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Est-on d'autant plus libre qu'on a de raison d'agir comme on le fait ?

Publié le 08/03/2011

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Est-on d'autant plus libre qu'on a de raison d'agir comme on le fait ?

 

En agissant avec des raisons, c'est agir de façon justifiée c'est à dire avec des motifs et des motivations. A travers cette question, on se demande si l'individu agit d'autant plus librement que ses actes sont beaucoup plus justifiés et motivés par des raisons ; bref, que l'on est plus raisonnable. Ainsi, faut-il être plus raisonnable pour être libre ? On se questionne donc sur les degré de la liberté humaine c'est à dire le degré le plus faible ou le plus élevé. Il s'agit aussi de se demander ce qui peut permettre à l'homme d'accéder à la liberté dans son existence. Or, une condition à la liberté c'est à dire toujours savoir pourquoi on agit ainsi, toujours être raisonnable, bref toujours maîtriser sa conduite, n'est-ce pas une condition trop contraignante qui va à l'encontre de la véritable liberté ? La liberté n'est-ce pas plutôt l'absence de contrainte ? N'est-ce pas plutôt faire ce que l'on veut ? Encore faudrait-il avoir des raisons d'agir puisque pour faire ce que l'on veut , il faut savoir ce que l'on veut. Alors comment faire ce que l'on veut sans avoir des raisons d'agir ? Encore faut-il éviter le désir et les pulsions humaines. Alors quelle est la véritable liberté : celle du plaisir ou celle de la conduite raisonnable, sage ?

 

I : être libre, c'est satisfaire ses désirs 

Faut-il être nécessairement raisonnable pour être libre ? ce conduire avec raison est une exigence contraignante pour la liberté. Le mot liberté est en général assimilé à l'expression : « faire ce qu'il nous plait », ou encore « suivre son bon vouloir ». Donc, la liberté, c'est accomplir ses désirs sans contraintes. Par exemple, je vais à un match de rugby par envie, rien ne s'impose à moi. Ne dépendre de rien que de son bon plaisir, c'est prendre plaisir à faire les choses, c'est être libre. En effet, qu'est-ce que la liberté si elle n'est pas l'abandon de l'homme à ses pulsions du désir, à la spontanéité de l'existence naturelle qui est la plus libre qu'il soit, parce qu'elle satisfait une tendance naturelle. Or il est impossible de s'épanouir, de faire son bon plaisir, quand on est sous la contrainte. La spontanéité ne peut pas être raisonnable ni calculée sans quoi elle n'est plus. Être libre, c'est vivre en improvisant, c'est ne pas se donner de plan, ne pas se contrôler soi-même. « carpe diem » : « Profite du jour ! » dit la morale hédoniste qui assimile le bonheur et le plaisir. C'est certes le bonheur qui est ici défini mais il est défini comme cette liberté par rapport au souci qu'entraînerait une volonté de toujours mesurer ces conséquences des ses actes indéfiniment sur la sagesse des actes. Bref, d'être trop raisonnable. Dans cette logique, on le voit bien : être raisonnable à une influence néfaste sur la liberté. Toujours réfléchir avant d'agir alourdi les actes, les rendent moins libre et qui risque de nous faire rater le bonheur. Dans Gorgias de Platon, l'un des personnage, Kalliklès soutient même qu'être raisonnable, sage, c'est toujours démissionner, c'est sacrifier son plaisir plutôt que d'avoir le courage d'assouvir ses désirs. C'est même se soumettre à la contrainte sociale. La liberté est, chez Kalliklès, définie comme le courage de s'affirmer et se fait le défenseur d'une liberté sans entrave consistant à ne faire que ce qu'il plait, à agir sous l'impulsivité du désir. 

 

Transition : Faut-il pour autant dire « soyons fou ». Est-ce la seule manière d'être libre ? Est-ce la seule essence de la liberté ? Ne s'agit-il pas plutôt d'une illusion de la liberté ? N'est ce pas aussi une liberté risquée prise au piège des désirs les plus irrationnels ? 

 

