Etude de texte (Candide : Chapitres 1- 3-6–17–18–19-30)
Publié le 03/01/2011
Extrait du document
- L'art du conteurVivacité du récit
- phases du récit : 5 phases = 5 phrases
- précipitation des événements
- Une image dépréciée de l'amourChoix lexicaux : relation mécanique dans le vocabulaire des sciences : dérision
- Candide / Cunégonde : parodie d'amour courtois, parodie d'Adam et Eve chassés du paradis
- lieux dévalorisants
- sanction immédiate et vulgaire
- L'optimisme ridiculisé, ou comment un conte devient philosophiquePetitesse du philosophe, impossible à prendre au sérieux
- détournement du vocabulaire optimiste
- Valorisation de la guerre :adjectifs appréciatifs (beau, leste, brillant...)
- dépréciation des victimes : 10 000 coquins...
- les Te Deum : solennité et sacré.
- Une valorisation naturellement ironique (harmonie infernale).
- La "boucherie héroique" Sur quoi Voltaire met-il l'accent ? Parallélisme des situations, innocence et souffrance des victimes : la guerre est atroce, absurde ; elle ne sert rien.
- Tonalité générale du texte, jeu des points de vue. D'où vient l'efficacité de la dnonciation ? Point de vue interne (Candide) et externe (sur Candide). Froideur apparente et ironie. Traitement comique de l'horreur.
- Que signifie le mot "Eldorado" ? Où se situe cette région ? Le mot signifie "le doré", allusion à la profusion d'or et de pierres précieuses qu'y trouvent les voyageurs. Cette région est située par Voltaire dans un lieu inaccessible du Pérou.
- Qui guide Candide dans ce pays ? Pourquoi ? C'est Cacambo, le valet, qui guide son maître. En effet il est lui-même d'origine péruvienne, parle la langue du pays. En outre cela renforce la figure de l'inversion : c'est le valet qui domine le maître. "Candide ne jouait plus que le second personnage, et accompagnait son valet" (ch. 18, l. 5-6)
- Quels personnages marquants les voyageurs rencontrent-ils ?Dabord des "petits gueux" avec leur instituteur ; ce ne sont des personnages marquants que parce que les voyageurs les prennent pour des fils de rois.
- Puis les aubergistes : l'hôte, ses employés, et quelques clients
- Puis un savant vieillard qui les initie au pays, son histoire, ses coutumes, ses lois.
- Enfin ils sont reçus par le Roi lui-même, personnage dune grande bonhommie, très accessible (contrairement à l'étiquette très rigide des cours européennes).
- Quelles sont les institutions qui n'existent pas en Eldorado ? Justifiez cette absencele clergé : "nous sommes tout prêtres" (ch. 18)
- les institutions judiciaires, cour de justice, parlement
- les prisons= absence de toute forme d'institution répressive.
- Quelles sont les institutions qui existent ?tout ce qui relève de la culture : arts, théâtres, palais des sciences... Intérêt des Lumières pour les Sciences exactes.
- la religion, une "religion naturelle" sans prière, sans dogme, proche du déisme de Voltaire.
- Pourquoi Voltaire n'achève-t-il pas le conte au chapitre 18 ? Quel serait alors le sens de l'œuvre ? Si Voltaire achevait le conte au ch. 18 (si Candide et Cacambo renonaient quitter Eldorado), cela aurait plusieurs consquences :
- la dénonciation du mal serait incomplète : il manquerait notamment celle de l'esclavage
- Cela laisserait supposer que le bien existe, est possible : même dans un pays imaginaire, Candide aurait donc fini par trouver une société parfaite.
- la plupart des personnages (notamment Cungonde) ne verraient pas leur sort fixé.
- Relevez des traces d'humour dans ces deux chapitres. Quelle est ici sa fonction ?les "gaffes" de voyageurs ignorants : ils offrent solennellement, en guise de paiement, des cailloux !
- l'inappropriation du terme "moutons" pour "lamas" : on imagine d'étranges attelages ! o le cérémonial un peu ridicule qui entoure le roi : on l'embrasse sur les deux joues. o les exagrations (3000 bons physiciens...) Et le spectacle de "l'ascension" des voyageurs : Voltaire samuse ici visiblement, et joue sur les invraisemblances.
