Gargantua, de Rabelais: Chapitre 23
Publié le 15/09/2006
Extrait du document
Intro: La Renaissance, entre autres bouleversements scientifiques, astronomiques, géographiques… voit naître un mouvement culturel de premier plan : l’Humanisme. Humanisme qui considère, après bien des années pendant lesquelles l’enseignement a été dirigé par les sophistes et autre ‘‘sorbonnardes’’ qu’une véritable éducation riche et multiple est nécessaire à l’assénement de ce nouvel Homme tant attendu. C’est ce qu’évoque Rabelais dans quelques chapitres de son œuvre majeure, Gargantua, écrite en 1534. Le chapitre XXIII en est un exemple représentatif. L’emploi du temps qui y est proposé est riche, intense et divers. Par ce système, Rabelais vise tout d’abord à former un homme aux connaissances encyclopédiques mais aussi à l’ ‘‘esprit saint’’. Par ailleurs, il propose un programme non moins ambitieux afin de fortifier le corps. Enfin, une éducation digne de ce nom se doit d’être aussi morale : C’est ce qu’apporte la religion. Developpement: Tout d’abord, notons que ce passage dresse l’inventaire des tâches quotidiennes de Gargantua. En effet, ces quelques lignes ont la forme de courts paragraphes qui coïncident avec les activités de la matinée. Chacun évoque une suite chronologique des différentes occupations de notre élève. Parmi celles-ci, l’étude qui normalement occupe pour les philosophes humanistes une place fondamentale est en réalité, ici, réduite au minimum. Ainsi peut-on faire allusion à ce système d’apprentissage fondé uniquement sur la technique du par cœur. ‘‘ les yeux posés sur le livre mais … la cuisine’’ ligne 37, confirme et illustre de manière ironique la quasi absence du travail de l’élève. L’adjectif ‘‘méchante’’ (ligne 37) en atteste, c’est le seul qui qualifie l’étude de notre personne. Remarquons enfin que l’absence de vocabulaire riche évoquant l’étude est bien la preuve du manque d’importance de ce domaine. Ainsi Gargantua le ‘‘bien nourri’’ ne passe pas de temps à l’étude. L’éducation qu’il reçoit lui laisse tout loisir de s’abandonner à ses désires les plus élémentaires et à ses instincts animaux, comme la paresse. Il s’agit en somme d’un personnage antihumaniste qui ne considère l’étude que comme une épreuve ou un travail désagréable. La seule activité dans laquelle il s’excelle est de manger. En effet, le personnage de Gargantua dont on peut déjà dire que le nom -Grande gueule- est tout un programme. Il est présenté comme avant tout préoccupé de nourriture. Le prouve tous les verbes utilisés : ‘‘engloutir’’, ‘‘s’empiffrer’’, ‘‘déjeuner’’, ‘‘dîner’’, de même le fait que les repas encadrent les quelques activités qui sont les siennes, prouve combien notre personnage rythme ses activités sur la prise de nourriture. Non content d’énumération des verbes, Rabelais use d’un de ces procédés préférés et ici combien efficace ; l’accumulation. Les lignes 12 et 13 en sont la marque : ‘‘ de belles frittes, de belles grillages, de beaux jambons, de belles pièces […]’’ et de forces tartines matinales’’. Accumulation de thermes au pluriel précédés de l’adjectif ‘‘beau’’ ou ‘‘belle’’ c’est à dire ‘‘gros’’ ou ‘‘grosse’’ qui crée une hyperbole, figure de l’exagération qui ici prend tout son sens. Où l’on voit que notre héros si peu soucieux d’étude mais avant tout épris de nourriture ne considère la pratique de la religion que comme une activité ludique. Cette activité fondamentale normalement dans la vie de tout contemporain de Rabelais est la tournée en ridicule. De même que Gargantua délaisse l’étude ou fait semblant d’étudier, il accorde la même place aux pratiques religieuses. En effet ligne 31 ‘‘il marmonnait avec lui toutes ces kyrielles et les épluchaient soigneusement…’’ et suivantes, mettent en scène un diseur d’heures -un prieur- qui est en réalité un ivrogne ‘‘ayant bien immunisé son haleine à force de sirop vignolat’’. Cette description granguignolesque comique d’un clergé que Rabelais ne porte pas dans son cœur est ridiculisée ici. Ensuite, notons que le personnage de Gargantua, dont le nom est bien porté ; Gargantua voulant dire Grande Gueule, est un personnage chez qui tout est hors de proportion. Gigantisme qui se ressent dans l’énorme