Faut-il préférer le principe d'équité à celui d'égalité pour assurer la cohésion sociale dans notre société aujourd'hui ?
Publié le 06/12/2010
Extrait du document
L'équité est le principe modérateur du droit objectif (lois, règlements administratifs) selon lequel chacun peut prétendre à un traitement juste, égalitaire et raisonnable.
L’égalité devant la loi est le principe selon lequel tout individu doit être traité de la même façon par la loi. Lorsque les citoyens sont traités de manière égale, c’est qu’il sont traités de la même façon. Malheureusement, cette méthode n’amène pas tout le monde au même point. En effet, les individus sont différents les uns des autres, ils ne partent pas du même point de départ. Ainsi, traiter les gens de différentes manières afin de compenser les inégalités de positions initiales semble plus juste. C’est là où l’équité apparaît.
On se demandera donc s’il faut préférer le principe d’équité à celui d’égalité pour assurer la cohésion sociale dans notre société aujourd’hui ?
Nous étudierons dans un premier temps en quoi le principe d’équité est préférable à celui d’égalité, et enfin quand cette préférence s’inverse-t-elle.
Traiter les individus inégalement pour compléter les inégalités de départ paraît être le plus juste. En effet, comme nous le montre le document 1, écrit par Thomas Piketty, les individus ne peuvent pas être tenus responsables pour leurs inégalités de départ. On ne peut pas leur reprocher de ne pas avoir d’héritage culturel, capital et social. C’est pourquoi l’Etat se doit de venir en aide aux personnes qui sont victimes d’inégalités de départ. Ou bien « les personnes qui ne peuvent gagner leur vie « mentionné à la fin du document 6. On reconnaît donc ici l’utilité de l’équité pour assurer la cohésion sociale.
De même, comme nous le dit Louis Maurin dans le document 4 tiré d’Alternative économique, la discrimination positive (« donner d’avantage à ceux qui en ont le moins «) est une forme d’équité. En effet, offrir l’opportunité aux individus dans le besoin d’atteindre le même niveau de vie que les autres est ce qu’il y a de plus juste. On peut prendre l’exemple de la discrimination à l’embauche. On voit bien dans les tableaux du document 2 (source : INSEE) que le chômage frappe le plus les femmes, les jeunes (15-24 ans), les immigrés et les ouvriers. Ainsi, grâce à la discrimination positive, nous pouvons lutter contre ce phénomène de précarité face à l’emploi.
Comme nous l’avons dit, le principe d’équité consiste à aider les individus dans le besoin. Pour cela l’Etat peut aménager, construire des bâtiments ou bien les aider économiquement avec les prestations sociales. Le document 3, ayant pour source L’Observatoire national de la pauvreté, nous renseigne sur le nombre de ménages pauvres en France avant et après la prise en compte des prestations sociales. On s’aperçoit qu’après chaque prestation sociale, la proportion des ménages pauvres diminue, et ce de plus en plus. En effet, en 1970, la proportion a baissé de moins d’un tiers, tandis qu’à partir de 1984, la proportion diminue de plus de la moitié. Mais il faut savoir que ces données sont fondées sur les revenus fiscaux (qui ignorent l’essentiel des revenus du patrimoine) et qu’elles sous-estiment les taux de pauvretés dans des proportions inconnues.
Nous avons donc vu que le principe d’équité semble être juste et se caractérise par diverses actions.
Néanmoins, le principe d’égalité peut lui aussi se justifier. En effet, John Rawls, dans son ouvrage Théorie de la justice (1971) développe une thèse selon laquelle, l’adoption d’une mesure politique notamment en matière de répartition est juste même si elle accroît les inégalités, à partir du moment où la situation de l’individu le plus mal loti s’en trouve améliorée (ou, au pire, ne s’en trouve pas détériorée). Ainsi les riches peuvent s’enrichir du moment que les pauvres ne s’appauvrissent pas. Il tente de concilier le respect des libertés individuelles avec le souci d’éviter que la liberté économique ne produise des inégalités socialement insupportables.
Il souligne notamment l’idée que les individus ont tendance à intérioriser les inégalités parce qu’on leur avait laisser leur chance d’atteindre leurs buts, ainsi elles ne sont pas mal vécues.
L’approche libérale de la justice sociale nous montre que sans équité, une société peut être juste. En effet, le document 6 nous explique que l’approche libérale fonctionne selon une logique basée sur la liberté permanente dont dispose les participants à l’économie. Ainsi, la vision des inégalités semble beaucoup moins choquante : si une personne travaille dur et beaucoup durant sa vie accumule des capitaux, ce n’est pas dérangeant, et si une personne travaille peu ou pas n’obtient que peu ou pas d’argent, cette situation ne sera pas scandaleuse. La situation des individus résulte de leur choix, mais ils faut tout de même une mesure pour aider ceux qui ne peuvent gagner leur vie.
De plus, nous pouvons dire que les inégalités et la cohésion sociale peuvent aller ensemble. En effet, les inégalités entraînent la hausse du PIB et de la croissance, ainsi il y a une hausse des richesses étatiques, ce qui permet une hausse des aides, donc de la solidarité et enfin de cohésion sociale.
La discrimination positive a aussi des effets non désirés. En effet, elle peut une stigmatisation de ceux qui en bénéficient, et un sentiment de frustration pour ceux qui estiment avoir été injustement exclus. Enfin le principal problème de la discrimination positive est qu’elle ne traite pas les problèmes de fond, elle ne fait qu’effleurer la surface.
Enfin, nous comprenons que c’est normal si l'égalité n’est pas toujours juste, puisqu'il y a plusieurs sortes d'égalités, et qu'elles ne sont pas toujours compatibles entre elles (métaphore du 100 mètres). C’est pourquoi, lorsqu’on essaie d'atteindre une forme d'égalité, on est obligé de renoncer à une autre forme. Finalement le problème de l’égalité est lié à celui de la croissance. Veut-on une croissance rapide même s’il y a des inégalités qui l’accompagnent ou une diminution des inégalités lié à un risque d’un ralentissement de la croissance ?
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- Qui ne voit que la cohésion sociale est due, en grande partie, à la nécessité pour une société de se défendre contre d'autres, et que c'est d'abord contre tous les autres hommes qu'on aime les hommes avec lesquels on vit ?
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