Dissertation tous les livres dénoncent-ils?

Dans les arts et notamment la littérature, il existe différents moyens de dénoncer une injustice ou de défendre une cause. On peut utiliser un personnage pour dénoncer de manière indirect un fait ou défendre une façon de penser mais on peut néanmoins se servir d'un moyen direct de transmettre notre point de vue sans passer par un personnage. Ces deux méthodes sont utilisées pour des raisons différentes. Dénoncer un fait ou défendre une cause indirectement par le biais d'un personnage est-il plus efficace que de le faire de manière directe ? Nous montrerons d'abord l'efficacité de transmettre son point de vue de manière indirect par un personnage, puis nous regarderons ensuite celle de le faire de façon directe, et enfin nous expliqueront les autres méthodes pour dépasser ce problème. La dénonciation et la défense d'une cause par un personnage sont très utilisées car efficiente sur le lecteur. En effet, le lecteur est plus apte à recevoir le point de vue, le lecteur suit la théorie de l'auteur en suivant l'histoire du personnage et ne ressent pas d'ennui. Ainsi, l'intrigue et le personnage permettent d'assurer la présence et l'écoute du lecteur jusqu'à la fin. Cela se rencontre notamment dans la ferme des animaux de Georges Orwell écrit en 1945. Dans cet apologue, on suit l'histoire d'une ferme peuplé d'animaux dotés de paroles et qui renversent les dirigeants humains pour y faire régner leur politique. On y retrouve ainsi les images de Lénine, Staline et Hitler et de nombreux autres rôles à travers les animaux permettant ainsi une critique indirecte des régimes totalitaires. L'intrigue et les personnages nous permettent ici de suivre le point de vue de l'auteur tout au long du livre sans aucun ennui ni problème. L'utilisation d'un personnage dans ce but permet aussi au lecteur d'associer le personnage à l'idée transmise par le texte ainsi l'auteur laisse une trace dans la mémoire de son lecteur qui retient plus facilement le message passé. Comme exemple à cela, on peut citer L'avare de Molière datant de 1670. Dans cette pièce, Harpagon est associé au défaut de l'avarice. Il critique ainsi les défauts de la société de son temps en y mettant en scène un personnage au défaut exacerbé qui se méfie même de ses enfants. Molière utilise la fameuse formule « Castigat ridendo mores «. La présence et le charisme d'un personnage dans ce procédé est aussi nécessaire ainsi le lecteur à travers les émotions du personnage peut s'y identifier. Cela permet facilement de défendre une cause ou de dénoncer un fait en transmettant l'idée par les sentiments du personnage face au problème. On peut prendre pour exemple Germinal de Zola. Dans ce roman, Emile Zola dénonce les conditions de travail misérables des mineurs à travers Etienne Lantier et Catherine Maheu qui va mourir dans les bras d'Etienne suite à un sabotage de mines, après de nombreuses grèves. Le style d'écriture réaliste qu'utilise Zola renforce encore plus l'identification et l'empathie que l'on a pour le personnage permettant ainsi à Zola de mieux véhiculer son idée. Néanmoins, la méthode directe utilisée pour les mêmes buts que celle vu précédemment est aussi très efficace pour convaincre et rallier le lecteur à sa cause. Tout d'abord, avec cette méthode, la pensée de l'auteur est directement transmise au lecteur sans chemins ou méthodes détournée pour y parvenir. De fait, la pensée ne peut être mal interprété ou incomprise par le lecteur comme cela peut être le cas pour la méthode vu ultérieurement. Cette méthode est appliquée et visible dans Le discours sur les sciences et les arts de Rousseau où il nous fait part de son point de vue sur la nuisance des sciences et arts sur l'homme qui s'éloigne de la vertu. Ici, Rousseau s'adresse directement au lecteur et exprime ses arguments et exemples pour convaincre le lecteur sans chemins détournés. L'utilisation