explication de texte extrait des Fondements de la métaphysique et des moeurs
Publié le 08/01/2011
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Introduction : Dans ce texte, extrait la 7e section des Fondements de la métaphysique des mœurs, (1785) Kant tend à démontrer une différence de finalité entre faire le bien naturellement et par devoir. Il montre que c’est seulement lorsqu’on fait les choses par devoir qu’on peut y accréditer une valeur véritablement morale. La problématique du texte tourne autour de la conformité d’une action au devoir. Pour un résultat identique, l’action n’a pas nécessairement de valeur. Elle ne l’est qu’en considération de son intention, de sa volonté. La thèse que défend Kant consiste à affirmer qu’une action ne peut avoir de valeur morale qu’à la condition qu’elle s’oppose à nos inclinations, c’est-à-dire à nos désirs, nos appétits, nos passions, nos sentiments : seule une action morale est véritablement morale, c’est-à-dire est faite par devoir, lorsqu’elle exclut toute inclination, même conforme au devoir. Seule est morale l’action entreprise pour le devoir, c’est à dire découlant d’une volonté bonne éclairée par la raison et non par les passions ou les désirs.
L.1 à 11 : L’action faite par inclination naturelle n’est pas morale
L. 11 à la fin : L’action par devoir, élévation de notre humanité
I- L’action faite par inclination naturelle n’est pas morale
1- « Etre bienfaisant, si on le peut, est un devoir », ceci afin d’être conforme à la morale, selon Kant les actes véritablement moraux sont ceux accomplis par le devoir. L’idée essentielle consiste à montrer que ce n’est pas parce que des actes peuvent nous apparaître simplement bons, qui le sont, mais ceux qui sont accomplis selon une maxime morale, « si on le peut » à si l’on est disposé à faire le bien Ainsi, Kant poursuit :
« De plus il ya certaines âmes si naturellement portées à la sympathie, (…) en tant qu’il est leur ouvrage »
Kant expose donc qu’on peut être bienfaisant par pure disposition naturelle, « âme si naturellement portée sympathie », par un élan intime vers l’autre, en raison d’une joie naturelle à le contenter, et cela nous fait éprouver une certaine satisfaction personnelle, « satisfaction intérieure », on peut alors s’interroger sur cette satisfaction intérieur : faire le bien parce qu’on se dit que les autres vont le savoir et que cela reflète une bonne image de sa personne, par ex. ≠ « Aucun motif de vanité ou d’intérêts ». Cependant, Kant ne précise pas, Ainsi puisque le fait d’être bienveillant envers son prochain est un devoir, on pourrait commencer par considérer comme parfaitement moral l’acte d’un bienfaiteur qui n’agit pas par vanité ou par intérêt, mais qui trouve sa satisfaction dans le contentement qu’il apporte à autrui.
En tous cas, Kant ne conteste pas cette disposition sur le plan naturel, par cette première phrase il nous fait part d’un postulat admis comme tel pour certains hommes.
2-« Mais je soutiens que dans ce cas d’action, si conforme au devoir, si aimable qu’elle soit, n’a pourtant aucune vraie valeur morale, et qu’elle va de pair avec les autres inclinations, par exemple avec l’ambition, qui, lorsque, par bonheur, elle est conforme à l’intérêt public et au devoir». « Mais », conteste l’idée que nous avons avancé précédemment et selon laquelle en l’acte bienfaiteur qui n’est le fruit ni de vanité, ni d’intérêt est moral. Ainsi, si une telle attitude est conforme au devoir, elle n’a pas plus de valeur que celle de l’ « ambitieux » qui en tire avantage et sert par hasard l’intérêt commun. Kant renvoie dos à dos ces deux attitudes qui ne méritent aucunement un quelconque respect. Ainsi, bien que conforme au devoir de bienveillance, ces actions naturelles et spontanées n’ont pas de valeur morale. En effet, selon Kant, la conformité d’une action au devoir ne garantit pas sa valeur morale. Ici l’homme ne fait que suivre son inclination naturelle. 3- l’auteur veut ici illustrer une distinction fondamentale qu’il vient d’opérer dans les paragraphes précédents : l’opposition entre une action conforme au devoir et une action faite par devoir.
« par conséquent à ce qui est honorables, mérite des éloges et des encouragements, mais non pas notre respect ; car la maxime manque alors du caractère moral, qui veut qu’on agisse par devoir et non par inclination. »
Cet acte de bienveillance, s’il inspire la louange, il n’engendre pas forcément le respect, qui lui se forge devant la morale. Le résultat est d’apparence le même, la portée d’une action bienveillante peut être la même, qu’elle soit morale ou pas. Mais dans le cas de l’inclination naturelle, il est seulement bienheureux, c'est-à-dire dû à l’heureux hasard –« par bonheur »- tandis que par devoir, le résultat tente de se conformer à son intention. Il y a une volonté morale à l’œuvre sous-jacente dans ce texte.
