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Grèce antique, art de la - sculpture.

Publié le 15/05/2013

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Grèce antique, art de la - sculpture. 1 PRÉSENTATION Grèce antique, art de la, production artistique du monde grec au Ier millénaire av. J.-C. L'art grec concerne la Grèce antique, les colonies installées sur les bords de la Méditerranée et de la mer Noire, notamment la côte occidentale de la Turquie, l'Italie du Sud (dite Grande Grèce), la Sicile, ainsi que, pendant ses trois derniers siècles, le Proche-Orient. Il a ses racines dans la civilisation créto-mycénienne ; grâce à sa qualité et à l'universalité de certaines formules, il a influencé d'autres civilisations anciennes et joué un rôle capital dans le développement de l'art en l'Occident. L'art grec se caractérise avant tout par l'intérêt porté à l'être humain, son anatomie, ses actions, ses émotions. La figure humaine, omniprésente, sert à représenter les dieux comme les mortels. Animaux et végétaux sont secondaires. La mythologie, la littérature et la vie quotidienne fournissent les principaux thèmes. De rares exemples d'architecture, de grande sculpture et surtout de peinture nous sont parvenus intacts. En revanche, les statuettes de terre cuite, les vases et les monnaies subsistent en grande quantité ; des bijoux et d'autres objets précieux ont été recueillis dans des tombes. Ces productions, ainsi que les mosaïques et les petits bronzes, nous renseignent sur les grandes oeuvres disparues. Notre connaissance de l'art grec se fonde également sur des monuments non grecs comme les peintures des tombes d'Étrurie et surtout les copies romaines, ainsi que sur les auteurs anciens, en particulier Pline l'Ancien (Ier siècle apr. J.-C.) et Pausanias (IIe siècle apr. J.-C.). Jusqu'aux environs de 320 av. J.-C., l'architecture, la peinture et la sculpture de grand format ont un caractère public, que leur destination soit religieuse ou civile. Toutefois, les monuments funéraires privés peuvent relever du grand art, et les arts décoratifs jouent un rôle important dans la sphère privée. Une famille ordinaire possède plusieurs vases de terre cuite peinte de belle facture ; les plus riches, de la vaisselle de bronze et des miroirs souvent décorés. Les architectes grecs utilisent le marbre, le calcaire, le tuf ou poros, le bois pour les charpentes, la terre cuite ou le marbre pour les tuiles. La brique crue, qui forme les murs des édifices primitifs, continue d'être employée dans les maisons et certains remparts ; la brique cuite ne se diffuse qu'à l'époque romaine. Les sculpteurs travaillent la pierre, de préférence le marbre blanc des îles (Paros, Naxos) ; la tête d'une statue et les parties saillantes peuvent être façonnées à part. Utilisé à l'époque ancienne sous forme de tôle martelée pour recouvrir des statues de bois, le bronze est surtout coulé. La prestigieuse technique chryséléphantine consiste à revêtir un noyau en bois d'ivoire pour les chairs et d'or pour les vêtements. La terre cuite, modelée, tournée et surtout moulée, fournit le matériau privilégié de la petite plastique. La pierre et la terre cuite reçoivent de la couleur, le bronze quant à lui reçoit des incrustations colorées. Les artistes peignent des tableaux de bois, éventuellement fixés aux murs et juxtaposés pour former de grandes compositions, mais aussi de véritables peintures murales. Aux procédés habituels de la détrempe (peinture à l'eau additionnée de colle) et de la fresque s'ajoute l'encaustique, à base de cire et indélébile. Les potiers fabriquent la plupart des vases au tour ; une fois secs et polis, ils sont peints, essentiellement à l'aide de vernis noir, une solution d'argile riche en oxyde ferrique susceptible de devenir noire et brillante au terme d'une cuisson complexe effectuée dans un four. L'art grec est divisé en périodes qui reflètent les changements de style ; cet article adopte le découpage chronologique suivant : la période géométrique (v. 1050-700 av. J.-C.) et la période orientalisante (v. 700-625 av. J.-C.), la période archaïque (v. 625-480 av. J.-C.), la période classique (v. 480-323 av. J.-C.) et la période hellénistique (v. 323-31 av. J.-C.). 2 PÉRIODE GÉOMÉTRIQUE (V. 1050-700 AV. J.-C.) Les vestiges les plus marquants des débuts de l'art grec sont des vases, découverts notamment dans la nécropole athénienne du Dipylon. La période géométrique tire son nom de leur décoration ( voir vase antique ; peinture sur vase grec). Les cercles et demi-cercles, hérités du répertoire mycénien, dominent sur les plus anciens, dits protogéométriques, supplantés ensuite par les motifs rectilignes organisés en bandes. Vers 760 av. J.-C., des scènes figurées apparaissent sur des vases de grande taille qui marquent des tombes aristocratiques, comme le « groupe du Dipylon « (une série de cratères dit du Dipylon, aujourd'hui conservés notamment au musée du Céramique d'Athènes et au Metropolitan Museum of Art de New York). Les thèmes principaux, exposition du mort, cortège funèbre, sont en rapport avec leur destination. Les batailles navales évoquent des aventures vécues dans le cadre de la colonisation qui a conduit les Grecs au-delà des mers, ou celles des héros des poèmes contemporains d'Homère. Les figures sont schématiques, agencées avec rigueur, et peintes en silhouette à l'aide de vernis noir. Les sujets se diversifient et s'étendent aux petits vases ; le goût de la narration, mais aussi la pénétration d'éléments orientaux conduisent à l'abandon du style géométrique. 3 PÉRIODE ORIENTALISANTE (V. 700-625 AV. J.-C.) Les influences de l'Orient se font sentir à la période suivante (700-625 av. J.-C.), dite orientalisante, surtout dans les vases produits en Grèce de l'Est (Rhodes) et à Corinthe, cité marchande. Ils s'ornent d'un décor à base de frises d'animaux, inspiré des tissus et des « bols « métalliques répandus par le commerce phénicien ; il comprend également des êtres composites (sphinx, etc.) et des végétaux stylisés (rosaces, palmettes, lotus) qui demeureront, avec les méandres, les motifs décoratifs essentiels de l'art grec. Le dessin au trait se combine avec la silhouette. Les Corinthiens peignent aussi des scènes figurées sur de petits vases, parfois polychromes, le plus souvent en figure noire, technique dans laquelle les silhouettes en vernis noir sont détaillées par des incisions et rehaussées de rouge et de blanc. La peinture de vases attique, d'inspiration mythologique, présente de grandes figures maladroites peintes en noir et blanc (amphore d'Éleusis). La plastique du début du Ier millénaire av. J.-C. est faite de statuettes de terre cuite et de bronze d'aspect primitif, puis de style géométrique ou plus libre. Certains bronzes ornaient des chaudrons offerts dans les sanctuaires. La tradition géométrique se prolonge à l'époque suivante (Apollon de Mantiklos, Museum of Fine Arts, Boston), mais, dans la seconde moitié du VIIe siècle, stimulés par l'exemple de l'Égypte et les figures des objets syro-phéniciens, les sculpteurs grecs réalisent les premières grandes statues, dites dédaliques, d'après leur inventeur mythique, Dédale ; par sa verticalité, sa « perruque «, la structure de sa tête et son costume, la Dame d'Auxerre (v. 630 av. J.