Dom Juan Acte III scène 1
Publié le 27/02/2008
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Dom Juan Acte III scène 1
I- L’argumentation de Sganarelle
1) Un valet qui veut se révolter.
Sganarelle, qui représente le peuple, va pouvoir argumenter avec son habit de médecin, par opposition à Dom Juan, en habit de campagne.
La volonté de Sganarelle à se révolter est mise en valeur par des tirades très longues face aux courtes répliques de Dom Juan. Mais il veut provoquer de cette révolte le respect et non pas le dédain de Dom Juan, c’est pourquoi il va essayer d’argumenter à travers un discours rhétorique.
Il va d’abord exprimer son opposition en dévalorisant le mode de pensée des nobles « Pour avoir étudié, on n’est bien moins sage le plus souvent ». Sganarelle représente ici les hommes du peuple, qu’il juge comme pleins de bons sens.
2) L’argumentation de Sganarelle
Il oppose son opinion à celui de Dom Juan, en opposant le pronom « moi » et « vous »
Il essaie d’imiter la qualité d’orateur son maître en mettant en place des questions de rhétorique « Pouvez-vous voir toutes ces inventions.. ? », « cela n’est-il pas merveilleux ? »
Il cherche à convaincre Dom Juan en commençant par dévaloriser sa thèse en utilisant de l’ironie « La belle croyance et les beaux articles de foi que voici ! » , il se moque aussi de Dom Juan « je n’ai pas étudié comme vous, Dieu merci ». L’emploi du terme « monsieur » rappelle le statut social de Dom Juan, mais le terme ainsi utilisé dans la phrase est impoli.
Les exemples de ses arguments sont tirés de l’observation : le corps humain « ces os, ces nerfs, ces veines », contrairement à Dom Juan qui s’inspire des livres qu’il a lus.
Le raisonnement utilisé est donc méthodique et inductif : il part de ses observations pour montrer que les complexités du monde ne peuvent venir que d’un Dieu créateur « conscient de ses fins ».
3) La faiblesse de son discours.
Sganarelle se dévalorise dès le début de son argumentation, en se vantant de son manque de culture, cela signifie qu’il a conscience de son infériorité par rapport à Dom Juan. Il continue d’ailleurs à vouvoyer son maître alors que ce dernier le tutoie.
Il n’a en fait qu’un seul argument, sur son environnement quotidien, qu’il va répéter plusieurs fois. Il n’arrive pas à passer à la généralisation de ses arguments.
Il manque de figures de styles, et n’emploie que des énumérations interminables, sur les membres du corps par exemple.
Les hésitations de Sganarelle sont nombreuses les « … » montrent qu’il manque d’arguments ou de connaissances. Lorsqu’il est en manque d’argument, il demande à Dom Juan de l’interrompre « interrompez moi donc si vous le voulez ».
Son argumentation est mal organisée : il n’y a pas de connecteurs logiques, ses arguments sont entrecoupés de questions rhétoriques maladroites.
Les termes employés sont mal adaptés et ridicules : Sganarelle parle d’ « ingrédients » pour les organes du corps, compare le monde à un « champignon ».
N’ayant plus d’arguments, il termine son argumentation par une farce « je veux frapper dans les mains, hausser le bras, lever les yeux au ciel, baisser la tête, remuer les pieds » et termine par tomber en tournant. Cette chute dévalorise complètement le discours et Dom Juan s’en moque « Voilà ton raisonnement qui a le nez cassé ».
II- Dom Juan et la personnalité de libertin
1) Sentiment vis-à-vis de l’argumentation de Sganarelle
Dom Juan ne cherche pas à argumenter et ne répond que par des phrases courtes. Il sait par avance que Sganarelle ne réussira pas à le convaincre. Il lui apparaît effectivement comme faible et incompétent à argumenter, tout en chercher à le copier. Dom Juan reste hors du débat. Son silence est moqueur. « eh ! », « oui oui », « Ah ! Ah! Ah ! ». Il se moque de son valet en affirmant ses croyances « je crois que deux et deux sont quatre ».
2) La personnalité de libertin
Certes, Dom Juan ridiculise Sganarelle en répondant à ses questions par des réponses vagues « Laissons cela », « eh ! », mais en même temps de cette manière il évite de répondre aux questions de la croyance en Dieu et affirme ainsi son libertinage indirectement.
En se moquant du discours de Sganarelle, Dom Juan se moque aussi de la croyance en Dieu. Il ne croit qu’en des arguments théologiques (mathématiques...) et matériels.
III- La visée de la confrontation
1) La satire de la croyance en Dieu
Le discours de Sganarelle n’ayant plus de signification par sa dévalorisation, il y a alors plus personne pour rivaliser Dom Juan. La défense de Dieu n’est présentée que par Sganarelle, un imprudent, ce qui était très mal vu à l’époque de Molière. C’est pourquoi cette œuvre a été censurée.
2) Le comique
Le comique va à la fois dévaloriser le discours de Sganarelle et à la fois détendre la critique.
L’inversement comique des relations maître valet, avec les vêtements, et la prise de parole maladroite et naïve de Sganarelle permettent à Molière d’introduire une critique.
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