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FICHE DE LECTURE : LA METAMORPHOSE de Franz KAFKA

Publié le 29/07/2010

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SOMMAIRE : I/Biographie de l’auteur II/ Les œuvres de Franz KAFKA III/ Préambule IV/ Résumé de l’œuvre V/ Etude de La métamorphose I / BIOGRAPHIE DE FRANZ KAFKA Franz KAFKA est né à Prague le 3 juillet 1883, cinq autres enfants naitront par la suite, mais seules trois sœurs survivront. Les KAFKA étaient juifs, Franz décrit son père comme dominant prétentieux. Il eut avec lui des relations difficiles. Bien qu’il n’ait pas eu un rapport intense avec sa mère, il s’identifia fortement à sa famille maternelle qui, à l’opposé de celle de son père, était connue comme intellectuelle et spirituelle. Sa langue maternelle était l’allemand comme pour près de 10% de la population de Prague à cette époque. Entre 1889 et 1893, il suivit l’école primaire, son éducation religieuse se limita à la célébration de sa Bar Mitsva à l’âge de treize ans, et à sa participation quatre fois par an aux services de la synagogue. Après l’enseignement primaire, il fut admis au collège d’état à Prague et obtient son bac en 1901. Très tôt, il s’intéresse à la littérature et aux idées socialistes. Après son bac, il décide d’étudier le droit, il voyage un peu et se joint à une association étudiante qui organise des évènements et des présentations littéraires. En 1902, il fait la connaissance de Max BROD, qui sera son ami le plus influent et publiera la plus grande partie de son œuvre après sa mort. En 1906, il est reçu docteur en droit et fait un stage d’un an au tribunal de Prague. Le 1er novembre 1907, il entre au service d’une compagnie d’assurances italienne et démissionna neuf mois plus tard car les longues heures de travail l’empêchaient d’exercer sa grande passion : l’écriture. Deux semaines plus tard, il entre au service d’une compagnie ‘assurance pour les accidents des travailleurs où il travailla jusqu’à sa pension prématurée en 1922. Bien qu’il qualifiât son travail de « gagne pain «, ses prestations sont évaluées très positivement par son employeur, ainsi qu’en témoignent ses promotions de carrière. En 1909, il publie ses premiers essais de prose dans le magazine munichois Hyperion. A côté de son travail pour la société d’assurance, Kafka continuait d’écrire et suivait pour ce faire, un programme journalier particulier : le matin, il travaillait au bureau ; à midi, il allait dormir quelques heures : ensuite il allait se promener, manger avec des amis ou de la famille, pour se mettre à écrire le soir, une activité qu’il continuait tard dans la nuit. C’est pendant l’une de ces nuits qu’il mit sur le papier Das Urteil (Le Verdict). Ses amis intimes étaient Max Brod, le philosophe Felix Weltsch, le sioniste Hugo Bergman et le pianiste Oskar Baum. Kafka entretenait des relations problématiques avec les femmes. En 1912, chez son ami Max Brod, il rencontre la Berlinoise Felice Bauer avec laquelle il entretien une correspondance intense pendant cinq ans. Ils se rencontrèrent de temps à autre, ce qui résulta par deux fois en des fiançailles. Mais il s’agissait plus pour Kafka d’un amour platonique. En 1917, il commence à expectorer régulièrement du sang et le diagnostic de tuberculose est posé. Cela conduisit à une plainte de nature presque obsessionnelle dans ses lettres à Felice et l’utilisation de sa maladie comme raison de rompre ses fiançailles. Mais il voyait aussi son statut d’écrivain comme un handicap pou une vie de famille « normale «, ce qui serait devenu un énorme problème avec une Felice moins intellectuelle et plus débordante de vie. En 1919, il se fiança avec Julie Wohryzech, mais son père s’opposa fortement à cette relation qui se termine la même année. Ce conflit fit que Kafka prit une position plus antagoniste vis-à-vis de son père, qui aurait bien vu son fils comme successeur dans son entreprise commerciale. Au début des années 1920, une relation de courte durée, mais très intense, se développa entre Kafka et la journaliste et écrivaine anarchiste Mila Jesenka. De toutes les femmes de sa vie, c’est certainement Mila qui a peut-être le mieux perçu l’auteur hypersensible. En 1923, il partit quelques temps à Berlin, espérant pouvoir mieux se concentrer sur l’écriture sans l’ingérence de sa famille. C’est à cette époque