En quel sens peut-on dire de l'économie qu'elle est politique ?
Publié le 28/08/2005
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POLITIQUE (gr. polis, cité)
Hannah Arendt, commentant Aristote, distingue le politique qui est l'espace public (polis), commun à tous les citoyens, lieu où chacun délibère en vue de l'intérêt général, de la politique qui est l'art de délimiter cet espace et de conserver son intégrité. Cette distinction révèle l'essence du politique. S'il faut en effet protéger cet espace, c'est que le politique risque toujours d'être corrompu par le non-politique, par ces intérêts privés que sont les intérêts économiques. Ainsi, l'antagonisme des volontés partitique est en puissance l'espace de la raison, il est en fait le lieu où s'affrontent les passions qui naissent des différences sociales entre les hommes. Le politique est donc moins une réalité effective qu'une tâche infinie et impossible en raison des effets déviants de l'économique sur le politique, du privé sur le public. Il est par essence une valeur , la limite idéale vers laquelle tend la vie sociale. La citoyenneté, alors, est elle-même une conquête qui requiert le désintéressement et cette ferme volonté de résister aux pressions de l'intérêt privé qu'on appelle la vertu ou esprit civique et qu'on exige de chacun, vertu dont l'abandon, si l'on en croit Montesquieu, signale la mort des républiques.
SENS (lat. sensus; de sentire, sentir, juger)
Mot qui rencontre en français trois grandes acceptions bien distinctes : soit il désigne toutes sortes de facultés, faculté de sentir ou de juger (1), soit il est syn. de signification (2), soit il évoque simplement l'orientation d'un mouvement (3). 1. Terme équivoque qui désigne aussi bien la faculté d'éprouver des sensations (les cinq sens), les sens comme organes récepteurs, la faculté de connaître intuitive (sens intime ou sens intérieur sont alors parfois syn. de conscience), le jugement (comme dans l'expression usuel « à mon sens »), par suite le bon jugement (le bon sens, syn. de raison, ou sens commun), mais aussi le sens moral (la faculté innée de reconnaître intuitivement le bien et le mal, la conscience morale en tant que pouvoir d'appréciation ou de discernement); 2. d'abord, intention de celui qui parle ou agit (ce qu'il veut dire ou se propose de faire, sens d'une phrase ou d'une démarche), puis valeur objective d'un signe, telle qu'elle est fixée par l'usage ou par une convention (acception d'un terme); 3. syn. de direction dans le langage courant (le sens des aiguilles d'une montre). Or, pour l'homme, la question de la signification et de l'orientation se recoupent souvent : ainsi, quand nous cherchons à déterminer le sens de notre existence, nous nous demandons à la fois quelle est sa finalité (en vue de quelle fin agissons-nous ?) et quelle signification lui donner (pourquoi ma vie vaut-elle d'être vécue ?). Les existentialistes ont montré que c'est mon projet (la direction que je lui insuffle librement) qui donne sens à ma vie, qui fait qu'elle signifie quelque chose. De même, la question du sens de l'Histoire pose le double problème de sa direction et de sa signification, c.-à-d. pour les philosophes modernes celui de sa finalité.
PEUT-ON: Ce genre de sujet interroge sur la capacité, la faculté, la possibilité de faire ou de ne pas faire quelque chose, d'être ou de ne pas être. Il faudra distinguer la possibilité technique et la possibilité morale.
• Remarquer qu'il ne s'agit pas de se préoccuper du bien-fondé de l'assertion mais uniquement en quel sens on peut soutenir cette assertion. • Serait-ce parce que, du moins dans certaines sociétés (la nôtre en particulier) Y État se charge de fonctions proprement économiques (politique financière, douanière, gestions d'entreprises nationalisées, etc.) ? • Serait-ce dans le sens où certains disent que « le politique est l'expression de l'économie « ou « le politique n'est que l'expression de l'économie «? Cf. Lettre de Engels à Joseph Bloch. « ... D'après la conception matérialiste de l'histoire, le facteur déterminant dans l'histoire est, en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle. Ni Marx ni moi n'avons jamais affirmé davantage. Si ensuite, quelqu'un torture cette proposition pour lui faire dire que le facteur économique est le seul déterminant, il la transforme en une phrase vide, abstraite, absurde. La situation économique est la base, mais les divers éléments de la superstructure — les formes politiques de la lutte des classes et ses résultats, — les constitutions établies une fois la bataille gagnée par la classe victorieuse, etc. — les formes juridiques, et même les reflets de toutes ces luttes réelles dans le cerveau des participants, théories politiques, juridiques, philosophiques, conceptions religieuses, et leur développement ultérieur en systèmes dogmatiques, exercent également leur action sur le cours des luttes historiques et, dans beaucoup de cas, en déterminent de façon prépondérante la forme. « Études philosophiques (Éditions Sociales) p. 154. • Se demander : qu'est-ce qui peut être considéré comme relevant du politique, de la politique, de l'État ? — Différencier le politique et la politique. — Le politique renvoie-t-il à l'appareil répressif d'État ? — Le politique renvoie-t-il à l'appareil répressif d'État plus les appareils idéologiques d'État ? — Cf. « Idéologie et appareils idéologiques d'État « d'Althusser dans La Pensée, n° 151, juin 1970. — Pour Gramsci, l'État au sens restreint c'est l'appareil coercitif (répressif) qu'il appelle encore Société politique mais l'Etat compris intégralement c'est la Société politique et la Société civile. (Consulter l'article de Jacques Texier dans La Pensée n° 139, juin 1968 : « Gramsci, théoricien des superstructures. Sur le concept de société civile. «
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