Dom Juan, la scène du pauvre
Publié le 27/02/2008
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Commentaire littéraire n3 : La scène du pauvre
Introduction : La scène est extraite de Dom Juan de Molière, écrite en 1665, de l’Acte III scène 2. L’acte III se situe dans la foret, ils sont seuls. Les personnages ont changé de costumes : Sganarelle en médecin et Dom Juan en habit de campagne. Dans la scène 1 Dom Juan affirme son mépris pour la médecine, puis dans la scène 2 les deux hommes se sont égarés ; un pauvre leur indique le chemin vers la ville. Dom Juan le remercie mais le mendiant réclame l’aumône en évoquant le Ciel. Nous verrons dans un premier en temps l’interprétation de la rencontre des 2 personnages ; puis dans un second temps la progression dramatique de cette scène.
Axe I – Interprétation de la rencontre des 2 personnages.
1) Tout d’abord on assiste à une rencontre de 2 personnages diamétralement opposé
- Dom Juan est un noble, il fait sa demande pour trouver le chemin par l’intermédiaire de son valet Sganarelle.
- De plus, c’est une personne bien éduqué et cultivé qui utilise la bonne parole pour séduire le pauvre.
- Par opposition, Le pauvre est un ermite : « Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans … » qui vit dans la misère : « je suis dans la plus grande nécessité du monde ». Ce n’est peut-être pas un noble mais il donne l’impression d’une personne de qualité : un sage.
- En outre, le physique du pauvre est suffisamment humble pour que Sganarelle l’apostrophe « Mon compère » ou encore « ami » dans la scène 1
2) Dans un second temps, cette scène nous présente deux visions du monde différent
- Dom Juan : se montre comme un matérialiste souligné par Sganarelle qui lui rappelle sa philosophie de vie : « il ne croit qu’en deux et deux sont quatre et en quatre et quatre sont huit »
- Il ne croit pas en les convictions des autres et va jusqu’à penser que le matérialisme peut supplanter les idées, les croyances et la sincérité du pauvre. Dom Juan lui propose un marché : le mendiant va-t-il accepter de jurer pour un louis d’or, il joue avec lui : « Tu n’as qu’à voir si tu veux gagner un louis d’or ou non. En voici un que je te donne, si tu jures.. » Il est persuadé que l’argent et un bien fondamental qui passe avant tout et surtout avant la religion.
- De plus, le libertinage de DJ est marqué par la critique de la religion : « Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins.. » ainsi DJ se moque du pauvre et veut montrer l’inexistence de Dieu par ses paroles.
- La citation : « Tu te moques : un homme qui prie le Ciel tout le jour ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires. » insiste sur la vision de Dom juan et donne à voir l’inutilité de la prière et montre l’hypocrisie de la situation du pauvre, qui au lieu de s’occuper de lui-même, s’occupe des autres. Cette citation accentue l’athéisme du libertin et laisse entendre une autre preuve de l’inexistence de Dieu qui laisse ses fidèles dans la misère et le dénuement.
- A la fin de la scène, Dom Juan lui donne le louis d’or mais pas pour l’amour de Dieu mais « pour l’amour de l’humanité » c’est une parole profonde qui symbolise la philosophie du libertin qui n’est pas philanthrope mais il nie Dieu dans la mesure ou il croit en la puissance de l’homme. Il ne donne pas ce louis par charité chrétienne mais au nom de « l’humanité »
- Tandis que Dom Juan est un matérialiste qui ne croit pas en Dieu, le pauvre lui croit profondément en Dieu, il prie pour la prospérité des autres alors que lui-même est dans le besoin, il s’occupe davantage des autres que de lui-même : « Prier le ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose. » . Le pauvre fait apparaitre la prière comme un mode de paiement.
- Alors que Dom Juan joue avec lui est veut qu’il renonce à ses convictions et faire blasphémer le pauvre qui préfère« mourir de faim. » que d’avoir été tenté. Cette citation insiste sur la croyance du pauvre.
S’il est vrai que cette scène nous présente deux visions du monde de deux personnages opposé, nous verrons également la progression du dramatique dans cette scène.
Axe II – Progression dramatique de la scène
1) Comment étape par étape la tension augmente.
- Il se met en place un dialogue dialectique qui doit amener à un choix et une tension grandissante qui vise a faire céder la pauvre à la tentation.
- Cette dispute qui est assez polie au début devient de plus en plus tendue.
- Tout d’abord, DJ parle au pauvre aimablement : « Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon coeur ». Puis dès que le pauvre lui demande de l’aumône DJ se sent intéressé.
- L’ironie : « Ah ! Ah ! ton avis est intéressé, à ce que je vois. » donne à voir que DJ est intéressé par lui en découvrant que le pauvre est très croyant et cela l’irrite il ne peut pas supporter l’illogisme de l’humanité : comment ce mendiant peut-il croire en la bonté de Dieu alors qu’il est dans le besoin et la misère. Il profite alors de la situation pour s’amuser. Et c’est à partir de ce moment-là que la tension va augmenter.
- Dom Juan est présenté comme le diable, il veut blasphémer le pauvre, il joue avec lui et le tente d’accepter son louis d’or en échange de jurer il veut qu’il renonce à ses convictions et comète un péché.
- C’est alors qu’il lui fait du chantage : « si tu jures ;tiens, il faut jurer … a moins cela, tu ne l’auras pas. »
- Cette tentation devient de plus en plus forte. L’utilisation de l’impératif : « Tiens », « va, va », « jure », « prend » accentue la tension émanant de cette scène.
- De plus, la répétition du mot « jurer », qui apparait 4 fois, même Sganarelle entre en jeux et lui dis de jurer exprime l’intensité de la pression de Dom Juan sur le pauvre.
- Les phrases courtes :« Monsieur ! », « A moins de cela, tu ne l’auras pas. », « va, va, jure un peu, il n’y a pas de mal » accentue le dramatique de cette scène.
- Puis enfin, la tension arrive a son point culminant, on ne sait pas si le pauvre va céder ou non = suspens.
- Ce jeu cruel se finit par le refus catégorique du pauvre : «Non, Monsieur, j’aime mieux mourir de faim » qui marque la chute de la tension.
En conclusion, cette scène apparait comme un autre jeu de Dom Juan qui ne vit que pour son plaisir et elle présente un autre exemple du libertinage. Dom Juan veut instruire sa philosophie de vie par ses bonnes paroles, il se moque de Dieu de la religion de la morale. Cette scène 2 de l’acte III sera jugée trop scandaleuse et sera censurée. L’audace et la provocation extrême de Dom Juan est soulignée dans la dernière scène de l’Acte III, les deux hommes se trouvent devant un tombeau d’un certain Commandeur, tué autrefois en duel par Dom Juan, et au lieu de respecter ce tombeau il invite la statue à souper, ainsi il se moque de la mort et de la justice.
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