qu’il rencontre Dora Diamant, une institutrice maternelle de 19 ans, originaire d’une famille orthodoxe juive polonaise. Dora devint la compagne de Kafka à Berlin et influença l’intérêt croissant de Kafka pour le Talmud. C’est auprès d’elle qu’il goûta finalement un peu de bonheur marital, qu’il ne considérait plus possible. Ensemble, ils envisagèrent d’immigrer en Palestine. Kafka, qui montrait des signes d’hypocondrie, souffrait vraisemblablement de dépression chronique et de phobie sociale, mais il présentait aussi des phénomènes certainement liés au stress : migraines, insomnies, constipations et furoncles. Il se méfiait de la médecine conventionnelle et essayait de combattre ses plaintes avec des cures naturopathes, un régime végétarien et en buvant du lait non pasteurisé. Il utilisait ses vacances pour suivre des cures de repos dans des sanatoriums, pour lesquels son employeur lui octroyait souvent des congés exceptionnels. En 1922, l’écrivain est prépensionné, par suite de son état général de santé déficient. Bien que la situation personnelle de Kafka se soit fortement améliorée après son déménagement à Berlin, et qu’il écrivit à nouveau beaucoup, l’hiver caractérisé par l’inflation de 1923-1924 à Berlin fut à nouveau funeste pour sa santé déjà chancelante, lorsqu’en 1924, Max Brod vint lui rendre visite, son état de santé s’était à ce point aggravé qu’il l’emmena avec lui à Prague ; en avril l’on diagnostiqua une tuberculose du larynx. Il était clair que Kafka n’en avait plus pour longtemps, il fut intégré au sanatorium de Kerling près de Vienne, où il mourut le 3 juin 1924, Dora Diamant à ses côtés. Son corps ut ramené à Prague où il fut enterré le 11 juin au cimetière juif Zizov. Kafka considérait l’écriture comme une nécessité profondément intime, comme s’il s’agissait pour lui « d’une activité atroce «, qui impliquait une « ouverture de soi totale du corps et de l’âme «. Il parlait « d’une mer gelée en lui-même « ; un livre devait être « la hache « avec laquelle « ouvrir « cette mer. Kafka rédigea toutes ses œuvres en allemand. Il n’a publié durant sa vie, que de courts récits et des articles dans des revues, ainsi que la nouvelle « La Métamorphose « ; donc une toute petite partie de son œuvre. Parmi ses grands romans, « Le Château « et « L’Amérique «, ne furent jamais terminés. Avant sa mort, Kafka chargea son ami et exécuteur testamentaire Max Brod, de détruire tous ses manuscrits. Cependant Brod vit dans l’indication de son ami que lui seul devait exécuter ce « jugement « et donc une « permission « de ne pas le faire. Par contre l’écrivain lui-même a détruit ou fait brûler par Dora, divers manuscrits, parmi lesquels un grand nombre de récits et au moins une pièce de théâtre. En ce qui concerne les manuscrits que Brod n’eut pas en mains avant la guerre, la Gestapo se chargea de satisfaire les dernières volontés de Kafka, début 1933. On a coutume de dire d’une œuvre, d’une situation, ou d’un récit, qu’ils sont « kafkaïens « lorsque l’univers qu’ils dépeignent dénote la confusion, l’étrangeté, lorsqu’ils contiennent une part d’inexplicable qui ne semble pourtant pas remise en question. Si le nom de l’écrivain a ainsi été transformé en adjectif, c’est qu’en effet, toute son œuvre est traversée par ces caractéristiques, souvent associées à la peinture de l’individu des temps modernes, montré comme prisonnier de contingences qui le dépassent. II/ LES ŒUVRES DE FRANZ KAFKA 1912 : daté de 1913 mais paru fin 1912, Regard (Betrachtung), Leipzig, Ernst Rowohlt, 99 p. (réédité en 1915). 1913 : Le Soutier (Der Heizer. Ein Fragment), Leipzig, Kurt Wolff, 47 p. (réédité en 1916 et 1917-1918). 1915 : La Métamorphose (Die Verwandlung), Kurt Wolff, 73 p. (réédité en 1915 et 1918). 1913 : Le Verdict (Das Urteil), Kurt Wolff, 29 p. (réédité en 1916 et 1920). 1919 : La Colonie pénitentiaire (In der Strafkolonie), Kurt Wolff, 71 p. 1919 : Un médecin de campagne (Ein Landarzt. Kleine Erzählungen), Kurt Wolff, 189 p. 1924 : Un champion de jeûne (Ein Hungerkünstler. Vier Geschichten), Berlin, Die Schmiede, 86 p. Œuvres publiées après sa mort : 1925 : Le Procès (Der Prozeß) 1926 : Le Château (D as Schloß) 1927 : L'Amérique (Amerika) (bien que publié plus tard, il a été écrit avant Le Procès et Le Château) 1931 : Le Terrier (Der Bau) 2009 : Cahiers in octavo (1916-1918) III/ PREAMBULE :

