Enivrez-vous de Charles BAUDELAIRE
Publié le 28/10/2012
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Charles Baudelaire, auteur du XIXème siècle, écrivit le texte Enivrez- vous, extrait de Le spleen de Paris à l'âge de 43 ans. Il avait ainsi déjà acquis une grande expérience de la vie et déjà parcouru son petit bonhomme de chemin. C'est en poète passionné, bon vivant, amateur des bonnes choses de la vie qu'il compose ce poème universel nous intimant de nous enivrer afin de profiter pleinement de cette chose merveilleuse, malheureusement altérable qu'est la vie, pendant qu'il en est encore « temps «. Le temps est un thème très marqué dans ce poème. En effet, Baudelaire semble être obnubilé par le passage du temps puisqu'il emploie ce mot à deux reprises avec une majuscule. Il en a une peur bleue et le considère comme un « fardeau « et pense être un « esclave martyrisé du temps «. Tout le champ lexical du passage du temps est présent : « horloge, heure, fuit, roule « apparaissent et confirment cette menace constante du temps passant, conduisant progressivement à une lente déchéance humaine. Baudelaire illustre parfaitement ce délabrement physique au début du poème : en devenant vieux, on se courbe, « l'horrible fardeau du Temps « « brise nos épaules « et « nous penche vers la terre «, sous laquelle nous retournerons irrémédiablement. Le temps nous est compté, nous ne sommes pas immortels et c'est ce que déplore Baudelaire. Cependant, il nous propose un remède pour contrer et oublier notre atroce finalité, « nous enivrer sans trêve «. La philosophie de Baudelaire semble être « Carpe Diem « celle-ci même qui nous demande de profiter de la vie au travers de l'ivresse. La notion d'ivresse est présente dès le titre et reprise au fil du texte. Il nous faut abuser des bonnes choses de la vie pendant qu'il en est encore temps. Tous les moyens sont bons, « le vin, la poésie, la vertu « constituent des échappatoires aux tracas quotidiens. Pour oublier le caractère éphémère de la vie, nous pouvons voyager, explorer les moindres recoins de la planète, passer « des marches d'un palais « à « l'herbe verte d'un fossé «. Toutefois, il ne faut se poser de questions, toujours aller de l'avant vers d'autres horizons lointains. D'autre part, il ne faut pas se contenter d'exister, mais il faut vivre et en demander toujours plus à la vie : l'avenir s'ouvre aux audacieux. L'essentiel est de ne pas faire de trêve, ne pas se laisser aller à penser à nos problèmes, à notre destin. Ainsi, afin de profiter des bonheurs de la vie, tous « enivrez-vous «. Ce poème revêt un caractère universel, puisqu'il s'adresse à chacun. En effet, tout le monde doit se sentir concerné par ce qui est dit. Tout le monde peut s'enivrez, Baudelaire s'adresse à tous et nous conseille « le vin, la poésie, la vertu « selon notre ouverture d'esprit. Les simples d'esprit opteront pour l'alcool afin d'y noyer leurs problèmes ; quant aux artistes, la poésie est adaptée. Tout le monde s'y retrouve et peut interpréter selon son mode de vie. Par ailleurs, nous ne sommes pas seuls condamnés à la déchéance morale et physique. « La vague, le vent, l'étoile, l'oiseau, l'horloge « sont également voués à leur destin. Baudelaire réduit nos souffrances en nous montrant que nous ne sommes pas seuls, ce qui peut être rassurant. La vie est éphémère, cependant on peut prendre exemple sur les éléments qui eux profitent de la vie et nous demandent de nous « enivrez «. Pour conclure, ce poème est à prendre en quelque sorte comme une règle de vie à appliquer consciencieusement tout au long de la vie. En tant qu'alcoolique, Baudelaire s'enivrait sans cesse au sens propre du terme ce qui contribuait peut-être à lui faire oublier son atroce finalité. Tous que nous soyons homme ou femme, devons mourir. On ne peut retarder la mort, puisqu'elle est inhérente à notre condition humaine, on peut uniquement rendre la route jusqu'à celle-ci plus agréable. CORRECTION FAITE PAR LE PROF Question 1 : Quels procédés d'écriture font de ce texte en prose un poème ? En l'absence de versification classique, il est néanmoins possible de remarquer : o les reprises telles que « de vin, de poésie ou de vertu « à la fin du 2ème paragraphe et à la fin du poème. Ces reprises s'apparentent aux refrains ou aux leitmotivs ; o les figures de styles telle que la personnification (« le Temps «, « le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge «), la métaphore (« les esclaves martyrisés du Temps «), l'anaphore (« tout..., tout... «) et accumulation o les allitérations et les assonances, assonances en « en « et « ou «, allitérations en « t «, qui semblent traduire un combat entre la nature et les hommes d'une part, le Temps tyrannique d'autre part. Tous ces procédés enrichissent considérablement ce court texte en prose et lui donne ce caractère poétique. Question 2 : Quel sens revêt ici la notion d'ivresse ? L'ivresse est ici à prendre au sens large du terme et non pas exclusivement comme l'abus de boissons alcoolisées ; ce qui est recherché c'est le divertissement qui donne une autre orientation à notre esprit et qui l'empêche de se focaliser exclusivement sur le sentiment du temps qui passe. Les moyens à notre disposition sont au nombre de 3 d'après l'auteur et pour lui, celui qui se consacre intensivement à la poésie (aux arts), à la vertu, efface aussi sûrement son angoisse que celui qui sombre dans l'alcoolisme. Question 3 : Etudiez brievement le caractère universel de cette page Le caractère universel de cette page est souligné par : o l'ensemble de la création est concerné (homme, animaux, éléments naturels,...) o toutes les époques sont concernées (« sans trêve «, « sans cesse «) ; o toutes les classes sociales sont concernées aussi bien le prince qui vit sur les « marches du palais «, le vagabond qui vit sur « l'herbe verte d'un fossé «, l'étudiant « dans la solitude morne de votre chambre «. Axes du commentaire : o Le texte de Baudelaire désigne clairement un ennemi contre lequel il nous invite à la lutte ; il s'agit du Temps, sorte de tyran qui terrorise toute la création. o Nous, les hommes, nous nous plaignons, mais c'est l'ensemble des éléments qui est concerné. Tout le monde en est victime, quelque soit leur classe sociale, tout ce que l'homme créé est victime. Tout ce qui vit, le vent, la vague, les étoiles. Le temps est une loi universelle. o Les remèdes, l'ivresse pour éloigner le spectre du Temps. ----------------------- Soit Soit Soit Oui Oui Texte mal compris Soit Transition perfectible Bien soit
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