Dossier sur Les Fleurs du Mal de Baudelaire
Publié le 25/02/2014
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NIGON Andréa 1ère S6 Baudelaire, Les Fleurs du mal : « Spleen et idéal « Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuages, 1818-1820 (huile sur toile, 95 x 75cm, Kunsthalle de Hambourg, Hambourg) Première partie I - De « Bénédiction « à « A une madone « Dans « La chevelure « et « Le balcon «, Baudelaire présente l'expérience amoureuse comme étant un moyen d'échapper à la banale réalité : dans « La chevelure «, il nous livre son expérience amoureuse avec la femme dont il vénère la chevelure, à laquelle il commence par s'adresser : « O toison [...] «, « O boucles [...] «. Cette parole est d'autant plus intéressante dans « Le balcon « où le poète s'adresse directement à sa mémoire. Le poète s'imagine remuer la chevelure de la femme qu'il aime pour faire raviver ses souvenirs avec elle : « Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir «. Le fait d'agiter cette toison permettrait également d'enivrer le poète d'un parfum exotique, exhalant de cette femme, et qui le ramènerait avec elle, parfum que l'on retrouve dans un champ lexical des odeurs : « forêt aromatique «, « parfum « (2x), « embaumé «, « Je m'enivre «, « senteurs «, « musc «, « je hume «. On trouve également une métaphore de la chevelure à l'aide de la mer : en effet, les « fortes tresses « et les très certaines boucles des cheveux de cette femme rappellent la houle de la « mer d'ébène «, mer qui rappelle une chevelure brune, chevelure qui amène le poète dans un lieu lointain. Cette idée de l'ailleurs est ainsi reprise tout le long du poème, avec un champ lexical de l'exotisme : « Asie «, « Afrique «, « là-bas «, « l'ardeur des climats «, « huile de coco «, « l'oasis «. De la chevelure de la femme émane donc une agréable exhalaison lui rappelant l'expérience amoureuse, ce qui le fait voyager vers l'ailleurs et donc échapper à la banalité du quotidien. On retrouve ce voyage de la pensée dans « Le balcon «, où le poète s'adresse en quelque sorte à sa mémoire qu'il appelle « Mère des souvenirs « ou encore « maîtresse des maîtresses «. Il lui demande de se rappeler les belles soirées qu'il passait sur son balcon avec une femme qu'il aimait et pour cela utilise un parallélisme avec des vers qu'il réécrit systématiquement en début et en fin de strophe. Il y a ici l'idée de souvenirs joyeux et surtout éternels, qui resteront gravés dans la mémoire du poète (« d'impérissables choses «). C'est donc là le simple souvenir d'une soirée amoureuse qui le fait échapper de la réalité quotidienne. Dans « Tout entière «, Baudelaire trouve que la femme possède un étrange pouvoir de séduction, qui le guide vers son idéal. C'est une partie de sa pensée, une sorte d' « autre-lui « concrétisé par un démon, qui le questionne sur cette femme ; ce Démon vient le voir dans sa « chambre haute «, c'est-à-dire son esprit et lui demande quelle partie de la femme le séduit le plus ; le poète ne sait quoi répondre. En effet, la femme attise en lui des sentiments et même des émotions que la raison-même ne peut expliquer. Pour illustrer cette trouvaille, on pourrait mentionner la célèbre citation du philosophe Blaise Pascal : « Le coeur a ses raisons que la raison ne connait point «. C'est effectivement l'harmonie de la femme « tout entière « qui éblouit et fascine le poète, n'ayant plus les mots pour décrire cette beauté (« l'impuissante analyse «). Il y a là un amalgame de tous les sens, qui sont réunis en un seul même sens et qui sont ainsi confondus par le poète (cf dernier vers où l'haleine devrait faire le parfum et la voix la musique). Cette fascination mélodieuse guide donc le poète vers son idéal. Dans certains poèmes de « Spleen et idéal «, Baudelaire voit la femme comme une créature délétère, voire même comme une ennemie. Parmi eux, on a : « Poème XXV « : Baudelaire a observé ici une prostituée dans la rue et la considère comme une sous-femme, une véritable ennemie : « Femme impure «, « âme cruelle «. Ici la péripatéticienne est donc une créature nocive à l'homme, notamment avec un passé déjà rempli de turpitudes ; le poète renforce cette idée à la fin à l'aide de deux oxymores. « Une charogne « : le poète s'adresse ici à une femme, un des ses amours, à qui il affirme qu'elle ressemblera à une « charogne infâme « dans quelques années, putride et décomposée, reposant sur un quelconque sentier. Il met donc en garde cette femme et lui soutient qu'elle ne restera pas gracieuse toute sa vie. « Remords posthume« : le poète prétend que la femme (il s'adresse de nouveau directement à une femme) n'a pas de remords durant sa misérable vie et n'en aura que lorsqu'elle sera morte, enfermée dans un « monument construit en marbre noir «. Dans « La Beauté «, le poète représente la beauté (qui parle à la première personne) comme une entité, un être mystique qui se considère comme immortelle, éternelle (« Eternel et muet «). Elle possède une vanité incomparable, méprisante envers les hommes. Mais cette beauté est un élément indispensable de l'idéal baudelairien, avec toutefois son ambivalence: il y a tout d'abord une ambivalence sur le caractère de la beauté, à la fois fascinante («Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants «) et méprisable, voire dangereuse (cf premier tercet). Mais l'ambivalence résulte aussi du choix d'un idéal inhumain de la beauté, comparé à la matière incarnée, à un idéal humain (« éternel et muet ainsi que la matière «). On retrouve une ambivalence de l'idéal de la beauté dans « Hymne à la beauté «, où cette fois-ci le poète s'adresse à la beauté elle-même. Il fait un tableau d'une beauté toujours hautaine (« ton ventre orgueilleux «), mais qui contrairement à dans « La Beauté «, a une nature éphémère et non éternelle. Ici, le caractère ambivalent se retrouve dans chaque strophe, dans chaque propos : « infernal et divin «, « le bienfait et le crime «, « du ciel ou de l'enfer «... Le poète questionne la beauté afin de savoir quelle est son origine ; il y ainsi une ambivalence de l'idéal qu'il ressent et celui qu'il s'imagine, que son « paysage mental « invente. Dans « Bénédiction «, « L'albatros « et « Elévation «, Baudelaire donne une certaine vision de la condition du poète, l'un des grands thèmes de « Spleen et idéal «. Il fait de cette condition un détachement par rapport à la réalité, à la condition humaine. Comme nous pouvons le constater dans « Bénédiction «, le poète est presqu'un être divin, ayant le droit à la plus grande suprématie et aux plus beaux privilèges : « Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil «, « Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide « ; il est également considéré comme supérieur aux hommes, mais aussi comme leur « antidote « car il leur apporte la souffrance, que Baudelaire considère comme un remède (cf strophes n°8, 15 et 17). Il est comparé au « prince des nuées « dans « L'albatros «, où la dernière strophe montre particulièrement qu'il est grand et puissant (« ses ailes de géant «). Le poète doit donc toujours s'élever vers les cieux, être au dessus de tout ; cette supériorité est magnifiée dans « Elévation «, donnant l'image d'un poète devant quitter le monde dans lequel il vit pour le survoler et ainsi pouvoir l'observer de haut (cf première strophe et vers 19). En s'élevant sur le monde, le poète peut rejoindre son aspiration, afin de trouver l'inspiration. II - De « Chanson d'après-midi « à « L'horloge « On retrouve, de « De chanson d'après-midi « à « La cloche fêlée «, plusieurs champs lexicaux très présents ; parmi eux on trouve : Le champ lexical de la douleur : « morsure «, « Tu me déchires «, « ravagé «, « larmes «, « pleurs «, « triste «, « remords «, « douleur «, « se noie «, « baisers froids «, « caresses de serpent «, « me fait mal «, « douleur «, « qui souffre «, « convulsions «, « faméliques «, « épileptique «, « saigner «, « torture «, « blessé «, « immenses efforts «. Le champ lexical de l'ennui : « paresse «, « langoureuses «, « cris plaintifs «, « rêve «, « s'endormir «, « molles «, « langueur oisive «, « sommeil «, « solitudes «, « mélancolique «, « désespoir «, « dormir «, « ennuis «. Le champ lexical de la mort : « les morts «, « mourante «, « longues pâmoisons «, « ténèbres «, « funèbres «, « enterre «, « spectre «, « squelette «, « fantôme «, « apocalyptique «, « cimetière «, « tombeaux «, « carcasse «, « un mort «, « ma ruine «, « corps sans âme «, « ressusciter «, « qui meurt «. « Sonnet d'automne «, « Tristesses de la lune «, « Sépulture «, « Le mort joyeux «, « Spleen «, « Le goût du néant «, « Alchimie de la douleur «, « Horreur sympathique «, « L'irrémédiable «. Dans « Le