Etude de La Vanité dans les Pensées de PASCAL
Publié le 19/09/2010
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Définition :
1. Caractère de ce qui est vain ; quelque chose qui n’a pas de sens, de signification, inutile. Vain, insignifiant : sens ancien, vieillit.
2. Prétention, sentiment de supériorité, autosatisfaction. Sens plus moderne.
Pascal pense au 1er sens ; inutile. Si l’homme ne retrouve pas Dieu et la foi, l’homme en devient absurde. Pascal s’appuie sur un fragment des livres de la Bible (1er testament) : « Vanité des vanités et tout est vanité «.
Ce qui est vain, c’est la prétention humaine puisque l’homme croit être quelque chose alors qu’il n’est rien.
En peinture :
C’est un genre pictural. Dès le XVI siècle, tous les tableaux plus ou moins moralisateurs chrétiens montrent que la vie de l’homme n’est rien. Si on regarde le tableau, il faut croire en Dieu. Les vanités représentent souvent des natures mortes, des objets inanimés, contiennent des symboles (crâne, squelette…).
A quoi voit-on la vanité du monde ?
- le divertissement
- la connaissance humaine : fragment 21 « vanité des sciences «. Il fait un parallèle entre la morale et la science des choses extérieures > la physique (science et philosophie) n’est pas essentielle. Le bien c’est de connaître la morale chrétienne et de déterminer le Bien et le Mal. La morale nous console de la misère de notre vie (différent de la physique qui nous blesse).
- l’art : fragment 37 et 21. Le jugement humain est inconstant > une seule chose toute seule ne me fait pas rire mais plusieurs choses me font rire par leur ressemblance. Exemple : le livre n’est pas admiré mais si on le peint, je l’admire.
- les points de vue : fragment 19. Les points de vues sont très relatifs, il n’y a pas de point de vue absolu. On n’arrive pas à avoir un point de vue lorsqu’on est trop vieux etc. L’homme est incapable de trouver un point de vue juste, de raisonner, parce que l’homme n’est jamais sûr. Son jugement n’est pas absolu, il varie selon l’âge, l’expérience, l’humeur. Il est incapable de trouver la vérité. Il n’a que des jugements imparfaits.
Le courant philosophique qui proclame que l’homme est incapable de trouver la vérité s’appelle le scepticisme. Pascal, lui, est un pyrrhonien.
- les sentiments humains : fragment 42 (renvoie au fragment 392). Cléopâtre a charmé César et Marc Antoine ; l’Egypte est passée sous la coupe de l’empire romain.
L’amour s’attache à quelque chose de physique et c’est un détail. La face du monde n’a pas été la même à cause du nez de Cléopâtre > détail mais avec des conséquences énormes. L’amour tient donc à peu de choses. Misère de l’homme due à la disproportion des causes et des effets.
Fragment 40, la tristesse et la joie : sentiments qui paraissent assez superficiels et vains.
- les occupations humaines : fragment 36, vanité des divertissements au sens moderne (ballon, chasse). Le divertissement évite à l’homme de penser à l’ennui, de penser à sa vie misérable. L’homme s’occupe à la chasse, tout comme les rois. > Le roi est le plus haut placé mais il est finalement comme les autres et il s’attache à des choses inutiles alors qu’ils devrait s’occuper de choses plus importantes. Critique politique.
- les métiers : fragment 34. Militaire > l’homme est prêt à mourir pour avoir la gloire. Le métier de soldat et les métiers aristocrates : vanité. (fragment 32) Tous les métiers sont mis en dérision car il suffit de voir un talon de soulier bien fait pour se dire « je veux être cordonnier « (de même pour le soldat). Le choix des occupations se fait par rapport aux autres. L’homme est incapable de prendre des décisions tout seul.
- les coutumes (plan social) : fragment 46. Les Suisses n’ont pas les mêmes valeurs sociales que nous. Pour les Suisses, différent de la France où la noblesse est très présente.
Fragment 39 ; la France se croit un royaume très puissant… relativité des valeurs.