-C., musée du Louvre, Paris) est représentative de ce style. On a découvert à Lefkandi, en Eubée, la demeure transformée en tombeau d'un prince du Xe siècle (45 m × 10 m) ; elle fait penser au palais (mégaron) d'Ulysse décrit par Homère. Les vestiges architecturaux deviennent plus abondants au VIIIe siècle et surtout au VIIe siècle. D'abord semblables aux maisons, qui adoptent des formes ovales ou à abside, faciles à réaliser en terre, mais aussi des plans rectangulaires, les temples tendent à se différencier par des dispositions et des modes de constructions particuliers. Le premier temple d'Héra à Samos (v. 700 av. J.-C.) s'ouvre à l'est, mesure 100 pieds de long (33 m × 6,5 m) et comporte une file axiale de supports. Gênant la vue de la statue de culte installée au fond, celle-ci est remplacée par deux séries de poteaux plaqués contre les murs dans le deuxième état, doté d'un péristyle (6 × 18 colonnes), mais encore en matériaux primitifs (v. 650). 4 PÉRIODE ARCHAÏQUE (V. 625-480 AV. J.-C.) Après l'apprentissage des premiers temps, la période archaïque correspond à l'essor et à la maturation qui préparent l'accomplissement de l'époque classique. Les monuments se multiplient dans les grands sanctuaires de Grèce, mais également en Grèce de l'Est, où l'Ionie développe une civilisation brillante, et dans les prospères colonies occidentales. L'art d'Athènes reflète un certain luxe à l'époque du tyran Pisistrate, que dissipent l'instauration de la démocratie et la menace des invasions perses. 4.1 Architecture Les temples tendent à être réalisés entièrement en pierre, y compris les colonnes ; c'est le cas des temples d'Athéna à Smyrne (v. 630 av. J.-C.), en Ionie (aujourd'hui Izmir) et d'Artémis à Corcyre (Corfou, v. 580 av. J.-C.). Ils permettent de suivre un deuxième phénomène important : la constitution des ordres. Les ordres, ou styles architecturaux, affectent les différents éléments de la construction, mais particulièrement la colonnade. La colonne dorique, sans base, se termine par un chapiteau simple fait d'un élément circulaire évasé, l'échine, et d'une dalle carrée, l'abaque. La colonne ionique a une base formée de moulures variées et un chapiteau combinant une échine sculptée d'oves (en forme d'oeufs) et un élément horizontal dont les extrémités s'enroulent, formant des volutes sur les deux faces principales, et sur les autres des cylindres, ou balustres ; l'abaque est mince et décoré. Le fût, légèrement renflé, porte 20 cannelures contiguës dans l'ordre dorique, 24, ou plus, séparées par des bandes dans la colonne ionique, qui a des proportions plus élancées. Sur les colonnes repose l'entablement, composé dans l'ordre dorique d'une architrave lisse et d'une frise où alternent des éléments à rainures, les triglyphes, et des plaques presque carrées, les métopes, d'abord peintes, puis sculptées ; il y a habituellement un triglyphe au-dessus de chaque colonne et un triglyphe par entrecolonnement ; l'arrangement des angles pose problème. Sur l'architrave ionique, à trois bandeaux, repose une frise lisse ou ornée d'une décoration en relief continue. À la puissance et à la rigueur de l'ordre dorique, l'ordre ionique oppose légèreté, richesse décorative et variété. L'ordre dorique, né en Grèce, s'est répandu partout ; l'ordre ionique s'est épanoui en Grèce de l'Est, mais s'est diffusé également au-delà, notamment à Athènes, où il a été modifié par l'introduction du chapiteau corinthien, à feuilles d'acanthe, plus décoratif et plus pratique grâce à ses quatre faces semblables. Les styles ont été mélangés et les éléments architecturaux utilisés comme décor. Encore en matériaux primitifs, le temple d'Apollon à Thermon (v. 625 av. J.-C.) présente un entablement dorique, dont subsistent des métopes en terre cuite peintes. Les plus anciens chapiteaux ioniques se rencontrent à Naxos au début du VIe siècle ; ils s'imposent aux dépens des chapiteaux « éoliques «, à volutes verticales, employés par exemple au temple d'Athéna à Smyrne. Le plan type du temple dorique se fixe, avec de part et d'autre de la cella, ou naos, contenant la statue de culte, le pronaos, (« espace en avant du naos «) et l'opisthodome (« salle arrière «) ouvert sur l'extérieur. Deux colonnades faites de deux files de petites colonnes superposées divisent l'intérieur de la cella en trois nefs ; le pronaos et l'opisthodome présentent en façade deux colonnes entre les extrémités renforcées des murs latéraux, les antes. Autour de ces salles règne un péristyle comportant 6 colonnes sur les petits côtés. Le temple d'Héra à Olympie (v. 600 av. J.-C.) suit déjà les dispositions canoniques, mais, partiellement en pierre, ne s'élève pas sur la plate-forme dallée, portée par trois degrés, qui deviendra la règle. Doriques et imposants, les temples de Grèce occidentale font preuve de liberté dans leur agencement et le goût du décor ; en témoignent par exemple les temples C et G de Sélinonte et la Basilique (temple d'Héra I) de Paestum. Les temples ioniques, dépourvus d'opisthodome, présentent une grande diversité. Dans les Cyclades, ils sont petits, sans péristyle, mais munis d'un porche à l'avant ou sur leurs deux façades (oikos des Naxiens à Délos, temples d'Iria et Sangri à Naxos). En revanche, à Samos, à Éphèse et à Didymes apparaissent des temples géants, à cella apparemment non couverte, et diptères, c'est-à-dire entourés de deux couronnes de colonnes ; ils s'inspirent de l'Égypte. D'autres types de bâtiments deviennent fréquents, notamment les trésors, élevés dans les sanctuaires pour abriter des offrandes et semblables à de petits temples, et les portiques, ou stoas, adaptés à des fonctions multiples et utiles sur les agoras comme dans les sanctuaires. 4.2 Sculpture Deux types dominent la ronde-bosse libre : le kouros (jeune homme nu debout au repos) et la koré (jeune fille drapée). Il s'agit d'images idéalisées offertes dans les sanctuaires ou placées sur les tombes. Elles obéissent au principe de la frontalité : leur axe vertical ne subit ni flexion, ni torsion. Jambe gauche avancée, bras le long du corps et poings serrés, le kouros, qui apparaît vers la fin du VIIe siècle, dérive de modèles égyptiens, conservant parfois leur format colossal. La série permet de constater l'amélioration du rendu anatomique et le progrès de la technique des sculpteurs. Les différents ateliers se distinguent par des goûts et des formules particulières et chaque oeuvre possède une individualité ; en témoignent Kléobis et Biton (musée de Delphes), les kouros (ou kouroi) de New York (Metropolitan Museum of Art), de Ténéa (glyptothèque de Munich), du Sounion, de Mélos, d'Anavyssos (musée national d'Athènes). Les korés de l'Acropole d'Athènes illustrent en majorité un type ionien, représenté déjà par la Héra de Samos (v. 560 av. J.