Explication de texte : Les Caractères ou Les Moeurs de ce siècle, Jean de la Bruyère en 1688 (paragraphe 48 à 51)
Publié le 22/10/2020
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?Explication de texte : Les Caractères ou Les Moeurs de ce siècle, Jean de la Bruyère en 1688 (paragraphe 48 à 51) Introduction Il s?agit ici d?étudier l??uvre qui a fait la renommée de Jean de La Bruyère à savoir Les Caractères ou Les M?urs de ce siècle. Cette ?uvre qui a été écrite en 1688 sous l'influence du classicisme est constituée d'un ensemble de brèves pièces littéraires qui composent une chronique essentielle de l'esprit du XVIIème siècle. Dans cet extrait intitulé « De L'Homme » nous étudierons les paragraphes 48 à 51 en nous posant la question suivante: Comment La Bruyère nous montre l?inutilité de la condition de l'homme ? Dans un premier temps nous étudierons les trois étapes essentielles de la condition de l'homme, puis nous développerons l'étape de l'enfance. I) La condition humaine ; les trois étapes de la vie Dans le paragraphe 48, La Bruyère définit la vie des hommes à travers trois étapes à savoir naître, vivre et mourir. Il insinue que l'Homme est incapable de s'élever à un chemin autre que ces trois étapes « il n'y a pour l'homme que ces trois étapes » la formulation de cette phrase ne laisse prétendre à aucun doute. L'Homme est donc condamné à vivre en fonction et suivant ces trois étapes. De surcroît, il subsiste une relation étroite entre ces trois verbes à l'infinitif « naître » marque le début de quelque chose « vivre » connote la continuité et « mourir » dénote la fin. Notre vie est donc certes, marquée par notre naissance et notre mort mais elle est surtout rythmée par notre capacité à avoir des expériences qui nous font grandir. La Bruyère, dans la phrase suivante évoque notre inconscience, notamment quand il précise que « il ne se sent pas naître » puis « il souffre à mourir » cette hyperbole montre sa douleur de vivre et enfin « et il oublie de dire » autrement dit, à sa naissance il n'a pas conscience qu?il vit, il a mal et il est donc tellement concentré sur sa douleur qu'il en passe à côté de sa vie. L?auteur nous suggère donc, que l'homme vit dans le « petit » alors qu'il pourrait être grand. Dans le paragraphe 49, ces étapes de la vie qui nous sont été révélées par le moraliste dans le paragraphe précédent, sont développées. Jean de La Bruyère transfigure la vie humaine en trois temps. Le premier, « où la raison n'est pas encore, où l'on ne vit que par instinct », ici l'image des animaux est utilisée pour mieux s?imprégner de l'idée que à ce moment-là, seul, le besoin primaire prime. Il est ici question du temps du nourrisson et de la petite enfance qui ne laisse point de « vestiges » dans nos mémoires, un temps sans raison, où l?on évite de penser. Le second temps « où la raison se développe » cependant celle-ci est mise en relation avec les vices de la complexion et des passions. Il s'agit donc ici de l'âge de l'adolescence ainsi qu'en partie de l'âge adulte. Une époque où l'homme est distrait de sa raison par ses passions et donc n'emploie pas la raison pour construire sa vie. Pourtant, l'Homme pourrait avec sa raison avoir une vie plus grande une vie de philosophe. Enfin, le troisième temps est celui de l'âge mûr, de la vieillesse point un ajout la raison et grande, forte elle est d'ailleurs personnifiée puisqu'elle est « déconcertée ». Cependant il est d?ores et déjà trop tard, pour vivre une vie de philosophe puisque le corps humain qui était déshumanisé en étant qualifié de « machine » est dans son déclin le plus propre et le plus légitime. Ce paragraphe nous montre donc l'incapacité de l'Homme à vivre philosophiquement. Puisque les étapes de nos vies sont vides de conscience. II) L'enfance ; une étape de la vie enviée et non regrettée Dans le paragraphe 50, ce sont les enfants qui nous sont d'abord décrits par une longue énumération. Qui nous brosse le portrait de ces derniers, comme étant des êtres émotifs « hautains » « timides » « menteurs ». Le moraliste effectue dans ce paragraphe qui peut être divisé en deux parties l'une étant la description des enfants et l'autre la mise en relation avec les hommes en général, un résumé de la condition des hommes. En effet, La Bruyère utilise la figure des enfants en les peignant comme des êtres spéciaux alors que l?auteur nous avouera à la fin « ils sont déjà des hommes » puis, suite à cet argument « ils ne veulent souffrir de mal et aiment à en faire » ce qui étaye le lecteur sur la vision relativement pessimiste de Jean de La Bruyère de la condition humaine. En outre, dans ce paragraphe l'auteur considère encore une fois que le temps de l'enfance, adolescence n'est pas un temps marqué par la raison mais bien par les passions « ils ont des joies immodérées » souligne-t-il. Dans le paragraphe 51, le moraliste avance que « les enfants n'ont ni passé ni avenir » ce qui réfute la thèse insinuant que l'enfance est un âge qui se vit sur le moment dans la pure inconscience. « Ni passé » puisque nous avons pas de souvenir de ce temps de la petite enfance et « ni avenir » puisqu'il ne pourra exister que si nôtre « machine » le pourra point enfin Jean de la bruyère nous fait part d'une certaine opinion personnelle dans la fin de ce paragraphe puisqu'il déplore « ce qui nous arrive guère » en parlant des adultes d'âge confirmé « ils jouissent du présent » ici La Bruyère confesse au lecteur un certain regret de cet âge « des passions » « où nous avions des afflictions amères sur des très petits sujets » mais à la fois nous affirme ne pas regretter ce temps, cette période « vide de sens ». Conclusion La Bruyère, à travers cet extrait des Caractères déplore l'inanité de la condition humaine. Tout d'abord, parce que l'Homme est condamné à vivre suivant trois étapes le cours de sa vie. La première dont il ne gardera strictement aucun souvenir, vient dès lors la deuxième qui sera, elle, gâchée par les passions et enfin la dernière, certainement la plus pathétique puisque l?esprit est présent mais la machine décline. Les enfants ne sont que des êtres humains qui vivent dans le présent, un temps vide de sens. La Bruyère nous présente ici une critique assez précise de sa conception de la raison humaine qui parait légitime par son argumentation certes, mais elle est en somme relativement pessimiste.
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