Dom Juan acte III scène 2

Le 3e acte s’ouvre sur les deux personnages tous deux déguisés. DJ est en habit de campagne et Sganarelle est en médecin. Dans la 2de scène, ils rencontrent un pauvre. Cette scène est tronquée dès la 2è représentation car a beaucoup choqué les hommes du XVIIème siècle.  (Comment Don Juan cherche-t-il à séduire le pauvre ? Et comment celui-ci résiste-t-il ?  En première partie, nous analyserons la stratégie de séduction de Dom Juan, puis nous verrons qui sort vainqueur de l’affrontement entre Dom Juan et le pauvre.    I La stratégie de séduction de Dom Juan    1) Une scène de parjure.    Le lieu de la scène se situe dans la forêt. La forêt a une symbolique forte, au Moyen Age, elle est caractérisée comme sombre, inquiétante, dangereuse. Celle-ci est d’ailleurs infestée de bandits. On risque d’y rencontrer des monstres, voire le Diable lui-même. On peut comparer ce lieu à un labyrinthe qui a une symbolique forte au Moyen-âge.    -Don Juan tente de détourner un homme qui a fait vœu de pauvreté de sa foi.  Il adopte d’abord un ton amical et envoûtant : « pourvu que tu veuilles jurer « des tournures de politesse, puis il donne une obligation rendue par l’emploi de l’impératif et de la tournure impersonnelle « Tiens : il faut jurer «  Il propose un échange qui s’apparente au pacte du diable : un louis d’or contre un blasphème soit la fortune contre son âme.    -Dom Juan apparaît comme le grand séducteur à l’instar Diable. Le problème c’est que Dom Juan n’est pas le diable mais un simple humain, ainsi son geste dans cette scène n’entraîne pas la damnation du pauvre mais bien la sienne propre.    2) Le discours séducteur de DJ.    Par ailleurs, Dom Juan utilise une stratégie habile et retorse. Il oppose la prière à un objet matériel. Il feint l’étonnement « comment le Ciel, qui est réputé être bon, peut-il laissé dans l’indigence un homme qui lui consacre le plus clair de ses journées ? «  Sa stratégie de persuasion repose sur l’établissement d’un échange injuste : une prière contre objet trivial, l’argent.  Son habileté repose aussi sur une appréciation quelque peu habile des besoins du pauvre. Il sait que la tentation est forte de céder quand on est vraiment dans le besoin.    II Qui sort vainqueur de cet affrontement ?    1) L’ambiguïté.    En deuxième partie, nous verrons qui sort vainqueur de cette affrontement.  -Le pauvre « gagne « dans le sens où il ne cède pas à Dom Juan, où il sauve son âme en résistant au grand séducteur.  DJ perd puisque le pauvre lui résiste mais sa réponse ainsi que son geste généreux peuvent être interprétés comme le désir de sauver la face.    Cependant, on peut aussi penser que Dom Juan gagne dans la mesure où son geste « pour l’amour de l’humanité « le place au-dessus de Dieu      DJ, comme le spectateur le sait à ce stade de la pièce, manie parfaitement les subtilités du langage. Il montre au Pauvre que sa pauvreté choisie est une erreur car il n’a pas les fruits qu’il pourrait légitimement attendre de sa vie d’homme de Dieu. Mais Le Pauvre ne se laisse pas séduire car il n’est pas sur le même plan que Dom Juan. Si ce dernier ne pense qu’à mener une vie aisée et plaisante sur terre, le Pauvre ne vit lui que pour le ciel. Il sait que ses souffrances actuelles ne sont qu’éphémères et qu’il doit les éprouver pour gagner son paradis. C’est ce qui lui donne la force de résister au pacte de Dom Juan.  Il est impossible de dire qui sort vraiment vainqueur de cette scène. Dom Juan qui est censé être le héros mauvais que l’on devrait condamner pour une action vile, laisse à la fin de la scène une impression de malaise. Certes, il a demandé au pauvre de jurer mais son geste généreux le place aussi dans une posture de « grand seigneur «.