II- L’action par devoir, élévation de notre humanité
1- « Supposez maintenant que l’âme d’un tel ami des hommes (…) valeur morale. » En poursuivant avec le même exemple, on peut être amené à supposer que l’on est amené à bien se comporter l’égard de quelqu’un parce qu’on l’aime bien ou parce qu’on est de bonne humeur, de ce fait, cela autorise alors à dire qu’on peut mal se comporter à l’égard d’une autre personne parce qu’on ne l’aime pas ou parce que je suis de mauvaise humeur ; même s’il s’agit de quelqu’un de naturellement philanthrope « un tel ami des hommes ». Kant prend ainsi l’exemple de quelqu’un qui ne soit plus naturellement disposé à agir de manière bienveillante envers autrui, bien qu’il en ait « toujours le pouvoir » de le faire, en effet n’étant pas lui-même heureux, il ne semble pas pouvoir agir envers le bonheur de l’autre, auquel il est par conséquent indifférent à »assombrie par un chagrin personnel qui éteigne toute compassion pour le sort d’autrui ». Il n’y a plus de sensibilité qui nous disposerait à agir de façon bienveillante. Or, selon Kant notre devoir est d’agir par respect et non selon nos envies, ou nos sentiments. Kant expose alors qu’agir par devoir permet de surmonter l’inclination naturelle à l’indifférence et a dans ce cas plus de valeur, elle en devient digne de considération. « Elles s‘arrache pourtant à cette mortelle insensibilité pour venir à leur secours, quoiqu’elle n’y soit poussée par aucune inclinaison, mais par ce que cela est un devoir, sa conduite alors a une véritable valeur morale. »Le devoir permet donc à n’importe qui d’être moral et de se rendre valeureux sans dépendre d’aucune disposition naturelle. 2- « Je dis plus : si le cœur d’un homme n’était naturellement doué que d’un faible degré de sympathie ; si cet homme (honnête d’ailleurs) était froid et indifférent aux souffrances d’autrui, par tempérament, ; Kant prend ici l’exemple aux antipode du premier, celui d’un homme qui ne serait pas absolument enclin à la philanthropie, donc, qui n’agirait pas par nature de manière bienveillante envers autrui, « par tempérament », il ne serait donc pas physiologiquement disposé à la bienveillance ; « et peut-être aussi parce que, ayant le don particulier de supporter ses propres maux avec courage et patience, il supposerait dans les autres ou exigerait d’eux la même force », suppose de cette homme une indépendance des hommes, qu’il n’y ait pas d’entre-aide, insensibilité totale et naturelle à l’égard de l’autre, si enfin la nature n’avait pas précisément travaillé à faire de cet homme (qui ne serait certainement pas son plus mauvais ouvrage) un philanthrope, Cet homme qui ne fait pas naturellement acte de bienveillance n’est pas particulièrement mauvais, ne trouverait-il pas en lui un moyen de se donner à lui-même une valeur bien supérieure à celle que lui donnerait un tempérament compatissant ?, le tempérament s’apparentant ici à la spontanéité, au naturel, Sans aucun doute ! Et c’est ici précisément qu’éclate la valeur morale du caractère, la plus haute de toutes sans comparaison, celle qui vient de ce qu’on fait bien, non par inclinaison, mais par devoir. »
3. Notre moralité nous arrache à notre nature, notre animalité dominée par les instincts « inclinations » et nous permet d’accéder à notre humanité àpossibilité d’un idéal. Il apparait ainsi que le seul acte digne de respect et par conséquent qui soit moral est l’acte qui découle du devoir. De ce fait, « trouver en lui un moyen de se donner à lui-même une valeur bien supérieure » Kant expose ici la question de l’impératif catégorique ; exprime qu’une action est nécessaire pour elle-même, objectivement, sans autre but
L’impératif est donc ce qui dit ce qui est bon à faire à une volonté qui ne fait pas toujours une chose parce qu’il lui est représenté qu’elle est bonne à faire. ; une volonté qui n’est pas forcément bonne, chez l’homme qui n’est pas « précisément philanthrope », ne voit pas l’importance en autrui. Supériorité de l’action morale sur l’action simple et spontanée, naturelle : Il y a un effort, une domination de soi par soi donc un mérite qui n’existe pas dans l’action spontanée. Elévation de l’homme moral au dessus de l’homme “naturel”, primitif.
Conclusion : Kant fait appel ici à la maxime morale qui consiste à montrer qu’il faut agir « de manière à ce que la maxime de notre action puisse être érigée en loi universelle de la nature ». L’essentiel est donc de montrer que la morale est affaire de raison et non de sensibilité, d’où la distinction entre les actions faites par devoir et les actions faites conformément au devoir. On peut discuter tout d’abord l’’idée d’inclinations naturelles : Les inclinations naturelles peuvent être un critère de désintéressement car il n’y a pas de calcul sur le résultat, le gain de l’action. C’est un plaisir désintéressé et parce que justement il ne nécessite aucun effort, il se désintéresse de toute reconnaissance de l’autre. Il ne s’intéresse pas à l’autre mais qu’à l’action. Cela pourrait être paradoxalement la manifestation de la pure gratuité et de la bonne intention.
L’idée de morale personnelle : le devoir de bienfaisance est propre à chacun et l’action morale s’exerce avec notre personnalité toute entière et nos sentiments. Il ne s’agit pas d’en faire abstraction ou de les dompter mais d’être en totale cohérence avec moi-même et d’assumer ce que je suis au travers de mes actes. C’est la pleine responsabilité morale pour Nietzsche.
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