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Faut-il renoncer À la recherche de l’absolu ?

Publié le 20/12/2012

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Faut-il renoncer À la recherche de l’absolu ?       Le mythe d’Icare raconte l’histoire d’Icare, dont le père lui a fabriqué des ailes et les a fixées avec de la cire sur ses épaules. Il met en garde son fils, lui interdisant de s'approcher trop près de la mer, à cause de l'humidité, et du soleil, à cause de la chaleur. Mais Icare, grisé par le vol, oublie l'interdit et prenant trop d'altitude, la chaleur fait fondre progressivement la cire. Ses ailes finissent par le trahir et il meurt précipité dans la mer. Image d’un homme qui désirait une chose insaisissable, au dessus de ses moyens, Icare représente l’Homme qui recherche l’absolu mais qui se retrouve sans cesse confronté à l’impossibilité de son atteinte. Le sujet pose la question : Faut-il renoncer à la recherche de l’absolu ? Dès le départ, sa formulation pose problème. En effet, l’absolu est employé au singulier, le « l « apostrophe est en contradiction, l’absolu est ce qui tient soi-même, ce qui existe en soi. Le sujet semble donc une aporie. On se rend compte que la recherche de l’absolu est vaine. Alors pourquoi vouloir le rechercher quand même ? Est-ce une sorte de « masochisme « de l’homme ? Mais si l’homme renonce à la recherche de l’absolu, cela signifie-t-il qu’il ne veut pas affronter les difficultés et qu’il abandonne ?  Dans ce cas, pourquoi la recherche de l’absolu est-elle nécessaire à l’Homme ?     ✦✦✦       Tout d’abord, il peut paraître vain de rechercher l’absolu. En effet, selon sa définition, l’absolu semble insaisissable. L’absolu n’admet pas de restriction ou d’exception, c’est un phénomène total et clos. A l’image d’un pouvoir absolu, qui s’exercerait sans partage ou bien d’amour absolu, c’est-à-dire un amour qui serait exclusif et inconditionnel, l’absolu, selon son étymologie latine signifie une chose achevée, parfaite. Lorsque l’on emploie ce terme en métaphysique, l’absolu désigne tout ce qui n’existe pas en soi et pour soi, l’absolu renvoie nécessairement à autre chose que lui même. C’est pour cela qu’il n’existe pas de distance absolue, puisqu’une distance est toujours et déjà relative à une autre. Ainsi, l’absolu est l’indéterminé, il échappe à toute définition. Il est donc nécessairement unique et se soustrait au discours et à tous les noms pour lesquels on voudrait le saisir. L’absolu admet une série infinie de négations : l’indéterminé, l’incomposé, l’informe, l’absolument inconnaissable. Selon Hegel, l’absolu est une appréhension négative et aporétique. L’absolu s’épuise, dans la contradiction de son propre objet. Donc, l’absolu, en lui-même, n’est rien, rien de ce qui est. L’être indéterminé est pur néant. Ainsi, selon cette définition métaphysique, on remarque bien la difficulté qu’ont les philosophes à expliquer le concept qui les tourmente depuis la naissance de la philosophie. L’absolu est une notion vaste, tellement que l’Homme semble trop « petit « pour pouvoir élucider son mystère. C’est en effet la thèse que soutient Pascal, penseur français du XVIIème siècle. Ainsi, dans son ouvrage Pensées, il compare l’Homme et le Monde et énonce : « Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes ; la fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable. « L’Homme est un être doté d’une conscience et de la perception, qualités qui doivent lui permettre de saisir le monde qui l’entoure. Cependant l’absolu n’est pas saisissable et sa qualité d’humain, de simple mortel, opposé au Dieu, l’être divin qui serait la substance parfaite et éternelle, qui n’a besoin de rien d’autre que soi pour être, l’empêche de saisir l’ampleur du concept. En outre, Pascal emploie l’adjectif « borné « pour qualifier l’Homme. L’Homme est donc comme prisonnier de son état d’Homme et il ne peut pas dépasser cela. L’Homme est donc un être trop vulnérable, et pas assez solide pour pouvoir dépasser la contrainte qui pèse sur son destin : celle du temps qui passe. De ce fait, Pascal lui-même écrira ceci «« Pourquoi ma connaissance est-elle bornée ? Ma taille ? Ma durée à cent ans plutôt qu’à mille ? Quelle raison a eue la nature de me la donner telle, et de choisir ce nombre plutôt qu’un autre, dans l’infinité desquels il n’y a pas plus de raison de choisir l’un que l’autre, rien ne tentant plus que l’autre ? «  Il s’interroge ainsi sur ce qui fait notre qualité d’être humain et mortel, et face à cela, l’absolu semble bel et bien trop vaste et infini pour pouvoir l’atteindre.   ✦     Malgré l’impossibilité de la définition et l’incapacité de l’homme à atteindre l’absolu, renoncer à la quête de l’absolu s’avère peu envisageable.   ✦     Renoncer à la recherche de l’absolu est peu envisageable en effet, car cela serait accepter la défaite et cela traduirait le pessimisme de l’Homme qui abandonne lorsque cela devient trop dur. Si l’on accepte de renoncer à la recherche de l’absolu, alors on se limite à une conception objective et relative du monde, on ne cherche pas au delà. L’Homme aurait alors un esprit encore plus borné. Cela serait le refus d’aller dans le fond des choses. Cela montrerait que l’Homme ne sait pas affronter la difficulté et préfère baisser les bras lorsque cela devient trop difficile, lorsque cela le pousse à s’investir, à se dépasser. Or, les philosophes n’ont jamais abandonné et depuis la naissance de la philosophie, tous tentent de définir ou d’atteindre l’absolu. La métaphysique étant la philosophie première et l’absolu l’un des questionnements les plus importants de la métaphysique, une question apparaît. Comment est-il possible, malgré toutes les contradictions qu’elle a subi, que la métaphysique subsiste ? Et par conséquent, l’absolu ayant été étudié mais son mystère jamais découvert, comment se fait-il que les hommes poursuivent sa recherche ? C’est ce que nous essayons de démontrer, et, malgré le fait que la recherche de l’absolu semble vaine, il serait peu envisageable d’y renoncer. En effet, renoncer à la recherche de l’absolu serait remettre en cause la philosophie et la métaphysique dans leur ensemble. "La philosophie est la science de l'absolu." Sachant cela, montrons que toutes les définitions donnent pour objet à la philosophie l'absolu. En effet, la première cause c'est l'être ou les êtres d'où vient toute la réalité. Le premier principe, c'est la loi la plus générale qui a présidé à ce développement. Rechercher la première cause et le premier principe, c'est rechercher le primitif, l'absolu, tant dans le monde de la connaissance que dans celui de l'existence. Or, dans le premier, quel est l'absolu? C'est l'esprit de l'homme. Dans le second? C'est Dieu. Toutes ces définitions viennent donc à celle-ci: La philosophie est la science de l'absolu. En revanche, malgré le fait que de nombreux philosophes aient échoué à la recherche de cet absolu, poursuivre la recherche est nécessaire pour l’Homme. Il permet ainsi de poursuivre le travail des philosophes et de peut-être un jour pouvoir l’atteindre. Cependant, atteindre l’absolu est-il un but en soi ?   ✦   Le renoncement paraît en effet peu envisageable, il est même fortement déconseillé pour l’Homme. A tel point que nous pouvons démontrer que la recherche de l’absolu est presque nécessaire pour l’Homme puisqu’elle permet son propre dépassement. ✦     La recherche de l’absolu est avant tout bénéfique pour l’Homme. Malgré les déceptions qu’elle peut engendrer, il est nécessaire de préciser que la recherche, l’étape qui devrait conduire l’homme à l’absolu, est plus importante en soi que la découverte. De facto, la recherche permet à l’Homme d’avoir un objectif, et il peut travailler toute sa vie pour atteindre cet objectif, si fou soit-il, c’est ce que peut être l’absolu : un objectif. Un objectif qui pousserait l’Homme au dessus de ses limites. C’est pour cela que nous pouvons affirmer que la recherche est plus importante que la découverte. Si l’Homme avait réussi à trouver cet absolu qui fascine tant, nous assisterions à une sorte d’ennui, au sens Pascalien du terme. Spinoza, philosophe néerlandais du XVIIème siècle, quant à lui, définit clairement son projet dès le premier paragraphe du Traité de la réforme de l'entendement. Il s'agit, après avoir constaté la relativité et la fragilité de tous les biens qu'il avait poursuivi jusque-là, « de rechercher s'il n'existerait pas un bien véritable qui soit en mesure de conférer par lui-même l'éternité d'une joie souveraine et parfaite «. C’est ce « bien véritable « qui constitue sur le plan éthique l’absolu que recherche le philosophe. Il s'agit d'un absolu puisqu'il ne dépendra pas des caprices ou des variations de l'opinion, et qu'il restera fermement établi en lui-même face aux critiques, à toutes les agressions. Ni éphémère, ni fragile, ni relatif, ce « bien véritable« sera « la béatitude « qui, serait idéalement, est chez Spinoza la fin suprême et ultime. Cette valeur est un absolu : elle ne dépend que d'elle-même, c'est-à-dire de la sagesse du philosophe. Mais trop souvent, l'expression évoque une tentative existentielle et morale, certes tenace mais totalement vaine et vouée à l'échec. La « recherche de l'absolu « honore (ou disqualifie) ceux qui l'entreprennent, mais elle reste vaine par essence car l'« absolu « est l'impossible même. Pour l'opinion, cette recherche de l'absolu reste utopiste, idéaliste, condamnée à l'échec. C’est précisément cet écueil que la philosophie de Spinoza sait éviter. La fin suprême que recherche son éthique est d'un accès difficile mais elle semble accessible. La philosophie de Spinoza n'est pas une utopie de l'absolu mais une morale réaliste de l'accès à l’absolu. C'est à l'intérieur de la Nature infinie, au cœur de l'humanité finie et déterminée, qu’il peut trouver les ressources à la réalisation de son projet et le lieu de cette réalisation. Ainsi, la philosophie spinoziste est une doctrine du possible. L’Ethique donne les conditions d'une réalisation de l'absolu, ces conditions étant ; la doctrine du Dieu-Nature et la nouvelle définition de la liberté comme autonomie et non comme libre-arbitre. La quête d'absolu nous conduit au-delà de nous-mêmes. Ce sont nos rêves, plus ou moins réalisés, qui font avancer le monde. Ce sont nos exigence, vis à vis de nous même ou vis à vis des autres qui impulsent le progrès humain. Cette recherche permet donc à l’homme de se dépasser, de sortir de ses vérités, d’appréhender le monde d’une différente façon. Pour Sartre, philosophe français du XXème siècle célèbre entre autre chose pour sa théorie de l’existentialisme, la recherche de l’absolu est nécessaire, notamment pour la création artistique. Ainsi, dans son chapitre sur « la recherche de l’absolu «, dans l’ouvrage Situations III, il évoque l’art de Giacometti, sculpteur qui avait l’habitude de détruire ses statues car jugées trop imparfaites, et déclare « Il faut aller aux limites et voir ce que l’on peut faire. Si l’entreprise devait mal finir, il serait impossible, dans le cas le plus favorable, de décider si cela signifie l’échec du sculpteur ou celui de la sculpture : d’autres viendraient, qui devraient recommencer. Giacometti lui-même recommence perpétuellement. Il ne s’agit pas cependant d’une progression infinie ; il y a un terme fixe qu’il faut atteindre, un problème unique qu’il faut résoudre : comment faire un homme avec de la pierre sans le pétrifier ? C’est tout ou rien : si le problème est résolu, le nombre des statues importe peu. « Que je sache seulement en faire une, dit Giacometti, et j’en pourrai faire mille… « Tant qu’il ne l’est pas, il n’y a pas de statues du tout, mais seulement des ébauches qui n’intéressent Giacometti qu’autant qu’elles le rapprochent de son but. Il brise tout et recommence encore. « Cet exemple permet à Sartre d’évoquer le problème de la recherche perpétuelle, ici Giacometti recherche la statue parfaite, qui saurait retranscrire le vivant de l’Homme. Il en est de même avec l’absolu, c’est cette recherche qui est primordiale, recommencer encore et encore jusqu’à progresser et se dépasser, être capable de faire ce dont on était incapable la veille. Car c’est peut-être ça, l’absolu, le moteur qui ferait avancer l’être humain et le pousserait à aller toujours plus loin.       ✦✦✦       Ainsi, doit-on poursuivre la recherche de l’absolu ? Nous serions tenté de répondre oui, car sa recherche permet le dépassement et la transcendance de l’Homme. De plus, avec la multiplication des recherches sur cet absolu, peut-être que la réponse n’est pas si loin. La recherche de l’absolu ne semble pas évidente, elle semble même inutile, voire vaine car la difficulté vient du fait de sa définition. Le renoncement à cette recherche paraît inacceptable, En outre, la poursuite de sa recherche est utile pour l’Homme.       ✦

