Extrait chap. 33 Diable au corps
Publié le 08/01/2013
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Un jour, à midi, mes frères revinrent de l’école en nous criant que Marthe était morte. La foudre qui tombe sur un homme est si prompte qu’il ne souffre pas. Mais c’est pour celui qui l’accompagne un triste spectacle. Tandis que je ne ressentais rien, le visage de mon père se décomposait. Il poussa mes frères : « sortez, bégaya-t- il. Vous êtes fous, vous êtes fous. « Moi j’avais la sensation de durcir, de refroidir, de me pétrifier. Ensuite, comme une seconde déroule aux yeux d’un mourant tous les souvenirs d’une existence, la certitude me dévoila mon amour avec tout ce qu’il avait de monstrueux. Parce que mon père pleurait, je sanglotais. Alors ma mère me prit en main. Les yeux secs, elle me soigna froidement, tendrement, comme s’il se fût agi d’une scarlatine. Ma syncope expliqua le silence de la maison, les premiers jours, à mes frères. Les autres jours, ils ne comprirent plus. On ne leur avait jamais interdits les jeux bruyants. Ils se taisaient. Mais, à midi, leurs pas sur les dalles du vestibule me faisaient perdre connaissance comme s’ils eussent dû à chaque fois m’annoncer la mort de Marthe.
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