Fianarantsoa

« Alexander Pope .

Ph oto Roger-Vio llet.

Alexand er Po pe (1688-1744) , né à L ondre s dans une fa­ mille d e la bourgeo i­ sie aisée ,fut tout e sa v ie hant é par un as­ p ec t physique disgra­ ci eux et dut souffrir l es fé ro ce s raille ries d e c ritiqu es enn emis.

Brillant écrivain , d éli c at et raffiné , amateur de litt érature fran çais e, il c omp en­ sa son handi c ap en m enant une c arri ère litt é rair e plein e de su cc ès.

(Sa tradu c tion d e /'IIi ade , no tam­ m ent , lui permit d'as­ s ure r son ind ép en­ d a nce finan cière ,fait rar e à l'ép oqu e pour un écrivain .) Le livre Une histoire vraie A l'origine de ce long poème en cinq chants, il y a une anecdote authentique et amusante : lord Peter dérobe à son insu une mèche de cheveux à une belle élégante , Arabella Fermor.

Comme il refuse de rendre son larcin , leur s deux familles se brouillent.

Caryll, secrétaire de la reine Marie de Modène , propose à Pope, alors âgé de 25 ans, d'écrire un poème sur le sujet afin de l es réconcilier.

Dans le pbème, Bélinde, beauté frivole, admire sa parure dans son boudoir.

Laissant son imagination galoper, Pope évoque les nymphes, la nature , l'amour , l'eau , tout l'arsenal de l'esthétique rococo.

C'est lors d'une réunion dans un salon à la mode qu'a lieu ce qui apparaît comme un crime : dans un geste prémédité , le jeune homme coupe à 1 'aide de ciseaux une boucle de la chevelure tant convoitée, provoquant une vive querelle.

La dispute ne s 'achèvera que par la métamorphose de la boucle en une nouvelle étoile.

Une féerie au style inégalé 0 n a pu rattacher cette œuvre au genre du poème héroï­ comique, bien que l'élégance du style lui confère une grâce lyrique qui annonce déjà le romantisme.

C'est ainsi que La Boucle dérobée effectue une synthèse de genres.

Elle emprunte au registre du fantastique du théâtre shakespearien les sylphes et les gnomes , tout en utilisant des formes héritées de la tradition française , notarnrnent du Lutrin de Boileau dont Pope s'est très visiblement inspiré.

Le rythme du poème est parfait, extrêmement régulier et d'une harmonie remarquable .

Tout en restant très concis , l'auteur donne à ses vers une douceur lumineuse qui les estompe, les rend aériens.

Ici, ni raillerie, ni violence , que pourtant le sujet était en droit d'appeler, mais une recherche constante de beauté qui tend à la perfection.. »