Fiche de Lecture: Rhinocéros - Eugène Ionesco.

Présentation de l’œuvre Rhinocéros    L’auteur de l’œuvre Rhinocéros se nomme Eugène Ionesco.  Celui-ci naquit le 26 novembre 1909 à Slatina située en Roumanie. Fils d’un père roumain et d’une mère française, il émigra en France (à Paris) juste avant la première guerre mondiale.  Ecrivain, principal représentant du théâtre de l’absurde, il écrivit la célèbre pièce Rhinocéros en 1959.  Elle fut tout d’abord traduite en allemand au Schauspielhaus de Düsseldorf le 6 novembre 1959, puis publiée à Paris chez Gallimard. Mais ce n’est que le 22 janvier 1960 que cette pièce fut jouée à l’Odéon Théâtre de France pour la première fois.  Lors de sa toute première représentation en Allemagne, le public vu tout de suite dans cette œuvre une critique du nazisme, interprétation que les français reprirent par la suite.  Utilisant la métaphore dans son œuvre (Rhinocéros), Ionesco dénonce toute forme de totalitarisme et plus particulièrement en Roumanie où Ceauşescu est au pouvoir.    Genre de l’œuvre    Le genre de cette œuvre est théâtral .En effet, il s’agit d’une pièce de théâtre écrite en prose mélangeant le tragique et le comique afin de donner lieu à une nouvelle forme de théâtre : l’absurde.  Ce type de théâtre apparu dans les années 1950.  Marquant une rupture avec les œuvres classiques d’avant-guerre, ce genre de théâtre expose fréquemment le thème de l’absurdité de l’homme, voir même de la vie.  Nous sentons en lisant cette pièce que Ionesco qu’il existe un véritable refus du réalisme (transformation des hommes en rhinocéros) et, que l’auteur ôte toute cohérence à l'intrigue et toute logique aux propos tenus sur scène : à certain moment, une confusion se crée dans l’esprit du lecteur, car l’auteur a choisi de « mélanger « plusieurs dialogues étant ainsi alternés.  Il faut aussi savoir que cette pièce de théâtre n’est composée que de trois actes dont seul le deuxième connaît un changement de tableau : cette œuvre n’est donc pas divisée en scènes comme habituellement.  Ce nombre limité d’actes nous permet, je le pense, de visualiser avec plus de facilité la rapide diffusion de la « rhinocérite «.    Le narrateur :    Comme expliqué précédemment, les œuvres que nous avions à lire ce mois-ci sont des pièces de théâtre.  Par la lecture de Rhinocéros, nous nous rendrons très vite compte qu’il n’existe pas de narrateur. En effet, il faut savoir que toute pièce de théâtre est caractérisée par le fait que le narrateur disparaît, les personnages se chargent de « raconter les événements passés «.  De-là va donc apparaître le système de double énonciation. Les comédiens se parlent entre eux (dialogues, échangent de répliques), à eux-mêmes (monologues) mais aussi au public : il s’agit donc d’une destination explicite et implicite.    Le cadre spatio-temporel :    L’histoire se déroule seulement dans quatre lieux différents classifiés ici de tableaux.  Au début de la lecture, nous apprenons que l’acte I se déroule sur une place dans une petite ville de province puis, l’acte II scène première, dans le bureau d’une administration, ou d’une entreprise privé : une grande maison de publications juridiques par exemple.  Les deux derniers lieux sont les chambres appartenant à Jean et Bérenger dont nous ferons la connaissance peu après.  Comportant de très nombreuses didascalies relatant des différentes mises en scène possibles (allant jusqu’à la description de la place du portemanteau), il n’est pas difficile pour nous lecteurs d’imaginer l’acte se déroulant devant nos propres yeux.  L’année durant laquelle se passe cette histoire n’est pas définie, mais il semblerait assez judicieux de supposer qu’il s’agirait des années 1940-1950 ayant vu la montée du totalitarisme et du nazisme en Europe.  L’une des principales caractéristiques du théâtre de l’absurde est donc définie ici : l’espace référentiel de cette pièce n’est pas cité avec précision : tout est donc tourné à l’absurde    Les personnages :    Les personnages présents dans cette œuvre sont assez nombreux.  En effet, il existe donc les personnages principaux tels que Bérenger, Jean, Daisy et les rhinocéros.    