Etude des lieux dans Gargantua
Publié le 29/10/2011
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Gargantua est une œuvre, publié en 1534 par François Rabelais. Ce roman rabelaisien plonge le lecteur dans de nombreux lieux qui ne sont pas toujours connus du lecteur. En effet, Rabelais, tout au long de son œuvre, a inventé des noms de lieux qui ont une symbolique. François Rabelais a pris soin d’entreprendre un savant mélange entre les lieux fictifs et les lieux qu’il connaît personnellement, notamment l’Indre et Loire. Dans cette dissertation, nous allons nous intéresser aux lieux qui existent ou bien qui ont excité dans le temps gargantuesque puis ensuite, aux lieux inventés personnellement par Rabelais.
En effet, dans ce roman, Rabelais joue avec les noms de lieux. Souvent, ils sont familiers à Gargantua donc aussi aux lecteurs. Nous pouvons remarquer que beaucoup sont des lieux se situant dans l’Indre et Loire, le pays natal de Gargantua. Dans Gargantua, nous pouvons bien voir que François Rabelais est très attaché à son pays d’origine et nous en fait profiter en nous faisant découvrir les régions de son en enfance. La généalogie des Gargantua a été trouvée lors de fouilles à « Arceau-Galeau, au dessous de l’Olive, en tirant sur Narsay « (p.57). Arceau-Galeau, l’Olive et Narsay sont des lieux inconnus aujourd’hui, certains historiens nous disent qu’elles existaient au temps de Gargantua. Ces villes, d’après eux, sont situées à quatre kilomètres de Chinon, qui se trouve en Indre et Loire et qui est la ville où est né François Rabelais. On sait d’ailleurs que Rabelais est né à La Devinière qui est plusieurs fois cité dans le texte et où aujourd’hui est situé le musée Rabelais. Dans le roman, Rabelais nous fait visiter et découvrir son département d’origine, tout au moins les alentours de Chinon en faisant intervenir des rôles venant des environs comme par exemple à la page 73 où Gargamelle et Grandgousier convièrent « des villageois de Seuilly, de La Roche-Clermault, de Vaugaudry, sans oublier ceux du Coudray-Montpensier, du Gué de Vède et les autres « à partager avec eux un repas de tripes, à la page 105 où les cabalistes sont « de Saint Louand «, à la page 213 avec « les fouaciers de Lerné «, à la page 217 avec « les bergers et les métayers de Seuilly et de Cinais «. Par ces interventions de rôles mineurs, Rabelais laisse le lecteur découvrir la région qu’il affectionne tant.
I] Des espaces et des lieux familiers Bien que Rabelais ait entrepris un mélange entre espaces fictifs et espaces familiers (A), la plupart d'entre-eux se rattache au Poitou ou à l'Ile-de-France (B). A) La coexistence de lieux imaginaires et réels Gargantua est une œuvre faite de nombreuses distinctions : aux sophistes s'oppose la pédagogie de Ponocrates, le monde des humains cohabite avec celui des géants, et les lieux imaginaires et réels forment l'espace au sein duquel se meuvent les protagonistes de l'action. Ainsi retrouve-t-on le royaume de Papeligosse au chapitre XV qui est une pure invention de l'écrivain (p. 145). Cependant, le lecteur retrouve au fil de la chronique des toponymes – des noms de lieux – qui lui sont familiers ou en tout cas qui sont authentiques. A l'évidence, il devient plus aisé de s'identifier au roman, même si celui-ci relève globalement de l'imaginaire. Cet espace en devient toutefois déconcertant en ce que la guerre picrocholine se déroule dans des lieux-dits, des petits villages très proches les uns des autres, ce qui est difficilement imaginable dans la mesure où une guerre suppose le plus souvent des espaces vastes. B) Les régions du Poitou et de l'Île-de-France Le constat doit être fait : la majorité des lieux évoqués se rattachent au Poitou et à l'Île-de-France. D'abord est évoqué le Poitou et en particulier la région de Chinon très familière à Rabelais puisqu'il y a passé une grande partie de son enfance. Ainsi peut-on évoquer quelques villages environnants : « Narsay « (chap. 1, p. 57), « Pontille « et « Bréhémont « (ch. 7, p. 93), sans oublier ceux « de Cinais, de Seuilly, de la Roche-Clermault, de Vaugaudry, [...] du Coudray-Montpensier, du Gué