Exemple de lettre d'éloge à un auteur suite à la lecture d'une de ses oeuvres
Publié le 26/02/2012
Extrait du document
D’Adèle du Tillet |
À Lyon
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À Monsieur Villiers de L’Isle Adam |
Le 13 février 1883
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Monsieur,
Je viens par cette présente lettre vous exprimer toute mon admiration. La lecture de votre recueil de nouvelles Contes Cruels m’a procuré un plaisir que je ne saurais vous exprimer convenablement. J’apprécie beaucoup les poèmes de Baudelaire et les romans de Poe, c’est pourquoi connaissant mes goûts, mon libraire me conseilla votre ouvrage que j’achetai dès sa parution. En lectrice avertie je le dévorai le soir même au coin de l’âtre. J’eus toutes les peines du monde à fermer le livre malgré l’heure tardive tellement celui-ci me passionnait. Mon cher ami, si vous m’autorisez à vous nommer ainsi, vous avez pour moi un don et vous méritez le nom de maître, car vous avez révolutionné le genre de la nouvelle en mélangeant le rêve à la réalité comme dans « Véra « où je suis encore empreint au doute. Vous savez tenir le suspense jusqu’à la dernière lettre, vous savez susciter la curiosité, la peur, la répulsion, vous savez faire ressentir des émotions grâce à de simples mots. En bref vous savez guider le lecteur dans un flot de sensations plus fortes les unes que les autres ! Vous êtes un idéaliste impertinent, mais c’est cela qui fait de vos œuvres des chefs d’œuvres. En comparaison aux descriptions interminables dans Les Misérables de Victor Hugo, vous êtes capable de faire bref, et en ne gardant que l’essentiel, vous passionnez tout autant le lecteur si ce n’est plus. Seul le rêve vous enchante, vous exalte et le lecteur le ressent dans vos histoires. Vous avez cette ironie noire et sombre qui vous est propre et qui pimente vos intrigues. J’aime, j’admire, j’adore ce qui naît de votre plume et je prie pour que cela ne cesse sous aucun prétexte ! J’aimerais que vous me fassiez frissonner, pleurer, aimer et détester encore et encore en lisant vos lignes. J’estime votre talent aussi précieux que le diamant, exceptionnel par son originalité, si ce n’est divin : car même les anges en lisant vos textes seraient à coups sûrs séduits, garantissant ainsi votre place à leurs côtés, au paradis. Alors je vous en conjure, continuez d’écrire vos fabuleuses nouvelles, pour je puisse encore et encore voyager dans l’illusion !
Bien à vous,
Adèle du Tillet
P-S : Serait-il possible de vous rencontrer, car j’aimerai tant faire la connaissance du génie littéraire de ce siècle et à l’occasion vous faire dédicacer l’exemplaire des Contes Cruels qui est mien.
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