Etat entre réalisme et idéalisme
Publié le 28/03/2012
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L’ÉTAT Dès qu’une société se développe, elle met en place des institutions pour s’organiser. L’tat en est la principale, centralisant les services publics. Deux analyses s’opposent : -l’une, idéaliste, insiste sur les devoirs de l’État au service des citoyens. - L’autre, réaliste, constate que l’État utilise son pouvoir pour opprimer les citoyens. Il s’agit de savoir si l’État, démocratique en particulier, assure la liberté des citoyens ou est au contraire une force répression. I – L’État au service des citoyens. A) L’état répond aux besoins du citoyen Les conditions de vie : Chaque citoyen a le droit de survivre, c’est pourquoi l’État supervise l’organisation du travail grâce à laquelle chacun devrait pouvoir répondre à ses besoins. Face aux difficultés de la vie, longtemps l’État laissait à l’Église le soin de s’occuper des plus démunis. Au XXème siècle se développe ‘’ l’État providence ‘’ qui prend en charge la maladie, le chômage et la vieillesse. (Ex : RMI) Sécurité = Hobbes : Il imagine que les hommes vivaient d’abord à l’état de nature. Sans société, il n’y a pas de lois , pas de limites. Chacun devient alors une menace et un rival pour l’autre. C’est la guerre perpétuelle, le risque permanent de la mort : ‘’ L’homme est un loup pour l’homme’’. Pour se protéger, les individus se regroupent en société. Ils acceptent alors de renoncer à leur liberté naturelle pour obéir à l’État en échange de la sécurité. Ainsi les citoyens lui doivent obéissance tant que celui-ci assure leur protection, sinon le contrat est rompu. B) L’État garant des valeurs. 1) Locke = Liberté et la propriété privée. Il imagine lui aussi un état de nature : l’Homme vit librement et jouit de fruit de son travail. Ainsi, la liberté et la propriété privée sont des valeurs absolues qui précèdent toute société et qui correspondent à un ordre voulu par ‘’ Dieu ‘’, par la nature, la raison. Lorsque les hommes se regroupent en société et qu’ils confient le pouvoir à l’État, celui-ci a pour première fonction de faire respecter la liberté et la propriété. Si il ne le fait pas ou si lui-même bafoue ses valeurs, les citoyens peuvent légitimement se révolter et les violences qui en résulteront relèvent de la responsabilité de l’État puisque c’est lui qui a provoqué l’insurrection par l’injustice. 2) Rousseau : ‘’ Le contrat social’’ a) Le souvenir : Le terme ne désigne jamais chez Rousseau le roi mais l’ensemble des citoyens car c’est cette collectivité qui est la force de référence en société. Par le contrat social, chaque individu renonce à sa liberté naturelle pour appartenir à a communauté. Ais se donnant à tous , il ne se donne à personne en particulier. De plus, en tant que membre de la collectivité, il participe à l’élaboration des lois. Ainsi, se concilie obéissance et liberté : ‘’ L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté’’. b) Le pouvoir du citoyen : Ce sont les citoyens qui, ensemble, établissent les lois. Par loi Rousseau entend les grands principes qui organisent la vie collective et on le détail des règles particulières qui demandent des compétences spécifiques. On peut alors distinguer les quatre caractéristiques du pouvoir citoyens. Il est inaliénable, c'est-à-dire qu’on ne peut le déléguer à un représentant (un député ne peut prendre des décisions à votre place). Rousseau établie ainsi les principes de la démocratie directe : Il ‘est indivisible, c'est-à-dire qu’au niveau des principes chaque citoyen est compétant dans tous les domaines ; Il est absolu , c'est-à-dire que la loi s’applique à tous les citoyens sans exceptions. Il est infaillible. Pour Rousseau le peuple ne peut pas se tromper parce que les intérêts particuliers s’annulent au niveau de la collectivité. De plus, la décision porte sur les grands principes, donc la raison doit triompher. ‘’ Dieu inspire le peuple ‘’. c) Le prince Le terme chez Rousseau désigne toutes les formes du pouvoir exécutif, roi , gouvernement démocratique c’est une institution obligatoire car il faut traduire dans le détail et appliquer les lois établies par le peuple. Mais le pouvoir exécutif représente un danger permanent : comme il est chargé de la gestion de la collectivité, il détient de fait un pouvoir énorme qu’il aura tendance à utiliser au profit de ses propres intérêts et au détriment de la collectivité. Pour Rousseau, l’État étant une constitution du pouvoir exécutif, le citoyen doit être en situation permanente de vigilance pour empêcher l’abus de pouvoir. Tout montre donc que l’État n’est que la 2ème force politique en