fiche de lecture Eloge de L'ombre de Peter Brook
Publié le 02/02/2012
Extrait du document
Peter Brook
L’espace vide
Metteur en scène britannique, installé depuis plus de 40 ans aux Bouffes du Nord à Paris, Peter Brook a été l’un des instigateurs de l’évolution du théâtre occidental. Dans « L’Espace Vide », il classifie les diverses approches de la mise en scène et du jeu d’acteurs et plaide pour leur permanente remise en cause libératrice et créative.
Il distingue trois grands types de théâtre historiques :
-le théâtre qu’il juge « mortel », car conventionnel, figé, impersonnel, qui recherche et peut rencontrer le succès grand public mais ne laisse pas de trace chez le spectateur ni dans la société. En ce sens il est « sans vie ».
-le théâtre qu’il qualifie de « sacré » car il inspire, révèle l’invisible. Il s’adresse aux impulsions cachées de l’homme et transmets un message intellectuel, philosophique, politique ou mystique qui touche l’esprit du spectateur, le fait réfléchir.
-le théâtre dit « brut », inspiré du naturel, de la vie courante. Il traite des actions concrètes des hommes, admet la perversité et le rire. Il est terre à terre, direct, peut se contenter d’une scène de fortune et la transformer en un lieu de rencontre extraordinaire.
Peter Brooke plaide pour une synthèse des théâtres sacré et brut, qu’il appelle théâtre « vivant » ou encore « immédiat » qui se réinvente en permanence. Son modèle est largement inspiré de Shakespeare qui, sachant combien l’homme peine à côtoyer l’absolu, nous ramène régulièrement sur terre, dans le réel. Peter Brook fait également référence à Brecht qui, malgré son engagement politique et social insistait que le théâtre doit être « naïf » et parlait également d’élégance et de divertissement.
Ainsi le théâtre « vivant » ne doit pas être enfermé dans un modèle répétitif mais évoluer constamment. Il doit donner l’illusion d’une tranche de vie et maintenir ainsi l’acuité de l’imagination des spectateurs. Chaque représentation doit devenir une rencontre unique, éphémère mais marquante et inspirante entre un auteur, un metteur en scène et un public. C’est la confrontation du public qui achève l’œuvre créative, qui transforme une « répétition théâtrale » en « représentation ».
Ces points de vue peuvent s’appliquer à la création architecturale. Même inspirée du patrimoine historique et contemporain, chaque création doit être unique. Par ailleurs ce sont ceux qui la côtoient, qui l’utilisent qui transforment l’objet en une œuvre « vivante ». De même qu’une représentation théâtrale remplit le « vide » d’une scène, une œuvre architecturale remplit et fait « vivre » un espace vide.
L’architecte ne doit pas « s‘enfermer dans sa tour d’ivoire » mais se projeter dans l’environnement futur de sa création, imaginer la « confrontation » de son œuvre et de ceux qui la regarderont, la vivront. L’architecte doit donc anticiper la constante évolution de la société, évolution dont il est à la fois auteur, acteur et « metteur en scène ». Passionnante responsabilité !
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