Gargantua – Chapitres 20 et 21
Publié le 12/09/2006
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Rabelais (1494-1553) est moine, médecin et écrivain. Ses œuvres les plus connues sont Gargantua (1534) et Pantagruel. Gargantua est le père de Pantagruel mais le livre sur ce dernier a été écrit avant l’histoire de son père. Rabelais fait partie de la Renaissance et du mouvement humaniste. Le livre Gargantua est découpé en trois parties : il y a d’abord l’enfance et les études, puis en deuxième partie les exploits de la guerre Picrocholine. La troisième partie parle de la récompense aux vainqueurs de cette guerre et décrit l’abbaye de Thélème. Rabelais a écrit ce roman à partir d’une farce populaire sans auteur que tout le monde connaissait intitulée « Chronique de Gargantua «. Au-delà de la veine comique, dit l’auteur, il faut rompre l’os et sucer la substantifique moelle. Grandgousier est émerveillé devant l’intelligence de son fils. Il le confie à Thubal Holopherne, grand docteur en théologie, puis à plusieurs précepteurs, mais il va envoyer Gargantua à Paris avec Ponocrates qui va lui apprendre beaucoup de choses. (La Sorbonne a été fondée en 1257 par Robert de Sorbon pour faciliter aux écoliers pauvres l’accès aux études de théologie. Elle intervenait en tant que tribunal ecclésiastique pour censurer les ouvrages contraires à l’orthodoxie. I Comique et gigantisme 1)(texte 1) L’utilisation du gigantisme à des fins comiques et satiriques • D’abord ses vêtements rappellent qu’il est un géant (accumulation d’adjectifs). Même la satisfaction des besoins naturels le rappelle avec une accumulation : « Puis il chiait, pissait, crachait, rotait, éternuait et se mouchait abondamment «. Goût pour la bonne chair, son âme est dans la cuisine : « Il commençait son repas par quelques douzaines de jambons, de langues de bœuf fumées, de caviar, d’andouilles, et autres avant-coureurs du vin. «. Il est flegmatique, lymphatique (selon les médecins de l’époque, il y avait 4 humeurs : la bile, l’atrabile, le flegme et le sang). Utilisation de l’hyperbole, texte épique : « un terrifiant coup de vin blanc «. Insistance sur la démesure : « En buvant il n’avait ni mesure ni règle. «. • Même vocabulaire de l’outrance au niveau de la religion : « gros bréviaire « (livre de messe), « un tas de patenôtres « (des chapelets), « des kyrielles de chapelets «. Accent sur le gigantisme. 2)(texte 2) Peu de gigantisme et absence de satire Dans ce texte, les chiffres restent raisonnables : « pendant trois bonnes heures « ou « deux ou trois heures «. La gloutonnerie disparaît aussi mais le plaisir du repas reste essentiel. C’est comme si Rabelais oubliait qu’il avait affaire à un géant. Seule référence au gigantisme : « il se curait les dents avec un tronc de giroflier «. Les références se font de manière discrète. Le programme éducatif est donc vaste, on peut constater l’énormité du savoir. Les pluriels sont toujours présents dans le texte mais la caricature a disparu. II Deux programmes d’étude Le texte est à l’imparfait, nous avons donc affaire à une journée type. 1)(texte 1) Une éducation gothique • La paresse de Gargantua est maintenue : il a, sur ce point, la caution des théologiens. On justifie sa grasse matinée grâce à un morceau de psaume tronqué : « C’est vanité de vous lever avant la lumière « mais la suite, que Rabelais n’a pas écrite, dit « si la grâce de Dieu n’est pas avec vous «. Gargantua ne travaille qu’une malheureuse demi-heure « mais son âme est à la cuisine. La parenthèse « comme dit Térence « montre le décalage entre la culture de Rabelais et celle de Gargantua. • Absence d’exercice physique. Le discours direct qu’emploi Gargantua à Ponocrates à propos de l’exercice physique est presque insolent. Emploi de proverbes qui font sourire : « bon déjeuner donne bonne mémoire « ou encore « lever matin n’est pas bonheur, boire matin est le meilleur «. Absence d’hygiène dans le quotidien : « il se peignait du peigne d’Almain, c’est-à-dire des quatre doigts et du pouce «. 2)(texte 2) Contre-point de l’éducation du premier texte Importance de l’organisation du temps dans la journée, il y a beaucoup de connecteurs logiques. Importance des études : on maintient l’enseignement déjà pratiqué au Moyen-âge, le quadrivium composé de la musique, de l’arithmétique, de la géométrie et de l’astronomie (« il considérait l’état du Ciel «), mais cette éducation est moderne par rapport au texte 1. Grande occupation du temps de la journée, importance de la lecture et de l’érudition. C’est un apprentissage du savoir par du concret : on regarde, observe, on le fait à table. Énumération de savants : Pline est latin, tous les autres sont grecs. Il y a des naturalistes (Pline), des médecins (Galien)… C’est donc une éducation humaniste (voir la lettre de Gargantua à Pantagruel : « maintenant toutes disciplines sont restituées et l’étude des langues instituée «). Le retour sur le savoir (« par la suite, ils parlaient des leçons lues le matin «) s’accompagne d’un apprentissage ludique : « on apportait des cartes, non pour jouer mais pour y apprendre mille petits tours et inventions nouvelles relevant de l’arithmétique «. L’accent est mis sur le plaisir et la liberté, rien n’est fait sous la contrainte : « ils jouaient librement «, « des histoires plaisantes «, « selon l’envie «, « ils commençaient à converser joyeusement «. Contrairement au texte 1, Gargantua fait des exercices physiques parce que l’homme de la Renaissance a une éducation complète : « mens sana in corpore sano «, « ils jouaient au jeu de paume «. Par ailleurs, on voit que l’hygiène est respectée. Toute cette éducation idéale n’est que le début du passage de l’abbaye de Thélème. Le texte est ici, contrairement au texte 1, positif : hyperboles, adjectifs mélioratifs… (le texte 1 est satirique). Même si la mémoire a encore une plus grande place (par cœur) que chez Montaigne, une place est quand même accordée à la réflexion, quand on compare ce texte au premier : « mais en lui expliquant les moins les plus obscurs et les difficiles «, « lui-même les récitait par cœur et en tirait quelques conclusions pratiques sur la condition humaine «. III La dimension spirituelle La religion est essentielle et est présente dans les deux textes. 