quantité de nourriture qu’il absorbe, gigantisme aussi des objets qu’il manipule, comme le ‘‘tas de chapelet’’ en ligne 34. On nous présente alors un héros hors du commun en total démesure pour cette époque de la Renaissance, sa taille, son absence d’éducation et de pratique religieuse pour la nourriture. Rabelais exagère donc les traits en proposant ici de son personnage une sorte de caricature. Ainsi pour pouvoir en ajouter au comique, le géant est mis en scène dans plusieurs situations cocasses. En effet, aux lignes 4 et 5 nous faisons affaire avec un élève pas du tout sérieux qui fait tout ce dont il a envie jusqu’au point de devenir désagréable et impoli en se raclant la gorge, en rotant en pétant … (ligne 10 à 11). A ce manque d’hygiène est ajouté le fait que Gargantua fait le minimum de sport possible ; ‘‘Je me suis retourné six ou sept fois à travers le lit avant de me lever. N’est ce pas assez ?’’ ligne 16. De plus, nous pouvons résumer la présence de Gargantua en disant qu’il ‘‘vit pour manger et non mange pour vivre’’ à travers la dernière phrase de l’extrait ; ‘‘l’esprit à la cuisine’’. Toute la caricature du géant est dessinée à l’aide de l’exagération de son attitude, de son addiction à la nourriture. Le comique est ressenti dans l’accumulation de thermes et vocabulaires grossiers amusants (ligne 10 à 11) méticuleusement choisi par l’auteur. Mais nous pouvons ajouter que cette caricature ne provoque pas seulement le rire mais aussi l’attaque d’une société humaniste pour un système d’éducation de leur époque. La raison de critiquer ce système est qu’il encourage la paresse car les élèves se lèvent tard ; ‘‘il s’éveillait d’ordinaire entre huit et neuf heures’’ ligne 1, ne font strictement rien qu’il ne puisse les instruire en quelque chose. L’absence d’activité et ‘‘l’esprit à la cuisine’’ ne peut que développer la fainéantise de l’élève. Rabelais se rit donc de la monotonie de Gargantua doublé par son manque d’hygiène. En effet, le soin du corps en ce temps n’était que minime par rapport à l’importance de l’éducation ; il n’est nullement question dans ce texte de moment ou gargantua se lave le corps, les dents ou ne se peigne les cheveux autrement qu’avec les doigts de sa main car ses percepteurs disaient « se peigner, se laver, se nettoyer de toute autre façon revenait à perdre son temps… « ligne 8. Enfin, le désintérêt pour l’étude se ressent fortement dans cet extrait de Gargantua dans le manque d’investissement dans le travail et la pratique de la religion. Toute la journée de Gargantua est orientée sur le « rien-faire « et quand enfin parfois il va àla messe s’est pour y entendre vingt six ou trente messes et surtout attendre à la sortie qu’on lui apporte un panier plein de victuailles. Conclusion: Pour conclure, nous pouvons dire qu’à travers ce chapitre XXIII de Gargantua, Rabelais établit un bien curieux emploi du temps ; celui d’un élève que l’on n’élève point, tant les activités qu’on lui propose sont réduites en quantité et qualité. Il n’aime en effet ni étudier ni s’exercer le corps ni prier, ni se forger l’esprit, la seule chose qui l’intéresse étant d’asseoir ses instincts. Notons que la leçon que nous donne Rabelais ne prend pas la forme d’un texte d’héroïsme ou rébarbatif mais plutôt d’une farce joyeuse propre à nous séduire. Rabelais a-t- il voulu nous faire une démonstration de la non-éducation en nous montrant cette facette absurde de l’emploi de temps de Gargantua ? C’est ce texte qui servira de contre-exemple au moment de la Renaissance et de l’humanisme pour lesquels les élèves se doivent d‘être disciplinés et avoir « un corps sain dans un esprit saint «. Nous devons tous comprendre par cette critique burlesque que Rabelais veut nous démontrer ce qu’il ne faut PAS faire. Au travers des temps la leçon a bien été comprise puisque aujourd’hui notre système éducatif est à l’opposé du texte de Rabelais en ayant un enseignant en collectivité et non plus en individuel et que la scolarisation est souvent faite dans un système laïque. L’hygiène et travail sont parmi les clés de la réussite dans notre société actuelle et c’est cela qui manque le plus dans les pays que l’on appelle aujourd’hui «sous développés«.
