dystrophisation.
Publié le 21/04/2013
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dystrophisation. dystrophisation, perturbation d'un milieu aquatique par une richesse excessive en éléments minéraux nutritifs ; ce phénomène correspond à une eutrophisation trop importante. Cette perturbation est le plus souvent d'origine humaine (on l'appelle également eutrophisation anthropique) : déversements d'effluents urbains pollués par des matières organiques (eaux usées non traitées) ou pollutions diffuses liées à l'usage excessif d'engrais chimiques dans les terres cultivées (lessivées par les eaux de pluie). Les détergents à base de polyphosphates contribuent à cet apport dans une proportion significative. L'apport important en substances nutritives entraîne une prolifération massive de la végétation aquatique et une diminution de la teneur en oxygène dissous dans les eaux. Le taux de décomposition bactérienne s'accroît parallèlement. L'augmentation de la population bactérienne entraîne une surconsommation d'oxygène que la dissolution d'oxygène atmosphérique ne suffit plus à renouveler. En outre, les algues et les plantes aquatiques qui se développent en surface forment une couche opaque qui empêche la lumière de pénétrer dans les couches inférieurs du plan d'eau. Les poissons de type salmonidé (truites et saumons), qui affectionnent les eaux claires et oxygénées, disparaissent au profit des poissons de la famille des cyprinidés (comme les carpes et les brèmes). Au fur et à mesure de la raréfaction de l'oxygène, les bactéries réalisent des fermentations anaérobies, qui produisent de l'hydrogène sulfuré, à l'odeur putride, et de l'ammoniac. À terme, toute vie animale disparaît. La plupart des lacs sont actuellement touchés par la dystrophisation. Certains des cas les mieux étudiés concernent la Suède (lac Norrviken, lac Trummen), l'Europe (lac de Zurich, lac de Constance) et les États-Unis (lac Washington). Dans les occurrences les plus graves, les lacs perdent leur transparence, n'abritent plus aucun poisson, et leurs eaux viciées ont une odeur déplaisante. Outre des répercussions écologiques catastrophiques, la dystrophisation a des conséquences économiques non négligeables : dégradation des pêcheries, augmentation du coût du traitement de l'eau potable, etc. La tendance à la dystrophisation peut toutefois être inversée par la réduction de la charge en phosphore. Cette dernière est réalisée soit en détournant les eaux polluées, soit en effectuant une précipitation chimique des substances polluantes avec des sels de fer, notamment à proximité des stations d'épuration. Parmi les projets réussis, citons ceux du lac d'Annecy et du lac de Nantua, ceux du Wahnbach Talsperre (Allemagne), du lac Windermere (Royaume-Uni) et du lac Washington (États-Unis).