En revanche, il y aussi la présence de très nombreux personnages secondaires :  - Monsieur Papillon  - Dudard  - Botard    Enfin, nous pouvons supposer que dans la pièce de Ionesco, ce dernier a souhaité mettre en scène des personnages classifiés de « tertiaires « :    -Madame Bœuf  -Monsieur Jean  -La femme de monsieur Jean  -Le vieux monsieur  -Le logicien  -La ménagère  -L’épicière  -La serveuse  -L’épicier  -Le patron du café  -Un pompier    Nous remarquons qu’il existe une certaine gradation au niveau de l’appellation des personnages. En effet, les personnages principaux sont désignés avec des prénoms (Bérenger…) alors que les personnages secondaires ne sont désignés seulement que par des noms de famille pareillement qu’une partie autres personnages que j’ai classifiées de tertiaire.  Enfin, ceux ayant les rôles les moins importants ne sont désignés uniquement que par leurs fonctions.  Néanmoins, il faut tout de même signalé le fait que les indications scéniques outre que nous apprendre des informations sur le décor, nous apporte aussi énormément de détails sur le physique, les vêtements, voir même sur le comportement des personnages.    Les personnages principaux :    Bérenger :  Dès le commencement de la lecture de cette pièce de théâtre, nous nous rendons compte que le personnage de Bérenger n’est autre qu’un homme dont nous situerions l’âge autour de la trentaine, ayant pour travail de corriger des épreuves dans le domaine juridique.  Homme seul, apparemment désorienté, refoulant ses craintes et inquiétudes dans l’alcool.  Le portrait qui s’établit de cet homme dans l’acte I est donc celui d’individu étrange, passif (passivité due à la consommation exagérée d’alcool ?) et apparemment ayant des aspects négligés face à la soi-disant perfection de son ami Jean.  A la suite de l’histoire, il va se trouver que cet homme, Bérenger, deviendra le seul résistant face à l’épidémie de rhinocérite et par conséquent représentera « la conscience universelle «.    Jean :  Jean que nous rencontrons au début de l’acte I apparaît tout de suite comme un homme à l’aise, sachant ce qu’il veut, déterminé,quelque peu narcissique , perfectionniste : c’est-à-dire tout le contraire de son ami Bérenger.  Ayant des idées très arrêtées, nous pouvons en déduire par son énonciation qu’il se pourrait que cet homme soit d’extrême droite. Il va donc au départ refuser la présence des rhinocéros qu’il classe publiquement d’irréel. Il annonce même : «cela ne devrait pas exister «.  Mais il se trouve que ce dernier se métamorphosera en rhinocéros devant les yeux désespérés de Bérenger luttant contre cette rhinocérite.    Daisy :  Jeune femme blonde qui contrairement aux autres personnages juste désignée que par cette caractéristique.  Elle est une collègue de Bérenger et serait à ce que nous avons pu interpréter une belle femme.  En effet, nombre de ces collègues essayeront d’entretenir avec elle des relations autres que professionnelles. Mais il se trouve que cette dernière va décider de « jeter « son dévolu sur le nonchalant et futur « révolutionnaire « : Bérenger.    Rhinocéros :  Au fur et à mesure de la lecture du livre, nous nous rendons que les rhinocéros tel que Bérenger sont présents à touts les actes (opposition grandissante entre l’homme et le rhinocéros) mais aussi durant tous les tableaux : ils sont omniprésents.  Désignés au départ comme des « erreurs de la nature « qui ne devraient pas exister, jugé de « machinations infâmes «, la présence de ces rhinocéros va tout d’abord effrayés tous les individus. Dangereux, violents, meurtriers (meurtre du chat) les rhinocéros qui il faut le savoir étaient au départ des êtres humains, perdent toute leur humanité pour se voir devenir des « êtres immorales « voir même d’après certains propos de Bérenger assez engagé  de « Salauds «.  Ces rhinocéros seraient vraisemblablement tous les mêmes mis à part quelques fois la différence au niveau du nombre de cornes. Classifiés de laids puis de beaux, cela prouve donc de l’évolution des mœurs au fil de la pièce et donc de la généralisation des ces transformations.  