-C., musée du Louvre), et qui s'est imposé aux dépens de conceptions plus sobres. Le corps féminin intéresse moins les artistes que les jeux de plis et les multiples détails de la parure. De 575 à 500 environ, kouros et korés arborent le « sourire archaïque « qui leur confère un aspect animé et plaisant ; les dernières oeuvres en sont privées au point d'apparaître maussades comme la Boudeuse (v. 480). La ronde-bosse comprend aussi le Moscophore, ou porteur de veau (v. 570, musée de l'Acropole), des groupes équestres, dont le Cavalier Rampin (v. 560, musées de l'Acropole d'Athènes et du Louvre), des sphinx posés sur des colonnes ou couronnant des stèles et surtout des personnages assis. Les reliefs les plus nombreux ornent des stèles funéraires, généralement hautes et étroites et destinées à des hommes représentés de profil, les jeunes comme des athlètes, les adultes comme des guerriers. Parallèlement, les principes de la sculpture architecturale se mettent en place. Le plus ancien fronton sculpté connu appartient au temple d'Artémis à Corfou (musée de Corfou) ; il comporte au centre une énorme gorgone encadrée de félins et dans les ailes de petites scènes mythologiques en fort relief. Les frontons ultérieurs tendent vers l'unité du thème et de l'échelle et font appel à la ronde-bosse (temple d'Apollon à Delphes). L'évolution est accomplie aux frontons du temple d'Aphaia à Égine qui montrent des batailles (510-480 ; Munich). L'Acropole d'Athènes a livré des vestiges de frontons intéressants et variés, diversement datés et reconstitués. Les métopes des temples et des trésors doriques reçoivent un décor en relief ; déjà présent au temple de Corfou, il est surtout abondant en Occident. Le Trésor de Siphnos à Delphes (v. 525 av. J.-C.) témoigne de la richesse inhérente à l'architecture ionique, avec ses caryatides en façade, ses deux frontons sculptés et une frise continue traitant un thème par face ; celle du nord, le côté le plus en vue, est un chef-d'oeuvre de la sculpture archaïque (musée de Delphes). 4.3 Céramique Au cours de la période archaïque, les vases attiques, appréciés pour leur forme et leur décor, prennent la place de la céramique corinthienne qui dominait le marché à la période précédente. Les peintres de vases athéniens, qui adoptent vers 625 av. J.-C. la technique de la figure noire, continuent, dans un premier temps, à peindre de grandes figures, puis se laissent tenter par la décoration orientalisante, notamment Sophilos, le premier Athénien qui signe ses oeuvres. Avec le Vase François, signé par le potier Ergotimos et le peintre Klitias (v. 570, musée de Florence), est réaffirmée la préférence pour les scènes mythologiques, qui occupent la plupart des registres. La période suivante, qui abandonne ce découpage, voit l'apogée de la figure noire attique, illustré par Lydos, le Peintre d'Amasis, inspiré par la vie quotidienne et les thèmes dionysiaques, et surtout Exékias ; avec les incisions des manteaux d'Achille et d'Ajax sur l'amphore du musée du Vatican, il tire de la figure noire des effets impossibles à surpasser ; il fait en même temps progresser le rendu des plis et des visages, à l'occasion présentés de face, et montre un sens nouveau de la composition et de l'espace, ainsi qu'un intérêt pour les héros au destin tragique qui anticipe sur l'esprit classique. Il existe en dehors de l'Attique plusieurs productions de vases à figures noires de qualité, coupes laconiennes et ioniennes, vases chalcidiens, hydries de Caeré, etc. Vers 530 apparaît la figure rouge, invention athénienne attribuée au Peintre d'Andokidès ; plus souple que la figure noire, la technique consiste à réserver les figures en peignant le fond en noir ; les détails intérieurs sont indiqués au pinceau à l'aide de vernis plus ou moins concentré. La figure noire continue sur des vases dits bilingues, qui font appel aux deux procédés, dans des productions d'ateliers secondaires et jusqu'au IIe siècle apr. J.-C. dans les amphores panathénaïques, prix des concours célébrés au cours des grandes fêtes d'Athéna. Euphronios, remarquable parmi les pionniers de la figure rouge, multiplie les détails anatomiques et s'efforce de rendre le volume par le dessin, mais aussi en ombrant de lavis des zones en retrait (Cratère de Sarpédon, Metropolitan Museum of Art) ; ses personnages ont des attitudes complexes rendues à l'aide de raccourcis. Le dessin apparaît libéré. Euthymidès, peintre des grands vases, Oltos et Epiktétos peintres de coupes, se signalent parmi les contemporains. De 500 à 480, les Peintres de Berlin et de Kléophradès se distinguent, le premier en détachant sur le fond noir de grandes silhouettes isolées, l'autre par la force de ses compositions et de ses figures. Les artistes accordent une attention accrue à la réalité ; à côté du banquet, thème majeur, les athlètes se multiplient et des sujets plus originaux apparaissent, comme les scènes d'école peintes par Douris, spécialiste des coupes. Le Peintre de Brygos aime évoquer non seulement l'excitation des fêtards au sortir du banquet, mais aussi les conséquences fâcheuses de leurs excès. 5 PÉRIODE CLASSIQUE (V. 480-323 AV. J.-C.) La période classique, de la fin des guerres médiques au règne d'Alexandre le Grand, correspond à la maturité de l'art grec. 5.1 Période préclassique ou sévère (480-450 av. J.-C.) Après la victoire des Grecs sur les Perses, la nécessité de remédier aux destructions provoque une intense activité artistique, notamment à Athènes, devenue première puissance politique et économique de la Grèce. L'austérité des formes et des visages fait parler de sculpture sévère et d'époque sévère. 5.1.1 Architecture Le style dorique domine. Un bon exemple est offert par le temple de Zeus à Olympie, construit par Libon d'Elis vers 460, avec un plan clair et rigoureux, un péristyle classique, comptant 13 rangées de 6 colonnes, des colonnes puissantes, mais moins lourdes qu'à l'époque archaïque. 5.1.2 Sculpture Les sculptures du temple de Zeus sont particulièrement représentatives de cette période. Le fronton est évoque les préparatifs de la course de chars qui doit opposer Pélops et Oinomaos ; les artistes choisissent souvent de tels moments de calme et de tension, avant ou après un drame. La centauromachie du fronton ouest et certains des travaux d'Héraclès représentés sur les métopes continuent la tradition des scènes mouvementées. Les personnages debout illustrent la rupture de la frontalité déjà visible dans l'Éphèbe blond et l'Éphèbe dit de Kritios de l'Acropole d'Athènes (v. 480 av. J.-C.) : le poids du corps se porte sur une jambe, au-dessus de laquelle le bassin se relève. Les femmes portent le péplos, tunique de laine épaisse et plus stricte que celle des korés. La forme humaine se caractérise par la plénitude des volumes et la simplicité des surfaces ; le profil grec -- nez prolongeant le front et menton lourd -- prévaut. Des expressions se lisent sur certains visages, mais la plupart affichent l'impassibilité, ou la gravité propre à l'art classique. Plusieurs statues de bronze subsistent : l'Aurige de Delphes (musée archéologique de Delphes), les deux Bronzes de Riace (musée national de la Grande Grèce, Reggio Calabria), le dieu du cap Artémision (musée national d'Athènes), témoin des recherches sur le mouvement engagées dans la statuaire de bronze. Une tête barbue, de Porticello (Reggio Calabria), montre que la caractérisation allait jusqu'au portrait. Une statue virile en marbre, de Mozia, en Sicile (musée de Mozia), étonne par le traitement de la longue tunique transparente. Aucune de ces oeuvres n'est attribuée avec certitude à un des sculpteurs dont nous connaissons les noms, et parfois la production à travers des copies romaines. 