Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?
Publié le 13/08/2010
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Un sujet qui peut paraître difficile mais qui après une première réflexion et une bonne méthode est accessible à tous. Il est évident que des connaissances solides permettent de mieux appréhender le sujet, surtout sur des notions abstraites que sont la vérité et le bonheur, mais dans un même temps on peut par sa propre réflexion essayer de voir dans quel sens l'un ou l'autre sont préférables. Surtout il faut dans ce cas précis aller plus loin que la seule question de préférence en s'intéressant au lien qui peut exister entre les deux. Intéressons-nous donc aux notions en jeu: Le bonheur (lat. ougurium, chance, augure, présage) Le bonheur, si l'on en croit l'étymologie (bon heur), ne peut être que l'effet de la chance, le produit de circonstances favorables. Pourtant, l'eudémonisme ancien prétend faire du bonheur le souverain bien, la fin dernière de notre activité qu'il dépendrait de nous de pouvoir atteindre. Or, cet état de satisfaction complète qui distingue le bonheur du plaisir des sens parce qu'il est toujours accompagné de la certitude de durer semble si difficile à définir qu'on peut le considérer avec Kant comme un idéal de l'imagination plutôt que comme une fin susceptible d'être rationnellement recherchée. La vérité Cohérence. Validité logique d'un raisonnement considéré abstraction faite de la vérité matérielle des propositions qui le composent. Ainsi, un raisonnement peut être cohérent dans la forme (vrai formellement) malgré la fausseté matérielle d'une ou plusieurs de ses propositions. Par ex., le syllogisme suivant : « Tous les Chinois sont français, or je suis chinois, donc je suis français. « La logique formelle contemporaine exprime en langage d'implication ce que nous voulons dire lorsque nous affirmons que la validité d'une inférence est indépendante de son contenu : si tout f est g et si tout x est f, alors tout x est g. La vérité formelle est donc l'absence de contradiction, l'accord de la pensée avec elle-même. Attention : à distinguer de la vérité qui consiste dans l'accord de la pensée avec l'expérience . A distinguer de vérité formelle; ainsi, le syllogisme : « Tous les Français sont européens, or je suis européen, donc je suis français « ne comporte que des propositions vraies matériellement, mais est faux formellement.
I - La finalité de la vie humaine est le bonheur. Toutes les pensées et les actions des hommes tendent vers ce but. Tous les hommes aspirent au bonheur "Tous les hommes recherchent d'être heureux, c'est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre" affirme Pascal dans ses "Pensées". En effet, tout homme cherche le bonheur. Il est ce que chacun désire suprêmement. Et pour reprendre l'analyse aristotélicienne dans l'"Éthique à Nicomaque", le bonheur n'est désiré que pour lui-même. Et à la question "pourquoi être heureux ?", il n'est pas de réponse sinon une réponse aussi absurde que la question elle-même: "pour être heureux". Le bonheur est le souverain bien, le désirable absolu: tout être tend vers son bien; le bonheur étant le bien ultime de l'homme; il est donc la fin de toutes nos actions, de tous nos choix singuliers. Ainsi, tous les désirs particuliers qui agitent notre existence ne sont que dans l'espoir de l'obtention du bonheur: "Tout ce que nous choisissons est choisi en vue d'une autre chose, à l'exception du bonheur qui est fin en soi." (idem). Ainsi comment concevoir une vie où la vérité primerait sur le bonheur? Si le bonheur est le souverain bien et qu'à priori rien ne peut justifier chez l'homme un autre désir la volonté de la vérité doit venir après la question du bonheur. II - Mais peut-on être heureux sans se soucier de la vérité? Lorsque l'on parle de bonheur absolu, il peut sembler difficile de ne pas s'intéresser à la question de la vérité. Ainsi voir le bonheur comme une succession de plaisirs rassasiés ne peut être satisfaisant. D'ailleurs les désirs se succèdent sans fin et le bonheur, s'identifiant alors au plaisir acquis, n'est que temporaire. Le désir éternellement insatisfait n'est donc pas la définition du bonheur absolu défini en I. Vouloir le vrai bonheur nécessite donc une réflexion sur soi, sur sa place dans la nature, sa relation aux autres et sa propre relation à soi. On ne peut donc s'intéresser au bonheur sans s'intéresser à la vérité. III - le vrai bonheur demande la recherche de la vérité Tout simplement un homme qui se ment à lui-même sur ce qu'il est et ce qu'il fait ne peut être heureux. Freud explore cette piste en voyant dans les interdits inexpliqués de l'enfance la cause des frustrations de l'âge adulte. Se demander qu'elle peut être la source de ses angoisses est une demande de vérité sur ce on a grandi et appris à devenir adulte. Mais l'exigence de vérité dans la quête du bonheur n'est pas simplement une relation à soi-même. Elle peut-être posé dans le cadre de la société. Platon dans la République étudie les différents liens entre les vertus au sein d'une cité idéale, où le bonheur règne. Pour lui cette cité répond à un ordre cosmique, où chacun à sa place et des équilibres existent. Il faut donc les respecter et cette vérité renvoie à la vérité du monde. Ainsi un homme sage devra diriger la cité, alors qu'un homme courageux devra la défendre. La vérité est étroitement liée à la notion de justice qui elle-même est un préalable au bonheur.
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