Etude de texte (Candide : Chapitres 1- 3-6–17–18–19-30) - Littérature
Publié le 26/02/2011
Extrait du document
- L'art du conteurVivacité du récit
- phases du récit : 5 phases = 5 phrases
- précipitation des événements
- Une image dépréciée de l'amourChoix lexicaux : relation mécanique dans le vocabulaire des sciences : dérision
- Candide / Cunégonde : parodie d'amour courtois, parodie d'Adam et Eve chassés du paradis
- lieux dévalorisants
- sanction immédiate et vulgaire
- L'optimisme ridiculisé, ou comment un conte devient philosophiquePetitesse du philosophe, impossible à prendre au sérieux
- détournement du vocabulaire optimiste
- Valorisation de la guerre : adjectifs appréciatifs (beau, leste, brillant...)
- dépréciation des victimes : 10 000 coquins...
- les Te Deum : solennité et sacré.
- Une valorisation naturellement ironique (harmonie infernale).
- La "boucherie héroïque" Sur quoi Voltaire met-il l'accent ? Parallélisme des situations, innocence et souffrance des victimes : la guerre est atroce, absurde ; elle ne sert rien.
- Tonalité générale du texte, jeu des points de vue. D'où vient l'efficacité de la dénonciation ? Point de vue interne (Candide) et externe (sur Candide). Froideur apparente et ironie. Traitement comique de l'horreur.
- Que signifie le mot "Eldorado" ? Où se situe cette région ? Le mot signifie "le doré", allusion à la profusion d'or et de pierres précieuses qu'y trouvent les voyageurs. Cette région est située par Voltaire dans un lieu inaccessible du Pérou.
- Qui guide Candide dans ce pays ? Pourquoi ? C'est Cacambo, le valet, qui guide son maître. En effet il est lui-même d'origine péruvienne, parle la langue du pays. En outre cela renforce la figure de l'inversion : c'est le valet qui domine le maître. "Candide ne jouait plus que le second personnage, et accompagnait son valet" (ch. 18, l. 5-6)
- Quels personnages marquants les voyageurs rencontrent-ils ?Dabord des "petits gueux" avec leur instituteur ; ce ne sont des personnages marquants que parce que les voyageurs les prennent pour des fils de rois.
- Puis les aubergistes : l'hôte, ses employés, et quelques clients
- Puis un savant vieillard qui les initie au pays, son histoire, ses coutumes, ses lois.
- Enfin ils sont reçus par le Roi lui-même, personnage dune grande bonhommie, très accessible (contrairement à l'étiquette très rigide des cours européennes).
- Quelles sont les institutions qui n'existent pas en Eldorado ? Justifiez cette absencele clergé : "nous sommes tout prêtres" (ch. 18)
- les institutions judiciaires, cour de justice, parlement
- les prisons= absence de toute forme d'institution répressive.
- Quelles sont les institutions qui existent ?tout ce qui relève de la culture : arts, théâtres, palais des sciences... Intérêt des Lumières pour les Sciences exactes.
- la religion, une "religion naturelle" sans prière, sans dogme, proche du déisme de Voltaire.
- Pourquoi Voltaire n'achève-t-il pas le conte au chapitre 18 ? Quel serait alors le sens de l'œuvre ? Si Voltaire achevait le conte au ch. 18 (si Candide et Cacambo renonçaient quitter Eldorado), cela aurait plusieurs conséquences :la dénonciation du mal serait incomplète : il manquerait notamment celle de l'esclavage
- Cela laisserait supposer que le bien existe, est possible : même dans un pays imaginaire, Candide aurait donc fini par trouver une société parfaite.
- la plupart des personnages (notamment Cungonde) ne verraient pas leur sort fixé.
- Relevez des traces d'humour dans ces deux chapitres. Quelle est ici sa fonction ?les "gaffes" de voyageurs ignorants : ils offrent solennellement, en guise de paiement, des cailloux !
- l'inappropriation du terme "moutons" pour "lamas" : on imagine d'étranges attelages ! o le cérémonial un peu ridicule qui entoure le roi : on l'embrasse sur les deux joues. o les exagérations (3000 bons physiciens...) Et le spectacle de "l'ascension" des voyageurs : Voltaire s’amuse ici visiblement, et joue sur les invraisemblances.
- Où en est Candide dans son évolution ? Que lui manque-t-il encore pour parvenir la maturité ? Candide commence douter des paroles de Pangloss ; il ne croit plus que la Westphalie soit le paradis terrestre. Mais il pense encore que le "meilleur des mondes" existe ! Il n’en tire pas non plus de conclusion politique : "il est certain quil faut voyager". Enfin, il est toujours obsd par Mlle Cunégonde. Il manque encore de lucidit, desprit critique et de recul.