5.1.3 Peinture La grande peinture se lance sur la voie de l'illusionnisme ; son représentant majeur est Polygnote de Thasos, auteur de grandes compositions à la stoa Poikilé (portique aux peintures) de l'agora d'Athènes et à la lesché (salle de réunion) des Cnidiens, à Delphes. Les auteurs anciens et certains documents nous renseignent sur leur aspect. Polygnote parvient à rendre l'émotion sur les visages et la transparence des draperies, mais sa principale innovation concerne l'espace : au lieu de reposer sur le bord inférieur, les personnages se placent à différents niveaux dans le champ de l'image, où des lignes ondulées marquent des accidents de terrain ; quelques architectures et des arbres évoquent le cadre. Les peintures de la Tombe du Plongeur, à Paestum (v. 470 av. J.-C., musée archéologique de Paestum), montrent un effet d'espace autour du plongeur et des banqueteurs aux expressions intéressantes, mais dans une composition à plat, peu colorée. L'oeil n'apparaît plus de face dans les visages de profil, comme à l'époque archaïque. Dans le sillage des peintres, les décorateurs de vases créent la profondeur par des raccourcis hardis, étagent les personnages (cratère du Peintre des Niobides, musée du Louvre), tentent de les caractériser ou de traduire leurs sentiments (Peintres de Penthésilée et de Pistoxénos). Des vases à décor polychrome sur fond blanc imitent la technique de la grande peinture ; le bleu et le vert sont exclus pour des problèmes de cuisson. 5.2 Premier ou grand classicisme (450-400 av. J.-C.) Le premier ou grand classicisme est représenté avant tout par les monuments d'Athènes créés sur l'initiative de Périclès et sous la direction du sculpteur Phidias. Ils témoignent d'un souci extrême de la perfection technique. Pendant un temps assez bref, considéré comme l'apogée de l'art grec, la tendance à l'idéalisation qui accompagne les recherches réalistes de l'époque précédente passe au premier plan. 5.2.1 Architecture Les constructions de marbre du mont Pentélique, au nord d'Athènes, présentent des raffinements qui compensent des déformations optiques, mais ont également un but pratique : l'incurvation des degrés vers le haut facilite l'écoulement des eaux ; penchées vers l'intérieur, les colonnes résistent mieux aux poussées du toit. Le Parthénon, dorique, domine l'ensemble par sa masse (69 m sur 31 m) ; bâti par Ictinos et Callicratès (447-432 av. J.-C.), il comporte à l'est une longue cella qui abritait la statue colossale chryséléphantine d'Athéna Parthénos, sculptée par Phidias ; à l'ouest, une salle à peu près carrée renfermait le trésor d'Athènes. Un vestibule à 6 colonnes précède chaque salle ; autour de l'ensemble se développe un péristyle de 8 colonnes sur 17. La conception des sculptures remonte à Phidias, mais l'exécution montre le style de ses élèves. Les 92 métopes extérieures sont sculptées en haut relief de combats mythologiques. Une frise continue de type ionique court sous le péristyle en haut des murs et au-dessus des façades des porches ; elle décrit la procession des Grandes Panathénées. Les statues réunies dans les frontons représentent à l'est la naissance d'Athéna en présence des dieux de l'Olympe, à l'ouest la dispute de la déesse et de Poséidon pour la possession de l'Attique. Elles montrent la nouvelle technique de la draperie mouillée : les vêtements collent au corps pour le mettre en valeur. Les plis, nombreux et variés, s'enroulent autour des formes pour en souligner le galbe ou dessinent des ondulations qui rendent le mouvement. Une grande partie de ces sculptures se trouve à Londres, au British Museum. Les Propylées, entrée monumentale, sont entreprises en 437 av. J.-C., mais l'insuffisance de l'espace disponible et la guerre du Péloponnèse qui éclate en 442 entre Athènes et Sparte empêchent la réalisation complète du projet de Mnésiclès. Le bâtiment comporte deux porches à 6 colonnes doriques en façade de part et d'autre d'un mur percé de 5 portes. Des ailes dissymétriques en saillie vers l'extérieur se greffent sur le porche ouest, plus profond et doté de colonnes intérieures ioniques. Des barres de fer renforçaient les architraves. L'Érechthéion (421-407 av. J.-C.), construit dans un style ionique raffiné, sans doute par Mnésiclès, s'établit sur un sol en pente et regroupe plusieurs cultes. La salle principale, à l'est, contenait l'idole en bois, ou xoanon, d'Athéna Polias, protectrice de la cité, auparavant honorée dans le Vieux Temple dont les fondations subsistent à proximité. La tribune des Caryatides surmonte le tombeau d'un roi mythique. Pour Athéna Niké (« victoire «) est érigé un temple ionique de dimensions modestes mais remarquable par sa finesse et sa position au sommet du bastion sud-ouest de l'Acropole. Ses frises et celles du parapet élevé au bord de la terrasse évoquent la guerre et la victoire. Le temple d'Héphaïstos (pseudo-Théseion), au bord de l'Agora d'Athènes, et d'autres temples attiques sont influencés par le Parthénon ; Iktinos aurait construit le temple d'Apollon à Bassai, en Arcadie, d'où provient le plus ancien chapiteau corinthien connu. 5.2.2 Sculpture De la statuaire classique, majoritairement en bronze, ne subsistent que quelques originaux, dont le Jeune Guerrier de Riace dit Bronze de Riace (musée national de la Grande Grèce, Reggio Calabria), mais les copies romaines en donnent une idée. Le Discobole de Myron, où les différentes parties du corps correspondent à des phases successives du lancement du disque, reste une expression inégalée du mouvement. Phidias, qui incarne l'apogée de la sculpture grecque, excelle à rendre la majesté divine ; outre l'Athéna Parthénos, il a créé deux Athénas en bronze consacrées sur l'Acropole d'Athènes (la Promachos et la Lemnia), ainsi que la statue chryséléphantine de Zeus, haute de 12 m, qui trônait dans le temple d'Olympie et comptait parmi les Sept Merveilles du monde. La fouille d'Olympie a permis la découverte de l'atelier et de matériel de l'artiste. À Phidias, « faiseur de dieux «, les Anciens opposent Polyclète d'Argos, « faiseur d'hommes «, qui perfectionne la représentation du nu viril à travers une série de statues d'athlètes ; il soumet ses oeuvres à des proportions précises (la plus simple fait tenir la tête 7 fois dans la hauteur totale) et est à l'origine du chiasme ou contrapposto qui anime le torse par un mouvement croisé du bassin et des épaules. Le Doryphore, porteur de lance, illustre les théories qu'il a exposées dans un traité. Pendant les deux dernières décennies du Ve siècle av. J.-C. prévaut un style maniériste et décoratif issu des frontons du Parthénon ; il s'exprime dans les reliefs de la balustrade d'Athéna Niké, attribuées à Callimaque, notamment la Victoire détachant sa sandale (musée de l'Acropole, Athènes). Parmi les sculpteurs marquants du premier classicisme figurent aussi Alcamène et Agoracrite, élèves de Phidias, Paionios de Thrace, dont une Victoire en marbre est conservée à Olympie, ainsi que le Crétois Crésilas, auteur d'un portrait idéalisé de Périclès et d'une des statues d'Amazones créées pour le sanctuaire d'Artémis à Éphèse, prétendument lors d'un concours de sculpteurs. La production de reliefs funéraires reprend en Attique après l'achèvement du Parthénon, servie parfois par des artistes de premier plan, comme dans le cas de la stèle du jeune homme au chat (musée national d'Athènes). Les reliefs ont une forme plus ramassée qu'à l'époque archaïque et un encadrement architectural. 