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Explication d'un extrait de texte : L'Être et le Néant, Jean-Paul Sartre.

Publié le 08/05/2012

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sartre

\"Être regardé, c'est se saisir comme objet inconnu d'appréciations inconnaissables, en particulier d'appréciations de valeur. Mais précisément, en même temps que, par la honte et la fierté, je reconnais le bien-fondé de ces appréciations, je ne cesse pas de les prendre pour ce qu'elles sont: un dépassement libre du donné vers des possibilités. Ainsi être vu me constitue comme un être sans défense pour une liberté qui n'est pas ma liberté. C'est en ce sens que nous pouvons nous considérer comme des \"esclaves\", en tant que nous apparaissons à autrui. Mais cet esclavage n'est pas le résultat -historique et susceptible d'être surmonté - d'une vie à la forme abstraite de la conscience. Je suis esclave dans la mesure où je suis dépendant dans mon être au sein d'une liberté qui n'est pas la mienne et qui est la condition même de mon être. En tant que je suis objet de valeurs qui viennent me qualifier sans que je puisse agir sur cette qualification, ni même la connaître, je suis en esclavage. Du même coup, en tant que je suis l'instrument de possibilités qui ne sont pas mes possibilités, dont je ne fais qu'entrevoir la pure présence par delà mon être, et qui nient ma transcendance pour me constituer comme moyen vers des fins que j'ignore, je suis en danger. Et ce danger n'est pas un accident mais la structure permanente de mon être-pour-autrui.\" Dans ce texte de Jean-Paul Sartre, extrait de l'être et le néant, l'auteur se pose la question de savoir en quoi consiste le fait d'être regardé, il nous expliquera donc qu'être regardé est une réduction à l'état d'esclavage (voire à l'état d'objet), nous devenons dépendant d'autrui, perdant ainsi notre liberté, et être en danger, le danger d'être l'instrument de possibilités que l'on ne connaît pas, extérieures à nous même ; se pose alors le problème de savoir quel sont les conséquences du regard d'autrui, en quoi et jusqu'où fait-il partie de nous, peut-il nous nuire et surtout nous contrôler ?     Donc l'auteur cherche donc ici à démontrer qu'être regardé est tout d'abord un état sur lequel la personne concernée n'a aucune influence, aucun pouvoir sur cet état, sinon de supposer qu'il existe. Il énonce donc sa thèse en disant qu'être regardé, « c'est se saisir comme objet inconnu d'appréciations inconnaissables », il veut donc dire par là que lorsque l'on est regardé, on est d'abord réduit à l'état d'objet, notre humanité est donc remise en cause face à ces jugements, puis on est jugés, et surtout on a pas connaissance de ce jugement, ni de quoi il nous qualifie. Mais il explique ensuite qu'il est possible d'avoir connaissance de ces jugements par la honte ou la fierté. En effet, si on a honte d'un acte ou d'un état dans lequel on est, ou inversement si on est fier, on peut supposer l'existence d'un jugement, voire de quoi il nous qualifie, chez autrui : c'est l'anticipation. Il rajoute que c'est « un dépassement libre du donné vers des possibilités », c'est à dire que ces suppositions ne peuvent être sûres, qu'elles ne nous sont pas données clairement, qu'il faut les supposer, et étant donné qu'il y en a plusieurs dans la plupart des cas, cela devient des possibilités.     Par la suite, il explique qu'être regardé est une réduction. En effet, la personne regardée est sans défense face au jugement d'autrui. Elle est également soumise à une liberté qui n'est pas sa liberté, et sachant que la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres, la liberté de la personne regardée dépend de la personne qui regarde : la personne regardée en est donc esclave. Il le dit donc après dans sa thèse : « nous pouvons nous considérer comme des esclaves en tant que nous apparaissons à autrui ». Donc d'après Sartre, nous sommes esclaves de l'apparence que nous attribue autrui. Il explique ensuite que cet esclavage ne résulte pas « d'une vie à la