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ETUDE D'ENSEMBLE : baroque et classicisme dans DON JUAN

Publié le 04/08/2010

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LE BAROQUE

le baroque a dominé les lettres françaises de 1580 à 1640. Or Dom Juan a été représenté en 1665, soit à une période où triomphe le classicisme. Cela s’explique par le fait que, pas plus qu’à une autre époque, le XVII° siècle ne fut une période homogène. Le terme « baroque « est d’origine italienne. Emprunté au vocabulaire de la bijouterie, il désigne alors une perle de forme irrégulière. « Baroque « a fini par désigner ce qui est excentrique, extravagant, bizarre. Par extension, l’idéal baroque se définit par le changement, par l’importance accordée aux apparences au détriment de l’être, par l’instabilité des formes et des sentiments. C’est donc tout à la fois une technique de représentation picturale, sculpturale ou théâtrale, et une philosophie de l’existence. - - - - - Une esthétique de la diversité : une dramaturgie de la mobilité : o tout change, évolue, échappe à la fixité : fuite de Don Juan, multiplication des conquêtes o succession de lieux : 5 lieux différents (palais, la campagne et le bord de mer, la forêt, l’appartement de Don Juan, la campagne aux portes de la ville) o élargissement temporel : la durée excède les 24 heures (36 heures : le rideau se lève le matin, le soir tombe à l’acte III, c’est la nuit à l’acte IV. L’acte V débute le lendemain et se poursuit sur la journée) o action non linéaire : série de rencontres fortuites, indépendantes les unes des autres. Un mélange des genres : o Tous les personnages ne sont pas comiques : Don Louis = personnage de tragédie ou de tragi-comédie ; Done Elvire = héroïne de tragédie ; les paysans ressemblent davantage à des bergers de pastorale. o Normalement, la comédie met en scène des bourgeois et des valets. Ici, à part M. Dimanche et les valets, tous les autres personnages sont nobles. Le foisonnement des tons (registres de langue): o Le comique : (acte II) o Le burlesque : décalage entre ce qui est dit et la façon de le dire o Un ton sérieux : Don Louis o Le pathétique avec done Elvire Deux thèmes spécifiquement baroques : L’association de la vie et de la mort : o « la belle chose… d’être mort dès sa jeunesse « o La mort fait partie de la vie : le naufrage o La statue qui bouge La confusion du réel et du surnaturel : o Goût pour le grandiose, le mystère Les métamorphoses de l’être (l’homme n’est que mouvement et apparence) Les déguisements de l’être : o Le changement de costume : Sganarelle en médecin, Don Juan est vêtu comme un prince pour Pierrot, Don Juan en habit de campagne (costume de voyage). Il suffit de se déguiser pour être quelqu’un d’autre. Les déguisements de l’âme : o Conversion de Don Juan à l’hypocrisie : manipulation des apparences. o A la différence de Tartuffe, Don Juan n’est pas démasqué. Les déguisements du cœur : o Inconstance : traduction sur le plan sentimental du thème du changement. o Refus de s’attacher = refus de la durée - - - Le baroque = triomphe de l’illusion. Impossibilité de fixer la nature profonde de l’homme baroque = futilité et illusion LE CLASSIQUE

Dom Juan : une pièce classique ? Le classicisme : raison, régularité, ordre La « comédie « obéit à une double exigence : concentration de l’intrigue et dénouement « heureux «. Un refus des formes classiques Le refus des trois unités : o unité de lieu : le décor change d’acte en acte o unité de temps : l’action dépasse les 24 heures o unité d’action : enchaînement de rencontres souvent fortuites. Le refus de la vraisemblance : o L’action doit paraître crédible o Or, ici, c’est le hasard qui semble gouverner les événements. o Animation de la statue, émergence du surnaturel Le refus des « bienséances « : o Attitude souvent scandaleuse de Don Juan même si la violence est absente sur scène. o Suppression de la scène du pauvre dès la deuxième représentation. Pièce censurée à la quinzième représentation. - - Conclusion : Dom Juan n’est pas une pièce véritablement classique. Un respect de l’esprit du classicisme : Une intrigue concentrée sur Don Juan : o Don Juan est présent dans presque toutes les scènes. o Chaque acte illustre un aspect du personnage : le mari volage (acte I), le séducteur (acte II), l’impie sacrilège (acte III), le fils rebelle devant son père (acte IV), le révolté contre Dieu (acte V) - Un thème unique : le libertinage o Libertinage de pensée (religieux) o Libertinage sentimental Le libertinage religieux ne s’oppose pas au libertinage sentimental : au XVII° siècle, le mariage civil n’existe pas. Tout mariage est religieux et possède la valeur d’un sacrement. Un dénouement conforme, malgré les apparences, aux lois du genre : o La mort ici = juste punition o La norme est rétablie : sous cet angle, Don Juan se termine « bien «. Une progression dramatique rigoureuse : l’intérêt doit rebondir et s’approfondir d’acte en acte. Des défis croissants de la part de DJ : o Crescendo dans l’impiété : Un athée : « je crois que deux et deux sont quatre « (III, 1) = indifférence religieuse Un impie sacrilège : il nargue la statue du commandeur Un hypocrite : acte V Des menaces croissantes - - Conclusion : Comédie atypique, qui conserve du classicisme la concentration et la progression dramatiques

 

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