Fragment 47 ; la vision de l’homme et les coutumes ne sont pas les même selon si on habite d’un côté ou de l’autre d’une rivière. Les lois se différencient. Relativité des coutumes et des lois selon le pays où on habite. Fragment 18 ; idée de la rivière qui délimite 2 pays.
Relativité de la justice > la justice n’est pas la même selon les pays. Fragment 56 ; « Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà. « : ce qui est une vérité en France est une erreur en Espagne.
Fragment 12 ; vanité des conventions sociales. Tout ce qui est convention sociale et toutes les règles sont qualifiés par Pascal de « folie «.
- le pouvoir politique : fragment 24. La puissance des rois est dérisoire car elle se fonde sur la folie et la faiblesse des hommes > s’ils étaient forts, ils n’admirerais pas les rois. Très critique. Pascal fait un constat sans être moralisateur : cela ne peut être autrement car l’homme est faible et misérable.
Fragment 45 : les grands conquérants sont réduits à des gens qui manquent d’amusement (et si on est trop vieux, on en a plus envie). Ce sont tous des jeunes ; signe d’immaturité.
Fragment 23 : on accorde trop de respect à l’apparence. Le roi est respecté pour tout ce qui l’entoure (les gardes etc.) et non parce qu’il est intéressant. On est roi en apparence. Quand il n’est plus entouré, il garde le respect car on a été habitué > monarchie de droit divin (dernière phrase) est ici attaquée. La roi n’a rien de divin car ce sont les gens qui se l’imagine.
Référence au fragment 24 : le roi se laisse distraire par le bruit, par n’importe quoi (une mouche ou une girouette) > il n’est qu’un être humain.
Fragment 28 : pour gouverner un pays, on ne choisit pas le meilleur et le plus qualifié mais le plus noble. Pascal pense que c’est mieux que ça reste ainsi parce que, sinon, tout le monde se croirait le meilleur (= guerre civile). La raison humaine serait incapable de choisir le meilleur.
Fragment 30 : le respect signifie incommodez-vous (implique le fragment 75). Le respect (du roi…) signifie une contrainte ou une hypocrisie.
- la condition humaine : fragment 22. Un être variable, inconstant, qui n’est pas stable, un être tourmenté (inquiétude), qui ne trouve pas de choses à faire (ennui). Presque synonyme de dépression.
Fragment 25 : illustre l’inconstance.
Fragment 26 : récapitulatif de l’homme > faiblesse.
Fragment 31 : la faiblesse de l’homme est de ne pas s’étonner de la faiblesse de sa condition.
Fragment 43 : l’homme est incapable de vivre au présent. Même quand il est heureux dans le présent, il a le sentiment de la fragilité du bonheur. Il se projette toujours au futur, dans l’avenir. Même s’il est heureux, il est malheureux.
Conclusion - vanité de l’homme :
- domaine intellectuel
- domaine social
- domaine politique
- domaine métaphysique
Faiblesse de l’homme à tous les niveaux. Etude, vision pessimiste absolue sur l’homme. Misère de l’homme sans Dieu.
Fragment 41 : un fragment clé (fragment imagination)
Les puissances trompeuses
1. l’imagination
2. les autres puissances trompeuses
1. L’imagination
Pascal définit les principales caractéristiques de l’imagination. L’imagination permet la créativité, elle semble positive. Pascal donne un autre sens = c’est s’imaginer des images sur des choses qu’on perçoit différemment, s’imaginer des images déconnecté de la réalité et de la perception. Pas de déconnections pour Pascal.
Les caractéristiques :
_ Elle est trompeuse ; « elle fait croire, douter, nier la raison, maîtresse d’erreur et de fausseté «. Elle trompe l’homme. Erreur = du point de vue intellectuel (tandis que la fausseté est plutôt du point de vue moral). Pour Pascal, c’est un défaut dangereux.
_ Elle est dominante ; « puissance trompeuse « (beaucoup d’influence), « cette superbe puissance « (elle contrôle et domine). Elle est pour l’homme une seconde nature.