Le sujet de mes recherches ayant pour objet les effets du vieillissement du visage au fil du temps, et de ce que ces transformations induisent pour les individus sur le plan émotionnel, il m’est revenu à l’esprit le comportement particulier d’une résidante qui refusait que les soignants l’approchent. Elle avait adopté une attitude de rejet face aux tentatives d’approche des aides soignantes qui tentaient de lui apporter de l’aide lors de la toilette du matin ; le vocabulaire qu’elle employait pour parler de son corps a plongé la totalité des intervenants dans la perplexité. En effet, elle n’avait plus d’ongles mais des griffes, sa chambre était devenue sa niche, elle ne mangeait plus qu’avec ses doigts refusant d’utiliser les couverts mis à sa disposition et se tenait repliée sur elle-même dans une position presque fœtale. Le thème de la métamorphose abordé dans l’ouvrage de Franz KAFKA, me semble pouvoir éclairer différentes questions soulevées par ce comportement, que je souhaite traiter ici. 1/ les temps sociaux 2/ la métamorphose : le regard sur soi-même / le regard des autres 3/ la violence perçue dans le regard de l’autre 4/ l’humanité masquée derrière l’apparence IV/ RESUME DE L’OEUVRE

La métamorphose relate la vie d’un jeune homme, Gregor Samsa, vivant dans l’appartement familial, qui se réveille un matin transformé en un « monstrueux insecte «. Victime de cette transformation, Gregor Samsa est peu à peu exclu du cercle familial. Alors qu’avant sa métamorphose, il était celui qui entretenait sa famille il devient celui dont il faut s’occuper, l’être dépendant qui ne peut plus s’occuper de lui-même ; il sera peu à peu rejeté des membres de sa famille pour mourir dans l’indifférence de son entourage qui profite de son décès pour s’adonner au plaisir d’une partie de campagne, aux abords de la ville. V/ ETUDE DE LA METAMORPHOSE

