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dom juan

Publié le 12/05/2011

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Dom Juan : Pièce classique ou baroque ? Molière écrit  à partir d'août 1664, Dom Juan s’inspirant de l’auteur espagnol Tirso de Molina et destinée à remplacer Tartuffe à l'affiche : courageusement, il y reprend l'attaque contre l'hypocrisie ; Dom Juan fera à son tour l'objet d'une violente attaque des dévots. La pièce, créée le 15 février 1665, connaît un vif succès et sera représentée 15 fois jusqu'au 20 mars. Mais Molière ne la fait pas imprimer, et elle ne sera plus représentée de son vivant. Il y a donc une vive contradiction entre la date d’écriture de la pièce correspondant à l’époque classique se caractérisant par l’importance donnée à la clarté, la raison, la mesure, les codes et la morale ainsi que l’imitation des Anciens et la fréquente référence à l’Antiquité et le fait que Molière soit considéré comme un des plus grands  dramaturges classique et sa date de parution en 1682 qui correspond à la naissance du mythe de Dom Juan à l’époque baroque. Nous allons donc nous demander ici, en nous penchant plus particulièrement sur le genre classique et le genre baroque, quel genre correspond le mieux à Dom Juan. En première partie nous verrons les caractéristiques qui font de cette pièce une pièce baroque et en deuxième partie nous montrerons qu’elle présente aussi des caractéristiques baroques. I-Dom Juan présente les caractéristiques du mouvement baroque. 

  Dom Juan est une pièce à forte intensité baroque. En effet ce mouvement se traduit par une instabilité et des libertés fortes comme l’absence de mesure. Ainsi, nous allons voir tous les éléments qui nous montrent l’importance du baroque dans cette œuvre.

A) Les trois unités non respectés  Aucune des trois unités n’est respectée. Tout d’abord l’unité de lieu. Durant les cinq actes de Dom Juan, les personnages se baladent dans différents lieux comme la forêt, la maison de Dom Juan… L’unité de temps n’est pas respectée elle aussi. Quoique plus que celle du lieu. L’action se déroule en  trente-six heures au lieu des vingt-quatre heures conventionnelles pour le genre classiques. Molière n’a donc pas ignoré la notion d’unité de temps mais l’a aménagé. L’unité d’action, elle non plus n’est  pas plus respectée. De nombreuses histoires sont racontées tout au long de la pièce. L’acte III, scène 2, appelé la scène du Pauvre raconte une histoire à elle-même qui n’est pas considérée comme un pilier de la pièce. En effet, la scène pourrait être supprimée sans avoir un impact sur Dom Juan. L’acte II lui aussi est une sorte de parenthèse dans la pièce.

B)  Une pièce contre la bienséance  La règle de la bienséance est elle aussi bafouée. Dans l’œuvre, Molière utilise plusieurs fois les armes comme par exemple  par une didascalie dans l’acte III, scène 3 quand Don Carlos est « l’épée à la main » et que Dom Juan revient lui aussi « l’épée à la main ». Ainsi, il fait une atteinte à la bienséance car cette règle interdit de choquer le public notamment avec des combats armés.

C) L’apparition du fantastique  La principale particularité de cette pièce de Molière est la présence du fantastique vers le milieu de l’œuvre. Avec tout d’abord, la statue du commandeur qui est en quelque sorte vivante dans l’acte III.  Vient ensuite l’apparition dans l’acte V d’un spectre sous la forme d’une femme voilée. Pour conclure la pièce, Dom Juan est entraîné sous terre. Ainsi, la magie et le mystère sont présents dans Dom Juan.

D) L’instabilité dans la pièce  La pièce est maquée par l’instabilité, une des caractéristiques principales du baroque. Dom Juan en est son incarnation. C’est un séducteur éternel, un libertin, et même un débauché selon son valet. Il fait lui-même l’éloge de l’inconstance et la critique de la fidélité. Sa philosophie se définit par: « tout le plaisir de l’amour est dans le changement ». De plus, les personnages se déguisent ; comme Sganarelle en médecin dans l’acte III et Dom Juan en campagnard. Ces métamorphoses conduisent à un renversement de situation. On en remarque un autre par exemple avec l’hypocrisie de Dom Juan   face à son père car il arrive dans une impasse provoquée par ses actes. C’est une fuite de la stabilité.