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minimum de sport possible ; ‘‘Je me suis retourné six ou sept fois à travers le lit avant de me lever.
N'est ce pas assez ?'’ ligne16.
De plus, nous pouvons résumer la présence de Gargantua en disant qu'il ‘‘vit pour manger et non mange pour vivre'’ à traversla dernière phrase de l'extrait ; ‘‘l'esprit à la cuisine'’.
Toute la caricature du géant est dessinée à l'aide de l'exagération de son attitude, de son addiction à la nourriture.
Le comique estressenti dans l'accumulation de thermes et vocabulaires grossiers amusants (ligne 10 à 11) méticuleusement choisi par l'auteur.Mais nous pouvons ajouter que cette caricature ne provoque pas seulement le rire mais aussi l'attaque d'une société humanistepour un système d'éducation de leur époque.
La raison de critiquer ce système est qu'il encourage la paresse car les élèves se lèvent tard ; ‘‘il s'éveillait d'ordinaire entre huit etneuf heures'’ ligne 1, ne font strictement rien qu'il ne puisse les instruire en quelque chose.
L'absence d'activité et ‘‘l'esprit à lacuisine'’ ne peut que développer la fainéantise de l'élève.
Rabelais se rit donc de la monotonie de Gargantua doublé par sonmanque d'hygiène.
En effet, le soin du corps en ce temps n'était que minime par rapport à l'importance de l'éducation ; il n'est nullement questiondans ce texte de moment ou gargantua se lave le corps, les dents ou ne se peigne les cheveux autrement qu'avec les doigts de samain car ses percepteurs disaient « se peigner, se laver, se nettoyer de toute autre façon revenait à perdre son temps… » ligne 8.
Enfin, le désintérêt pour l'étude se ressent fortement dans cet extrait de Gargantua dans le manque d'investissement dans le travailet la pratique de la religion.
Toute la journée de Gargantua est orientée sur le « rien-faire » et quand enfin parfois il va àla messes'est pour y entendre vingt six ou trente messes et surtout attendre à la sortie qu'on lui apporte un panier plein de victuailles.
Conclusion:Pour conclure, nous pouvons dire qu'à travers ce chapitre XXIII de Gargantua, Rabelais établit un bien curieux emploi du temps ;celui d'un élève que l'on n'élève point, tant les activités qu'on lui propose sont réduites en quantité et qualité.
Il n'aime en effet niétudier ni s'exercer le corps ni prier, ni se forger l'esprit, la seule chose qui l'intéresse étant d'asseoir ses instincts.
Notons que la leçon que nous donne Rabelais ne prend pas la forme d'un texte d'héroïsme ou rébarbatif mais plutôt d'une farcejoyeuse propre à nous séduire.
Rabelais a-t- il voulu nous faire une démonstration de la non-éducation en nous montrant cettefacette absurde de l'emploi de temps de Gargantua ?C'est ce texte qui servira de contre-exemple au moment de la Renaissance et de l'humanisme pour lesquels les élèves se doiventd‘être disciplinés et avoir « un corps sain dans un esprit saint ».
Nous devons tous comprendre par cette critique burlesque queRabelais veut nous démontrer ce qu'il ne faut PAS faire.
Au travers des temps la leçon a bien été comprise puisque aujourd'huinotre système éducatif est à l'opposé du texte de Rabelais en ayant un enseignant en collectivité et non plus en individuel et que lascolarisation est souvent faite dans un système laïque.L'hygiène et travail sont parmi les clés de la réussite dans notre société actuelle et c'est cela qui manque le plus dans les pays quel'on appelle aujourd'hui «sous développés»..
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