5.2.3 Céramique et peinture Certains vases en figure rouge reflètent la sculpture. Les guerriers du Peintre d'Achille imitent l'attitude du Doryphore. Influencé par les draperies parthénoniennes, le Peintre d'Érétrie multiplie les plis ; son élève, le Peintre de Meidias, dans un style riche rattaché au courant maniériste, accentue la valeur décorative des lignes et couvre les étoffes de broderies. La technique à fond blanc connaît un grand succès sur les lécythes funéraires (vases contenant de l'huile parfumée). Les thèmes évoquent la mort, d'abord par allusion (le départ du guerrier) puis directement (la descente aux Enfers ou la visite à la tombe). L'attitude tridimensionnelle des défunts présents devant leur stèle, leur expression lointaine, la polychromie complétée après la cuisson par du bleu et du vert font des lécythes récents des témoignages majeurs de la peinture contemporaine. D'après les auteurs anciens, après avoir résolu les problèmes de la perspective et du clair-obscur avec Apollodoros et Agatharchos, spécialiste des décors de théâtre, la peinture a acquis au tournant du siècle la maîtrise du trompe-l'oeil avec Zeuxis et de l'expression avec Parrhasios ; les monuments montrent que les peintres oeuvrent effectivement dans ces directions. 5.3 Second classicisme (v. 400-323 av. J.-C.) La défaite d'Athènes dans la guerre du Péloponnèse ouvre une période de rivalités entre les cités, à la faveur desquelles Philippe II, roi de la Macédoine voisine (359-336 av. J.-C.), réussit à imposer sa domination sur la Grèce (338). Son fils Alexandre (336-323) conquiert l'Empire perse ; à sa mort, le monde grec comprend l'Égypte et tout le Proche-Orient, jusqu'à l'Inde. Dans ce monde en transformation, l'art reflète la diminution du sens communautaire lié à la cité et l'émergence de l'individu, avec sa sensibilité et ses passions. 5.3.1 Architecture Dans les temples doriques, comme celui d'Asclépios à Épidaure (v. 380 av. J.-C.) l'opisthodome tend à disparaître. Les espaces intérieurs se dégagent et s'enrichissent grâce à des matériaux colorés et au décor, auquel participe le chapiteau corinthien. Au temple d'Athéna Aléa à Tégée (v. 350), en Arcadie, la cella s'orne de colonnes engagées à chapiteaux corinthiens portant un étage ionique. Les recherches décoratives concernent en particulier les tholos, édifices ronds, doriques construites à Delphes (v. 380) et à Épidaure (360-330), ainsi que la tholos ionique d'Olympie (Philippeion ; v. 330). L'ordre ionique connaît une renaissance en Asie Mineure. Le projet le plus grandiose est la reconstruction du temple d'Artémis à Éphèse, entreprise vers 330 selon le plan archaïque. Par ailleurs, Pythéos conçoit pour Athéna à Priène un nouveau plan de temple ionique proche du dorique. Le même Pythéos est l'architecte du mausolée d'Halicarnasse, tombeau du roi Mausole de Carie, une des Sept Merveilles du monde. Il comporte une chambre funéraire entourée de colonnes ioniques, mais aussi des éléments non grecs, podium et toit en forme de pyramide à degrés. Des frises et des statues ornent les différentes parties du monument ; un quadrige au sommet transportait Mausole chez les dieux. Peu après le milieu du siècle commence la série des tombes macédoniennes qui dure environ deux cents ans ; la plupart se trouvent en Macédoine, notamment à Vergina, site de la nécropole royale. Creusées sous la terre et surmontées d'un tumulus, elles comprennent une chambre et un vestibule derrière une façade à décor architectural. La plupart sont couvertes de voûtes en berceau, dont la technique est mise au point par des architectes grecs vers 340 av. J.-C. Une tombe au contenu précieux est attribuée à Philippe II de Macédoine. 5.3.2 Sculpture Après une période marquée par la poursuite du maniérisme, la sculpture retrouve une certaine sobriété ; elle se distingue du premier classicisme, épris de grandeur, par des préoccupations plus humaines, dont Praxitèle, Scopas et Lysippe témoignent dans des registres différents. Praxitèle, Athénien, introduit dans l'art la jeunesse et la grâce, portant un intérêt nouveau à la féminité. Son Aphrodite de Cnide, première représentation de la déesse nue en sculpture, la montre déshabillée pour un bain rituel, digne et pudique. La tête d'une copie hellénistique (musée du Louvre) restitue la délicatesse du visage ovale au front triangulaire et la douceur du regard de la déesse de la beauté et de l'amour. Les personnages masculins adoptent une pose plus sinueuse, issue du chiasme polyclétéen, mais très déhanchée. Apollon Sauroctone, tueur de lézard (musée du Louvre), apparaît efféminé. Plus athlétique, l'Hermès d'Olympie (v. 330-320 av. J.-C., musée archéologique d'Olympie) est remarquable par le modelé moelleux du torse, le visage aux lignes estompées (sfumato), qui paraît rêveur, la draperie réaliste. Des éléments naturels entrent dans la composition avec les troncs d'arbres sur lesquels les dieux s'appuient. Scopas de Paros, également architecte, est réputé pour des expressions intenses et pathétiques. Dans les têtes massives qui proviennent des frontons du temple d'Athéna à Tégée (musée national d'Athènes) créés par l'artiste, ces effets sont obtenus par la bouche entrouverte, les narines palpitantes, mais surtout le traitement de la zone des yeux. Il est aussi l'auteur d'une ménade, compagne de Dionysos, tourbillonnant dans l'espace, en proie à l'extase. Il collabore au Mausolée, ainsi qu'au décor du temple d'Artémis à Éphèse. Comme Praxitèle, il inaugure une veine, exploitée à l'époque hellénistique. Lysippe de Sicyone réalise la transition avec l'époque hellénistique ; il est un bronzier prolifique et le portraitiste attitré d'Alexandre le Grand. L'Apoxyomène (v. 330-320 av. J.-C.), athlète raclant son corps avec un strigile, présente des proportions plus élancées que le Doryphore -- la hauteur totale comprend 8 fois la tête --, mais aussi un aspect plus vivant auquel contribuent la musculature souple, la chevelure aérée, l'expression nerveuse. La pose est plus dynamique et le geste des bras inscrit la figure dans l'espace. Selon les Anciens, Lysippe aurait imité la réalité, se distinguant de ses prédécesseurs. Les portraits de Socrate et d'Alexandre le Grand reflètent ses préoccupations réalistes, mais aussi une volonté d'exprimer la personnalité au-delà de l'apparence physique. La richesse de la production de Lysippe s'explique par son talent, mais également par l'importance de son atelier. Timothéos et Silanion se distinguent parmi les autres sculpteurs, ainsi que Léocharès, auteur des originaux de l'Apollon du Belvédère (musées du Vatican) et de la Diane de Versailles (musée du Louvre). À côté des stèles funéraires, complexes et émouvantes, se multiplient les reliefs votifs, plus modestes, qui représentent des adorants venant offrir des sacrifices dans des sanctuaires. 5.3.3 Peinture, mosaïque, céramique La peinture grecque atteint son apogée avec Apelle, portraitiste d'Alexandre ; les auteurs anciens louent la grâce (charis) qui faisait sa supériorité. La Naissance d'Aphrodite et son allégorie de la Calomnie sont les plus célèbres de ses oeuvres, malheureusement disparues. Matériellement, la peinture n'est plus connue seulement par des reflets comme les stèles peintes et les copies romaines ; quelques fresques originales ont été découvertes en Macédoine, notamment dans les sépultures royales où des oeuvres de grands maîtres seraient à leur place. La Petite Tombe de Vergina (v. 350 av. J.