Les écrits de Kafka reflètent les sentiments de la société du début du XXème siècle. Ses personnages évoluent dans un monde où les rapports et les relations qui les régissent leur sont incompréhensibles ; où ils sont livrés impuissants, à des forces inconnues, comme dans un cauchemar. La vie est un mystère irrésolu, un labyrinthe dont on ne connait pas la sortie et ce qui nous y attend. Kafka étudie la psychologie de ses personnages face à des situations extraordinaires, dont ils ne connaissent pas les tenants et aboutissants, et leur relation avec leur entourage. La Métamorphose est une nouvelle écrite par Kafka en 1912 dans un contexte de crise familiale, alors que l’auteur, simple fonctionnaire de Prague, est âgé de 29 ans. Sur une centaine de pages, et en trois parties, l’auteur fait la narration de la nouvelle vie de Gregor SAMSA, simple représentant de commerce qui s’est réveillé un beau matin transformé ; il est devenu un insecte humain. Etant la seule source de revenus de sa famille, il va devoir faire face aux difficultés que crée sa nouvelle situation, à savoir l’impossibilité de toute vie sociale et affective. Le mythe de la métamorphose : Depuis l’Antiquité, mythes, légendes, contes et autres fictions littéraires n’ont cessé d’exploité le thème de la métamorphose en jouant sur des mutations de formes et de variations d’ordres et de règnes (divin, humain, animal, minéral, végétal). Liées à l’origine des mythes, les métamorphoses sont présentes dans les mythologies de tous pays. Certains textes s’inscrivent dans ce que Pierre Brunel appelle le « mythe de la métamorphose «. * Les métamorphoses d’Ovide : première œuvre mettant en scène des histoires de transformations. Ovide (42 av.J-C.-18 ap. J-C.) recense deux cent trente et une histoires de métamorphoses. Présentées comme des phénomènes irréversibles, les métamorphoses apparaissent souvent comme des châtiments infligés par des divinités. * L’auteur latin Apulée (117-170 ap.J-C.) dans L’âne d’or ou les Métamorphoses, relate les tribulations de Lucius, transformé en âne qui recouvre sa forme originelle après de nombreuses péripéties. * Les conteurs (Charles Perrault, Lewis Caroll) et bien d’autres ont été inspirés par le thème de la métamorphose qui assure le passage du réel au fantastique. La métamorphose chez KAFKA : Contrairement à de nombreux auteurs, Kafka ne s’attarde pas sur l’instant de la transformation, mais sur les conséquences induites par l’évènement à savoir une autre mutation, celle de l’entourage ; toute la structure familiale va vaciller puis se reconstruire après avoir exclut le héros qui ne tardera pas à mourir du peu d’intérêt qu’il suscite pour les siens. Chapitre 1er : Dans cette première partie, il sera surtout question des implications induites par la métamorphose du héros sur tout ce qui touche à son travail (rôle social). La première phrase de l’ouvrage présente Grégor SAMSA, métamorphosé en cancrelat. Une fois faite la description physique de l’insecte, se pose la question : « que s’est-il passé « ? Des modalités de cette transformation, nous ne saurons rien, et c’est bien dans cette absence d’explication que réside le fantastique du récit qui traverse le chapitre un, dans lequel Gregor découvre l’étendue des changements, et les révèle à sa famille et à l’émissaire de son patron, en même temps qu’au lecteur. * Cette constatation nous rappelle l’inexorabilité du vieillissement et ses conséquences sur le physique qui amène parfois à la détérioration de l’estime de soi. L’expérience vécue par Grégor SAMSA, nous conduira