Ils ont la peau dure, verte (rappellent de la couleur des uniformes nazis), une corne (arme), des voix rocailleuses et ne cessent de barrir et de courir dans les rues détruisant tous à leur passage.    Rôle dans l’histoire :  Tous ces personnages quoique différents par leur manière de penser, d’agir, d’être ont tous un rôle fondamental dans l’évolution de cette histoire, plus précisément de l’évolution de la « rhinocérite «.  En effet, par cette multitude de personnages, nous voyons comment ont pu réagir les individus face à l’arrivée du totalitarisme, de l’endoctrinement…    L’acte d’exposition :  Lorsque que nous commençons la lecture de Rhinocéros, grâce aux différentes indications apportées par l’imposante discalie, nous apprenons que l’acte I se déroule sur une place dans une petite ville de province. L’atmosphère est calme. En effet, nous sommes un dimanche d’été, pas loin de midi. (Les cloches sonnent après le lever du rideau apportant ainsi une indication temporelle). Deux hommes arrivent : l’un venant de gauche et l’autre de droite.  Tous deux iront s’installer à une table de la terrasse d’un café et de là commence la pièce.  Nous assistons à la « démonstration « d’une scène de vie presque ordinaire bien que les dialogues entre Bérenger et son ami Jean soient assez tournés vers l’absurde.  Ces deux hommes ont une vie opposée, des avis opposés… L’un exigeant, soucieux de sa personne et l’autre négligé, rêveur voir légèrement dépressif. Jean « inquiet « pour l’avenir de son ami décide d’essayer de le faire devenir un individu aussi « présentable « et réfléchi que sa propre personne. Dès les premiers abords, nous remarquons très rapidement que tout oppose ces deux hommes.    Elément perturbateur :  L’élément perturbateur de cette pièce de théâtre n’est autre que l’apparition spontanée et surtout inattendue d’un rhinocéros traversant à pleine vitesse la place d’une petite ville.  Tout d’abord choqué, les personnages présents sur scène débattront fort longtemps de cette présence inattendues.  De nombreux avis divergèrent quand à l’origine de cet animal, l’explication de sa présence….  Le second passage d’une même ou d’un autre rhinocéros (longs raisonnements absurdes des personnages) provoquant la mort du chat de la ménagère utilisé sûrement tel une métaphore, amènera le désarroi mais surtout une grande frayeur chez les personnages. La rhinocérite est née.    [Passage page 14 : « Vous voilà tout de même  « à la page 17 « Vous puez l’alcool «]    J’ai choisi ce passage car, c’est ainsi que nous faisons connaissance avec les deux personnages principaux de la pièce. Cette découverte des personnages intrigue. Qui sont-ils ? Que font-ils ici ? D’autre part, j’ai aussi décidé de vous lire ce passage car il est un véritable exemple de l’absurdité des dialogues mais aussi quelque part de la vie des hommes. N’existe pas des sujets de conversations plus important que le fait d’arriver à l’heure ou non ? L’auteur a donc sans doute voulu représenter le vide, l’incohérence de la nature humaine.    Thèmes abordés  Les thèmes abordés par Rhinocéros sont multiples. En effet, d’une part, l’un des principal thème de cette histoire est donc « l’installation « et la diffusion du totalitarisme avant la seconde guerre Mondiale.  Cette œuvre, écrite avec je dois le citer, avec beaucoup d’intelligence, relate aussi du développement du racisme sous toute ces formes. (Envers les rhinocéros, les étrangers, l’homme…) La résistance et la conformité sont aussi des thèmes abordés par cette œuvre.    Ma critique    a. L’histoire m’a paru intéressante et originale. En effet, c’est la première fois que je lis une pièce de théâtre appartenant à la famille de l’absurde.  Au départ, ce nouveau théâtre nous fait sourire puis, avec du recul, on se rend compte du véritable malaise dénoncé par cette œuvre, de son enjeu.  D’autre part, ce qui m’a plu dans cette histoire est donc principalement les thèmes évoqués. Essayer de comprendre quelles peuvent être les raisons de « l’acception « de l’occupation allemande durant la seconde guerre mondiale, la réaction des individus face à la déferlante du totalitarisme. Critiquer l’attitude des hommes de cette époque, cela nous savons faire mais …la question que l’on peut se poser est comment aurions-nous nous-même réagi face à cette « épidémie «.  