Fabre, Jean-Henri - Biologiste / Naturaliste.
Publié le 24/04/2013
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Fabre, Jean-Henri - Biologiste / Naturaliste. 1 PRÉSENTATION Fabre, Jean-Henri (1823-1915), entomologiste français resté célèbre pour son ouvrage de vulgarisation sur la vie des insectes, les Souvenirs entomologiques. 2 LA BOSSE DE L'OBSERVATION ET LE BESOIN D'APPRENDRE Né à Saint-Léons (Aveyron), Jean-Henri Fabre passe les premières années de sa vie non loin de là, chez ses grands-parents. C'est là, selon ses propres récits, qu'il commence à se passionner pour la nature qui l'entoure, observations d'enfance qui donneront son orientation principale à sa vie d'adulte : « Dès le bas âge, dès le premier éveil intellectuel, j'ai la propension aux choses de la nature ; pour en revenir au terme topique, j'ai la bosse de l'observation. [...] J'étais né animalier. Pourquoi et comment ? Pas de réponse. « (Souvenirs entomologiques). Il suit sa scolarité primaire à Saint-Léons, avant d'entrer au lycée royal de Rodez où sa famille a déménagé. Il connaît ensuite le séminaire de Toulouse puis, faute de ressources familiales, doit abandonner ses études et travailler, notamment en tant que manoeuvre. En 1840, il réussit le concours d'entrée à l'École normale primaire et reçoit une bourse d'études. Titulaire de son brevet d'instituteur en 1842, il commence à enseigner à Carpentras. Il y rencontre Jeanne Villard, qu'il épouse en 1844. Leur première fille naît l'année suivante ; elle sera suivie de six autres enfants (dont deux mourront jeunes). En-dehors de ses cours, Jean-Henri Fabre étudie en autodidacte les mathématiques (il obtient sa licence en 1847), puis la physique (licence en 1848). En 1849, il part enseigner la physique à Ajaccio (Corse). C'est là qu'il s'intéresse à la botanique, sous l'influence notamment d'Esprit Requien, un botaniste de renom auquel il voue une grande admiration, puis du naturaliste Auguste Moquin-Tendon. Muté à Avignon en 1853, Jean-Henri Fabre enseigne la physique et la chimie au lycée. Toujours porté par « le besoin d'apprendre «, il poursuit parallèlement ses études supérieures, toujours de façon autonome -- « Je ne suis jamais entré dans une salle de faculté que pour y subir le toisé des examens. « Il obtient une licence de sciences naturelles en 1854, puis présente avec succès en 1855 une thèse de botanique et une thèse de zoologie à la faculté de Paris. Il enchaîne dès lors les travaux scientifiques (publications en botanique, zoologie et physiologie, etc.) et la rédaction, à partir de 1862, de livres scolaires tant pour les élèves que pour les enseignants et, à partir de 1865, de nombreux ouvrages de vulgarisation dans des domaines variés (mathématiques, géologie, physique, etc.). Jean-Henri Fabre maîtrise aussi le dessin et produit notamment quelques 700 aquarelles de champignons. 3 « J'OUVRE LE LABORATOIRE DE L'HARMAS À L'ENTOMOLOGIE VIVANTE « Chevalier de la légion d'honneur en 1867, Jean-Henri Fabre donne, à partir de 1868, des cours du soir à Avignon. Il démissionne de l'enseignement l'année suivante, après le scandale que soulève une de ses leçons, au cours de laquelle il a expliqué la reproduction des fleurs à une classe de jeunes filles. Ce renoncement le laisse sans ressource financière. C'est grâce à un prêt de son ami John Stuart Mill qu'il peut s'installer à Orange et se consacrer à l'écriture de ses ouvrages scolaires et de vulgarisation, dont les droits d'auteur lui permettent assez rapidement de rembourser ses dettes. En 1879, il s'installe dans un mas, l'Harmas, à Sérignan-du-Comtat (Vaucluse), dans un « coin de terre [...] enclos et soustrait aux inconvénients de la vie publique «. Là, il se voue entièrement à l'une de ses passions les plus prégnantes, l'observation des insectes -- « une société aussi nombreuse que choisie, et dont la conversation ne manquera pas de charmer ma solitude si je parviens à savoir la provoquer. « Son ambition est l'observation des insectes dans leur milieu naturel. Il est en cela en bute aux méthodes des