En Quoi La Relation Merteuil-Valmont Est Fondamentale Dans Le Roman De Laclos?
Publié le 18/09/2010
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« Quelle distance il y a de vous à moi ! « s’exclame Mme. de Merteuil dans une lettre destinée au Vicomte de Valmont, dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos publiée en 1782. Ces deux personnages ayant un poids important dans l’œuvre nous essaierons de comprendre « en quoi [leur] relation est-elle fondamentale dans le roman ? « Pour cela nous allons analyser en quoi leur liaison est le moteur de l’action? D’abord nous verrons en quoi leur relation passionnée est remplacée par de la cruauté, ensuite en quoi c’est un couple manipulateur et enfin en quoi les deux personnages sont un poids important vis-à-vis des intentions de l’auteur.
La relation entre la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont a un rôle très important dans la mise en marche de l’intrigue de l’œuvre de Laclos, celle-ci est complexe car les deux personnages sont partagés entre amour et haine. Nous pouvons observer des sentiments amoureux qui les effleurent, dans la lettre 15, par exemple Valmont dévoile à la Marquise son désir de renouer les liens avec elle ou à la lettre 131 où Merteuil rappelle leur amour passé « Dans le temps où nous nous aimions […] j’étais heureuse «. Il est bien clair ici que les deux personnages éprouvent, ou du moins ont éprouvé, un amour réciproque.
Mais cet amour va progressivement basculer à cause de leurs principes libertins, ceux-ci ne permettent pas qu’un libertin puisse éprouver de l’amour, car celui-ci devient un « noyé « ; de plus, à la lettre 44 le Vicomte de Valmont se greffe au défi de la Marquise, et celui-ci ne peut impliquer qu’un éloignement progressif des deux personnages, c’est en effet cela qui se produit à la lettre 153 où ils se déclarent la guerre. Ils sont tous les deux obnubilés par l’accomplissement de leur pacte libertin et ils deviennent de plus en plus cruels, rongés par la jalousie de leur victoire respective.
C’est pour cela que le roman s’achève sur un ton tragique avec la mort du Vicomte et la vérole de la Marquise de Merteuil qui perd sa réputation et doit se réfugier à la campagne. À la lettre 160, dernière lettre envoyée par la Marquise au Vicomte, cette première déclare qu’elle va se venger « ce ne serait pas la première fois que vous vous seriez applaudi d’avance «, ils ont donc complètement perdu tout leur jeu de séduction laissant place à la haine. La vengeance de la Marquise débouche sur le duel entre Danceny et le Vicomte et finalement sur la mort de ce dernier. Le final fatal de l’œuvre est renforcé par le décès soudain de la Présidente de Tourvel qui meurt d’amour.
Non seulement leur relation passionnée implique un tournant dans l’œuvre, la destruction des autres personnages, mais c’est aussi leur facilité à manipuler les autres.
Nous venons donc d’analyser un premier point de leur relation qui influence clairement leur entourage. C’est aussi un couple manipulateur, portant les rennes de l’intrigue de l’œuvre de Laclos. Pour l’accomplissement de leur défi libertin la Marquise et le Vicomte doivent se rapprocher de Cécile et de Danceny respectivement. Mme. de Merteuil parvient à faire entrer Valmont dans son défi – cf. lettre 44 –, celui-ci consiste en la perversion de la jeune Volanges afin de se venger de Gercourt, fiancé à la première. C’est dans la lettre 2 que la Marquise expose son plan et annonce « il y aura bien du malheur si le Gercourt ne devient pas […] la fable de Paris «, ce plan permettra donc à leur couple de déclencher l’intrigue du roman.
D’autre part, l’affaire concerne aussi la Présidente de Tourvel, en effet celle-ci se laisse prendre au piège de Valmont, celui-ci la séduisant afin de corrompre sa dévotion, lorsque Valmont fait part à la Marquise ses intentions celle-ci se moque de lui et de la Présidente, à la lettre 5 elle la qualifie comme étant « passablement faite, mais sans grâces : toujours mise à faire rire «. Aveuglé par le pacte d’une nuit comme récompense Valmont joue un double jeu entre Tourvel et Cécile à qui il enseigne un catéchisme de débauche – lettre 110. La première va finir par céder à son amour et meurt de douleur à la fin du roman lorsque Valmont l’abandonne sous les ordres de Merteuil – lettre de rupture « ce n’est pas de ma faute «. Nous pouvons observer que la Marquise a une grande influence sur le Vicomte qui se plie à ses désirs, même à contrecœur ; ceci permet donc de faire marcher l’action de l’œuvre.
De plus, nous constatons que cet aspect manipulateur ne s’arrête pas uniquement à leurs victimes principales, mais ils parviennent à manipuler Mme. de Volanges, mère inquiète par le comportement de sa fille qui demandera désespérément de l’aide à la Marquise, ainsi que Mme. de Rosemonde, tante du Vicomte qui connait bien ce dernier mais ne fait rien pour l’empêcher d’agir comme il le fait.
En plus de maintenir une relation passionnée et d’être un couple manipulateur ces deux personnages sont la plus grande liaison dangereuse de l’œuvre de Choderlos de Laclos.
On trouve donc un couple qui domine sur les autres personnages du roman, en effet ceux-ci font usage de l’épistolarité pour s’immiscer dans la vie des autres : ils interceptent les lettres, à la lettre 44 Valmont raconte de quelle façon il a découvert que son calomniateur était Mme. de Volanges, il a profité du fait que son valet couche avec la chambrière de la Présidente de Tourvel. C’est d’ailleurs Azolan qui le maintient au courant de toutes les actions de la dévote, à la lettre 107 il lui fait part de son quotidien. Ainsi, nous trouvons deux personnages qui sont soi-disant omniprésents, ils connaissaient toutes les actions des personnages, permettant de raconter à maintes reprises les mêmes scènes sous différents points de vue. Cela donne un côté très dynamique à l’œuvre.
D’autre part, le personnage de Valmont déclenche chez la Marquise une envie de révolte, d’affirmation en tant que femme indépendante et libre n’ayant pas besoin des hommes à ses côtés pour se sentir heureuse et sûre à la lettre 81 elle affirme « Je n’avais à moi que ma pensée et je m’indignais qu’on pût me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté «, se battant donc pour la liberté de pensée, mais non seulement cela car la représentation de ce personnage en tant que libertine de mœurs cache un combat pour les droits des femmes. Ainsi, lorsque Valmont lui pose l’ultimatum à la lettre 153 elle n’hésite pas à déclencher la guerre. Laclos utilise donc une dégénération de leur relation pour provoquer cette affirmation féministe en la Marquise de Merteuil.
Enfin, nous pouvons affirmer que le poids de ce couple est important dans le roman dans la mesure où leur relation passionnelle basculant à la cruauté a des conséquences sur tous les autres personnages, ainsi que leur art à les manipuler ce qui leur permet de guider l’intrigue à leur guise et enfin c’est un couple qui permet à l’auteur, Choderlos de Laclos, de mettre en place l’intentionnalité de son œuvre.
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