termes de valeurs et qu’il doit s’incliner devant l’ensemble des citoyens puisqu’il est à leur service. Cependant, comme il représente la collectivité, il tend à s’imposer et à abuser de son pouvoir, en particulier quand il évoque ‘’ la raison d’État’’ pour ne pas avoir à se justifier. II) L’État force de répression. A) Machiavel : La force et la ruse au service du pouvoir. Cet italien de la renaissance est le premier penseur politique moderne parce qu’il présente la politique comme un rapport de force : il s’agit d’arriver au pouvoir et/ ou s’y maintenir. Pour cela tous les moyens sont bons, y compris ceux que la morale réprouve : Trahison, torture, violence etc… L’essentiel est d’être efficace. Cela s’explique parce qu’il reste toujours une part animale dans l’homme. Machiavel rappelle que dans la mythologie, Achille apprend son métier de roi d’un centaure, être mi homme, mi bête (Cheval). Ainsi le bon prince est celui qui associe à ses calculs rationnels la force du lion et la ruse du renard. Dans cette conception cynique de la politique, on a crée la notion générale de Machiavélisme pour désigner l’attitude qui considère que tous les moyens sont bon pour arriver à ses fin. B) Marx : L’État au service de la classe sociale dominante. Toute société est divisée en classes sociales suivant leur position dans le système de production. Ces casses sont antagonistes car l’enjeu est de posséder les moyens de production. Ainsi toute société est caractérisée par la lutte des classes, avec dominants et dominés, maitres et esclaves, seigneurs et serfs, capitalistes et prolétaires. Derrière sa neutralité apparente, l’État est en réalité un instrument dans la lutte des classes. Il utilise tous les moyens à son service pour défendre les intérêts de la classe sociale dominante : les lois, l’armée, la police, l’école et l’idéologie c'est-à-dire qu’il diffuse des systèmes de pensées qui désamorcent la critique et le révolte (la religion sous la monarchie par exemple, ou bien l’idéal démocratique dans la société capitaliste). Ainsi la démocratie est elle au service des maitres, la monarchie au service de la noblesse contre le tiers état et l’État moderne est au service de la bourgeoisie contre le prolétariat. Pour des raisons économiques, la lutte des classes aboutira nécessairement à une révolution mettant place la dictature du prolétariat (socialisme). Les capitalises sont alors éliminés ; il n’y a alors plus qu’une seule classe sociale et l’État n’a plus aucun rôle à jouer puisqu’il n’y a plus de lutte classes : c’est le communisme , la société sans classes et sans État. C) M.Weber : ‘’ l’État ; monopole de la violence légitime ‘’. Il conteste l’idée de Marx selon laquelle l’État est au service d’une classe sociale particulière ; en réalité l’Étatest à son propre service. En effet, le rôle de l’État est de fixer les limites et les interdits , en particulier la violence. De la même, il récupère l’usage de ce qui est interdit aux autres. Il a trois justifications possibles à ce monopole : La tradition , c'est-à-dire l’autorité du passé (ex : la monarchie qui repose sur le principe dynastique). Le charisme, c'est-à-dire l’autorité personnelle de l’individu (Napoléon, Hitler , de Gaulle) La légalité , c'est-à-dire l’autorité de la loi (principe propre à la démocratie). Ainsi l’État ; sous prétexte de défendre l’intérêt collectif se place au dessus des citoyens, bénéficiant de tous les passe-droits qu’il désire. III) La démocratie A) Limites 1) L’opinion contre la raison. La démocratie repose sur la règle de la majorité, comme si les plus nombreux détenaient la vérité. Or les citoyens décident selon es impulsions faisant intervenir leurs intérêts, leurs sentiments, leurs valeurs, il s’agit donc d’opinions toujours fragiles et discutables. Cela est exprimé par le débat politique, car les candidats flattent l’opinion pour en obtenir le pouvoir. Ainsi la démocratie aboutit à la démagogie, c'est-à-dire à l’art de promettre à l’opinion ce qu’elle veut entendre. Platon déjà dénonçait les orateurs de son temps (les médias d’aujourd’hui ne font que renforcer ce risque). C’est pourquoi Platon préconisait de confier le pouvoir à l’homme de la raison ( philosophes). 2) L’égalité au détriment de la liberté : Tocqueville. La démocratie s’est mise en place contre les inégalités sociales de l’ancien régime et fait donc de l’égalité sa priorité. Cela revient à refuser tout comportement individuel ou anticonformiste. On arrive ainsi à une tyrannie imposée par la masse elle-même, avec pour conséquence un nivellement par le bas puisque ce sont les plus nombreux qui font la référence. C’est l’État qui récupère alors l’essentiel du pouvoir. Tocqueville prédit l’État providence et son comportement paternaliste. Il prend en charge tous les besoins des citoyens pour mieux les contrôler. 