II : liberté et raison 

Agir sous l'impulsion du désir ou sous l'attractivité du plaisir ne suffit pas pour définir une parfaite liberté. En effet, je peut me précipiter dans la servitude comme un animal se jette dans un piège car il a vu l'appât mais pas le filet. Spinoza écrit dans le traité théologico-politique au chapitre XVI : « on pense que l'esclave est celui qui agit par commandement [de la raison] et on pense que l'homme libre est celui qui agit selon son bon plaisir, mais cela n'est pas absolument vrai car, en réalité, être captif de son bon plaisir et être incapable de rien voir ni faire quoi que ce soit qui lui soit vraiment utile, c'est le pire esclavage. » Spinoza a raison. L'ivrogne qui se précipite vers le café et le joueur qui cour vers la salle de Baccara font sans doute ce qui leur plait mais ils ne sont pas libre. Demain, en effet, le buveur sera malade, le joueur couvert de dettes. Ce n'est certes pas ce qu'ils voulaient vraiment, c'est un désir violent momentanément irrésistible s'est emparé d'eux mais qui n'exprime pas leur volonté profonde réelle. Dès lors, il apparaît qu'un acte est plus libre quand il a été réfléchit, médité d'avance, bref qu'il est intelligent. Seul la raison permet à l'homme de savoir ce qu'il veut vraiment. Donc l'acte libre c'est l'acte le plus réfléchit, motivé, celui dont nous avons posé toutes les raisons. L'homme est d'autant plus libre qu'il réfléchit avant d'agir donc qu'il a plus de raisons d'agir ainsi et pas autrement. Mais cela ne revient-il pas à réintroduire le déterminisme là où on croyait l'avoir éliminé car pour résister aux désirs, j'use de la raison. Or la raison n'est-elle pas une contrainte. Voilà une question extrême et qui a pu justifier chez certain philosophe la liberté d'indifférence. On serait d'autant plus libre que rien ne pèserait sur le choix à faire. De même, l'acte gratuit serait une façon d'être libre en se libérant de tout ce qui pourrait peser sur notre conduite et la déterminer, c'est à dire un acte sans raison, sans motif. De même, les punks se réclament-ils de cette liberté en frappant sans raison la vieille dame dans la rue ? Mais admettons que cette impression de liberté que l'on a dans des situations qui semblent indifférentes soient le reflet de la réalité, il faut tout de même reconnaître que les actes gratuits par exemple ont un caractère totalement absurde. Pourquoi agir si nous sommes motivés par rien ? Piètre liberté que celle d'une volonté reliée à rien d'autre que le désir de se manifester. Quant à la liberté d'indifférence, déjà Descartes en faisait la critique. Elle n'est pas à ses yeux la véritable liberté. Ainsi dans la quatrième méditation métaphysique, il commence par remarquer que la liberté de l'homme est totale car « lorsqu'une raison très évidente, [dit Descartes], nous porte d'un côté, bien que moralement parlant nous puissions choisir le parti contraire, absolument parlant, néanmoins, nous pouvons. ». C'est à dire que nous pourrons toujours être indifférent aux choix le meilleur. Mais, dit Descartes, choisir le pire quand on sait où est le meilleur, c'est ridicule. La liberté d'indifférence est le plus bas degré de la liberté. En effet, l'indifférence dans laquelle je me trouve parfois dans un choix à faire exprime l'ignorance. Et dans l'ignorance, je peut faire un choix sans raison suffisante de le faire, si bien que la liberté d'indifférence c'est la liberté de se tromper. En effet, la liberté d'indifférence est bien le plus bas degré de la liberté. Au contraire, je suis d'autant plus libre que je suis capable de discerner le meilleur pour moi donc j'ai plus de raison d'agir comme je vais le faire. Les raisons qu'on a d'agir augmentent la liberté puisqu'e

 

Il arrive, en effet que l'acte le plus libre réside dans une révolte intérieure contre tous les bons conseils trop raisonnable des autre. Ainsi, dans le cas d'un mariage, amis et conseilleurs peuvent faire entrer en ligne de compte les ages respectifs, la situation sociale, l'éducation etc.… Mais au dernier moment, il peut arrivé de dire « non » et alors, nous nous décidons sans raison voire contre toute raisons, c'est à dire que nous avons pas une raison sociale, superficielle, raisonnable à opposer. Ce n'est même pas une raison qui guide alors mais une intuition supérieure, difficile à exprimer et à justifier raisonnablement, mais qui surgie du plus profond de nous. Et qui aucun caprice, aucune pulsion ne sont liés à notre idée intime du bonheur et de l'honneur. Bref, un acte que nous pouvons manquer d'accomplir sans nous renier. Ainsi, Roméo, qui choisi Juliette contre toutes les raisons de leur deux famille ennemies, est incapables de justifier son amour. Mais, l'acte libre authentique, au-delà de se qu'en dit Bergson, est peut-être (pour nous, être doué de raison) le fait de trouver une solution personnelle, originale, mais aussi intelligente aux problèmes posé pour la situation dans laquelle je suis. Par exemple, Andromaque (dans la tragédie éponyme de Racine) doit épouser Pyrrhus pour sauver son fils Astyanax mais trahir sa fidélité à Hector (son mari). Ou bien elle doit refuser le mariage, sacrifier son fils pour rester fidèle à Hector. En réalité, Andromaque décide d'épouser Pyrrhus (lié à la promesse d'éducation d'Astyanax) mais met fin à ses jours à la fin de la cérémonie nuptiale. Cette solution tragique est mais réfléchie, ce stratagème habile est un acte libre, le plus libre qu'il soit parce que c'est une initiative méditée d'avance, intelligente mais c'est aussi un acte qui correspond au sens de la dignité personnelle d'Andromaque à sa soif d'absolu et à sa fidélité à elle-même. Un acte est donc d'autant plus libre qu'il a été réfléchi d'avance et qui correspond à la personnalité de la personne.

 

Conclusion 

Il est vrai qu'un acte est d'autant plus libre qu'on a de raisons d'agir ainsi, elles ne sont pas toujours raisonnables puisqu'elles peuvent répondre au sens de la dignité personnelle, à un sens de l'honneur et du bonheur de la personne.

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