est le Roman de la Rose qui renferme tout l'Art d'amour. La matière en est bonne et neuve. Que Dieu me fasse la grâce que celle-là l'agrée, à qui je le destine : c'est elle qui a tant de prix et qui est si digne d'être aimée qu'on doit l'appeler la Rose. Il y a cinq ou six ans, je rêvai qu'on était en mai, le temps amoureux et plein de joie où toute chose se réjouit, où l'on ne voit buisson ni haie qui ne se pare de feuille nouvelle. Les bois, secs tout l'hiver, recouvrent leur verdure. La terre, toute fière de la rosée qui la mouille, oublie sa pauvreté de naguère et revêt sa robe de mille couleurs ; les oiseaux qui se sont tus, tant que duraient les froids et le mauvais temps, font éclater leur joie sous le ciel serein ; alors le rossignol chante à tue-tête ; alors s'égaient le papegaut et la calandre ; alors il faut que les jeunes gens pensent à la gaieté et à l'amour. Il a le coeur bien dur, celui qui n'aime pas, quand il entend retentir sur la branche les chants doux et piteux des oiseaux. Je songeai donc que j'étais en ce temps délicieux où tout ce qui vit est troublé par l'amour. Il me sembla dans mon sommeil qu'il était grand matin. Lors je me levai de mon lit, me chaussai et lavai mes mains, puis je tirai d'un joli aiguillier une aiguille d'argent que je me mis à enfiler. Il me prit fantaisie de sortir de la ville pour ouïr les chansons des oiseaux. Tout en cousant mes manches en zigzag, j'allai tout seul, flânant et écoutant les oiselets qui gazouillaient à pleine gorge par les vergers fleuris. Source : Delvaille (Bernard), Mille et cent ans de poésie française, Paris, Robert Laffont, 1991. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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