à réfléchir sur les représentations sociales de la vieillesse, lorsque l’individu n’est plus productif, qu’il perd son statut social et devient celui que l’on stigmatise comme étant inutile puisqu’incapable de subvenir aux besoins des siens. Bien que les rapports du héros avec son métier apparaissent comme particulièrement problématiques : « le diable emporte ce métier ! « (p.26) « si je ne me retenais pas, à cause de mes parents, j’aurais donné ma démission depuis longtemps « (p.27) « quand j’aurais réuni l’argent nécessaire pour rembourser la somme que mes parents lui doivent (au patron), ….. c’est certainement ce que je ferai « (p.27), c’est pourtant de son emploi qu’il tient son statut au sein de la famille. C’est grâce à lui que la famille survit, il rembourse les dettes du père, et tous lui sont reconnaissants ; il est le « bon fils «, le « bon frère «. Une fois la métamorphose révélée, va s’instaurer au sein de la famille, une dynamique d’exclusion qui tout d’abord présentée comme l’alibi permettant de protéger Grégor, va peu à peu l’enfermer dans l’isolement le plus complet. Ce premier chapitre se termine par l’acte violent du père qui frappe son fils pour l’empêcher de sortir de sa chambre. Chapitre 2 : Le chapitre deux, qui débute par un nouveau réveil, donne naissance simultanément à une écriture plus précise, plus réaliste, s’attachant à la description d’un mode de vie en mutation, imposée par l’évènement initial. La thématique abordée dans ce chapitre est celle de « l’exclusion «. Après avoir évoqué les blessures de Gregor, qui, le faisant souffrir, l’empêche de s’alimenter normalement, le récit évoque deux désirs de Gregor, celui de manger, et celui d’être en contact avec quelqu’un de sa famille. Comment ces deux désirs parallèles trouvent-ils un accomplissement dans la mise en place d’un rituel, qui parachève la transformation de Gregor, et rend lisible au lecteur ses conditions de survie pour mieux s’attacher ensuite aux ralentissements communautaires d’une telle mutation ? Les deux résolutions s’effectuent à travers le récit qui décrit l’apprivoisement de sa nouvelle enveloppe par Gregor  ; mais l’ingestion de nourriture, symboliquement contact et lien avec l’autre, s’accomplit dans un retournement des valeurs qui instaure donc une recréation totale de ce rapport. Celui-ci se révèle hiérarchisé par la notion de dépendance qui s’exprime notamment dans l’instauration du rituel. Gregor, semblable au malade ou à l’handicapé que l’on isole, est peu à peu coupé du cercle familial et interné dans sa propre chambre. Nous pourrons rapprocher cette situation de celle vécue par les personnes âgées, lorsqu’une fois devenues dépendantes, certains enfants se sentent investis de la mission de s’occuper d’eux, et inverse la relation initiale. Ils deviennent de facto les « parents « de leur parent. Il en est de même dans la relation soignant/soigné, où la notion de dépendance s’inscrit dans la relation. Quant au handicapé, il connait de grandes difficultés à son insertion dans la communauté active. Il est bien souvent « relégué « à un état « d’assisté « bénéficiant d’un statut particulier et d’aides financières lui permettant juste de survivre. Quel regard porte t-on sur le vieux, l’être faible, l’handicapé, le malade, le dépendant ? Cette expérience nous permettra également d’étudier les différentes situations conduisant à la relégation de l’individu, à l’état d’être « dépendant «, cette relation à l’autre, qui ne permet pas toujours d’être à l’écoute et d’oublier que l’humain a besoin de liens, social