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Faut-il vouloir le bonheur ?

Publié le 20/01/2011

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Faut-il vouloir le bonheur ? Et pourquoi faudrait-il ne pas le vouloir ? La pensée commune s'accorde à dire que la recherche du bonheur est un but naturel auquel tout homme aspire. L'homme se met naturellement à la recherche du bonheur car celui-ci apparaît comme étant son essence même. Chaque homme poursuit un but dans la vie, et chacun de ces buts, tels que l'argent, l'amour, le pouvoir ou bien la gloire, lui permet de tendre vers le bonheur. La question: "Faut-il vouloir le bonheur ?" pourrait donc être reformulée: l'homme peut-il vivre sans chercher le bonheur ?

Pourtant se demander s'il faut vouloir le bonheur, c'est implicitement chercher à savoir : à qui s'adresse ce bonheur ? N'y a-t-il alors qu'une seule forme de bonheur ?

Dans un premier temps, nous chercherons à savoir si le bonheur est inhérent à l'homme. Puis, ensuite, nous nous poserons la question : mais à qui s'adresse cette recherche de bonheur ? Enfin, nous nous pencherons sur : peut-on vouloir le bonheur d'autrui ?

 

Le bonheur est l'état de complète satisfaction de tous les penchants humains. Il se distingue, par sa persistance dans le temps, du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier.

Le bonheur est un objet de recherche perpétuelle pour l'homme. D'après les morales eudémonistes, c'est-à-dire les morales qui font du bonheur le Souverain Bien, le bonheur est la fin de l'action humaine, L'Homme ne connaît de but suprême que celui d'accéder à ce bonheur. Vouloir le bonheur semble être un but universel.

Comme Aristote le dit dans son Éthique à Nicomaque : « le bonheur est le (...) bien le plus précieux, le plus beau et le plus agréable, en tant qu'il est le but ultime de toutes les actions de l'homme.« Le bonheur apparaît bien comme l'unique fin à laquelle l'homme aspire et peut aspirer. Selon l'auteur, toutes les actions entreprises par l'homme sont orientées vers la finalité de la découverte du bonheur.

Cependant, il apparaît en même temps que tous les hommes n'ont pas la même définition du bonheur. Il existe donc plusieurs « bonheurs «, ou plutôt formes de bonheur, quasiment autant que d'être humains sur terre. Toutes ces formes de bonheur humain tendent vers un bonheur suprême et inaccessible, le Bonheur. Même si la recherche du bonheur est universelle nous dirons que c'est l'essence de l'homme, elle n'entraîne pas l'existence d'un bonheur unique. Le bonheur peut prendre différentes significations en fonction de la culture, du pays et du courant de pensée.

Nous savons que chaque homme recherche le bonheur, que le bonheur est l'essence même de l’homme et que cette notion est inscrite en lui. Cependant, nous pouvons nous interroger sur le destinataire de ce bonheur Faut-il privilégier un bonheur collectif, ou bien rechercher son bonheur personnel ?

 

Faut-il le bonheur ? Oui, mais pour qui ? En effet, se pose une nouvelle question: bonheur personnel ou collectif ? Pour les philosophes des Lumières, la réponse ne fait aucun doute: le bonheur n'est envisageable que tant qu'il profite à l’humanité toute entière, ce qui exclut la notion de bonheur individualiste. Il est vrai que nous pouvons nous demander si le bonheur collectif n'est plus profitable et surtout plus moral que le bonheur personnel, qui peut vite devenir égoïste. Chacun de nous conviendra que le bonheur collectif dans lequel chacun serait heureux correspondrait au Bien suprême. Cependant, le bonheur collectif est impossible à mettre en place en tenant compte des désirs de chacun. Cela mène obligatoirement à une uniformisation du bonheur qui supprime le caractère individuel du bonheur et entraîne des dérives totalitaires, comme le communiste.

Selon Alain, dans Propos sur le bonheur, « II est vrai que nous devons penser au bonheur d'autrui ; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux «. Alain émet l'hypothèse que le bonheur des autres peut parfois passer par son propre bonheur. Même s'il est, évidemment, moralement bien de se préoccuper du bonheur des autres, parfois, il est aussi fructueux de penser à son bonheur personnel. En effet, lorsque nous sommes heureux, nous communiquons souvent ce bonheur aux gens qui nous entourent, leur procurant aussi un « relatif « bonheur. Le bonheur personnel peut donc engendrer un effet collectif, bien que celui-ci soit limité. La recherche du bonheur prend alors un autre sens : si nous ne voulons pas le bonheur pour nous, au moins essayons-nous de l'atteindre pour les autres.

Mais pour essayer de faire le bonheur des autres, encore faut-il connaître ce à quoi ils aspirent. En effet, nous avons dit précédemment que le bonheur était en fait constitué d'une multitude de formes de bonheur, propres à chaque individu. Si nous ne voulons pas tomber dans des dérives d'uniformisation, il est donc important de connaître et de prendre en compte les aspirations de chacun. Mais comment est-il possible de connaître et de comprendre vers quel but tend un individu lorsque chacun d'entre nous possède sa propre définition du bonheur?

Faut-il le bonheur des autres? Oui, mais à condition de le connaître. Et c'est là que se pose le problème. Comment comprendre et interpréter les désirs d'autrui, afin de lui permettre d'accéder au bonheur? Nous sommes tous à la recherche du bonheur, mais nous ne recherchons pas la même chose et nous n'empruntons pas les mêmes chemins. De plus, il est souvent difficile, voire impossible, pour un homme de pouvoir clairement définir sa vision personnelle du bonheur et de même réellement savoir à quoi il aspire. Selon Kant dans Les Fondements de la métaphysique des mœurs, « le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il veut et désire... Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination. «

De plus, la recherche du bonheur peut parfois entraîner des conflits. Lorsqu'on recherche le bonheur de quelqu'un, il y a toujours le risque que l'on empiète sur le bonheur d'autrui. De même, cela vaut-il la peine de vouloir chercher le bonheur de personnes que nous ne connaissons pas et qui ne sauront, peut-être jamais, que nous les avons aidées? La question est alors d'ordre moral. Nous savons que le bonheur est littéralement dû au hasard et qu il n'est influencé, en rien, par la volonté. I1 semble alors que la recherche du bonheur d'autrui réside plus dans à entreprendre que dans le but à atteindre.

 

Si le sujet de la recherche du bonheur semble à première vue évident,  il  s'avère  en réalité  beaucoup plus compliqué  qu'il n'y paraît. En effet, l'opinion commune s'accorde à dire que le bonheur est   une  fin  essentielle  et   noble  de  l'homme.   Cependant,   nous percevons   que   cette   volonté   de   trouver   le   bonheur   n'est   pas exempte de difficultés. Après réflexion, il apparaît que l'homme ne peut entreprendre cette recherche sans avoir pris, au préalable, un minimum de précautions. Malgré le caractère naturel de l'entreprise, essentielle même pourrait-on dire puisque il nous est apparu qu’il faisait parti de l’essence de l’homme que de vouloir le bonheur, nous nous trouvons confrontés à des problèmes d'ordre moral tels que le choix entre un bonheur commun et un bonheur  égoïste mais aussi aux limites qui s'imposent à la recherche du bonheur.

Nous ne pouvons donc clairement répondre à la question « faut-il vouloir le bonheur ? « car, enfin, ne devons-nous pas nous demander si le bonheur est quantifiable ? Combien de petites joies ou de plaisirs simples faut-il pour accéder au bonheur ? Ou bien le bonheur est-il plutôt un état ? Que faut-il alors pour l'atteindre ?

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