forme abstraite de la conscience », il insinue donc par là que cet état d'esclavage est la conséquence d'une réflexion plus poussée que l'instinct humain. En effet, c'est suite à une réflexion de la personne qui regarde que le jugement a lieu, et donc la réduction à l'esclavage de l'individu par la même occasion. Parallèlement il précise que ce résultat est « historique et susceptible d'être surmonté », c'est à dire que le premier jugement d'autrui (jugement primaire) peut être révolu, et remplacé par un autre jugement résultant d'une réflexion plus poussée. Ensuite, il explique que cet esclavage à la liberté d'autrui constitue pourtant son être. En effet, Sartre (avec sa thèse de l'existentialisme) démontre dans plusieurs de ses ouvrages (en l’occurrence l'être et le néant ) qu'un individu dépend d'autrui, et dépend aussi de son regard, et c'est donc autrui la condition même de son être (comme il est dit dans cet extrait). Par la suite, il dit que l'individu regardé ne peut agir sur cette qualification ni même la connaître, en effet, l'ordre logique voudrait que si l'individu regardé n'a pas conscience du fait qu'il soit regardé, il ne peut agir dans l'esprit de celui qui le regarde, Sartre qualifie donc cette impuissance et cette dépendance d'esclavage.     Ensuite, Sartre explique que cet état d'esclavage est aussi un état de danger. C'est à dire que, alors qu'il explique qu'être regardé, c'est être l'instrument de possibilités qui ne sont pas ses possibilités, être l'instrument de projets inconnus peut constituer un danger dans la mesure où ces projets peuvent nuire à l'individu. Cet individu ensuite « ne fait qu'entrevoir la pure présence par-delà son être », c'est à dire que, comme il a été dit au début, l'individu ne peut que supposer, et donc à peine détecter la présence éventuelle d'un jugement extérieur ; cette impuissance vis-à-vis du monde extérieur à l'individu, d'après Sartre, « nie sa transcendance pour lui constituer un moyen vers des fins qu'il ignore », c'est à dire que la capacité d'action de l'individu est quasiment nulle, et que ses connaissances sur les projets qui le concernent (donc sur l'extérieur) le sont aussi. Il finit en disant que « ce danger n'est pas un accident mais la structure permanente de mon être pour autrui », il veut dire par là que cet état d'esclavage dure, et n'est pas issu d'un événement bref et affluant sur le regard d'autrui, ce jugement pèse donc sur l'individu tout le temps sur l'individu, et autrui préserve en soi ce jugement jusqu'à la prochaine modification de sa pensée à propos de l'individu.     Cependant, lorsque Sartre explique l'impuissance de l'individu jugé face à l'extérieur, son explication peut être nuancée dans la mesure où un individu qui aurait conscience, ou ne serait-ce qu'un doute sur l'existence d'un jugement qu'il aurait deviné ( par la honte ou la fierté comme il le dit lui même dans son premier paragraphe ), il va chercher à agir sur ce jugement ( sauf si sa fierté lui dicte de laisser les jugements tels qu'ils sont parce qu'il les apprécierait ), il en a la capacité, il est donc probable que par la parole ou par un acte cet individu puisse modifier voire enlever de la tête d'autrui un jugement dont il ne supporterait pas l'existence : il n'est donc pas impuissant.         Pour conclure, Sartre démontre donc ici qu'être regardé réduit la personne regardée à un état d'esclavage sous divers aspects, à savoir à la liberté d'autrui, et la condition de notre être à l'intérieur et à l'extérieur. Pour lui, être regardé constitue également le danger d'être l'instrument de possibilités qui ne sont pas les siennes, dirigées seulement par autrui, et sur lequel l'individu regardé n'a aucune connaissance ni influence. Sartre insinue donc par là qu'en s'exposant au regard d'autrui, on n'est nullement protégé de quelconques intentions malsaines ou bienveillantes, mais que, par la honte ou la fierté, on peut supposer voire anticiper l'existence d'un jugement et sa composition.

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