- de leur misère
- de leur confiance dans leurs prêtres
- de l'excessive considération pour les blancs.Dénonciation très (trop ?) lucide de l'exploitation des peuples simples, victimes de leur misère et de leur crédulité.
- ch. 3 : mensonge des religions, discours "charitables" et réalité du sectarisme. Rôle du clergé dans la guerre.
- ch.5 : noyade de l'Anabaptiste
- ch. 6 L'autodafé
- ch. 8-10 : Histoire de Cunégonde : rôle de l'Inquisiteur (et du juif) ; vol des diamants par un cordelier.
- ch. 14 : les Jésuites au Paraguay
- ch. 15 : récit du Baron : homosexualité des Jésuites...
- ch. 18 : la vraie religion de l'Eldorado.
- ch. 19 : l'esclavage : rôle des "fétiches" hollandais.
- ch. 22 : l'abbé périgourdin
- ch. 24 : le moine Girofle, souteneur ; rôle des couvents.
- ch. 28 : Homosexualité des Jésuites. L'imam et Pangloss.
- ch. 30 Conclusion : le Derviche.
- La Vieille (qui n'a même pas de nom), est l'image la fois idéalisée et aggravée de Cungonde : celle-ci, fille de petite noblesse, était surtout fraîche et agréable, la vieille était fille de pape et d'une beauté exceptionnelle. Elle est la prémonition de ce que sera Cungonde dans les derniers chapitres. Elle a connu l'amour absolu, mais une chute bien plus rude que celle de Cunégonde qui se réduisait des coups de pied aux fesses et aux soufflets de la baronne : la Vieille voit mourir son amant.
- Puis c'est la série des malheurs, comparables à ceux de Cunégonde, et des autres personnages :
- La capture, symétrique de la prise du château de Thunder-ten-Tronk, et le viol : la vieille sera "violée presque tous les jours"
- La violence et la guerre sur les côtes du Maroc (symétriques la guerre vécue par Candide) : la violence est encore plus grande en Afrique qu'en Europe.
- La maladie (vocation de la "grande peste de 1720-1721) ; en somme, elle condense à elle seule les malheurs répandus sur trois personnages : le viol (Cungonde), la guerre (Candide), la maladie (Pangloss).
- La vieille devient une marchandise, vendue et revendue. Là encore, on note l'aggravation par rapport au sort de Cunégonde, qui fut seulement servante et concubine. Elle deviendra même... une denrée comestible, et sera amputée d'une fesse en Russie : nouveau degré dans l'inhumain !
- Enfin, elle est condamnée à l'errance.
- Le récit n'est pourtant pas pathétique : bien que les formes du mal y soient traitées de manière hyperbolique et concentrée, on sourit de la vieille, comme elle en sourit elle-même !
- Une représentation physique sommaire : Les héros du conte, contrairement à ceux du roman, sont décrits très sommairement. C'est le cas de Candide ("Sa physionomie annonçait son âme"), de Zadig, paré de toutes les qualités physiques, mais dont on ne saurait tracer le portrait, de L'ingénu même dont on souligne seulement au passage quelques traits fondamentaux (la vigueur du Sauvage, l'lgance de l'Européen...) Une présence physique réduite à quelques traits : la douleur (Candide aprs les coups de fouet de l'Inquisition...), le désir (Candide, l'Ingénu...), la maladie (Pangloss)...Mme les héroïnes connaissent le même traitement. Elles appartiennent à des types : la belle jeune fille (Mlle de Saint-Yves, Formosante), fraîche et sensuelle (Cungonde, la fille du Pape...) ; leur dégradation physique, dans Candide, répond un besoin de démonstration : ch. 11 pour la Vieille, ch. 29 pour Cungonde : c'est une des manières de mettre mal le "Tout est bien" de Pangloss.Il ne s'agit en aucun cas de produire un effet de réel qui permette au lecteur d'identifier le personnage comme une personne.
- Des caractères à peine ébauchés.
- Absence d'individualité morale. Cungonde, p. ex, ne manifeste jamais un fond d'esprit ou de sentiment. Son physique, ses mains qui s'égarent annoncent une femme sensuelle, mais ses mésaventures, qu'elle raconte à Candide, ne lui arrachent ni une larme ni un regret. Exigeant à la fin que Candide l'épouse, elle ne dit pas son amour, mais fournit par ce mariage de dégoût une preuve de plus du malheur universel.