tenants de l'entomologie académique : « Vous éventrez la bête et moi je l'étudie vivante ; vous en faites un objet d'horreur et de pitié, et moi je la fais aimer ; vous travaillez dans un atelier de torture et de dépècement, j'observe sous le ciel bleu, au chant des cigales. « « Quand donc «, s'interroge-t-il, « un laboratoire d'entomologie où s'étudierait, non l'insecte mort, macéré dans le trois-six, mais l'insecte vivant. [...] En attendant que la mode change, j'ouvre le laboratoire de l'Harmas à l'entomologie vivante, et ce laboratoire ne coûtera pas un centime à la bourse des contribuables «. Là, le savant accumule des centaines d'observations, dans la nature et au travers de dispositifs d'expériences et d'observations qu'il installe chez lui (cloches de grillage, cages à oiseaux, etc.). 4 L'HOMÈRE DES INSECTES Infatigable, précis, minutieux, « observateur inimitable « pour Charles Darwin, se qualifiant lui-même d'« arpenteur de toiles d'araignées «, il tire de ses observations les Souvenirs entomologiques, dix volumes publiés de 1879 à 1907. En 1887, celui que Victor Hugo surnomme l'« Homère des insectes « est nommé membre correspondant de l'Académie des sciences et reçoit un prix de la société entomologique de France. C'est également l'année de son second mariage -- sa première femme est décédée deux ans plus tôt --, avec une jeune femme qui lui donne encore trois enfants. Enfin, au cours des dernières années de sa vie, Jean-Henri Fabre écrit des comptines et des rondes dont il compose aussi la musique, et se passionne pour le Provençal. Il lit Frédéric Mistral et publie lui-même un recueil de poèmes en provençal, l'Oubreto provençalo (1909), dont la plupart ont pour thème la nature. « La poésie est partout, même dans le terrier d'un scorpion. « écrit-il à Frédéric Mistral en 1906. Il s'éteint en 1915, à l'âge de 92 ans. 5 « TEL IL ÉTAIT, TEL IL EST, TEL IL SERA « Les travaux de Jean-Henri Fabre sont d'une qualité exceptionnelle, et son acharnement à « ne pas faire consister l'entomologie en des séries d'insectes embrochés « a grandement contribué au développement de l'éthologie animale. Ses qualités d'observation sont louées par ses contemporains, en particulier par Charles Darwin. Cependant, bien qu'un respect mutuel le lie au naturaliste anglais, il n'adhère jamais à ses thèses évolutionnistes : « En mon jeune temps, dans des livres de quatre sous, on nous enseignait que l'homme est un animal raisonnable ; aujourd'hui, dans de savants volumes, on nous démontre que la raison humaine n'est qu'un degré plus élevé sur une échelle dont la base descend jusque dans les bas-fonds de l'animalité. [...] La noble faculté dont nous étions si fiers est un apanage zoologique. [...] Il m'a toujours paru que cette théorie égalitaire faisait dire aux faits ce qu'ils ne disaient pas «. Il nie au contraire tout changement graduel des espèces lié au hasard puis maintenu par adéquation au milieu et ne croit pas en l'amélioration graduelle des espèces. Selon lui, le comportement d'une espèce en parfaite adéquation avec sa survie est un don, « Et ce don est originel, parfait dès le début ; le passé n'y a rien ajouté, l'avenir n'y ajoutera rien. Tel il était, tel il est et tel il sera « ; tout comme « la spirale logarithmique du mollusque est vieille comme les siècles. Elle vient de la Géométrie souveraine qui régit le monde «. Contre la théorie selon laquelle toutes les espèces dérivent d'un ancêtre commun originel, il défend avec vigueur l'idée d'une « indépendance des origines «. Selon lui, la théorie de l'évolution « en demande un peu trop au hasard [...] c'est l'impossible se répétant «. Malgré le nombre et l'importance de ses découvertes, cette position lui vaut une sorte de mépris condescendant de la part d'un certain nombre de scientifiques français du XXe siècle, ce qui explique qu'il soit aujourd'hui moins connu en France qu'en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou au Japon. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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