de Vède « (p. 73). Ces différentes localités entourent La Devinière, habitation où naquit Rabelais. Enfin, il convient de noter que certains villages évoqués tels « Brisepaille « et « Saint-Genou « (ch. 6, p. 87) existent bel et bien, bien que leur dénomination soit étonnante. Le départ de Gargantua à Paris est l'occasion pour Rabelais de donner à voir d'autres villages, d'autres espaces. Il s'attarde notamment sur Orléans et ses environs avec le fameux épisode de la jument qui, piquée par des frelons, a ravagé la forêt de la Beauce. Puis, Paris fait l'objet de descriptions plus importantes. Le lecteur peut ainsi découvrir « les tours de l'église Notre-Dame « (ch. 17 ; p. 155), le « quartier de l'Université « (p. 155) ou encore « la porte Saint-Victor « (ch. 23 ; p. 203). Mieux, Rabelais rappelle au lecteur qu'aux environs de la capitale des lieux agréables peuvent être visités. En effet, Ponocrates et Gargantua, une fois par mois, « quittaient la vile au matin pour aller à Gentilly, à Boulogne, à Montrouge, au pont de Charenton, à Vanves ou à Saint-Cloud « (ch. 24 ; p. 211). En fin de compte, le but de l'écrivain est d'inscrire sa chronique dans un cadre des plus familiers. En définitive, malgré quelques inventions, le lecteur retrouve des espaces et des lieux dont il a connaissance. Ces espaces, en outre, révèlent une symbolique particulière. II] Des espaces et des lieux à valeur symbolique D'un côté, Gargantua est amené à protéger son pays natal (A) tandis que, de l'autre, Picrochole veut conquérir des territoires qui ne lui appartiennent pas (B). A) La protection du pays natal Le lieu à protéger au cours de la guerre picrocholine est celui où est né Rabelais, ce n'est en rien un hasard. Les espaces entourant la Devinière sont menacés par la volonté expansionniste de Picrochole. Pour cela, Grandgousier fait appel à Gargantua et lui demande de revenir au pays natal pour sauver les siens. Ce retour a valeur de test puisqu'il invite le héros rabelaisien à mettre en pratique tout ce qu'il a appris de bon et de vertueux au cours de sa formation. Sa mission est de protéger le royaume de son père qui, à l'avenir, sera le sien. En quelque sorte, le lecteur assiste à une passation de pouvoir, symbolique certes, mais qui pour Rabelais a son importance. En effet, la lettre de Grandgousier met cela en évidence : « Aussi, mon fils bien-aimé, quand tu auras lu cette lettre, et le plus tôt possible, reviens en hâte pour secourir non pas tant moi-même [...] que les tiens que tu peux, pour le droit, sauver et protéger « (ch. XXIX ; p. 237). Gargantua a pour mission la protection du royaume qui, de droit, lui reviendra. B) La volonté expansionniste de Picrochole A contrario, Picrochole veut étendre son royaume. Incapable de se contenter de ses terres, il veut illégitimement accroître ses possessions. Picrochole règne d'ailleurs sur un château nommé « Capitole « (ch. XXVI ; p. 217), ce qui n'est pas sans rappelé le Capitole de Rome. Ainsi, le souverain se fait successeur des empereurs romains. En outre, les gouverneurs de Picrochole n'hésitent pas à attiser sa soif de conquêtes ce qui est mis en exergue par de longues énumérations de territoires : « Pendant ce temps, l'autre partie tirera vers l'Aunis, la Saintonge, l'Angoumois et la Gascogne et aussi vers le Périgord, le Médoc et les Landes « (ch. XXXIII ; p. 253). Cette expansion qui se ferait d'une part par la méditerranée et d'autre part par le nord de l'Europe – telle une tenaille se refermant sur le monde – paraît redoutable et pour ainsi dire facile à réaliser tant les armées picrocholiennes semblent puissantes. Aux multiples lieux-dits dont Gargantua se fait l'ardent défenseur s'opposent les multiples territoires à conquérir par Picrochole et ses ouailles. A l'humilité des uns s'oppose l'orgueil des autres. Ainsi, ces espaces, souvent familiers, revêtent une symbolique : certains lieux sont défendus vaillamment et protégés par des souverains responsables aimant leur peuple ; d'autres font l'objet de convoitises. Mais au final, l'humilité l'emporte sur le désir de conquête.
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