- Des personnages-thèses. Pangloss se réduit une mécanique verbale, incapable même d'éprouver un sentiment : avec quelle allgresse raconte-t-il au pauvre Candide la ruine du château et le viol de Cungonde ! Il n'est qu'une caricature. A l'autre extrémité, Martin le Manichen - on ne dit pas encore le Pessimiste - n'est pas beaucoup mieux loti.On trouve d'autres personnages-thèses dans les contes : les six rois que rencontre Candide, les personnages du banquet, dans Zadig...
- Des personnages-emplois. On trouve de tels personnages profusion dans les contes : l'ami fidèle, Cador ou Cacambo, la femme infidèle (Azora) ; la capricieuse (Missouf) ; le mari jaloux (Moabdar), le père noble ou qui se voudrait tel (Le Baron de Thunder-Ten-Thronck); certains même n'ont pas de nom, seulement définis par leur emploi, au sens théâ tral du terme : tel "l'interrogant bailli" de l'Ingénu, ou l'Envieux et l'Envieuse de Zadig.
- Des personnages fonctions. Ceux-là ne se définissent que par le rôle qu'ils sont amenés à jouer dans l'action, et ils disparaissent aussitôt : tel l'Empereur Chinois, qui indique à Formosante où est Amazan, ou le Bon Anabaptiste, qui se noie aussitôt accomplie sa mission : emmener Candide et Pangloss Lisbonne, au moment du tremblement de terre. Sans parler du Baron, dont le "rôle" se limite un fameux coup de pied au derrière...
- dialogue didactique, dont l'objectif est l'exposition d'un savoir : dans ce cas, les interlocuteurs ne sont pas sur le même plan , puisque l'un d'eux détient le savoir qu'il dispense aux autres.
- dialogue dialectique : deux personnages sur le même plan discutent entre eux, pour parvenir à résoudre une difficulté commune.
- dialogue polémique : affrontement entre deux thèses opposées, chacun des interlocuteurs défendant sa position (parfois avec véhémence).
- chapitre 4, entre Candide et Pangloss (p. 51-52) : dialogue didactique, dans lequel Pangloss raconte la maladie qui l'afflige, mais raffirme que "tout est au mieux"
- chapitre 5 (fin) : bref échange entre Pangloss et un inquisiteur : dialogue polémique. C'est le seul de ce type.
- chapitre 18, le vieillard de l'Eldorado : Candide s'informe, le vieillard répond à ses questions ==> dialogue didactique.
- chapitres 20 et 21 : Candide discute avec Martin. Dans le premier chapitre, Martin expose ses conceptions philosophiques Candide : dialogue didactique ; même schéma dans le ch. 21,mme si Candide se permet parfois quelques objections.
- chapitre 22, "Paris" : nombreux dialogues. Candide, étranger, s'informe auprès de ses interlocuteurs (didactique) ; mais il y a aussi débat (p. 176, p. ex : dialogue dialectique).
- chapitre 24 : Paquette, Girofle, Martin : Paquette et Girofle racontent leurs malheurs (didactique), et Martin commente : dialectique.
- chapitre 25 : Pococurante : dialogue didactique (P. Rpond aux questions) puis dialectique (Candide et Martin commentent)
- chapitre 26 : les six rois. Chacun son tour raconte ses mésaventures. : didactique. (on peut se demander si dans ce cas il y a véritablement dialogue, ou plutôt une succession de récits).
- chapitre 30 : deux dialogues didactiques (dont un paradoxal : le derviche refuse de délivrer une leçon !), puis un dialogue qui serait polémique, si Candide daignait répondre à Pangloss.
«
"Te Deum " : actions de grâce.
Chacun de ceux qui fait la guerre prétend avoir Dieu dans son camp.
Cela révolteVoltaire.
D'autre part, chacun pense avoir gagné : donc la boucherie était inutile.
Tableau de la souffrance des civils : réalisme, détails atroces.
Le même spectacle se retrouve dans chacun desdeux camps : chacun est responsable.
Voltaire attaque ici la théorie de Rudendorf ou de Grotius qui légitimaient la destruction des terres de l'ennemi.
Dernière image, pathétique : Candide reste seul, infiniment triste, petite silhouette, dernier refuge de la consciencehumaine.
(CF théâ tre d'ombre, ou films de Charlie Chaplin).
Plan de commentaire :
Valorisation de la guerre : adjectifs appréciatifs (beau, leste, brillant...)dépréciation des victimes : 10 000 coquins...les Te Deum : solennité et sacré.Une valorisation naturellement ironique (harmonie infernale).
1.
La "boucherie héroïque"
Sur quoi Voltaire met-il l'accent ? Parallélisme des situations, innocence et souffrance des victimes : la guerreest atroce, absurde ; elle ne sert rien.