goût du néant «, le poète a perdu tout espoir et va ainsi peu à peu s'y abandonner au spleen. La première strophe, et particulièrement les deux premiers vers nous présentent le désespoir du poète, marqué notamment par les termes « autrefois amoureux « et « Espoir « dont la majuscule montre que c'est un immense espoir, plus que primordial que le poète a perdu. Le début de vers « Esprit vaincu, fourbu ! « montre que l'âme du poète est devenue faible et renonce à toute chose. Nous pouvons ainsi remarquer un champ lexical du désespoir : « Ne veut plus «, « Résignes-toi «, « vaincu «, « fourbu «, « Adieu donc «, « a perdu « et de la mélancolie: « Morne «, « plus de goût «, « sombre et boudeur «. Baudelaire veut en quelque sorte être absorbé par le spleen (« m'engloutit «, « veux-tu m'emporter «), dont il fait une métaphore avec la neige : « Comme la neige [...] «, « Avalanche «. Le poète plonge donc dans la mélancolie, mais aussi de la nostalgie car il se rappelle les jours où il avait encore de l'espérance ; comme le titre nous l'indique simplement, le poète n'a plus goût à rien. Vers la fin de la section « Spleen et idéal «, le poète va peu à peu se rendre compte que son malheur, son spleen, s'est en partie formé à cause de lui. Baudelaire n'est en fait que son propre témoin ; il va tenter de devenir son propre bourreau : « L'Héautontimorouménos «. Ici, le poète se parle à lui-même mais surtout se frappe lui-même, s'inflige des coups dont il souffre, mais toujours sans haine et sans colère : « Je te frapperai sans colère «, « Et sans haine, comme un boucher « ; en effet, la torture du poète fait naître un couple étroitement uni dans lequel le bourreau s'approprie la victime. Le sixième quatrain est représentatif de la dualité de sa pensée, à la fois victime et bourreau : « Je suis la plaie et le couteau ! [...] Et la victime et le bourreau ! «. Le poète, en s'infligeant ces coups, va subir des souffrances dans l'espoir d'atteindre sa solitude la plus profonde, ce qui constitue sa vraie nature. Sa simple condition de poète lui inflige de la douleur, et le fait ainsi méditer sur son existence. III - Dans l'ensemble de la section La section « Spleen et idéal « compte dix poèmes faisant référence à l'art : « Bénédiction « (poésie), « L'albatros « (poésie), « Elévation « (poésie), « Les phares « (peinture), « Le masque « (sculpture), « Les ténèbres « dans « Un fantôme « (peinture), « Le cadre « dans « Un fantôme « (peinture), poème « XXXIX « (poésie), « Le chat I « (chant), « La musique «. Les poèmes revêtant la forme de sonnets sont : « Correspondances «, « La muse malade «, « La muse vénale «, « Le mauvais moine «, « L'ennemi «, « Le guignon «, « La vie antérieure «, « Bohémiens en voyage «, « La beauté «, « L'idéal «, « « La géante «, « Parfum exotique «, « Sed non satiata «, poème « XXVIII «, « De profundis clamavi «, poème « XXXII «, « Remords posthume «, « Le chat «, « Duellum «, « Le possédé «, les quatre poèmes de « Un fantôme «, poème « XXXIX «, « Semper eadem «, poème « XLII «, « Le flambeau vivant «, « L'aube spirituelle «, « Causerie «, « Sisina «, « A une dame créole «, « Le revenant «, « Sonnet d'automne «, « Tristesses de la lune «, « Les chats «, « Les hiboux «, « La pipe «, « La musique «, « Le mort joyeux «, « Le tonneau de la haine «, « La cloche fêlée «, « Spleen « (LXXV), « Obsession «, « Alchimie de la douleur «, « Horreur sympathique «. Seconde partie Pour Rubens dans « Les phares « : William Turner, Pluie-Vapeur-Vitesse, 1844 (huile sur toile, 91 x 122 cm, National Gallery, Londres) Pour Léonard de Vinci dans « Les phares « : Salvador Dali, Le conseil oecuménique, 1960 (huile sur toile, 400 x 300 cm, en prêt au Salvador Dali museum, St-Petersburg, Floride) Pour Rembrandt dans « Les phares « : Salvador Dali, Crucifixion, 1954 (huile sur toile, 194 x 124 cm, The metropolitan museum of art, New-York City) Pour Michel-Ange dans « Les phares « : Michel-Ange, Le jugement dernier, 1537-1541 (fresque, 1370 x 1220 cm, Chapelle Sixtine, Vatican) Pour Puget dans « Les phares « : Francisco de Goya, Dos de Mayo, 1814 (huile sur toile, 266 x 345 cm, Musée du Prado, Madrid) Pour Watteau dans « Les phares « : Henri Matisse, Le bonheur de vivre, 1905-1906 (huile sur toile, 175 x 241 cm, Barnes Foundation, Merion, Pennsylvanie)
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