-C.) abrite un Enlèvement de Perséphone par Hadès attribué au peintre Nikomachos. Les figures se détachent sur le fond blanc, dessinées d'un trait rapide, soulignées par des hachures pour rendre les volumes ; la couleur est appliquée par touches selon une manière qualifiée d'impressionniste. L'ensemble est peu coloré, mais traduit profondeur et expression. Une scène de chasse surmonte la façade de la tombe de Philippe II, où l'on identifie le roi et son fils, Alexandre ; certains y voient une oeuvre de jeunesse du peintre (Philoxénos d'Érétrie ?) de la Bataille d'Alexandre et Darios copiée dans une mosaïque de la Maison du Faune à Pompéi (musée archéologique national de Naples). La mosaïque grecque prend son essor au IVe siècle av. J.-C. ; réalisée à l'aide de galets naturels, elle offre un revêtement de sol décoratif comme un tapis et facile à laver. Les plus nombreuses proviennent des maisons d'Olynthe et forment des décors en noir et blanc. Les représentations figurées font prévoir le rapprochement ultérieur avec la peinture. La couleur fait son apparition dans les pavements d'une demeure d'Érétrie où l'on remarque un dégradé. La peinture de vases n'a plus une grande importance à Athènes ; les ateliers les plus actifs se trouvent en Sicile et en Italie du Sud, en particulier à Tarente, dans l'ancienne Apulie. Le décor est souvent surchargé, comme la forme ; l'influence du théâtre marque l'iconographie. Le style de Gnathia comporte des effets picturaux : les personnages ne sont plus réservés, mais peints sur le fond noir, de même que les enroulements végétaux tridimensionnels utilisés dans le décor. 6 PÉRIODE HELLÉNISTIQUE (V. 323-31 AV. J.-C.) L'art hellénistique se développe en Grèce et dans l'Orient conquis par Alexandre le Grand. Après une phase de conflits (v. 323-275 av. J.-C.), les réalisations les plus originales apparaissent dans les royaumes issus de la division de l'empire d'Alexandre le Grand (v. 275-150). Les grands centres d'art sont les villes nouvelles, en particulier Alexandrie en Égypte et Pergame en Asie Mineure ; les dynasties donnent libre cours à leur goût du grandiose et du luxe ; des formes mixtes naissent de la rencontre de l'art grec avec les traditions orientales. Le rôle de la Macédoine est relativement secondaire, de même celui d'Athènes, qui garde son prestige culturel. La troisième phase (150-31) correspond à la domination romaine. Entre le début du IIe siècle et 31 av. J.-C., date de la bataille d'Actium, où Octave, le futur empereur Auguste, écrase Antoine et Cléopâtre, dernière reine d'Égypte, les États grecs passent progressivement sous le contrôle des Romains. Mais, selon Horace, le vaincu subjugue son farouche vainqueur, d'ailleurs familiarisé de longue date avec l'art grec grâce aux colonies helléniques installées en Italie et par l'intermédiaire des Étrusques. Rome, où se concentre la richesse, accueille des masses d'oeuvres rapportées par les généraux vainqueurs et attire les artistes grecs, dont les artistes romains deviennent les émules. L'art hellénistique reflète les traits marquants de son époque : individualisme, cosmopolitisme, goût de l'érudition et du théâtre, mysticisme et influence des religions orientales. Les progrès dans l'imitation de la réalité (mimésis) en constituent l'apport majeur, mais l'art est aussi marqué par une tendance tournée vers le passé. Porteur d'un réalisme à valeur universelle, il a un retentissement considérable, puisqu'on le décèle jusqu'en Chine. 6.1 Architecture, urbanisme L'architecture des temples montre une évolution, surtout à partir du IIe siècle. La tradition archaïque des diptères gigantesques se prolonge avec la reconstruction du temple ionique d'Apollon à Didymes, entreprise vers 310 av. J.-C. et l' Olympieion, temple de Zeus olympien que le roi de Syrie Antiochos IV fait élever à Athènes en 175 av. J.-C., sur les fondations d'un temple mis en chantier par Pisistrate. Le temple ionique d'Artémis à Magnésie du Méandre (seconde moitié du Ier siècle), bâti par Hermogénès, comporte des innovations qui en font pour Vitruve une des créations marquantes de l'architecture grecque. Les colonnes du péristyle (8 m sur 15 m) sont implantées à une distance des murs égale à deux entrecolonnements (plan pseudo-diptère). D'une manière générale, les temples deviennent plus petits et leur plan traduit une tendance à accentuer la façade. Au lieu d'être au centre d'un espace, visibles sous toutes les faces, ils tendent à se placer au fond. Certains sites permettent une mise en scène du temple qui domine un complexe impressionnant de terrasses et d'escaliers, comme aux sanctuaires d'Athéna à Lindos, à Rhodes (IIe siècle av. J.-C.) et d'Asklépios à Kos (v. 160 av. J.-C.). L'organisation d'autres sanctuaires prolonge la tradition classique avec une rigueur accrue. Des sanctuaires spécialement aménagés sont prévus pour les divinités orientales. Les ordres s'adaptent à des effets nouveaux. Les colonnes ioniques très espacées traduisent une recherche de légèreté qui entraîne aussi la diminution de la hauteur de l'entablement. Dans l'ordre dorique, les colonnes deviennent minces, presque sans galbe ; on compte 3 métopes par entrecolonnement à l'entablement des temples, 3 ou 5 dans les portiques. La partie inférieure du fût peut rester lisse tandis que, dans le haut, les cannelures laissent la place à des facettes. Désormais, l'ordre dorique et l'ordre ionique se combinent dans les colonnades extérieures et le chapiteau corinthien se répand dans le péristyle des temples ; l'architecte Cossutius l'emploie à l' Olympieion d'Athènes. L'architecture sacrée compte quelques autels monumentaux, dont celui que le roi Eumène II dédie sur l'Acropole de Pergame après ses victoires sur les Gaulois (entre 180 et 159 av. J.-C.). Les édifices cultuels perdent leur primauté au profit de l'architecture fonctionnelle, représentée par des bâtiments publics liés à la vie sociale, situés en majorité autour de l'agora. En général, ils existent auparavant sous des formes plus modestes. Un édifice remplit presque toutes les fonctions : le portique. Souvent de grande dimension, à plusieurs nefs et à étage, il peut abriter des salles contre le mur du fond. Pratique, il joue également un grand rôle esthétique, conférant un aspect monumental aux espaces qu'il borde, aussi bien dans les sanctuaires qu'en ville. Des portiques dignes d'une capitale apparaissent à l'époque hellénistique sur l'agora d'Athènes ; le portique offert par le roi de Pergame Attale II (159-138 av. J.-C.) a été reconstitué. Les installations spécifiques comprennent des salles de réunion destinées aux assemblées et équipées de gradins, comme le Bouleutérion de Milet (v. 170 av. J.-C.), des tribunaux, des théâtres, du type de celui d'Épidaure (v. 300), des bibliothèques, dont les plus célèbres se trouvaient à Pergame et à Alexandrie -- qui possédait aussi un véritable centre de recherche, le Musée. Pour l'hygiène et le sport se multiplient des bains, des stades, des gymnases avec des pistes aériennes et couvertes et des palestres, ensembles de salles autour d'une cour à péristyle et cadres d'activités culturelles autant que physiques. S'y ajoutent des installations liées à l'artisanat, à l'industrie et au commerce : ateliers, boutiques, marchés, etc. Le phare d'Alexandrie, installé dans l'île de Pharos, compte parmi les Sept Merveilles du monde. Certains monuments funéraires s'inspirent du mausolée d'Halicarnasse. Les nécropoles d'Alexandrie comprennent quelques tombes aménagées comme des maisons et d'autres, moins riches, constituées de locaux simples aux murs percés de niches (loculi). Des niches apparaissent en Macédoine dans la Tombe de Lyson et Kalliklès, à Lefkadia. Des villes nouvelles, comme Doura Europos, présentent un plan orthogonal, dit hippodaméen d'après son inventeur supposé, Hippodamos de Milet ; il est déjà appliqué au Pirée, à Milet, à Olynthe ( Ve siècle av. J.