_ Elle est ennemie de la raison ; « cette superbe puissance ennemie de la raison «. L’homme n’est pas un être raisonnable car il se laisse dominer par l’imagination. Personnification de l’imagination.
L’imagination l’emporte sur la raison car il est plus plaisant d’imaginer que d’être raisonnable. L’imagination ne rend pas sage mais rend heureux. Elle est source de bonheur car elle détourne de notre condition misérable. La raison couvre les gens de honte > elle est source de malheur car si l’homme réfléchit, il va prendre conscience de sa misère. Les sages ont confiance en eux grâce à l’imagination.
Pascal donne 3 exemples du pouvoir de l’imagination :
1/ le magistrat. « Vieillesse vénérable « : homme de loi, vieux, sage expérimenté, a toutes les qualités, vénérable. Le magistrat incarne la sagesse (gouverné par la raison). C’est quelqu’un qui a un foi profonde en Dieu (dévot). Zèle dévot : empressement qu’on a à montrer sa foi. Le magistrat va dans une église pour écouter un sermon par un prédicateur (un homme religieux qui fait un discours pour ses fidèles, qui prêche). > il va se moquer du prédicateur, il va rire pour peu que le prédicateur soit enroué. S’il était sage, il aurait écouté les vérités. Pourtant, il va se moquer et s’attacher à des détails insignifiants > il n’échappe pas à l’emprise de son imagination (ne fait pas attention au discours, préfère le petit détails).
Même les gens les plus sages sont sous l’emprise de l’imagination.
2/ le philosophe. Incarnation de la sagesse et de la raison. Lorsqu’il est sur une planche au-dessus du vide > s’il écoutait sa raison, il serait à l’aise mais il écoute son imagination (illusion que lui donne ses sens) et a le vertige. Exemple prit de Montaigne.
Pascal s’appuie sur des exemples quotidiens, c’est presque un portrait > ici, on pourrait peindre la scène.
3/ le magistrat. L’avocat défend mieux sa cause s’il est mieux payé. Considération matérielle car il est bien payé. Considération morale car on lui fait confiance. L’imagination le fait donc mieux plaider et le public qui l’écoute se retrouver sous l’emprise de l’imagination. L’imagination est maîtresse du monde.
Les apparences sont ce sur quoi l’imagination s’appuie ; les gens ne regardent que les apparences. Références : le médecin (« bonnet carré, robe ample «), les magistrats (« leur robe rouge, leur hermine, … fleur de lys, … appareil auguste «). Tout ça attire le respect, les vêtements sont importants.
C’est pour faire oublier que les médecins n’ont pas véritablement de sciences et les magistrats pas de justice > critique très pessimiste, satire de Pascal. La justice et la médecine imposent le respect par les apparences. Il le constate mais ne le revendique pas (« c’est nécessaire «). Il ne veut pas changer la société car de toute façon, ça doit être ainsi car l’homme sans Dieu n’est que misérable. Pascal fait un faux éloge : « appareil auguste « (registre ironique). Pascal utilise le registre soutenu mais parfois familier (« grimaces «).
2. Les autres puissances trompeuses
L’imagination, reine du monde : erreur nécessaire.
« les impressions anciennes « : tout ce qu’on sait du passé, tout est faux pour Pascal > le passé peut être une illusion.
L’éducation peut induire en erreur.
Les sens nous trompe.
Les charmes de la nouveauté ; on est toujours attiré par la nouveauté (la mode). L’homme est fasciné par la mode. Critique de la mode (un peu plus loin dans Les Pensées).
La maladie gâte la raison.
Notre intérêt personnel : on a du mal à prendre le recul nécessaire pour juger les choses de nous-même. Pascal prend l’exemple d’un juge équitable qui doit juger quelqu’un qu’il connaît. On pense qu’il est juste mais il sera injuste car il ne voudra pas être suspecté de favoritisme > il va condamner quelqu’un d’innocent. C’est son intérêt personnel qui va faire qu’il va mal juger.
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