E) Dom Juan, une pièce tragique ou comique ?  Dans sa pièce, Molière mélange tragique et comique. Le tragique est incarné par Done Elvire, ancienne conquête de Dom Juan, Don Louis, père de Dom Juan, mais aussi par Dom Juan qui avance durant tout l’œuvre vers la mort. Done Elvire est un personnage tragique car elle aime Don Juan alors que lui ne l’a jamais aimée. Don Louis lui, est déçu par l’attitude de son fils dans lequel il avait placé beaucoup d’espoir. Tout au long de la pièce, les personnages ne cessent d’avertir Dom Juan sur sa triste destinée. Comme avec par exemple Done Elvire dès l’acte I scène 3 : « le Ciel te punira, perfide, de l’outrage que tu me fais » ou encore la Statue dans l’acte V scène 6 : « Dom Juan, l’endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l’on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre ».A l’inverse, Dom Juan à certains aspects comiques. Le personnage comique principal est évidement Sganarelle. Valet, il est également le bouffon de Dom Juan. Sganarelle se laisse prendre à des raisonnements douteux qui font ainsi rire le spectateur, il se déguise et utilise une gestuelle comique, comme se rouler par terre. On peut reprendre son éloge du tabac de la scène d’exposition qui montre dès le départ l’aspect ridicule du personnage : « l’on apprend avec lui à devenir honnête homme ». Quant à Dom Juan, il reste lui aussi un personnage comique. Il joue souvent avec un comique de mots car il est considéré comme maître dans l’art de la parole. Par exemple, après un drôle de raisonnement de Sganarelle, ce dernier tombe par terre et Dom Juan en profite pour dire : « voilà ton raisonnement qui a le nez cassé ». On remarque aussi un comique de situation dans la scène 4 de l’acte II où Dom Juan se joue de Charlotte et Mathurine.

II. Dom Juan présente quelques caractéristiques classiques.

Malgré l’appartenance de la pièce au mouvement baroque, on relève quelques éléments classiques.

A) Le thème de la religion Tout d’abord, le thème de la religion, l’un des thèmes principaux, est classique. L’Enfer y est représenté de façon très classique. Dom juan est le contre-exemple du bon chrétien et de ce qu’il faut faire pour avoir une place au paradis. Il incarne les hérétiques et les libertins. Sganarelle est le défenseur du Ciel et donc l’opposé de Dom Juan. Mais le valet étant aussi le personnage comique de la pièce, il a plutôt tendance à rendre ridicule la croyance en Dieu. Cela nous amène à réfléchir et à nous demander si Dieu existe. Contestable car la religion n’est pas toujours reniée par les auteurs baroques : exemple La Vie est un songe

B) L'esprit classique respecté Durant toute la pièce, Dom Juan est le centre de l'intrigue, elle est complètement axée sur lui. En effet, à chaque acte on découvre un aspect de sa personnalité. - Dans les deux premiers actes, on y apprend grâce à son valet Sganarelle que son maître est un \"épouseur à toutes mains\" et qu'il est prêt à tout pour conquérir une femme. - Le troisième acte nous apprend que Dom Juan ne croit pas plus en Dieu qu'à la médecine; - Le quatrième acte est porté sur son insolence qu'il a envers son père; - Et enfin le cinquième et dernier acte sur son hypocrisie et sa révolte contre la religion. Aussi, un thème unique nous est présenté dans cette pièce, celui du libertinage. Il y est présent sous différentes formes: le libertinage de moeurs et le libertinage de pensée. En effet, Dom Juan a abandonné sa femme Done Elvire, celle qu'il a enlevé du couvent afin de l'épouser, il fait tout pour réussir ses \"entreprises amoureuses\". Au XVIIe siècle, seul le mariage religieux existe, il est considéré comme un sacrement; le mariage civil n'existe pas encore. De plus, Dom Juan le dit tout au long de la pièce, il ne croit pas plus en Dieu qu'en la médecine. C'est donc une forme de libertinage d'esprit. Il remet en cause la prière et va même jusqu'à l'encontre de la démarche chrétienne en essayant de trouver une faille dans le système de l'aumône. La fin de la pièce, qui est la mort de Dom Juan peut être vu comme une punition, il se fait entraîner par la statue du Commandeur dans les abîmes de la terre, jusqu'en enfer. Mais malgré ces apparences le dénouement reste ambigu: Sganarelle demande à la fin ses \"gages\", on en déduit donc qu'il demande à être payer pour les travaux qu'il a effectué auprès de son maître; au milieu du tragique de la scène, Molière y introduit une phrase comique.

Conclusion : Dom Juan n’obéit manifestement pas aux règles de la dramaturgie classique et frappe par sa diversité mais tous les fils se rejoignent à la fin pour condamner à mort le héros malheureux. Dom Juan peut donc apparaître comme une pièce baroque par son non respect des règles classiques « Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli » comme le disait Boileau dans son Art Poétique, son instabilité ou encore la présence du fantastique tout en gardant de façon contradictoires plusieurs nuances classiques.

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