-C.), à Priène, à Kassopé (IVe siècle av. J.-C.). À Pergame est mise en oeuvre une conception monumentale, qui compose par masse et s'adapte au terrain. Alexandrie offre une synthèse des deux systèmes. Les plans réguliers s'accompagnent de maisons standardisées, mais les belles demeures qui, depuis le IVe siècle, témoignent de l'enrichissement des particuliers, se propagent. Celles de Délos (IIe-Ier siècle av. J.-C.) comportent un péristyle autour de la cour intérieure et des pièces variées : salles de réception, salle à manger, cuisine, salle de bains, latrines, chambres et appartements des femmes à l'étage ; des locaux indépendants servant de boutiques s'ouvrent sur la rue. La fonction royale entraîne la construction de palais : grande maison à Vergina, complexe de jardins et de bâtiments à Alexandrie dont s'inspirent les façades très élaborées des tombes rupestres de Pétra (Jordanie) et les peintures pompéiennes du Deuxième Style. Des villes de plus en plus nombreuses s'entourent de remparts. 6.2 Sculpture La sculpture renonce à privilégier la beauté et représente sans restriction les âges, les activités, les conditions sociales et les races. Elle explore la sensibilité et la conscience, traite de l'amour et de la souffrance mais aussi des états particuliers comme l'ivresse et le sommeil, conjugués chez le Faune Barberini (v. 200 av. J.-C., glyptothèque de Munich). L'intérêt pour l'individu bénéficie avant tout au portrait. Les effigies royales se multiplient, ainsi que les statues honorifiques de magistrats ou de riches bienfaiteurs et les figures d'écrivains ou de penseurs qui incarnent la culture et la grandeur de l'hellénisme. Deux tendances qui parfois fusionnent, l'une héroïsante, l'autre psychologique, infléchissent le réalisme. L'attention portée à la réalité s'étend au monde extérieur. La petite frise de l'autel de Zeus de Pergame situe dans son cadre chaque épisode de la légende de Télèphe (Pergamon Museum, Berlin). Des reliefs représentent des tableaux où les figures perdent de l'importance par rapport au paysage ou aux architectures du fond. Sur ce courant réaliste se greffent un goût pour l'exotisme et une veine qualifiée de rococo qui met l'accent sur les sujets mineurs, charmants ou bizarres, essentiellement décoratifs. Le baroque est la plus impressionnante des nouvelles formes de goût. Il s'exprime d'abord dans des créations pergaméniennes, dont un groupe statuaire en bronze dédié sur l'acropole de Pergame par Attale Ier à la suite de ses victoires sur les Galates (v. 230 av. J.-C.). L'attitude pathétique et théâtrale du chef galate debout (musée national romain, Rome), se donnant la mort après avoir tué sa femme, est exemplaire et l'accentuation des veines et des muscles crée une tension dramatique. Ce style se retrouve dans le groupe de Ménélas soulevant le cadavre d'Hector (Groupe Pasquino, Loggia dei Lanzi de Florence). Les sculpteurs de Rhodes l'amplifient. On leur attribue la Victoire de Samothrace (v. 190 av. J.-C., musée du Louvre), des groupes célèbres comme le Taureau Farnèse (museo nazionale di Capodimonte, Naples), le Laocoon et ses fils (IIe siècle av. J.-C. ?, musées du Vatican) au pathétique outré, ainsi que la Gigantomachie sculptée en haut relief sur le podium de l'autel de Zeus à Pergame, pleine d'excès, mais contenant aussi des références classiques (Pergamon Museum, Berlin). L'admiration pour l'art du passé s'accompagne de la constitution de collections et de la production de copies et d'oeuvres dérivées, en particulier à la demande des Romains. Le style archaïsant reprend les types archaïques en exagérant la stylisation et le raffinement, à la recherche d'effets décoratifs qui s'épanouissent dans le relief. Le style néoclassique (ou néoattique) s'inspire du maniérisme de la fin du Ve siècle et concerne surtout des vases de pierre comme le Cratère Borghèse (fin du IIe siècle av. J.-C., musée du Louvre). Certains artistes font revivre l'esprit classique dans des créations plus libres ; la Vénus de Milo (v. 100 av. J.-C., musée du Louvre) en est un exemple célèbre. Des figurines de terre cuite réalistes sont fabriquées en Asie Mineure, à Myrina et à Smyrne. Le Style de Tanagra (330-200 av. J.-C.), d'origine attique mais nommé ainsi d'après la cité de Béotie où ont été effectuées les premières trouvailles, comprend des femmes et des jeunes filles debout, drapées avec élégance, les Tanagras par excellence, mais aussi d'autres sujets. Les petits bronzes d'Alexandrie montrent les jeunes Nubiens noirs, présents dans la ville. 6.3 Peinture et autres arts D'après l'ensemble des témoignages, la peinture atteint la plénitude de ses moyens. Aux thèmes tirés de l'histoire, de la religion et de la mythologie qui peuvent frapper l'imagination ou déclencher l'horreur et la pitié, s'ajoutent des sujets anecdotiques et vils, scènes populaires, natures mortes, etc. Le paysage se développe avec le goût des citadins pour la campagne. Une forme de décoration murale imitant une construction luxueuse par le stuc modelé et coloré se répand sur les parois ; le Premier Style pompéien en est une manifestation. Elle se combine avec des figures et annonce les effets illusionnistes du Deuxième Style. La perspective géométrique reste à perfectionner pour que toutes les lignes convergent vers un point de fuite unique. La mosaïque de galets, illustrée par les pavements de Pella (v. 300 av. J.-C.), est remplacée au cours du IIIe siècle par l'opus tessellatum, à base de tesselles, petits cubes de pierre et d'autres matériaux colorés ; leur taille peut être inférieure à 0,5 cm dans l'Opus vermiculatum qui permet à la mosaïque de rivaliser avec la peinture, comme dans la Bataille d'Alexandre (musée archéologique national de Naples). Des vases polychromes sortent des ateliers siciliens de Lipari et de Centuripe. La vaisselle d'or, d'argent, de faïence et de verre est une spécialité d'Alexandrie, d'où provient également la Tasse Farnèse, taillée en camée dans une agate (v. 100 av. J.-C., diamètre : 20 cm ; musée archéologique national de Naples). L'art grec a été hautement valorisé, sans être toujours pleinement compris. Le terme classique, digne d'être étudié dans les classes, s'applique à une période de l'art grec, mais aussi à l'Antiquité grecque et romaine dans son ensemble ; il est par ailleurs synonyme de sobre ou de traditionnel. Les artistes de la Renaissance (XVe-XVIe siècle), à partir des copies romaines, et le style néoclassique (XVIIIe-début du XIXe siècle), après la découverte de Pompéi, ont imité l'art grec et donné dans l'académisme. Notre époque reconnaît la richesse et la virtuosité de l'art hellénistique, longtemps jugé décadent et même méprisé, mais apprécie surtout l'art archaïque dont les originaux exhalent la fraîcheur et la vie. 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« 4 PÉRIODE ARCHAÏQUE (V.

