Dissertation théâtre
Publié le 04/04/2015
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Dissertation page 608, numéro 4 : dans quelle mesure pourrait-on considérer le théâtre comme le lieu de la plus grande liberté ? Introduction : De Leonard de Vinci à Jean Anouilh, en passant par Molière, les artistes ont toujours été considérés comme acteurs de liberté à travers ce qu'ils ont pu peindre, ou écrire. Les artistes revendiquent justement cette liberté comme Ionesco lorsqu'il dit que « le théâtre peut être le lieu de la plus grande liberté, de l'imagination la plus folle ». Cependant, tout art a ses contraintes et ses règles, le théâtre lui aussi. Nous chercherons donc dans quelle mesure nous pouvons considérer le théâtre comme le lieu de la plus grande liberté en étudiant les différentes libertés de cet art, puis nous verrons que le théâtre reste soumis à des règles, des contraintes. Nous terminerons par une réflexion sur l'évolution du théâtre dans le temps, et ce qui a changé dans son rapport à la liberté. Tout d'abord, nous allons mettre en évidence les différentes formes de liberté qui peuvent s'exprimer dans le théâtre. Pour commencer, nous étudions la liberté de l'auteur dans l'écriture de sa pièce. Il écrit pour exprimer des idées, défendre un idéal. Par exemple, Alfred de Musset dans On Ne badine pas avec l'amour dénonce le badinage et le marivaudage. Il s'autorise à critiquer des moeurs de son époque. La comédie, elle, a une fonction de critique sociale. Beaumarchais, dans Le Mariage de Figaro revendique la liberté de choisir sa vie. Napoléon Bonaparte confirme même cette vision de la pièce quand il dit que « Le Mariage de Figaro, c'est déjà la Révolution en action ». La liberté de mise en scène apparaît comme la plus évidente. En effet, à partir d'une même pièce, le metteur en scène a le choix de proposer des mises en scènes différentes selon ce qu'il souhaite mettre en évidence, les émotions qu'il désire transmettre au public, et l'ambiance qu'il veut créer. Prenons l'exemple du Malade Imaginaire de Molière : cette pièce a été jouée et rejouée depuis le XVIIème siècle et chaque fois, nous pouvons observer des nuances, des variations par rapport à l'original du célèbre comédien. Le lieu dans lequel se joue la pièce varie beaucoup d'une représentation à une autre. Le metteur en scène peut montrer les acteurs dans un lieu dépouillé, mais peut aussi bien choisir de les montrer dans un lieu chargé de mille détails : l'ambiance créée change en fonction de ce choix. Selon l'émotion que le metteur en scène veut transmettre, celui-ci fait varier le jeu des personnages quand les didascalies ne l'obligent pas à exécuter une action précise. Pour finir entre en scène la liberté de l'acteur. Les comédiens étant soumis aux aléas du direct, il existe toujours une part d'improvisation comblée par leur imagination du moment. Les acteurs sont libres de représenter sur scène le personnage qu'ils incarnent, par le ton et la gestuelle qu'ils emploient : chaque représentation est donc unique. Cependant, le théâtre est soumis à de nombreuses règles et contraintes qui peuvent aller à l'encontre de l'expression de la liberté. Il existe des conventions liées au genre. Dans le théâtre classique, pour répondre à la nécessité de la vraisemblance selon laquelle la raison du spectateur ne doit pas être heurtée, la règle des trois unités s'impose. L'action doit se dérouler en un lieu unique, celle-ci doit se dérouler dans le temps d'une révolution du soleil, c'est-à-dire un jour, et l'unité d'action s'impose aussi. Les règles de bienséance imposent que la pièce observe les moeurs de l'époque de l'action et celles de l'époque de la représentation. Elles interdisent par exemple qu'on montre un mort sur scène. Dans Horace, Pierre Corneille évoque le meurtre de Curiace par Horace seulement par un dialogue entre Camille et Horace, puis le meurtre de Camille par un simple cri, mais toujours sans les montrer. La didascalie, « blessée derrière le théâtre » le précise bien. En cas de non-respect de ces conventions, une pièce peut être censurée. Dès la deuxième représentation de Dom Juan par Molière en 1665, la censure lui a imposé de modifier son texte : toute allusion à Dieu a dû être supprimée, il a remplacé celles-ci par des références au ciel. D'autre part, des didascalies contraignantes imposent au metteur en scène certaines actions bien définies à faire jouer à ses acteurs, l'empêchant d'interpréter le texte en toute liberté. Si le théâtre, et particulièrement le théâtre classique, est soumis à des règles que nous venons d'énoncer, les auteurs contemporains le font évoluer vers une plus grande liberté. Le théâtre du XXème siècle renouvelle les formes, les thèmes, la mise en scène de l'écriture, et ne se préoccupe plus de la notion de genre. Le théâtre de l'Absurde est ainsi apparu dans les années 1950. Il se caractérise par une rupture totale par rapport aux genres classiques du théâtre. Il traite de l'absurdité de l'Homme et de la vie en général, celle-ci menant toujours à la mort. L'origine de cette pensée est le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Ce mouvement s'inspire des surréalistes et des dadaïstes et est radicalement opposé au réalisme. Il offre donc aux auteurs une liberté supplémentaire par rapport au théâtre classique. Eugène Ionesco, avec son oeuvre Rhinocéros s'inscrit dans ce mouvement théâtral. Conclusion : Ainsi, nous pouvons affirmer que le théâtre est un espace de liberté, tant au niveau des sujets traités que de la manière de les présenter pour les artistes. Il reste tout de même soumis à des règles dont les auteurs contemporains ont cherché d'une certaine manière à se détacher. Il est un espace de liberté pour tous les artistes, mais n'est-il pas aussi un espace d'évasion et de liberté pour le spectateur ?
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