« Tout d'abord, il peut paraître vain de rechercher l'absolu.

En effet, selon sa définition, l'absolu semble insaisissable.

L'absolu n'admet pas de restriction ou d'exception, c'est un phénomène total et clos.

A l'image d'un pouvoir absolu, qui s'exercerait sans partage ou bien d'amour absolu, c'est-à-dire un amour qui serait exclusif et inconditionnel, l'absolu, selon son étymologie latine signifie une chose achevée, parfaite.

Lorsque l'on emploie ce terme en métaphysique, l'absolu désigne tout ce qui n'existe pas en soi et pour soi, l'absolu renvoie nécessairement à autre chose que lui même.

C'est pour cela qu'il n'existe pas de distance absolue, puisqu'une distance est toujours et déjà relative à une autre.

Ainsi, l'absolu est l'indéterminé, il échappe à toute définition.

Il est donc nécessairement unique et se soustrait au discours et à tous les noms pour lesquels on voudrait le saisir.

L'absolu admet une série infinie de négations : l'indéterminé, l'incomposé, l'informe, l'absolument inconnaissable.

Selon Hegel, l'absolu est une appréhension négative et aporétique.

L'absolu s'épuise, dans la contradiction de son propre objet.

Donc, l'absolu, en lui-même, n'est rien, rien de ce qui est. L'être indéterminé est pur néant.

Ainsi, selon cette définition métaphysique, on remarque bien la difficulté qu'ont les philosophes à expliquer le concept qui les tourmente depuis la naissance de la philosophie. L'absolu est une notion vaste, tellement que l'Homme semble trop « petit » pour pouvoir élucider son mystère. C'est en effet la thèse que soutient Pascal, penseur français du XVIIème siècle.

Ainsi, dans son ouvrage Pensées, il compare l'Homme et le Monde et énonce : « Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes ; la fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable. » L'Homme est un être doté d'une conscience et de la perception, qualités qui doivent lui permettre de saisir le monde qui l'entoure.

Cependant l'absolu n'est pas saisissable et sa qualité d'humain, de simple mortel, opposé au Dieu, l'être divin qui serait la substance parfaite et éternelle, qui n'a besoin de rien d'autre que soi pour être, l'empêche de saisir l'ampleur du concept.

En outre, Pascal emploie l'adjectif « borné » pour qualifier l'Homme.

L'Homme est donc comme prisonnier de son état d'Homme et il ne peut pas dépasser cela.

L'Homme est donc un être trop vulnérable, et pas assez solide pour pouvoir dépasser la contrainte qui pèse sur son destin : celle du temps qui passe.

De ce fait, Pascal lui-même écrira ceci «« Pourquoi ma connaissance est-elle bornée ? Ma taille ? Ma durée à cent ans plutôt qu'à mille ? Quelle raison a eue la nature. »

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