d'une telle méthode est aussi rendue possible par la confiance dans l'auteur connu. Ainsi la confiance du lecteur interpelé par l'auteur facilite la réception aux arguments de celui-ci. La confiance est rendue possible par la célébrité de l'auteur mais aussi par une manière de s'adresser au lecteur directe ainsi il ne se sent pas trompé ou piégé par des jeux littéraires ou méthodes qui brouillent les propos. Cela est visible, dans J'accuse de Zola. Dans ce texte, Zola dénonce la condamnation du capitaine Dreyfus en s'adressant directement à la population par le biais du journal L'Aurore. Le peuple réfléchit alors sur l'affaire après avoir été convaincu par Zola et sa franchise. La dénonciation directe transmet aussi les émotions et les ressentis de l'auteur par rapport aux faits. On se rapproche alors de l'auteur, ce qui est plus fort que l'identification à un personnage fictif. L'auteur peut aussi renforcer sa dénonciation par un style d'écriture qui augmente ainsi l'effet produit sur le lecteur. Pour illustrer cela, on peut prendre pour exemple L'affiche rouge d'Aragon. Dans ce poème à partir d'une affiche de la résistance, Aragon dénonce l'horreur de la guerre qui ici est d'avoir exécuté vingt-trois soldats mort pour la France. Dans ce texte, le lecteur est touché par les sentiments et émotions de l'auteur et adhère à sa cause et son opinion notamment grâce au style d'écriture. Les deux méthodes sont donc très efficaces mais elles ne sont néanmoins pas les seules méthodes à disposition de l'auteur pour dénoncer ou défendre. Il existe d'autres méthodes pouvant dépasser ce problème. Il est vrai que l'auteur peut dénoncer notre société avec un futur fictif hypothétique de ce qu'elle pourrait devenir, on parle de contre-utopie. Il n'utilise pas alors le personnage comme source de critique mais le monde lui-même. Comme exemple de contre-utopie, on peut citer 1984 de Georges Orwell. Dans ce roman, il met en scène une Angleterre où un régime totalitaire a pris le pouvoir et où son personnage Winston Smith se retrouve et va essayer de renverser cette situation. Ce roman a donc pour but de faire réagir la population par rapport à la terreur et au totalitarisme pour ne pas tanguer faire un futur tel que celui là. Un genre à part entière peut aussi servir dénoncer mais cette fois les règles, les conventions du roman balzacien. C'est le but du nouveau roman. Ainsi dans le nouveau roman, on y dénonce des règles, des bridages et un genre à part entière en effaçant les personnages et leur psychologie et on propose ainsi au lecteur une réflexion sur le livre en lui-même. Pour exemple, on cite La Jalousie de Robbe-Grillet. Dans ce roman, on nous raconte l' « histoire « de 4 personnages dans des plantations. Dans ce texte, les personnages sont inexistants, la psychologie est absente et c'est au lecteur de faire des choix et ainsi le lecteur se sent touché parce que dénonce l'auteur en participant à une expérience avec lui. Certains textes n'ont aussi à l'origine pas de dimension de dénonciation ou de défense mais la gagne au fil du temps. C'est notamment le cas de certaines oeuvres autobiographiques historiques qui aujourd'hui relatent les faits de l'époque, ce qui peut s'apparenter à une dénonciation ou à la défense d'un cause. Dans cet argument, on peut prendre comme exemple Le journal d'Anne Franck. Elle y raconte son quotidien en tant que juive durant la seconde guerre mondiale où elle est contrainte de se cacher toute la journée au risque de mourir. C'est ainsi que par le temps, cela devient une oeuvre qui dénonce la folie du nazisme et de la guerre. En conclusion, les méthodes indirectes et directes sont toutes les deux très efficientes sur le lecteur mais aujourd'hui les auteurs disposent d'autres méthodes et moyens pour dénoncer des faits ou défendre des causes. Ces différentes observations sont aussi présentes dans d'autres arts tels que le cinéma.