et affectif, sans lesquels il perd le gout de la vie. Les proches de Gregor commencent insensiblement par l’isoler ; sa sœur Grete qui seule, se montre tout d’abord affectée et sensible (c’est elle qui se charge de l’alimenter), prendra peu à peu ses distances. Les tentatives de Gregor pour renouer avec les siens, seront immanquablement ponctuées d’une agression physique et d’un enfermement. Ce deuxième chapitre se termine comme le précédent par un acte de violence, la lapidation de Gregor par le père à coup de pommes. Chapitre 3 : La métamorphose du héros, l’enferme dans une solitude irrémédiable, toute communication lui étant devenue impossible. Il cherche pourtant le contact avec les membres de sa famille, mais il est devenu pour eux un objet de dégout ; sa transformation interdit toute compassion, Gregor est celui qui ne peut plus être aimé, il finira par mourir délivrant ainsi sa famille du fardeau qu’il est devenu. Ce dernier chapitre, pousse à son terme la dynamique de l’exclusion. Les facultés physiques et sensorielles du héros s’altèrent au point qu’il ne parle plus, ne voit plus, n’entend plus, ne bouge plus. Il est devenu l’être infâme dont il faut se débarrasser ; il n’est plus seulement l’étranger, ou le malade que l’on isole, mais le monstre qui doit disparaitre pour permettre à la famille de retrouver la quiétude et la sérénité. La sœur Grete sonne le glas en verbalisant ce que tous pensent : « il faut qu’il s’en aille père «….  « Il n’y a pas d’autre moyen « ……….. « Il est impossible de faire cohabiter des êtres humains avec un tel animal « (p.110) Sans espoir, Gregor se laisse mourir. La famille enfin libérée, va enfin pouvoir envisager un nouvel avenir. On ne saurait prétendre que le héros a perdu toute humanité, son acte ultime, son sacrifice est en lui-même la preuve que l’humain a continué de vivre en l’infâme insecte qu’il était devenu. Mais, du regard d’autrui, qui situe la métamorphose sur le plan social, on ne tarde pas à passer, au regard sur soi, qui va faire de la métamorphose une véritable expérience intérieure. Se métamorphoser, ne serait-ce pas en effet, selon la célèbre formule de Nietzsche, « devenir ce que l’on est «, pour le meilleur ou pour le pire ? Libération ou aliénation, révolte ou folie, la métamorphose « moderne « apparaît alors comme l’expression immédiate, concrète, physique, matérielle, de nos « moi « multiples et souvent conflictuels, la manifestation, l’extériorisation, l’incarnation directe et littérale de nos pulsions refoulées. Le cas de Docteur Jekyll et Mister Hyde Comme si nous nous trouvions moins en présence d’une transformation que d’une révélation. Et si on ne se métamorphosait jamais qu’en soi-même ? À l’image de ce qu’elle désigne, la notion de métamorphose est insaisissable, elle échappe sinon à toute définition – un « changement de forme «, selon l’étymologie (du grec méta- : « au milieu «, « à la suite de «, d’où « changement «, et morphê : « la forme «) –, du moins à toute circonscription. La graine se change en fleur, l’œuf fécondé en être vivant, le galet en sable, l’enfant en adulte, le jour en nuit, la vie en mort, et ainsi de suite à l’infini…..(Guy Belzanne- article- le mythe de la métamorphose). Nos expériences dans le domaine de la gériatrie, nous amènerons à réfléchir sur le vécu des personnes en institutions, qui isolées de ce qu’ils on toujours connu, se trouvent face à leur propre métamorphose, et parfois même étrangers à eux-mêmes lorsqu’atteints de la maladie d’Alzheimer, ils ne reconnaissent plus leur propre visage.