1)La religion dans le texte 1 La religion a une grande place : un paragraphe de 3 lignes sur les études et deux paragraphes de 15 lignes sur la religion. Mais c’est une caricature de la religion pratiquée à la Sorbonne, c’est la quantité qui compte. La religion est caractérisée par des rites mécaniques, c’est donc une satire de la Sorbonne. Caricature à travers son aumônier : « encapuchonné comme une huppe, l’haleine désinfectée à force de sirop de vignoble «, c’est un ivrogne. Caricature également dans la manière dont il égrainait les chapelets : « en les épluchant si soigneusement qu’il n’en tombait jamais un seul grain «. 2)La religion dans le texte 2 Il n’y a que quelques lignes sur la religion mais c’est une approche intelligente de celle-ci. C’est un idéal qui se rapproche de la Réforme et de l’évangélisme (regarder dans les textes religieux la bonne parole) : « on lui lisait une page de la divine Écriture, à haute et intelligible voix et avec une diction claire «. Les textes sont lus par Anagnostes, qui veut dire « lecteur « en grec. « En fonction du thème et du sujet de ce passage, il se consacrait à vénérer, adorer, prier et supplier le bon Dieu, dont la lecture montrait la majesté et le jugement merveilleux « : Rabelais ne se moque pas de la religion, au contraire, on lit les textes pour montrer la majesté de la religion. Accumulation : « vénérer, adorer, prier et supplier «. Conclusion Nous avons ici deux textes en opposition. Critique de l’éducation de la Sorbonne. Le texte 2 est représentatif d’une éducation idéale, dont nous n’avons qu’un petit extrait, qui va être pratiquée jusqu’à une heure avancée de la nuit. Dans la suite du texte, Gargantua apprend les mathématiques, la musique, l’art de la chevalerie. Il fait beaucoup de sports, sans oublier l’apprentissage de la sociabilité.
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: « ils jouaient librement », « des histoires plaisantes », « selon l'envie », « ils commençaient à converser joyeusement ».Contrairement au texte 1, Gargantua fait des exercices physiques parce que l'homme de la Renaissance a une éducation complète: « mens sana in corpore sano », « ils jouaient au jeu de paume ».
Par ailleurs, on voit que l'hygiène est respectée.
Toute cetteéducation idéale n'est que le début du passage de l'abbaye de Thélème.
Le texte est ici, contrairement au texte 1, positif :hyperboles, adjectifs mélioratifs… (le texte 1 est satirique).
Même si la mémoire a encore une plus grande place (par cœur) quechez Montaigne, une place est quand même accordée à la réflexion, quand on compare ce texte au premier : « mais en luiexpliquant les moins les plus obscurs et les difficiles », « lui-même les récitait par cœur et en tirait quelques conclusions pratiquessur la condition humaine ».
III La dimension spirituelleLa religion est essentielle et est présente dans les deux textes.
1)La religion dans le texte 1La religion a une grande place : un paragraphe de 3 lignes sur les études et deux paragraphes de 15 lignes sur la religion.
Maisc'est une caricature de la religion pratiquée à la Sorbonne, c'est la quantité qui compte.
La religion est caractérisée par des ritesmécaniques, c'est donc une satire de la Sorbonne.
Caricature à travers son aumônier : « encapuchonné comme une huppe,l'haleine désinfectée à force de sirop de vignoble », c'est un ivrogne.
Caricature également dans la manière dont il égrainait leschapelets : « en les épluchant si soigneusement qu'il n'en tombait jamais un seul grain ».
2)La religion dans le texte 2Il n'y a que quelques lignes sur la religion mais c'est une approche intelligente de celle-ci.
C'est un idéal qui se rapproche de laRéforme et de l'évangélisme (regarder dans les textes religieux la bonne parole) : « on lui lisait une page de la divine Écriture, àhaute et intelligible voix et avec une diction claire ».
Les textes sont lus par Anagnostes, qui veut dire « lecteur » en grec.
« Enfonction du thème et du sujet de ce passage, il se consacrait à vénérer, adorer, prier et supplier le bon Dieu, dont la lecturemontrait la majesté et le jugement merveilleux » : Rabelais ne se moque pas de la religion, au contraire, on lit les textes pourmontrer la majesté de la religion.
Accumulation : « vénérer, adorer, prier et supplier ».
ConclusionNous avons ici deux textes en opposition.
Critique de l'éducation de la Sorbonne.
Le texte 2 est représentatif d'une éducationidéale, dont nous n'avons qu'un petit extrait, qui va être pratiquée jusqu'à une heure avancée de la nuit.
Dans la suite du texte,Gargantua apprend les mathématiques, la musique, l'art de la chevalerie.
Il fait beaucoup de sports, sans oublier l'apprentissagede la sociabilité..
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