- Où en est Candide dans son évolution ? Que lui manque-t-il encore pour parvenir la maturité ? Candide commence douter des paroles de Pangloss ; il ne croit plus que la Westphalie soit le paradis terrestre. Mais il pense encore que le "meilleur des mondes" existe ! Il nen tire pas non plus de conclusion politique : "il est certain quil faut voyager". Enfin, il est toujours obsd par Mlle Cungonde. Il manque encore de lucidit, desprit critique et de recul.
- de leur misère
- de leur confiance dans leurs prêtres
- de l'excessive considération pour les blancs.Dénonciation très (trop ?) lucide de l'exploitation des peuples simples, victimes de leur misère et de leur crédulité.
- ch. 3 : mensonge des religions, discours "charitables" et réalité du sectarisme. Rôle du clergé dans la guerre.
- ch.5 : noyade de l'Anabaptiste
- ch. 6 L'autodafé
- ch. 8-10 : Histoire de Cungonde : rôle de l'Inquisiteur (et du juif) ; vol des diamants par un cordelier.
- ch. 14 : les Jésuites au Paraguay
- ch. 15 : récit du Baron : homosexualité des Jésuites...
- ch. 18 : la vraie religion de l'Eldorado.
- ch. 19 : l'esclavage : rôle des "fétiches" hollandais.
- ch. 22 : l'abbé périgourdin
- ch. 24 : le moine Girofle, souteneur ; rôle des couvents.
- ch. 28 : Homosexualité des Jsuites. L'imam et Pangloss.
- ch. 30 Conclusion : le Derviche.
- La Vieille (qui n'a même pas de nom), est l'image la fois idéalisée et aggravée de Cungonde : celle-ci, fille de petite noblesse, était surtout fraîche et agréable, la vieille était fille de pape et d'une beauté exceptionnelle. Elle est la prémonition de ce que sera Cungonde dans les derniers chapitres. Elle a connu l'amour absolu, mais une chute bien plus rude que celle de Cungonde qui se réduisait des coups de pied aux fesses et aux soufflets de la baronne : la Vieille voit mourir son amant.
- Puis c'est la série des malheurs, comparables à ceux de Cungonde, et des autres personnages :
- La capture, symétrique de la prise du chateau de Thunder-ten-Tronk, et le viol : la vieille sera "violée presque tous les jours"
- La violence et la guerre sur les côtes du Maroc (symétriques la guerre vécue par Candide) : la violence est encore plus grande en Afrique qu'en Europe.
- La maladie (vocation de la "grande peste de 1720-1721) ; en somme, elle condense à elle seule les malheurs répandus sur trois personnages : le viol (Cungonde), la guerre (Candide), la maladie (Pangloss).
- La vieille devient une marchandise, vendue et revendue. Là encore, on note l'aggravation par rapport au sort de Cungonde, qui fut seulement servante et concubine. Elle deviendra même... une denrée comestible, et sera amputée d'une fesse en Russie : nouveau degré dans l'inhumain !
- Enfin, elle est condamnée à l'errance.
- Le récit n'est pourtant pas pathétique : bien que les formes du mal y soient traitées de manière hyperbolique et concentrée, on sourit de la vieille, comme elle en sourit elle-même !
«
humaine.
(CF théâ tre d'ombre, ou films de Charlie Chaplin).
Plan de commentaire :
Valorisation de la guerre : adjectifs appréciatifs (beau, leste, brillant...)dépréciation des victimes : 10 000 coquins...les Te Deum : solennité et sacré.Une valorisation naturellement ironique (harmonie infernale).
1.
La "boucherie héroique"
Sur quoi Voltaire met-il l'accent ? Parallélisme des situations, innocence et souffrance des victimes : la guerreest atroce, absurde ; elle ne sert rien.
2.
Tonalité générale du texte, jeu des points de vue.
D'où vient l'efficacité de la dnonciation ? Point de vue interne (Candide) et externe (sur Candide).
Froideurapparente et ironie.
Traitement comique de l'horreur.
3.
CHAPITRE 6 : Candide soldat
1- EVOLUTION DU PERSONNAGE :
Candide réagit comme en subissant l'événement : dans le §2, il n'est l'auteur d'aucune action (son nom n'est jamais sujet, sauf d'un verbe passif la fin : "fut fessé").
Ensuite il est accablé d'une cascade d'adjectifs (début 3)qui renvoient tous à la stupfaction et l'inadaptation aux choses.
La cérémonie elle-même nous montre Candidecomme une marionnette déguisée dont nous ignorons les réactions.
