Frioul-Vénétie-Julienne

« justement ce qui nous rend désirable comme l’explique Proust avec son exemple de la femme désirée par plusieurs hommes qui la désirent finalement car ils sont plusieurs à la désirer.

C’est leur désir de l’impossible, ou l’impossible est la femme, qui leur procure une certaine reconnaissance de la part d’autres individus. En outre, le désir de l’inaccessible peut s’avérer être un moyen pour parvenir à combler un manque qui ne se satisfait pas du possible, qu’il soit moral ou matériel.

D’après Freud, certains désirs conscients sont en réalité des désirs mobiles issus d’un désir inconscient que l’on ne peut satisfaire uniquement par ces désirs mobiles.

Le désir de l’impossible peut alors être un de ces désirs en mouvement car eux-mêmes résultent d’un désir inconscient de l’impossible.

On désire alors l’impossible pour combler un manque en ayant de façon inconsciente un désir à la place d’un autre, qui lui reste le vrai désir toujours inconscient et dont l’objet est inaccessible. Pour finir, on peut ajouter que le désir de l’impossible a aussi pour but chez l’Homme imparfait de rechercher la perfection.

D’après Sartre, l’Homme imparfait cherchait à se rapprocher de la perfection de Dieu.

Pour cela, il semble que le désir de l’impossible soit un moyen approprié.

En effet, selon Spinoza dans son Ethique, désirer c’est persévérer dans son être pour pouvoir augmenter sa puissance de penser et sa puissance d’agir.

D’où le fait de désirer l’impossible serait d’aspirer à la perfection et de devenir tout ce que l’on peut être et ainsi, en rejoignant l’idée de Sartre, se rapprocher de Dieu.

Le désir de l’impossible, lorsque l’impossible est la perfection, est donc bien un moyen de rechercher cette perfection en voulant satisfaire ce désir de l’impossible. Le désir de l’impossible n’est donc pas vain car il cherche à atteindre un but en étant satisfait, cependant l’impossible ne peut se satisfaire. Le désir de l’impossible, bien qu’il soit poussé par de fortes motivations de l’individu qui désire, reste toutefois un désir qui, par définition, ne peut pas être satisfait.

Nous pouvons donc penser qu’il est préférable d’y renoncer pour être heureux.

Effectivement, d’après Epicure dans sa Lettre à Ménécée, la démesure, aussi appelée hubris, n’est pas une solution pour atteindre le bonheur, et la paix de l’âme : l’ataraxie.

La démesure tend à satisfaire tous les désirs même les vains, dont le désir impossible fait partie, cependant la satisfaction de tous les désirs occasionnent souvent plus de douleur que de plaisir, si toutefois ces désirs vains peuvent apporter quelque plaisir que ce soit.

Ainsi, penser que l’on peut satisfaire un désir impossible est paradoxal.

De même qu’il est impensable qu’un désir impossible qui est vain puisse nous rendre heureux, selon Epicure. D’autre part, Épicure propose dans sa Lettre à Ménécée comme solution à la satisfaction des désirs la tempérance, selon laquelle on doit réaliser un désir en fonction de ce qu’il nous apporte.

On préfère alors satisfaire un désir qui procure plus de plaisir que de douleur et abandonner l’idée de satisfaire un désir qui apporte plus de douleur que de plaisir.

De là, nous pouvons donc penser que le désir de l’impossible, qui n’est pas réalisable, occasionne alors plus de douleur que de plaisir, car le seul plaisir qu’il nous procure est l’idée de sa satisfaction qui ne se produira jamais.

C’est le cas pour le désir d’immortalité, qui est. »