2.
Tonalité générale du texte, jeu des points de vue.
D'où vient l'efficacité de la dénonciation ? Point de vue interne (Candide) et externe (sur Candide).
Froideurapparente et ironie.
Traitement comique de l'horreur.
3.
CHAPITRE 6 : Candide soldat1- EVOLUTION DU PERSONNAGE :
Candide réagit comme en subissant l'événement : dans le §2, il n'est l'auteur d'aucune action (son nom n'est jamais sujet, sauf d'un verbe passif la fin : "fut fessé").
Ensuite il est accablé d'une cascade d'adjectifs (début 3)qui renvoient tous à la stupéfaction et l'inadaptation aux choses.
La cérémonie elle-même nous montre Candidecomme une marionnette déguisée dont nous ignorons les réactions.
La source de cette apathie est dans sonéducation T-t-T ("pour avoir écouté avec approbation") qui l'a privé de toute autonomie.
On notera cependant querien n'indique comment Candide perçoit la pendaison de Pangloss et que la cérémonie est vue selon une focalisationexterne qui interdit d'entrer dans les sentiments du personnage.On perçoit tout de même une évolution dans l'interrogation finale de Candide : il est surpris par la réalité du monde et constate l'écart entre ses rêves et la réalité.
Sa peur provoque chez lui une révocation de l'optimisme ("sic'est ici...
les autres).
De manière significative, il invoque les principaux constituants de l'illusion T-t-T (Pangloss etCungonde) et pleure l'anabaptiste, dont l'idéologie positive a été mal récompensée.
Le personnage s'assombrit etprend conscience.
Il est livréà lui-même, prêt à être pris en main par le ou la premièr(e) venu(e).2-UNE SATIRE DE L'OBSCURANTISMELa satire : Voltaire prend l'Inquisition comme moyen de poursuivre "l'Infâme".
On perçoit ici un travestissement et une certaine retenue du jugement : Voltaire n'a pas recoursà des termes comme "monstres" ou "opprobre du genrehumain" : il fait semblant de ne pas s'engager.
Mais ce chapitre témoigne des méfaits de la religion pervertie enobscurantisme : sottise ou arbitraire du raisonnement, discordance des idées et du réel, intolérance, absurdité desrites réglés, gratuité de la cérémonie, cruauté, inefficacité.
Le dogmatisme, invention des hommes; est le contrairede la vraie religion (cf celle de l'Eldorado) qui est simple amour de Dieu et des hommes.
Il assouvit les instinctsterrestres et illustre les aberrations des idées absolues.cf l'Essai sur les Moeurs : "On s'est servi dans toute la terrede la religion pour faire le mal, mais elle est pourtant instituée pour porter au bien ; et si le dogme apporte lefanatisme et la guerre, la morale inspire partout la concorde".L'humour dit le réel pour s'en moquer. C'est une manière partielle de montrer les choses en leur faisant perdre leur unité, leur cohérence, leur sens.
Le système descriptif limité est un jeu humoristique.
Voir notamment lesadjectifs : "bel" autodafé et les précisions : " petit feu" (le sermon "très pathétique", la "belle" musique, la pendaison"quoique ce ne fût pas la coutume").
De même, l'humour repose sur les rapports obscurs entre les réalités affirmées(ici les motifs de la condamnation au début du 2) ou sur des inadéquations ("fessé" au lieu de "flagellé" ; on "orna"leur tête...)L'ironie dit ce qui n'est pas, énonce ce qui devrait être.
C'est une manière falsifiée de dire les choses pour en révéler l'absurdité.
Voltaire feint ici de justifier, d'approuver ou d'admirer des décisions, des actes, des détailsinadmissibles.
Il fait comme si était logique la décision d'organiser un autodafé, prise par les "sages" (antiphrase) deLisbonne, et par l'Université qui a découvert un lien de causalité entre autodafé et arrêt des séismes.
Noter aussi lespériphrases ("appartement d'une extrême fraîcheur..."), l'alliance de mots (début du dernier ).
Le but de l'ironie estde réduire l'absurde (les raisons de la condamnation), par exemple en utilisant des enchaînements bizarres (passagedu 1 er au 2 ème "en conséquence" ; fin du 2) ; des hyperboles (tout le dernier ), des euphémismes (le cachot) etc. L'alliance de mots inadquats : tous les ex.
ci-dessus répondent plus ou moins cette technique.
Mais noter aussi le burlesque qui fait employer des termes bas ou aimables pour des sujets graves : Candide "fessé en cadence pendant.
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