DREYFUS (affaire)
Publié le 22/02/2012
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L'affaire Dreyfus (1894-1906) marque l'entrée de la France dans le xxe siècle. En effet, et bien au-delà de la correspondance chronologique, cet événement étendu, pour sa partie judiciaire, sur près de douze années, a signifié le combat pour la reconnaissance du principe démocratique dans la cité politique. Ce principe a pris le visage d'un Juif, ou plutôt d'un citoyen, Alfred Dreyfus (1859-1935), brillant officier d'artillerie de 35 ans qui, le 22 décembre 1894, était condamné à Paris par un tribunal militaire pour un crime de haute trahison en faveur de l'Allemagne, crime dont il était innocent, mais qui lui fut attribué grâce à une machination policière, militaire et judiciaire d'ampleur dominée par l'antisémitisme.
Les gouvernements républicains qui se succèdent jusqu'en 1898 refusent de prendre en compte les preuves de plus en plus certaines de la criminalité du jugement, si bien que des savants (Émile Duclaux), des philosophes (Élie Halévy), des écrivains (Émile Zola), des artistes (Claude Monet), autant d'intellectuels rejoints par de rares hommes politiques socialistes (Jean Jaurès), radicaux (Georges Clemenceau) ou libéraux (Pierre Waldeck-Rousseau), manifestent leur droit de citoyens et protestent contre les menaces que l'affaire Dreyfus représente vis-à-vis des droits de l'homme et du citoyen.
A. Dreyfus est condamné une nouvelle fois par un tribunal militaire à Rennes le 9 septembre 1899, mais il est aussitôt gracié et libéré comme l'a exigé Waldeck-Rousseau - devenu entre temps le chef d'un gouvernement de « Défense républicaine » -, puis il est réhabilité le 12 juillet 1906 par la Cour de cassation. Si les leçons de ce grand combat, qui passionna également les opinions publiques étrangères, furent parfois oubliées - et particulièrement dans les années 1930 et sous le régime de Vichy -, l'affaire Dreyfus ne cessa d'incarner un moment de résistance des citoyens devant la raison d'État, la violence politique et les doctrines de haine. L'affaire Dreyfus est constitutive de la mémoire démocratique nationale et internationale, elle est un événement partagé et à ce titre toujours vivante, une morale en d'autres termes.
Vincent DUCLERT
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