La source de cette apathie est dans sonéducation T-t-T ("pour avoir écouté avec approbation") qui l'a privé de toute autonomie.
On notera cependant querien n'indique comment Candide perçoit la pendaison de Pangloss et que la cérémonie est vue selon une focalisationexterne qui interdit d'entrer dans les sentiments du personnage.On perçoit tout de même une évolution dans l'interrogation finale de Candide : il est surpris par la réalité du monde et constate l'écart entre ses rêves et la réalité.
Sa peur provoque chez lui une révocation de l'optimisme ("sic'est ici...
les autres).
De manière significative, il invoque les principaux constituants de l'illusion T-t-T (Pangloss etCungonde) et pleure l'anabaptiste, dont l'idéologie positive a été mal récompensée.
Le personnage s'assombrit etprend conscience.
Il est livréà lui-même, prêt à être pris en main par le ou la premièr(e) venu(e).2-UNE SATIRE DE L'OBSCURANTISMELa satire : Voltaire prend l'Inquisition comme moyen de poursuivre "l'Infâme".
On perçoit ici un travestissement et une certaine retenue du jugement : Voltaire n'a pas recoursà des termes comme "monstres" ou "opprobre du genrehumain" : il fait semblant de ne pas s'engager.
Mais ce chapitre témoigne des méfaits de la religion pervertie enobscurantisme : sottise ou arbitraire du raisonnement, discordance des idées et du réel, intolérance, absurdité desrites réglés, gratuité de la crmonie, cruauté, inefficacité.
Le dogmatisme, invention des hommes; est le contraire dela vraie religion (cf celle de l'Eldorado) qui est simple amour de Dieu et des hommes.
Il assouvit les instinctsterrestres et illustre les aberrations des idées absolues.cf l'Essai sur les Moeurs : "On s'est servi dans toute la terrede la religion pour faire le mal, mais elle est pourtant instituée pour porter au bien ; et si le dogme apporte lefanatisme et la guerre, la morale inspire partout la concorde".L'humour dit le réel pour s'en moquer. C'est une manière partielle de montrer les choses en leur faisant perdre leur unité, leur cohérence, leur sens.
Le système descriptif limité est un jeu humoristique.
Voir notamment lesadjectifs : "bel" autodafé et les précisions : " petit feu" (le sermon "très pathétique", la "belle" musique, la pendaison"quoique ce ne fût pas la coutume").
De même, l'humour repose sur les rapports obscurs entre les réalités affirmées(ici les motifs de la condamnation au début du 2) ou sur des inadéquations ("fessé" au lieu de "flagellé" ; on "orna"leur tête...)L'ironie dit ce qui n'est pas, énonce ce qui devrait être.
C'est une manière falsifiée de dire les choses pour en révéler l'absurdité.
Voltaire feint ici de justifier, d'approuver ou d'admirer des décisions, des actes, des détailsinadmissibles.
Il fait comme si était logique la décision d'organiser un autodafé, prise par les "sages" (antiphrase) deLisbonne, et par l'Université qui a découvert un lien de causalité entre autodafé et arrêt des séismes.
Noter aussi lespériphrases ("appartement d'une extrême fraîcheur..."), l'alliance de mots (début du dernier ).
Le but de l'ironie estde réduire l'absurde (les raisons de la condamnation), par exemple en utilisant des enchaînements bizarres (passagedu 1 er au 2 ème "en consqéuence" ; fin du 2) ; des hyperboles (tout le dernier ), des euphmismes (le cachot) etc. L'alliance de mots inadquats : tous les ex.
ci-dessus répondent plus ou moins cette technique.
Mais noter aussi le burlesque qui fait employer des termes bas ou aimables pour des sujets graves : Candide "fessé en cadence pendantqu'on chantait" ; le détail des excutions (brûlés / pendu "bien que ce ne fût pas la coutume") ; Cungonde, la perledes filles / le ventre fendu.CONCLUSION:L'action : Tous les phraseurs sans exception seront pour Candide source de malheurs ou d'erreurs : le GrandInquisiteur, les jésuites, l'abbé prigourdin.
Seul le derviche, à la fin du conte, invitera au silence et au refus desdoctrines.Il lui faudra donc se tourner vers les actifs qui fondent leur vie sur le mérite et le travail personnels.
L'école de la vieprime sur toutes les autres..
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