Ernst, Max - sculpture.
Publié le 15/05/2013
Extrait du document
«
principale figure en peinture du surréalisme.
En 1925, Max Ernst parfait ses techniques du frottage et du grattage expérimentées pour ses « collages intégraux ».
Inspiré par la pratique de l’écriture automatique, qui permet aux surréalistes de libérer l’expression d’une pensée inconsciente, Max
Ernst frotte à la mine de plomb une feuille de papier posée sur des surfaces choisies au hasard.
De ces séances de frottage naissent des dessins « aux facultés méditatives et hallucinatoires » que l’artiste peut interpréter et préciser, telle Histoire
naturelle (1926, frottage, MoMa, New York).
De même, sa technique du grattage est améliorée par le retrait des pigments de la toile.
Avec l’avènement et la maîtrise de ces nouvelles techniques, les thèmes de prédilection du peintre se mettent en place ; les formes sont déchiquetées, des apparitions fantomatiques et angoissantes surgissent, un bouleversement est appliqué à
l’ordre naturel des paysages.
Ses toiles révèlent un univers hautement poétique mettant en scène des métamorphoses surprenantes, inspirées par les joies et les angoisses de visions oniriques : Fleurs de coquillage (1929, huile sur toile, Musée
national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris), la Femme 100 têtes (roman-collage, Bibliothèque nationale, Paris).
En quête permanente de nouveaux supports d’expression, Max Ernst peint une fresque murale dans la maison de Paul Éluard à Eaubonne (Val-d’Oise), et réalise, en compagnie de Joan Miró, les décors de Roméo et Juliette (1926) pour les Ballets
russes de Serge de Diaghilev.
Il apparaît ensuite dans le film de Luis Buñuel, l’Âge d’or (1930), puis travaille aux côtés d’Alberto Giacometti en 1934.
Max Ernst personnalise la technique de la décalcomanie, empruntée au peintre Óscar Domínguez, en substituant l’encre utilisée par le peintre espagnol par de l’huile, la Nymphe Écho (1936, huile sur toile, MoMA, New York).
La même année, il
participe avec 48 tableaux à l’exposition « Fantastic Art, Dada and Surrealism » au MoMA.
Les toiles présentées, réalisées au moyen d’éléments végétaux et minéraux, font apparaître un univers énigmatique et visionnaire : la Ville entière (1935, huile
sur toile, Kunsthaus, Zurich), Barbares marchant vers l’Ouest (1935, huile sur toile, collection particulière, Paris).
5 REFUGE AMÉRICAIN ET CONSÉCRATION TARDIVE
Désapprouvant certaines critiques d’André Breton à l’encontre de Paul Éluard, Max Ernst quitte les surréalistes.
En compagnie de sa nouvelle compagne, Leonora Carrington, il s’installe en 1939 en Ardèche.
À la déclaration de la guerre, sa citoyenneté
allemande éveille les soupçons de la police française.
Max Ernst est arrêté pour espionnage et est interné au camp des Milles (Marseille).
Après l’intervention de Paul Éluard auprès d’Albert Sarraut, Max Ernst est libéré.
Au cours de l’Occupation
allemande, il est traqué par la Gestapo — il est inscrit depuis 1933 par les nazis sur la liste des proscrits — et il est à nouveau arrêté et interné au camp des Mille.
Il réussit à s’échapper et fuit vers l’Espagne.
Avec l’aide de Peggy Guggenheim, qui
devient sa troisième femme en 1942, il émigre aux États-Unis en 1941.
Il y achève alors l’Europe après la pluie (1942, décalcomanie, collection particulière).
Cette toile — commencée en 1933 —, dénonce les ravages du fléau totalitaire en décrivant
un monde rescapé d’un gigantesque cataclysme.
En pratiquant des éclaboussures sur ses toiles, Max Ernst invente la technique du dripping, reprise quelques années plus tard par Jackson Pollock.
En 1944, il s’installe à Sedona (Arizona) avec sa nouvelle compagne, la peintre Dorothea Tanning.
Les paysages désertiques et les reliefs accentués de l’Arizona sont propices à sa recherche de formes et de scènes improbables ; il profite de cet
isolement pour réaliser une série de sculptures, devenues aujourd’hui emblématiques : Le roi joue avec la reine (1944, bronze, MoMA, New York), le Capricorne (1948, bronze, Menil Collection, Houston).
Cette période de travail révèle un abandon des
fantasmes obscurs de l’inconscient pour une représentation d’un univers de plénitude et de sérénité intensément coloré, comme dans Euclide (1945, huile sur toile, Menil Collection, Houston).
Son retour en France en 1953 est suivi d’une reconnaissance internationale progressive.
Il obtient le Grand Prix de peinture à la biennale de Venise en 1954 — ce qui a pour conséquence son exckusion du mouvement surréaliste — et diverses
rétrospectives lui sont consacrées à Paris, New York ou Londres.
À l’occasion de sa naturalisation française en 1958, le jour de sa date anniversaire, une célébration officielle est organisée au musée de l’Orangerie.
En retrait du surréalisme, Max Ernst devient une source d’inspiration pour le Nouveau Réalisme et poursuit, jusqu’à sa mort, une production intense, tant en sculpture qu’en dessin et en peinture : Après moi le sommeil (1958, huile sur toile, Musée
national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris), la Paix, la Guerre et la Rose (1965, collage sur contre-plaqué, Menil Collection, Houston), Corps enseignant pour une école de tueurs (1967, roche dure de Vilhonneur, collection particulière).
En 2005,
la municipalité de Brühl inaugure un musée Max Ernst après une collecte des toiles et des dessins de l’artiste débutée en 1969.
Tout au long de sa vie, Max Ernst, « l’homme des possibilités infinies » selon André Breton, et expérimentateur infatigable, a cherché les moyens de transcrire en deux ou trois dimensions le monde du rêve et de l’inconscient.
Son œuvre, dont la force
tient dans la révélation d’un « au-delà de la peinture » donnée par les possibilités exploratoires de l’esprit, occupe de ce fait la place d’une iconographie de l’inconscient dans l’art du XX e siècle.
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