La conformité aux autres est toujours omniprésente et, c’est pour cela que le fait que cette œuvre relate de ce phénomène me permet fort intéressant et nous permet d’appréhender autrement cette époque.  La métaphore employée par Ionesco crée aussi une originalité supplémentaire à cette pièce qui séduit ou au contraire « dégoûte « les lecteurs du théâtre de l’absurde étant tout de même assez particulier.    b. Le personnage qui m’a particulièrement plu n’est autre que Bérenger.  L’évolution de cet individu durant toute la pièce marque est fascinante.  En effet, cet homme qui au départ désespéré, passif… se trouve être la seule personne croyant encore à la bonté de l’homme, en l’humanité. Il est le seul à dire non à cet endoctrinement pseudo-naziste. Assistant à la destruction de son « monde «, impuissant, il essayera tout de même de changer les choses. Il ne saura plus où est la raison, le bon, le mauvais, mais ce qu’il sait au plus profond de lui-même est qu’il renie la transformation en rhinocéros : c’est-à-dire la conformité.  Cette forte volonté, ce besoin de changer les choses, de ne pas naturaliser cette transformation contre nature sont, des qualités admirables.  Bérenger est donc quelque part la représentation des tous premiers résistants durant la seconde guerre mondiale.    c. J’ai appris grâce à ce livre de très nombreuses choses autant sur les années 1940 que sur la réactions du peuple face à la montée de régimes totalitaires (autant nazisme que stalinisme et autres…).  En effet, en lisant cette Rhinocéros, nous comprenons mieux qu’elle a pu etre la cause de la passivité de la foule, qui craignant ces régimes, suivait sans rien dire.    d. Oui, j’ai pris plaisir à la lecture de cette pièce de théâtre mais, il faut tout de même que je nuance ma réponse.  En effet, ce n’est qu’après avoir lu cette œuvre deux fois mais aussi après avoir cherché certaines de ses interprétations que je l’ai apprécier réellement.  Le fait qu’il s’agisse d’une pièce appartenant à l’absurde fait que cette dernière n’est pas évidente à lire et à comprendre quelle peut être son intérêt.  Mais, prenant du recul et après avoir réalisé cette fiche de lecture, je me suis rendu compte du véritable sens de Rhinocéros.  Décrypter ce qu’à souhaiter dire Ionesco n’est pas une tâche facile et je pense que moi-même est encore très loin d’y parvenir.  Bien qu’écrit d’une manière assez étrange, cette pièce séduit le plus souvent par son décalage entre les thèmes abordés et le registre comique parfois utilisé.    e. Réflexion Personnelle  Ce livre m’a fait énormément réfléchir sur l’uniformité des êtres humains.  En effet, après avoir lu cette œuvre, nous nous demandons pourquoi depuis la nuit des temps, presque tous les hommes recherchent à se fonder dans la masse…Pourquoi suivre le mouvement est nécessaire ?  Rhinocéros m’aura fait réfléchir sur le fait que la lucidité est à la porté de tous, le refus, la différence, sont des choses naturelles qu’il ne fait pas renier mais au contraire accepter.  Aujourd’hui, il est facile pour tous êtres de raillait l’originalité d’une personne, de railler l’inactivité semblable à celle de Bérenger au départ, mais combien d’entre eux seraient capables de faire face à une folie collective ? Ne pas capituler…telle est la réponse proposée par Bérenger et par conséquent par Eugène Ionesco.  Je conseille vivement la lecture de cette œuvre à toutes les personnes souhaitant prendre un peu de recul face à l’unité du monde et à la raison même de la nature humaine semblant être en conclusion quelque peu absurde.    [Lecture page 157 : «  laissez-moi… à j’y vivrai « page 159 ; page 215 «  ne le laissez pas…à il est humain « page 217]    J’ai choisi ces deux extraits car ils prouvent de la transformation des esprits (Jean) et surtout du besoin de conformité de l’homme ne pouvant consentir à la solitude quoique qu’il advienne.