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Dom Juan - Acte V, Scéne 2

Publié le 08/01/2011

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juan

Voici quelques indications : Dom juan vient de recevoir la visite de la statue du commandeur qui l'a invité à dîner. Dans la scène précédente, il a fait croire à son père D. Louis qu'il s'est converti au droit chemin grâce à la bonté divine, condamnant les folies, les \"désordres criminels\" qu'il a commis, et la vie dissolue qu'il menait avant sa fulgurante conversion; mais ce n'était que tromperie comme le découvre Sganarelle au début de la scène. Dom Juan simule la dévotion et agit en Tartuffe pour tromper le monde, y compris les gens les plus proches de lui. Ce faisant le libertin agit de la manière la plus lâche qui soit. [Consulter à ce propos la monographie de Denis Lopes sur marocagreg] Voici un passage de cette monographie qui éclaire la scène en question (notamment le rapport historique entre la figure de dom juan et le prince Conti) [inscrire cette scène dans le contexte de la bataille de Tartuffe et la lutte menée par les dévots contre Molière) \"L'attitude du libertin ouvertement déclaré est finalement assez anodine face à cette déviance intrinsèquement perverse de la tromperie, qui culmine dans le vice majeur de l'hypocrisie. Le héros peut papillonner et jouer de bons tours, mais on le montre dans des tentatives qui n'aboutissent pas car c'est plus la chasse que la prise qui l'intéresse. Et ce n'est pas l'inconstance qui est le grand mal. Molière ne condamne pas fondamentalement le libertinage des moeurs, si commun en son temps, si bien représenté à la Cour, par exemple, et que lui-même peut comprendre aisément. Il ne condamne pas non plus l'athéisme, en une époque où la pression religieuse est telle que d'affirmer ses idées et ses doutes sur la foi chrétienne peut passer pour une preuve de courage et de fermeté. Il y a même quelque admiration possible pour cet esprit fort qui brave les croyances communes de son temps, avec un certain courage. Mais l'hypocrisie ! C'est sur cette posture, tendance profonde du héros, que pèse la condamnation. Voiler ce qui est le plus contraire à la dévotion par le masque de la tartufferie, qui se sert de ce qui est le plus saint pour dissimuler un visage de fausseté, c'est le péché contre l'esprit. C'est d'ailleurs la lâcheté suprême que de renoncer à assumer ses actes, de se cacher derrière les apparences et les formes pour continuer sans risque et dans l'ombre à satisfaire ses désirs.\" I- l'être et la paraître : l'hypocrisie qui se dévoile : a- Le rôle de sganarelle : le confident qui permet de voir au fond de l'âme de l'hypocrite (le témoin de l'âme) b- l'art du comédien: les masques de l'hypocrite [dévoilement des stratagèmes, des attitudes, du gestus de l'hypocrite) c- l'athé endurci : le merveilleux de la statue qui parle (fantastique) ne fait en aucun cas ébranler la conviction de dom Juan : l'homme qui ne croit pas. II- Une satire sociale. a- Une satire acerbe des faux dévots et de la tartufferie (\"il y en a tant d'autres comme moy qui se mélent de ce métier\") - [technique de l'éloge paradoxale] b- une satire contre la société (\"l'Hipocrisie est un vice à la mode\") c- Molière contre attaque ses censeurs et ses détracteurs *(\"Je m'érigeray en censeur des actions d'autruy, jugeray mal de tout le monde, et n'auray bonne opinion que de moy.\") *(\"Dés qu'une fois on m'aura choqué tant soit peu, je ne pardonneray jamais, et garderay tout doucement une haine irreconciliable. Je feray le vangeur des interêts du Ciel, et sous ce pretexte commode, je pousseray mes Ennemis, je les accuseray d'impieté, et sçauray déchaîner contr'eux des zelez indiscrets, qui sans connoissance de cause crieront en public contr'eux, qui les accableront d'injures, et les damneront hautement de leur authorité privée.\") III- La tartufferie: une attitude lâche. a- Du libertin au tartuffe ou le passage à l'ombre (se caher pour ne pas assumer) *(\"C'est sous cét abry favorable que je veux me sauver et mettre en seureté mes affaires.\") *(\"c'est là le vray moyen de faire impunément tout ce que je voudray\") b- l'hypocrisie ou \"le comble des abominations\" : nécessité du châtiment ? [remarquez que l'hypocrisie de Dom juan se retourne en premier lieu contre le père, c'est-à-dire contre le géniteur et le symbole de toute autorité. Il serait alors possible de voir dans le châtiment du commandeur une vengeance du père] * un vice insupportable : la dénonciation du vice par Sganarelle (le statut de ce personnage ne fait que renforcer la dénonciation) * le raisonnement (aux apparences naïves et comiques) de Sganarelle en opposition au discours bien construit de Dom Juan : [la rhétorique de Sganarelle est simple mais aboutit à la vérité, alors que la thétorique bien plus complexe et plus travaillée de don Juan n'est qu'un masque de plus pour cacher le vide intérieur et les objectifs vils du personnage] - l'artifice du maître et son raisonnement perverti qui le mènent à sa perte.

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