I. Les divers sens du mot poésie.
Le mot poésie recouvre plusieurs sens qu'il convient d'apprendre à distinguer :
1. Une activité : La technique du poème
1.1. Le mot poésie vient du grec « poiesis « qui signifie : création. C'est en ce sens que le mot poésie se rapproche du mot art qui signifie étymologiquement : fabrication, création.
1.2. Cette activité consiste en un art de dire, en une technique particulière d'écriture. La poésie se distingue de la prose en ce sens qu'elle est un art de dire avant d'être un art de dire quelque chose.
1.3. Cet art de dire peut être propre à un poète particulier ou à un ensemble de poètes que l'on regroupe sous le nom d'École poétique.
1.4. Cet art de dire peut proposer un contenu qui se rattache à une tonalité : épique, lyrique,...
2. Une production littéraire : le poème.
2.1. Généralement, le mot poésie représente un texte rédigé en vers, également appelé poème.
2.2. II peut également correspondre à un texte rédigé en prose — on parle alors de poésie en prose — ou bien à d'autres formes d'écriture apparentées au dessin.
3. Un état particulier : l'aptitude à l'émotion poétique
Ce troisième sens du mot poésie est plus difficile à cerner car il ne relève pas d'une création tangible mais d'une appréhension plus subjective de la notion de poésie.
3.1. La poésie est le pouvoir, la faculté que possède une personne de ressentir l'émotion poétique.
3.2. La poésie est également le pouvoir conféré par les hommes à d'autres hommes, aux œuvres d'art et aux choses, de suggérer l'émotion poétique, de la faire naître en eux.
II. La poésie : une architecture.
L'architecture poétique est un art qui dispose les mots selon diverses figures.
1. Le vers.
1.1. Pour scander un vers, il faut appliquer 5 règles :
- tenir compte des liaisons,
- ne jamais compter le "e" final comme une syllabe,
- compter le "e" seulement lorsqu'il est placé entre deux consonnes,
- être attentif aux diphtongues comptabilisées en synérèse (1 syllabe) ou en diérèse (2 syllabes),
-respecter les pauses grammaticales, prioritaires.
1.2. Certains vers portent des noms spécifiques.
2. La strophe.
Les vers sont regroupés de façon à former des strophes de diverses longueurs qui possèdent parfois des dénominations spécifiques.
3. Les formes fixes ou particulières.
3.1. L'agencement des strophes permet de reconnaître des poèmes à forme fixe comme le sonnet (2 quatrains, 2 tercets), la ballade, qui obéissent à des règles précises de structure.
3.2. Les poèmes à formes particulières peuvent se présenter sous l'aspect de :
- vers libres,
- poésie en prose,
- versets,
- calligrammes.
III. La poésie : une musique.
La musique d'un poème naît de ses sonorités et de son rythme : il faut donc s'entraîner à dire des poèmes à voix haute, à les écouter.
1. Les sonorités.
• assonances : répétition de sons vocaliques,
• allitérations : répétition de sons consonantiques,
• rimes : éléments sonores répétés en fin de vers
- disposition : plates ou suivies : AABB ; embrassées : ABBA ; croisées : ABAB ;
- richesse : pauvre : 1 son homophone ; suffisante : 2 sons homophones ; riche : 3 sons homophones.
- féminine/masculine.
2. Le rythme.
• accent rythmique : frappe la dernière syllabe prononcée d'un mot ou d'un groupe de mots.
• coupe : pause respiratoire placée après l'accent rythmique.
• césure : forte coupe qui sépare le vers en 2 hémistiches.
• enjambement : liaison syntaxique entre 2 vers ;
- rejet : groupe de mots rejetés dans le vers suivant,
- contre-rejet : groupe de mots en fin de vers.
• rythme binaire : 2 groupes de mots
rythme ternaire : 3 groupes de mots
IV. La poésie : une peinture.
La peinture d'un poème se décline dans les teintes des mots, les nuances du langage à travers :
1. des réseaux de vocabulaire : champs lexicaux ;
2. des images : métaphores, comparaisons, allégories ;
3. une écriture implicite qui peint en filigrane : les connotations ;
4. des créations de mots : les néologismes ;
5. une prise en compte du mot comme objet poétique à travers son signifiant sonore et visuel.
V. La poésie : une mise en relief.
La poésie suppose une écriture spécifique qui valorise le pouvoir évocateur des mots par :
1. des effets stylistiques : figures de style, telles les antithèses, anaphores, répétition, accumulation, oxymore…
2. des effets ludiques : associations surprenantes de mots, synesthésie, jeux de mots.
Pour que la poésie soit une véritable pensée musicale, « une hésitation prolongée entre /e son et /e sens « telle que la définit Paul Valéry dans Tel quel, il ne s'agit pas d'abuser de procédés scolarisés, mécanisés qui ne correspondraient qu'à un « terrible concert pour oreilles d'âne «, comme le dénonçait Éluard, un simple jeu sonore ; au contraire, il faut que la structure phonique et rythmique choisie enrichisse les images et renforce le sens.