625-480 AV.

J.-C.) Après l'apprentissage des premiers temps, la période archaïque correspond à l'essor et à la maturation qui préparent l'accomplissement de l'époque classique.

Les monuments se multiplient dans les grands sanctuaires de Grèce, mais également en Grèce de l'Est, où l'Ionie développe une civilisation brillante, et dans les prospères colonies occidentales.

L'art d'Athènes reflète un certain luxe à l'époque du tyran Pisistrate, que dissipent l'instauration de la démocratie et la menace des invasions perses. 4. 1 Architecture Les temples tendent à être réalisés entièrement en pierre, y compris les colonnes ; c'est le cas des temples d'Athéna à Smyrne (v.

630 av.

J.-C.), en Ionie (aujourd'hui Izmir) et d'Artémis à Corcyre (Corfou, v.

580 av.

J.-C.).

Ils permettent de suivre un deuxième phénomène important : la constitution des ordres. Les ordres, ou styles architecturaux, affectent les différents éléments de la construction, mais particulièrement la colonnade.

La colonne dorique, sans base, se termine par un chapiteau simple fait d'un élément circulaire évasé, l'échine, et d'une dalle carrée, l'abaque.

La colonne ionique a une base formée de moulures variées et un chapiteau combinant une échine sculptée d'oves (en forme d'œufs) et un élément horizontal dont les extrémités s'enroulent, formant des volutes sur les deux faces principales, et sur les autres des cylindres, ou balustres ; l'abaque est mince et décoré.

Le fût, légèrement renflé, porte 20 cannelures contiguës dans l'ordre dorique, 24, ou plus, séparées par des bandes dans la colonne ionique, qui a des proportions plus élancées. Sur les colonnes repose l'entablement, composé dans l'ordre dorique d'une architrave lisse et d'une frise où alternent des éléments à rainures, les triglyphes, et des plaques presque carrées, les métopes, d'abord peintes, puis sculptées ; il y a habituellement un triglyphe au-dessus de chaque colonne et un triglyphe par entrecolonnement ; l'arrangement des angles pose problème.

Sur l'architrave ionique, à trois bandeaux, repose une frise lisse ou ornée d'une décoration en relief continue. À la puissance et à la rigueur de l'ordre dorique, l'ordre ionique oppose légèreté, richesse décorative et variété.

L'ordre dorique, né en Grèce, s'est répandu partout ; l'ordre ionique s'est épanoui en Grèce de l'Est, mais s'est diffusé également au-delà, notamment à Athènes, où il a été modifié par l'introduction du chapiteau corinthien, à feuilles d'acanthe, plus décoratif et plus pratique grâce à ses quatre faces semblables.

Les styles ont été mélangés et les éléments architecturaux utilisés comme décor. Encore en matériaux primitifs, le temple d'Apollon à Thermon (v.

625 av.

J.-C.) présente un entablement dorique, dont subsistent des métopes en terre cuite peintes.

Les plus anciens chapiteaux ioniques se rencontrent à Naxos au début du VIe siècle ; ils s'imposent aux dépens des chapiteaux « éoliques », à volutes verticales, employés par exemple au temple d'Athéna à Smyrne. Le plan type du temple dorique se fixe, avec de part et d'autre de la cella, ou naos, contenant la statue de culte, le pronaos , (« espace en avant du naos ») et l'opisthodome (« salle arrière ») ouvert sur l'extérieur.

Deux colonnades faites de deux files de petites colonnes superposées divisent l'intérieur de la cella en trois nefs ; le pronaos et l'opisthodome présentent en façade deux colonnes entre les extrémités renforcées des murs latéraux, les antes.

Autour de ces salles règne un péristyle comportant 6 colonnes sur les petits côtés.

Le temple d'Héra à Olympie (v.

600 av.

J.-C.) suit déjà les dispositions canoniques, mais, partiellement en pierre, ne s'élève pas sur la plate-forme dallée, portée par trois degrés, qui deviendra la règle. Doriques et imposants, les temples de Grèce occidentale font preuve de liberté dans leur agencement et le goût du décor ; en témoignent par exemple les temples C et G de Sélinonte et la Basilique (temple d'Héra I) de Paestum. Les temples ioniques, dépourvus d'opisthodome, présentent une grande diversité.

Dans les Cyclades, ils sont petits, sans péristyle, mais munis d'un porche à l'avant ou sur leurs deux façades (oikos des Naxiens à Délos, temples d'Iria et Sangri à Naxos).

En revanche, à Samos, à Éphèse et à Didymes apparaissent des temples géants, à cella apparemment non couverte, et diptères, c'est-à-dire entourés de deux couronnes de colonnes ; ils s'inspirent de l'Égypte. D'autres types de bâtiments deviennent fréquents, notamment les trésors, élevés dans les sanctuaires pour abriter des offrandes et semblables à de petits temples, et les portiques, ou stoas , adaptés à des fonctions multiples et utiles sur les agoras comme dans les sanctuaires. 4. 2 Sculpture Deux types dominent la ronde-bosse libre : le kouros (jeune homme nu debout au repos) et la koré (jeune fille drapée) .

Il s'agit d'images idéalisées offertes dans les sanctuaires ou placées sur les tombes.

Elles obéissent au principe de la frontalité : leur axe vertical ne subit ni flexion, ni torsion.

Jambe gauche avancée, bras le long du corps et poings serrés, le kouros, qui apparaît vers la fin du VII e siècle, dérive de modèles égyptiens, conservant parfois leur format colossal.

La série permet de constater l'amélioration du rendu anatomique et le progrès de la technique des sculpteurs.

Les différents ateliers se distinguent par des goûts et des formules particulières et chaque œuvre possède une individualité ; en témoignent Kléobis et Biton (musée de Delphes), les kouros (ou kouroi) de New York (Metropolitan Museum of Art), de Ténéa (glyptothèque de Munich), du Sounion, de Mélos, d'Anavyssos (musée national d’Athènes). Les korés de l'Acropole d'Athènes illustrent en majorité un type ionien, représenté déjà par la Héra de Samos (v.

560 av.

J.-C., musée du Louvre), et qui s'est imposé aux dépens de conceptions plus sobres.

Le corps féminin intéresse moins les artistes que les jeux de plis et les multiples détails de la parure.

De 575 à 500 environ, kouros et korés arborent le « sourire archaïque » qui leur confère un aspect animé et plaisant ; les dernières œuvres en sont privées au point d'apparaître maussades comme la Boudeuse (v.

480).

La ronde-bosse comprend aussi le Moscophore, ou porteur de veau (v.

570, musée de l'Acropole), des groupes équestres, dont le Cavalier Rampin (v.

560, musées de l'Acropole d'Athènes et du Louvre), des sphinx posés sur des colonnes ou couronnant des stèles et surtout des personnages assis. Les reliefs les plus nombreux ornent des stèles funéraires, généralement hautes et étroites et destinées à des hommes représentés de profil, les jeunes comme des athlètes, les adultes comme des guerriers. Parallèlement, les principes de la sculpture architecturale se mettent en place.

Le plus ancien fronton sculpté connu appartient au temple d'Artémis à Corfou (musée de Corfou) ; il comporte au centre une énorme gorgone encadrée de félins et dans les ailes de petites scènes mythologiques en fort relief.

Les frontons ultérieurs tendent vers l'unité du thème et de l'échelle et font appel à la ronde-bosse (temple d'Apollon à Delphes).

L'évolution est accomplie aux frontons du temple d'Aphaia à Égine qui montrent des batailles (510-480 ; Munich).

L'Acropole d'Athènes a livré des vestiges de frontons intéressants et variés, diversement datés et reconstitués. Les métopes des temples et des trésors doriques reçoivent un décor en relief ; déjà présent au temple de Corfou, il est surtout abondant en Occident.

Le Trésor de Siphnos à Delphes (v.

525 av.

J.-C.) témoigne de la richesse inhérente à l'architecture ionique, avec ses caryatides en façade, ses deux frontons sculptés et une frise continue traitant un thème par face ; celle du nord, le côté le plus en vue, est un chef-d'œuvre de la sculpture archaïque (musée de Delphes).. »

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