FICHE DE LECTURE, EPICURE, LETTRE A MENECEE
Publié le 16/01/2013
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EPICURE Epicure est un philosophe grec né sur l'île de Samos en 341 avant notre ère, de parents athéniens. Il vécut à Athènes à partir de 306 et il y mourut en 270. Prétendant n'avoir pas eu d'autre maître que lui-même, il a en réalité recueilli les pensées du fondateur de l'atomisme : Démocrite d'Abdère. S'initiant à la philosophie dès l'âge de douze ans, il se révolta à vingt ans contre l'idéologie platonicienne, alors dominante et fonda, après plusieurs années d'enseignement dans plusieurs cités, son école portant le nom de « jardin «, et ouverte à tous, au moment où l'hégémonie intellectuelle du Lycée fondé par Aristote commence à être remise en cause. Epicure est ainsi un des principaux acteurs du renouveau philosophique athénien. A partir de son nom, naît le concept « d'épicurisme « qui, contrairement à cet increvable cliché du pourceau d'Epicure qu'est l'homme plongé uniquement dans les jouissances des sens, vautré dans la débauche, désigne une philosophie du plaisir, atomiste et matérialiste du dépassement de la douleur de l'homme par immersion du corps dans la sérénité de l'âme qu'il élabore. L'épicurisme n'est donc en rien une morale qui vise la recherche effrénée du plaisir, et, la souffrance transcendée, est un tremplin dans la quête d'un bonheur indicible car transcendant. Epicure était le penseur à abattre, qui n'a cessé de ressusciter, en ce que sa philosophie fut pendant des siècles, interdite, éradiquée, et qui valut à ses adeptes présumés parfois le bûcher mais qui au final, est resurgie victorieuse après des périodes d'excommunication. Il est le précurseur d'innombrables modernités philosophiques et scientifiques dont on peut citer la fameuse « loi d'inertie « formulée par Galilée. RESUME DE LETTRE A MENECEE Parmi les trois Lettres rédigées par Epicure, celle adressée à Ménécée, son disciple, traite de la conduite de la vie, de la vision de la morale épicurienne. Pour le jeune disciple, cette lettre est la garantie d'avoir toujours à l'esprit les principes de la doctrine enseignée par son maître, et de pouvoir agir et réfléchir conformément à ce dernier. Dans cette Lettre, à la question « qu'est ce que le bonheur ? «, Epicure répond, le plaisir. En effet la morale épicurienne est un hédonisme, c'est-à-dire la doctrine qui place la recherche du plaisir au centre de tout. Tout d'abord, Epicure insiste sur la nécessité de philosopher, afin d' « assurer la santé de l'âme «. Il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour méditer sur les modalités de son propre bonheur, un état que chaque homme recherche. La philosophie est en quelque sorte la médecine de l'âme ; elle a une réelle fonction thérapeutique, libère et apaise ce qui fait qu'elle peut aujourd'hui être assimilée à la psychiatrie. En donnant accès à la vérité et en permettant la maîtrise des désirs, elle permet ainsi de préserver le plaisir même d'exister. Par la suite, Epicure délivre ses recommandations à Ménécée qui devraient lui permettre de vivre simplement, dans le bonheur et d'éviter le mal enraciné dans la condition humaine. Il s'agit de quatre remèdes, issus du tetrapharmakos épicurien : 1. Les Dieux ne sont pas à craindre, 2. La mort n'est pas à craindre, 3. Le bien est facile à obtenir, 4. Et le mal est facile à supporter. Concernant les Dieux, Epicure remarque que les hommes face au divin ont peur. Ils redoutent les dieux qu'ils considèrent tous puissants et capables d'orchestrer des phénomènes naturels, y compris leur vie comme leur mort. Or, en étant des vivants immortels et bienheureux, c'est-à-dire n'ayant pas la même nature que les hommes, ils ne peuvent intervenir dans la vie de ces derniers. Epicure impose ici, une vision rationnelle de la nature très marginale chez les Grecs, en voulant démythifier des dieux, qui doivent rester seulement pour les mortels, des modèles de perfection. En bref, rien ne nous délivre plus sûrement de la crainte des dieux que la compréhension des phénomènes culturels. Leur désacralisation. La mort n'est pas à craindre et respecter ce souhait épicurien relève de la sagesse. Dans sa volonté de démystification, de dénonciation des superstitions, Epicure explique que la mort ne nous concerne pas tant que l'on vit ; elle n'est pas là et que lorsque l'on cesse de vivre, cela n'a plus d'importance. Avant d'opérer une classification des désirs, Epicure affirme que l'avenir ne nous appartient pas, mais qu'il n'est pas non plus hors de notre portée et s'attarde sur la notion de plaisir. Si les sensations sont le critère des connaissances et de la morale, le plaisir défini comme un bien à court terme est une nécessité au bonheur, c'est-à-dire la santé du corps et l'ataraxie de l'âme (profonde quiétude, découlant de l'absence de tout trouble ou douleur), à condition d'en rester maître. Pour finir, d'une part on peut supporter la douleur en ce que les plaisirs et les peines doivent toujours être estimés à leur juste valeur et d'autre part, on peut atteindre le bonheur ; Le souverain bien est un plaisir dûment réglé et capable d'apaiser notre âme. En bref, le bonheur selon Epicure réside dans l'accès au savoir, la maîtrise des passions corporelles et l'intellectualisation du plaisir par la philosophie, sans négliger les relations amicales. CITATIONS « Accoutume-toi à considérer que la mort n'est rien pour nous « ->Epicure veut nous dire que la mort ne nous concerne en rien physiquement. Puisqu'elle ne peut pas nous affecter matériellement, on ne peut en souffrir. La mort n'est pas non plus à craindre, en ce que les hommes sont mortels et qu'ils n'assistent pas à leur propre mort. Elle est absence de sensation chez le philosophe. Or la sensation est le critère incontestable de notre existence personnelle, de la vérité. Elle appartient à la fois à l'âme et au corps et est donc le signe que notre âme est capable de centraliser les informations sensorielles et nos états intérieurs conscients. On retrouve là, le caractère atomiste de la philosophie d'Epicure qui considère que même l'âme est un corps d'atomes. Cependant, il est important, vivant, d'être capable d'expliquer que la mort ne nous affecte pas dans notre existence physique personnelle, ce qui encourage une fois de plus, la méditation. « Et de même qu'il ne choisit nullement la nourriture la plus abondante mais la plus agréable, il ne cherche pas non plus à jouir du moment le plus long, mais du plus agréable « ->Il faut savoir imposer des limites à ses propres désirs, qu'il s'agisse des limites de la vie ou du plaisir. Ce qui est bon, est ce qui est limité et donc accessible. Inversement, si ce qui est bon devient illimité c'est-à-dire non fixé par un terme que l'on peut atteindre, notre jugement est altéré. Epicure prend ici l'exemple de l'abondance de nourriture, et de la longévité de la vie et affirme qu'au contraire, il faut savoir vivre de peu. Une nourriture simple et non luxueuse convient pour maintenir un homme en bonne santé, pour le laisser se charger des choses importantes de la vie, pour rendre en quelque sorte son plaisir, décuplé quand il se repenchera sur la nourriture luxueuse après des instants de frugalité.Ce qui engendre la vie heureuse est la sagesse, la prudence et la qualité du plaisir ne dépend pas de sa quantité. « Il faut en outre établir par analogie que, parmi les désirs, les uns sont naturels, les autres sans fondement et que, parmi ceux qui sont naturels, les uns sont nécessaires et les autres naturels seulement.« -> Epicure entend étudier les désirs et identifier ce qu'ils ont de commun et ce en quoi ils diffèrent. Quand le philosophe distingue les termes de « naturels « et de « sans fondement « ; donc vides, il suggère une classification des désirs comme on classe les choses. En effet, les choses peuvent avoir une existence naturelle et concerner des réalités du corps comme les atomes par exemple. En dehors de cette caractéristique se trouve le vide. Ainsi, des désirs, sont soit consistants en jouant un véritable rôle d'équilibre dans la nature, soit sont vides, sans fondement. Concernant les désirs naturels, il convient de dissocier les désirs nécessaires à la survie de l'espèce, relevant principalement de la satisfaction des besoins primaires, ou au bonheur (la philosophie, l'amitié), des désirs qui ne sont nécessaires ni à l'une ni à l'autre. Les désirs naturels et nécessaires sont les seuls auxquels on peut se livrer Cette rigoureuse nomenclature des désirs par Epicure sert le calcul des plaisirs et des peines. Le plaisir est à ce sujet le véritable critère de discrimination entre les désirs. MON POINT DE VUE Lettre à Ménécée est un ouvrage intéressant, plus que jamais actuel en ces temps d'éventuelle crise des valeurs. Court et accessible, cet ouvrage phare de la pensée épicurienne, séduit par sa simplicité, sa volonté de livrer une vision du chemin à emprunter pour trouver la tranquillité de l'âme. On retient principalement qu'il n'est de plaisir que nécessaire au bonheur, qu'il faut choisir de vivre sans trouble (ataraxie), refuser les plaisirs futiles et les aspirations vaines afin de ne pas se consumer en épuisants désirs que sont ceux du pouvoir, de la richesse et de la gloire. Et ainsi, Lettre à Ménécée ravive la pensée antique, grecque qui met l'accent sur la réflexivité et non la spontanéité, caractéristique de notre société de consommation et de captation. Cela me permet de réfléchir quant aux différents sens du terme de « plaisir « et donc de « bonheur «.
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