Dissertation sur Un Roi Sans Divertissment : Ce roman relève-t-il de la tradition du mythe ?
Publié le 28/01/2011
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Le mythe est un récit qui propose une explication à certains aspects fondamentaux de la société et une justification aux mystère du monde. Nous pourrions penser au premier abord qu’il est très différent du roman. Pourtant, dans Un Roi Sans Divertissement, nous pouvons relever que Giono a utilisé des procédés similaires à ceux utilisés dans la mythologie. C’est pourquoi nous nous posons la question de déterminer si ce roman relève de la tradition du mythe. Nous tenterons de le prouver eu mettant en évidence quelques aspects du Un Roi Sans Divertissement, notamment la narratologie bien particulière utilisée dans ce récit, les personnages et l’oralité. Pour commencer, il est nécessaire de mentionner la narratologie utilisée par Giono. Tout d’abord, nous avons ici un narrateur limité, qui n’est donc pas omniscient. Nous pouvons le voir car le narrateur déclare à plusieurs reprises « Je ne crois pas… » ou encore « il me semble… », « je ne sais pas si… » (p.10.12). De ce fait, le seul accès à l’histoire que nous avons est le point de vue limité du narrateur non omniscient et on découvre l’histoire en même temps que lui, ce qui nous permet d’imaginer et de compléter le récit par nous-mêmes. Ensuite, un autre point important est la pluralité des narrateurs. Tout au long du roman, les narrateurs changent. Nous entendons l’histoire tout à tour par le groupe de vieillards, par Saucisse, par des narrateurs occasionnels….Quelques fois nous avons des incertitudes sur l’identité des narrateurs, notamment quand c’est le groupe de vieillards qui raconte, il y a une alternance entre les « nous et les « je ». La multiplicité des narrateurs apporte une diversification des points de vue et des tons et enrichit le roman. Elle nous donne accès seulement à des vérités partielles, particulièrement avec Langlois, ce qui permet d’augmenter le mystère autour du personnage, ou plus généralement autour des évènements. Dans Un Roi Sans Divertissement, il y a également des mentions à d’autres auteurs. Nous pouvons le voir avec la scène où Langlois demande à Anselmie de tuer une oie, et regarde « à ses pieds le sang de l’oie » sur la neige. Ce passage est sans aucun doute un « clin d’œil » au Perceval de Troyes. Le titre même de l’œuvre est tiré des Pensées de Pascal. Le fait d’insérer des « extraits » d’autres auteurs est un moyen de faire parler d’autres narrateurs, ce qui renforce encore une fois la particularité de la narratologie dans Un Roi Sans Divertissement, qui fait beaucoup penser aux mythes… Pour continuer, nous pouvons signaler la manière dont Giono présente les personnages. Dans l’incipit, la narrateur situe Frédéric dans sa lignée généalogique : « Il y succède à son père, à son grand-père, à son arrière grand-père… ». Ce procédé n’est pas sans rappeler le mythe de Tristan et Iseut, par exemple. Les personnages sont également présentés sous une identité partielle. Tout au long de l’œuvre, ils ne sont jamais complètement décrit en détail, que ce soit sur le plan physique ou moral. Cela donne l’impression que les personnages se résument à leur statut (villageois, procureur…). Chacun est sujet aux mêmes pensées, tentation ou faiblesses (comme le dit Langlois « C’est un homme comme les autres » en parlant de M.V.). En troisième lieu, nous pouvons évoquer l’oralité. Le mythe relève principalement d’une tradition orale. On retrouve cela dans Un Roi Sans Divertissement, à travers la familiarité du narrateur, quand il écrit par exemple « Frédéric à la scierie… » ou encore « au bord de la route… ». Les déterminants utilisés donnent une impression de connaissance préalable des endroits mentionnés. La narrateur s’adresse aussi directement au lecteur, en le désignant avec des pronoms. Nous pouvons notamment le voir dans l’incipit quand il écrit « si vous montez… », etc… Un autre élément important à indiquer est le fait que l’histoire est présentée comme une histoire tabou, difficilement explicable, qui s’est transmise de bouche en bouche : « Sazerat cependant connaît l’histoire. Tout le monde la connaît. Il faut en parler, sinon l’on ne vous en parle pas.[…]tu ne me dis pas tout ! […]Qu’est-ce que tu veux que je te cache ? » En conclusion, nous pouvons donc affirmer que bien que Un Roi Sans Divertissement soit un roman, il contient les caractéristiques essentielles qui font qu’un mythe est un mythe. Les mythes sont aussi des récits hors du temps, qui nous racontent des vérités universelles sur la quête de sens, la quête de soi…Reste à savoir si c’est le cas avec la « morale » « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères » que nous donne Giono à la fin de l’histoire.
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