3) Le risque de la technocratie. Puisque la plupart des citoyens n’a pas la compétence nécessaire pour gérer l’État, la démocratie risque de confier le pouvoir aux technocrates ; Elle devient alors une pure comédie puisque les citoyens sont privés du pouvoir réel, celui-ci alors confisqué par une élite. Les élections sont alors un faux choix puisqu’au-delà des oppositions de façade, il s’agit d’individus de la même caste (ex : le rôle de L’E.N.A). B) Des atouts structurels. Une structure simple La démocratie repose sur seule règle : celle de la majorité. A partir de l) toutes les organisations sont possibles comme le montre la variété des constitutions en France ou la diversité des systèmes républicains dans le monde. Cette souplesse permet surtout de constamment charger les structures en fonction de nouveaux besoins. La démocratie est certes un régime imparfait, mais le sachant, elle se donne les moyens de résoudre les problèmes et de répondre aux insuffisances. Les contre-pouvoirs. Le pouvoir en lui-même est source de corruption : l’individu qui le détient aura toujours tendance à en abuser, c’est pourquoi la démocratie divise le pouvoir de façon à établir des surveillances réciproques : ce sont les contre-pouvoirs. Déjà Montesquieu au 18ème siècle énonce le principe de la répartition des pouvoirs : législatif , exécutif et judiciaire. Aujourd’hui il faut imputer, en partie, ce rôle à la presse et aux médias qui surveillent les pouvoirs publics – Conseil constitutionnel , C.S.A, Police des polices… En France sont autant d’exemples de contre pouvoirs. 3) Le conflit comme principe d’organisation. La plupart des systèmes politiques reposent sur le principe de l’unité du groupe et cherche surtout à éviter toute division. La démocratie au contraire prend acte de la singularité de l’individu et de la divergence des intérêts et des valeurs. Dès lors, elle prend le parti de permettre l’expression de ces conflits de façon à ce qu’il trouve une solution pacifique. Ainsi , il n’ya pas de démocratie sans une opposition, une minorité qui a droit à l’expression et à la critique. Au-delà du politique, on retrouve dans toute l’organisation sociale cette structure conflictuelle. Exemple : Dans le monde du Travail (Syndicats – Patrons..) C) Le souci des valeurs. 1) La confiance dans le citoyen. Les démocraties considèrent tout citoyen comme compétent au niveau des principes généraux : c’est ce qu’exprime le suffrage universel. Cela se justifie d’abord parce qu’il n’y a pas de vérités en politique mais des choix qui sont autant de paris, ensuite parce qu’il s’agit de l’avenir de chacun, donc chacun va pouvoir en décider. Ainsi, les citoyens définissent les objectifs et les technocrates mettent en place les moyens de les atteindre. 2) Priorité des valeurs sur l’efficacité. La gestion du pouvoir doit souvent résoudre la contradiction entre a défense de principes d’ordre moral et l’efficacité pratique ex : les mesures de sécurité limitent la liberté (valeur) + ex 2 : l’intérêt économique (efficacité) s’oppose aux mesures sociales (valeurs). Dans ce débat, la démocratie laisse alors l’avantage aux valeurs morales. Cela se justifie même du point de vue de l’efficacité ( ex : il vaut mieux augmenter le salaire que de payer une grève) 3) Liberté et égalité , valeurs complémentaires. Certes, dans le principe, la liberté renforce les contradictions donc augmente les inégalités, de même, les mesures qui instaurent l’égalité sont nécessairement contraignantes et limitent donc la liberté. Cependant, la liberté livrée à elle-même, s’autodétruit puisqu’elle aboutit à l’anarchie et au règne du plus fort. De même ; l’égalité absolue aboutit à la paralysie et risque de favoriser l’émergence d’un pouvoir extérieur. C’est pourquoi la démocratie favorise étroitement liberté et égalité car l’égalité devant la loi garantit à chacun sa liberté. En ce sens , l’égalité est la condition d’une liberté réelle. Ainsi la force de la démocratie est d’établir un consensus non sur le contenu mais sur les règles du jeu politique. L’état est ambigu parce qu’il détient le pouvoir et qu’il risque toujours d’en abuser. Le paradoxe contemporain tient à ce que les citoyens en demandent toujours plus à l’État qui doit régler tous les problèmes ; en même temps, ils se méfient d’un État trop présent. En réalité, il est clair que toute politique repose sur la participation et la vigilance du citoyen .
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