 

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« Il était clair que Kafka n'en avait plus pour longtemps, il fut intégré au sanatorium de Kerling près de Vienne, où ilmourut le 3 juin 1924, Dora Diamant à ses côtés.

Son corps ut ramené à Prague où il fut enterré le 11 juin aucimetière juif Zizov.Kafka considérait l'écriture comme une nécessité profondément intime, comme s'il s'agissait pour lui « d'une activitéatroce », qui impliquait une « ouverture de soi totale du corps et de l'âme ».

Il parlait « d'une mer gelée en lui-même » ; un livre devait être « la hache » avec laquelle « ouvrir » cette mer.Kafka rédigea toutes ses œuvres en allemand.

Il n'a publié durant sa vie, que de courts récits et des articles dansdes revues, ainsi que la nouvelle « La Métamorphose » ; donc une toute petite partie de son œuvre.

Parmi sesgrands romans, « Le Château » et « L'Amérique », ne furent jamais terminés.Avant sa mort, Kafka chargea son ami et exécuteur testamentaire Max Brod, de détruire tous ses manuscrits.Cependant Brod vit dans l'indication de son ami que lui seul devait exécuter ce « jugement » et donc une« permission » de ne pas le faire.

Par contre l'écrivain lui-même a détruit ou fait brûler par Dora, divers manuscrits,parmi lesquels un grand nombre de récits et au moins une pièce de théâtre.En ce qui concerne les manuscrits que Brod n'eut pas en mains avant la guerre, la Gestapo se chargea de satisfaireles dernières volontés de Kafka, début 1933.On a coutume de dire d'une œuvre, d'une situation, ou d'un récit, qu'ils sont « kafkaïens » lorsque l'univers qu'ilsdépeignent dénote la confusion, l'étrangeté, lorsqu'ils contiennent une part d'inexplicable qui ne semble pourtant pasremise en question.

Si le nom de l'écrivain a ainsi été transformé en adjectif, c'est qu'en effet, toute son œuvre esttraversée par ces caractéristiques, souvent associées à la peinture de l'individu des temps modernes, montrécomme prisonnier de contingences qui le dépassent. II/ LES ŒUVRES DE FRANZ KAFKA 1912 : daté de 1913 mais paru fin 1912, Regard (Betrachtung), Leipzig, Ernst Rowohlt, 99 p.

(réédité en 1915).1913 : Le Soutier (Der Heizer.

Ein Fragment), Leipzig, Kurt Wolff, 47 p.

(réédité en 1916 et 1917-1918).1915 : La Métamorphose (Die Verwandlung), Kurt Wolff, 73 p.

(réédité en 1915 et 1918).1913 : Le Verdict (Das Urteil), Kurt Wolff, 29 p.

(réédité en 1916 et 1920).1919 : La Colonie pénitentiaire (In der Strafkolonie), Kurt Wolff, 71 p.1919 : Un médecin de campagne (Ein Landarzt.

Kleine Erzählungen), Kurt Wolff, 189 p.1924 : Un champion de jeûne (Ein Hungerkünstler.

Vier Geschichten), Berlin, Die Schmiede, 86 p. Œuvres publiées après sa mort :1925 : Le Procès (Der Prozeß)1926 : Le Château (Das Schloß)1927 : L'Amérique (Amerika) (bien que publié plus tard, il a été écrit avant Le Procès et Le Château)1931 : Le Terrier (Der Bau)2009 : Cahiers in octavo (1916-1918) III/ PREAMBULE : Le sujet de mes recherches ayant pour objet les effets du vieillissement du visage au fil du temps, et de ce que cestransformations induisent pour les individus sur le plan émotionnel, il m'est revenu à l'esprit le comportementparticulier d'une résidante qui refusait que les soignants l'approchent.

Elle avait adopté une attitude de rejet faceaux tentatives d'approche des aides soignantes qui tentaient de lui apporter de l'aide lors de la toilette du matin ; levocabulaire qu'elle employait pour parler de son corps a plongé la totalité des intervenants dans la perplexité.

Eneffet, elle n'avait plus d'ongles mais des griffes, sa chambre était devenue sa niche, elle ne mangeait plus qu'avecses doigts refusant d'utiliser les couverts mis à sa disposition et se tenait repliée sur elle-même dans une positionpresque fœtale.Le thème de la métamorphose abordé dans l'ouvrage de Franz KAFKA, me semble pouvoir éclairer différentesquestions soulevées par ce comportement, que je souhaite traiter ici.1/ les temps sociaux2/ la métamorphose : le regard sur soi-même / le regard des autres3/ la violence perçue dans le regard de l'autre4/ l'humanité masquée derrière l'apparence IV/ RESUME DE L'OEUVRE La métamorphose relate la vie d'un jeune homme, Gregor Samsa, vivant dans l'appartement familial, qui se réveille unmatin transformé en un « monstrueux insecte ».

Victime de cette transformation, Gregor Samsa est peu à peu excludu cercle familial.

Alors qu'avant sa métamorphose, il était celui qui entretenait sa famille il devient celui dont il fauts'occuper, l'être dépendant qui ne peut plus s'occuper de lui-même ; il sera peu à peu rejeté des membres de safamille pour mourir dans l'indifférence de son entourage qui profite de son décès pour s'adonner au plaisir d'unepartie de campagne, aux abords de la ville. V/ ETUDE DE LA METAMORPHOSE. »

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