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FLEURS DU mal (les), recueil poétique de Baudelaire

Publié le 17/01/2019

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FLEURS DU mal (les), recueil poétique de Baudelaire. « Le maître livre de notre poésie », dit Yves Bonnefoy. C'est la somme vivante de l'expérience poétique de Baudelaire qui, au lieu de publier d'autres volumes, reversera constamment, d'édition en édition, au compte de celui-ci, les poèmes qu'il continue à écrire. La première édition, qui compte 100 pièces, paraît en 1857, chez Poulet-Malassis et De Broise, à 1 100 exemplaires. Elle est condamnée la même année (qui avait vu également le procès de Madame Bovary} : six pièces doivent en être retranchées. En 1861, la seconde édition, 126 poèmes, est tirée à 1 500 exemplaires : les pièces condamnées ont disparu, de nouvelles sont insérées (« augmentée de trente-cinq poèmes nouveaux », annonce la page de titre) et l'architecture du volume, sur l'importance de laquelle Baudelaire a tant insisté, se voit considérablement modifiée : entre les cinq sections de la première édition (dont l'ordre est d'ailleurs modifié : « Spleen et Idéal », « le Vin », « Fleurs du mal », « Révolte », « la Mort »), une sixième (« Tableaux parisiens ») vient maintenant s'intercaler. Cette édition de 1861 doit être considérée comme définitive, bien que nous sachions que Baudelaire voulait en modifier à nouveau la disposition dans une troisième édition que la mort l'a empêché d'établir : il n'est pas possible, en particulier, d'identifier à ce projet inabouti l'édition posthume (elle contient 151 poèmes) que font paraître Banville et Asselineau, en 1868, au lendemain de la mort du poète, comme premier volume des œuvres complètes qu'ils éditent chez Michel Lévy. Il n'en reste pas moins indéniable que Baudelaire, s'il en avait eu la possibilité, aurait inséré

 

(ou réinséré pour les pièces condamnées) dans les Fleurs du mal une bonne partie des poèmes qu'il a dû publier séparément, en 1866, dans les Épaves, en même temps que ceux dont la composition a été postérieure à 1861. Ernest Prarond se souviendra avoir entendu réciter, de la bouche de l'auteur, seize des poèmes du recueil avant 1843. C'est en 1845 que paraît le premier : « À une dame créole », dans l'Artiste, signé Bau-delaire-Dufays. À sa suite, un bon nombre des poèmes des Fleurs du mal sera d'abord publié en revue. Le projet d'un volume est pourtant aussi ancien que ces premières publications puisque c'est en 1845 également qu'est annoncé pour paraître, au verso d'un livre de Pierre Dupont, les Lesbiennes, premier titre auquel Baudelaire ait songé. L'annonce réapparaît, l'année suivante, au verso du Salon de 1846. Mais rien ne sera publié sous ce « titre-pétard ». Il n'en va pas de même pour le second titre, les Limbes, auquel renvoient onze poèmes publiés en 1851 par le Messager de l'Assemblée. Sans que la référence à Dante doive être négligée pour autant, il n'est pas douteux, vu la proximité de la révolution de 1848 (pour laquelle Baudelaire s'était enflammé), que ce titre ait été chargé de consonances socialistes, et même très précisément fouriéristes. Mais c'est en 1855 qu'apparaît pour la première fois, à l'occasion de dix poèmes publiés dans la Revue des Deux Mondes, le titre définitif de l’œuvre qui fera de Baudelaire le Dante (accomplissement d'une esthétique, prescience d'une sensibilité nouvelle) de la poésie française.

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